Quartier C by LovelyBurns (French)


Quartier C

Par LovelyBurns


Inspiration. Expiration. Je soufflai doucement avant d'ouvrir les yeux. Devant moi, un homme me regarda le visage tout aussi surpris que le mien. Je levai ma main pour le toucher, mais je rencontrai une barrière transparente et froide.

Les lèvres de l'homme en blouse blanche articulèrent des paroles comme s'il criait à quelqu'un tout en détournant le visage vers sa gauche. Je tournai la tête dans tous les sens pour voir que j'étais dans une sorte de caisson en verre, même si je pensais que ce n'était pas de cette matière qu'on m'avait enfermée dedans. J'étais soulagée de me retrouver avec deux bras, deux jambes et un visage assez humain. Seuls mes cheveux étaient coupés très court.

Soudain, le devant de la capsule se souleva vers le haut, me permettant de sortir de cet espace confortable, mais emprisonné. Avec une aisance impressionnante, je réussis à faire un pas puis un autre sans m'écrouler. Mes jambes n'avaient aucune cicatrice, comme mon corps en entier. J'étais cependant assez pâle, sûrement un effet de ma cryogénisation. Enfin, je ne savais pas si c'était cela, mais le caisson ressemblait à ceux qu'on voyait dans les films de science-fiction.

Je m'étais donc introduite dans le corps de cette jeune Ambre. C'était ainsi que ce voyage fonctionnait. Nous nous réveillions dans un Nouveau Monde dont on ne connaissait rien.

D'après la technologie apparente, j'avais atterri dans un monde furutiste. Un endroit où je ne pouvais même pas feindre de connaître certains outils. Tout était différent. À part cet homme à l'apparence bien humaine.

L'homme à la blouse blanche me fixa d'un air inquiet. Il me parlait dans une langue étrangère qui me laissait perplexe. Je pinçai mes lèvres tout en secouant la tête. Je ne comprenais pas ses paroles. Très vite, il soupira avant qu'une jeune femme ne lui donne une robe blanche. Il me la tendit ensuite. Je le remerciai et l'enfilai avec rapidité. Le jeune homme me demanda par des gestes d'avancer vers une autre salle. Et ce n'était qu'à ce moment-là que je pris le temps de contempler mon entourage.

D'autres caissons étaient positionnés à la verticale près du mien. Ma voisine encore endormie était aussi nue que je l'avais été. Par je ne sais quel moyen, elle tenait debout. Pourtant je ne voyais pas de fil. Peut-être qu'un phénomène de gravitation se faisait dans le petit habitacle.

« Agathe, » souffla le jeune docteur près de moi.

Son regard voilé de tristesse redevint neutre, puis il continua son avancée au milieu des milliers de caissons fermés. J'étais apparemment la seule éveillée. Nous traversâmes la porte puis plusieurs autres pièces avec toujours des chuchotements surpris et des regards étonnés sur ma personne. Je les ignorai et suivis le jeune homme en essayant de ne pas paraître émerveillée par la nouvelle technologique qui gravitait autour de moi.

La plupart des personnes naviguaient sur des sortes de plateaux volants. Ils n'étaient pas hauts, seulement à quelques centimètres du sol blanc, mais étaient rapides. Il n'y avait pas de boutons de commande, c'était comme s'ils étaient contrôlés par la pensée.

Enfin arrivée dans une petite salle avec une table et deux chaises de part et d'autre de celle-ci, je m'installai comme l'indiqua le médecin. Je me penchai sur le côté pour regarder le dessous de la chaise qui était vide. Pas de pieds pour le tenir en l'air alors que la table avait un pied au centre. Ce monde était amusant.

Il y avait tellement de nouvelles choses à découvrir. Et je m'émerveillai rien qu'à les admirer. Je me souvins de ce que les Moires avaient dit avant que mon frère et moi acceptions ces voyages spatiaux temporels.

À chaque arrivée sur un Nouveau Monde, je devais retrouver le « héros » de cette histoire. Ce pouvait être un homme ou une femme, et je devais l'aider à accomplir sa mission, sa destinée, ou que sais-je d'autre. Malheureusement, je n'avais plus aucun souvenir des mondes que j'avais visité auparavant. À chaque fois que nous arrivions devant le Destin, nos souvenirs étaient effacés. Donc seule la mémoire de notre monde d'origine était présente dans nos esprits.

Seules les images de notre accident de voiture me revenaient en tête. Mes mains se crispèrent sur la chaise volante avant de se détendre quand la porte blanche coulissa une nouvelle fois.

Un autre homme charismatique, plus âgé que le médecin, entra. Il me fit un sourire que je lui rendis d'un air gêné, ne sachant pas qui il était et se positionna près du médecin.

« Bonjour Ambre. C'est un plaisir de vous savoir éveillé.

– Bonjour. »

Intéressant, je gardais le même prénom dans ce monde. Donc je possédais le même prénom dans tous les mondes que je côtoierais... ou pas. Ma mémoire était effacée à chaque fois que je disparaissais d'un monde alors que je n'avais aucune certitude de ce que j'avançais.

Cet homme semblait bien me connaître. Il s'approcha de la table et la surface s'illumina d'écritures et d'images me concernant.

« Est-ce que vous vous souvenez de moi et de ce que vous faîtes dans ce clarifi ?

– Non, je pense avoir perdu la mémoire, parce que je ne me souviens pas de cette technologie ni de vos visages, avouai-je en les regardant.

– Avez-vous mal quelque part ? demanda-t-il alors qu'il faisait défiler des informations sur la table.

– Je ne pense pas. Je n'ai pas de douleur et je ne me sens pas fatiguée.

– Je me nomme Gire 035 et vous vous nommez Ambre 032. Il y a deux cents ans, vous avez demandé un transfert dans le clarifi qui mène à un monde virtuel que les Programmeurs ont développé. Cependant, votre coeur a cessé de battre pendant plusieurs minutes avant de reprendre son rythme. Puis vous vous êtes éveillés, ce qui est normalement impossible. Nous contrôlons les mondes dans lesquels vous êtes envoyés, et vous n'auriez pas dû ouvrir les yeux sur la réalité avant cent ans.

– Pourquoi ai-je demandé un transfert ? le questionnai-je en essayant de tout suivre.

– Pour oublier... dit-il d'un ton évasif.

– Oublier quoi ?

– La mort de votre sœur jumelle. »

Je restai silencieuse face à cette révélation, qui ne me faisait rien. Bien sûr, la tristesse m'atteignit, mais elle était assez diffuse pour que je réfléchisse à la situation actuelle. Cette planète était donc très futuriste. Assez pour nous envoyer dans d'autres alternatives. Était-ce comme un jeu vidéo ?

Il est arrivé quelque chose avant que je ne prenne possession du corps d'Ambre 032. Quelque chose qui l'a tuée un instant avant que je ne me réveille dans la capsule.

« Très bien. Ai-je d'autres membres de la famille en vie ?

– Bien sûr, votre frère devrait arriver dans seize minutes. Vos parents cependant ne sont plus de ce monde. J'aimerais faire quelques examens avant que vous ne repartiez chez vous si vous le voulez bien. Votre mémoire vous reviendra sûrement dans quelques jours si vous passez du temps dans un environnement familier. »

J'acquiesçai et me levai pour suivre Gire. Le jeune médecin était resté muet durant notre conversation et ne faisait que fixer la table comme si une information cruciale s'y trouvait. Je le regardai une dernière fois avant de partir.

Après un scanner du corps entier où je n'eus pas connaissance des résultats, je pus m'installer dans une salle d'attente où j'étais la seule pensionnaire. Enfin, la porte coulissa et je me retrouvai face à un homme ayant les mêmes cheveux blonds que moi, mais avec un regard tirant vers le bleu. Son air meurtrier ne me plaisait pas. Quand il fit un pas, je me levai et reculai. Il s'arrêta en voyant mon action et serra les poings.

« Sais-tu qui je suis ?

– Non, répondis-je, méfiante.

– Comment se fait-il qu'elle ne se souvienne de rien ?! Ce n'était pas dans notre accord de transfert ! cria l'homme en direction de Gire.

– C'est la première fois que ce phénomène survient, tempéra l'homme âgé d'un ton calme.

– Viens Ambre, on rentre à la maison, dit-il en tendant la main vers moi.

– Tu es mon frère ? » demandai-je pour être sûre.

Il se contenta de hocher la tête. Je fixai sa paume un instant avant d'y glisser ma main. Elle était chaude dans la mienne, ce qui me rassura. Mais il me prit dans ses bras en me soufflant des mots que je ne compris pas. Je voulus me détacher de son corps, mais il m'en empêcha. Soudain, il me relâcha avant que je ne panique.

Abasourdie, j'observai mon entourage. Nous avions été propulsés dans une maison standard avec canapé, table, chaise, et quelques écrans un peu partout incrustés dans les murs. Une téléportation. Je venais de subir ma téléportation et je n'avais pas vomi. L'effet était immédiat, je fis un grand sourire. Après avoir fait un tour sur moi-même, je vis une fenêtre dans le salon. Je m'approchai et ouvris grands les yeux face à la scène. Mon sourire tomba.

Tout était dans les tons gris, blancs ou noirs.

« Où sont les couleurs ? demandai-je à mon frère en me tournant vers lui.

– Les quoi ? »

Il me fixa d'un air perplexe. Mon visage avait sûrement dû perdre toutes ses couleurs, un comble dans un monde sans. Je déglutis avec difficulté avant de reporter mon regard sur les bâtiments, les véhicules volants et les vêtements blancs et gris.

Dans quel monde avais-je atterri ?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top