Valentin a partagé un lien.

      Valentin : C'est quoi encore ce délire ?

En ouvrant l'article, Alice est surprise de découvrir une photo qu'elle soupçonne immédiatement d'être le fruit d'un montage ou d'une récupération. Celle-ci est accompagnée d'une légende aguicheuse : "Val et Stacy de nouveau ensemble ?".

      Alice : Où sont-ils allés chercher une histoire pareille ?

      Valentin : Je ne sais pas, mais ça ne m'arrange pas. Ça fait quelque temps qu'elle essaie de me recontacter et ça ne va pas l'aider à passer à autre chose.

      Alice : Tu penses qu'elle veut que vous vous remettiez ensemble ?

      Valentin : C'est la question que je me pose, mais je crains la réponse.

      Valentin : Je ne comprends pas pourquoi elle aurait cette idée, la rupture m'a semblé aussi définitive pour elle que pour moi.

      Alice : Tu devrais peut-être lui répondre et écouter ce qu'elle a à te dire. Histoire que vous puissiez vous expliquer.

      Valentin : Je n'en ai pas franchement envie...

      Valentin : Et puis, ce n'est qu'une rumeur. Ils se lasseront vite quand ils seront à court de contenu.

      Alice : Fais comme tu le sens.

      Valentin : Comment s'est passé ton entretien ?

      Alice : Pas trop mal, mais j'essaie de ne pas me réjouir trop vite. C'est le 3e que je passe cette semaine et je n'ai eu aucune réponse pour les autres.

      Alice : Et Ethan te passe le bonjour !

      Valentin : Tu me diras. Bon courage !

      Valentin : Embrasse-le de ma part ! Comment va-t-il ?

      Alice : Il se porte à merveille. Il a retrouvé toute son énergie et il est retourné à l'école hier. Il est même fier de ses cicatrices de guerre.

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Valentin sourit puis laisse échapper un soupir en reportant son attention sur l'article qui le préoccupe. Alice et lui ont repris une communication régulière depuis leur dernière soirée ensemble. Malgré le rythme pesant des répétitions et des enregistrements, lui parler quasi quotidiennement le rend moins sensible à la pression. Cependant, il aimerait ne pas avoir à s'embarrasser de cette rumeur et des tentatives de retour de Stacy.

Alors il fait défiler son journal des appels et appuie sur le premier nom qui s'affiche. Il n'a répondu à aucun de ses coups de téléphone, mais il est fatigué de devoir les rejeter continuellement. Alice a raison, il serait judicieux de régler cette histoire une bonne fois pour toutes.

Heureusement qu'elle est là pour partager ça. Elle a beau être loin et vivre un quotidien différent du sien, elle cherche toujours à comprendre ce qu'il ressent. Il sait qu'il peut compter sur elle pour l'écouter et pour l'encourager. Depuis qu'il s'est enfin décidé à lui faire une place dans sa vie, il se sent moins seul. Après tout, c'est aussi grâce à elle qu'il a trouvé la volonté de se réconcilier avec sa sœur et son beau-frère.

« Enfin, tu te décides à me rappeler !

— Il faut qu'on parle.

— Contente que tu le reconnaisses, Valouchou. Tu as vu la nouvelle ? Nous sommes de nouveau unis et heureux.

— Tu as vu ça aussi ? Je ne sais pas d'où ils ont pu sortir une idée pareille.

— Tu ne me répondais pas et tu avais l'air de m'avoir oubliée, il fallait bien que je t'aide un peu à te remémorer le bon vieux temps. Je sais que tu es malheureux sans moi.

— Merci de te préoccuper de mon bien-être, mais je vais très bien et je sais très bien ce que je veux. Il n'y avait pas besoin d'impliquer les médias.

— Souviens-toi comme on était bien ensemble.

— Je ne pense pas que nous ayons les mêmes souvenirs. Il y a bien une raison pour que ce soit terminé entre nous. Tu es formidable, mais je ne veux pas me remettre avec toi, Stacy.

— Ah oui ? Rafraîchis-moi la mémoire. Parce que tout allait très bien avant que tu ne revoies ta nounou.

— Nous y voilà. Tu penses encore que tout tourne autour d'elle ? Tu es loin du compte. Ça n'a rien à voir avec Alice. Ta jalousie m'a agacé, mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle nous avons rompu. Alors oui, notre couple faisait sensation auprès du public, mais nous ne sommes pas faits l'un pour l'autre et nous le savons tous les deux.

— Ose me dire que tu ne tenais pas à moi.

— Si, je tenais à toi. Tu as beaucoup de qualités qui font de toi une femme fantastique. Mais ce n'est pas moi qu'il te faut. »

Loin de convaincre son ex-petite amie, son discours la convainc plutôt qu'il a toujours des sentiments inavoués pour elle. Mais ça, Valentin est loin de s'en douter.

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Du côté d'Alice, ses amis finissent par avoir vent de l'actualité People. Et quand Olivia balance le lien de l'article sur leur conversation de groupe, les messages fusent.

      Marion : Ils n'avaient pas rompu, eux ?

      Alice : Si, c'est juste une rumeur.

      Olivia : Tu en es sûre ?

      Alice : Plutôt, oui. Vu qu'il n'était lui-même pas au courant...

      Marion : En même temps, comment aurait-il pu rester avec elle en ayant une fille aussi géniale qu'Alice à ses côtés ?

      Olivia : Il te dit tout à ce point ? Je suis trop jalouse.

      Karim : Eh oh, moi aussi je te dis tout.

      Alice : Et c'est reparti !

      Antoine : Fais l'innocente ! Tu crois qu'on a oublié que vous avez fini la soirée tous les deux l'autre soir ?

      Marion : C'est vrai ! Vous avez fait quoi sur le toit ?

      Olivia : Je veux les détails !

      Karim : Non, pas les détails svp.

      Alice : Vous n'êtes pas croyables !

L'étudiante délaisse la conversation et l'emballement de ses amis pour ouvrir une notification provenant de sa boîte mail. Il s'agit d'un message de l'entreprise avec laquelle elle a passé son dernier entretien. En un coup d'œil, elle comprend que la réponse est négative. Rien de plus que le verbiage habituel l'informant qu'ils ont sélectionné un autre candidat dont le profil correspond mieux à leur société et lui souhaitant bon courage pour ses recherches.

Lasse, Alice se laisse tomber sur le canapé. Une clé tourne dans la serrure, signalant le retour de sa colocataire.

« Qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'as pas l'air en forme... Oh, je sais, c'est cette rumeur. Ce n'en est pas une, en fait, c'est ça ?

— Non, rien à voir. Je n'ai pas été retenue pour le stage. Pourtant, je pensais avoir fait bonne impression.

— Ce n'est pas si grave... Le prochain entretien sera sûrement le bon.

— Ce n'est pas ça, le problème, c'est que... J'ai l'impression que chaque jour est un combat. En cours, je dois faire face à des profs qui pensent que je n'ai pas ma place dans mes études. Il y a leurs remarques, parfois même celles des autres étudiants. Je dois travailler deux fois plus pour leur prouver que je ne vaux pas moins que mes pairs. Je suis entourée de mecs qui n'ont rien à prouver. J'ai passé des entretiens où j'ai bien compris que les autres candidats n'étaient pas reçus de la même façon. On ne leur pose pas les mêmes questions et on ne leur sort pas le même air condescendant. Je ne pensais pas qu'étudier ma passion serait si difficile. Je ne pensais pas que ce serait un tel combat. Simplement parce que je suis une femme dans un domaine plein d'hommes... et de sexisme. C'est tellement injuste. »

Marion reste sans voix face à ce monologue inattendu. Alice a laissé sortir ce qu'elle avait sur le cœur, elle en avait besoin.

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Malgré cette déception, l'étudiante s'arme de patience et de détermination pour passer le dernier entretien qu'elle a obtenu. Les deux personnes qu'elle rencontre en visioconférence ont l'air agréables et accueillantes. Quand elles promettent de la recontacter, elle imagine déjà le mail de refus qu'elle essuiera. Pourtant, ce n'est pas ce que signifie l'appel qu'elle reçoit deux jours plus tard, lui proposant de passer des tests techniques dans lesquels elle se plonge alors sans ménagement.​

Jusqu'à ce qu'un soir, Valentin réceptionne un message enthousiaste.

      Alice : Bonne nouvelle ! J'ai enfin trouvé un stage ! Il est un peu loin, mais l'entreprise a l'air intéressante.

      Valentin : Génial ! C'est où ?

      Alice : C'est la deuxième nouvelle... Je débarque pour deux mois à la capitale !

      Valentin : Si tu as besoin d'un guide touristique, je suis ton homme.

      Alice : Parce qu'il y a du tourisme à faire à Paris ? Par quoi commencerons-nous ? Les pigeons, le métro, la pollution de la Seine ou les embouteillages ? J'ai hâte de découvrir ce superbe patrimoine local.

      Valentin : Moque-toi, tu pourrais être surprise.

       Alice : J'attends de voir ça, monsieur le guide.