La Fureur de Tes Mots
L'acteur à succès Nori Taika a officiellement annoncé qu'il mettait fin à sa carrière après une tentative de suicide. De nombreux fans ont été profondément blessés par cette décision soudaine et inattendue. D'autres, plus sceptiques avaient senti le coup arriver comme en témoigne le producteur qui l'avait repéré à l'époque.
« Ce garçon n'avait pas les épaules faites pour ce métier. Il ne supportait pas la pression et vivait très mal son succès. Il avait commencé à fuir ses fans et s'était tourné vers son passé, ressassant en permanence qu'il aurait voulu faire marche arrière et retourner dans la misère de laquelle on l'avait tiré. Il est indéniable qu'il avait un grand talent et son jeu d'acteur était impeccable mais il vaut mieux pour lui de se retirer avant de sombrer dans la drogue ou de mettre fin à ses jours. »
Rappelons que Nori Taika a joué dans de nombreux films d'actions, fantastiques et de fantasy tels que...
Nori coupa le téléviseur puis s'installa à table face à Kyo qui le contemplait d'un air songeur. La colère était lisible sur le visage du brun qui ne supportait plus d'entendre parler de son départ ou encore des pages Facebook de soutien afin qu'il fasse son come-back. Bien souvent, il s'emportait face à son écran, trahissant ses vieilles angoisses refaisant surface. Kyo s'était toujours montré patient face à sa situation et ne cessait de l'encourager. Il était désormais devenu enseignant, ayant finalement pu valoriser ce diplôme qui ne lui avait offert aucun débouché à l'époque.
Kuro avait fait la paix avec son ancien ami et avait finalement accepté ses excuses, comprenant qu'il avait choisi le mauvais chemin et qu'il le regrettait désormais. Le seul dont Kyo ne comprenait toujours pas le comportement était Nozomi. Depuis ce fameux jour où Nori avait mis fin à sa carrière, il avait commencé à se montrer plus distant et parfois désagréable avec eux.
« Ne t'en fais pas Nori, bientôt, ils t'auront tous oublié. Ils trouveront bien une nouvelle star avec plein de ragots plus croustillants les uns que les autres. N'y songe plus, tout est fini maintenant.
- J'ai bien cru que j'allais finir en hôpital psychiatrique, ça me rend dingue rien que d'y penser ! s'exclama le brun la gorge nouée.
- Je sais que tu as passé des épreuves difficiles mais maintenant, il faut tourner la page.
- J'ai l'impression d'entendre le psy... Je ne suis pas fou, non plus !
- Ce n'est pas ce que j'ai dit, il te faudra du temps pour t'en remettre mais tu l'as dit toi-même, ensemble, nous passerons toutes les épreuves qu'il faudra pour être heureux ! Je n'ai peur de rien à tes côtés...
- Tu as raison, j'ai confiance en toi... Merci, Kyo. » reconnut Nori reconnaissant.
Je hais toutes ces personnes qui prétendent me soutenir. Je hais ces visages emplis de cette même naïveté qu'autrefois. Ils ne sont que des pantins manipulés et dénués de bon sens, pensant qu'un sourire trompeur est sincère. J'ai tant ri alors qu'en vérité, je sombrais un peu plus chaque jour. Je leur racontais que ma vie était merveilleuse et que ses aspects négatifs étaient infimes alors qu'en vérité, j'aurais voulu qu'elle se termine. Je voulais faire marche arrière mais chaque souvenir n'était qu'un nouveau coup de poignard dans mon cœur torturé. Alors j'ai commencé à haïr l'Amour, à ne plus y croire car il était insensé et douloureux. Je restais impassible tandis que mon cœur saignait et m'hurlait de mettre un terme à cette algie. Mais ce visage me hantait, déchirant espoir de refaire surface, et je continuais à clopiner dans ce bas monde. Je me vantais car j'étais devenu si puissant que nul ne pouvait m'égaler, tout le monde m'adulait alors que je n'étais qu'un minable pleurant sur les restes de son passé.
Kyo aidait beaucoup Nori à remonter la pente et son soutien infaillible lui permettait progressivement d'oublier cette sombre période de sa vie.
Un soir, Kyo préparait le repas sachant que Nori allait bientôt être de retour de sa journée de classe. Kuro était au salon et travaillait sur un dossier spécial qui ne l'inspirait guère : la vie et le déclin du grand Nori Taika... Il avait tout tenté pour donner ce dossier à un collègue mais son supérieur avait insisté connaissant ses rapports avec lui. Il s'était maintes fois excusé auprès de Nori, lui disant qu'on ne lui avait pas laissé le choix mais le brun avait ri en lui expliquant qu'au moins, il serait en mesure de dissiper certaines rumeurs à son sujet grâce à son article.
« Tu es un journaliste de talent, Kuro, ça me conforte de savoir que ce dossier est entre tes mains plutôt qu'entre les mains de l'un de tes collègues qui ne fera que s'inspirer de ces rumeurs idiotes que l'on trouve sur les réseaux sociaux... » avait dit le Taika en souriant.
Cette marque de confiance avait poussé le blond à s'appliquer à la tâche en y mettant tout son cœur avant de le faire relire au concerné. Parfois, il demandait conseil à Kyo sur certains points sensibles de son existence et ce dernier se plaisait à pouvoir lui rendre un tel service.
Ce soir-là, Kuro travaillait encore sur ce dossier, étant sur le point de le terminer. Il espérait ainsi pouvoir le présenter à son ami juste pour le week-end. Kyo scruta la pendule d'un air inquiet, remarquant que Nori avait déjà une heure de retard. Se rendant auprès de son ami qui relisait son document, ce dernier esquissa un sourire et tenta de le rassurer.
« Il a sûrement eu un empêchement ou bien aura eu une réunion de dernière minute...
- Dans ce cas, il me prévient d'habitude... Je devrais peut-être appeler l'école pour voir ce qu'il en est.
- Bien sûr mais peut-être voulait-il te préparer une surprise, non ?
- Ce n'est pas trop son genre... »
Kyo secoua légèrement la tête en signe de dénégation puis se retira dans la cuisine. Attrapant son téléphone, il composa le numéro du standard de l'école et demanda à parler à Nori.
« Monsieur Taika ? Je suis désolée mais il est déjà parti depuis deux heures déjà. Il semblait impatient de partir en week-end. »
Le message qu'il lui avait envoyé une demi-heure plus tôt était resté sans réponse. Nori demandait à ses amis de communiquer avec lui uniquement par textos, lui permettant ainsi de leur répondre dès qu'il était disponible. Mais cette fois, son retard inquiétait trop Kyo si bien qu'il se permit de l'appeler. Une nouvelle fois, le brun ne décrochait pas même après un énième appel. Kyo était désormais paniqué, craignant que son ami n'ait eu des ennuis sur le chemin du retour.
Partageant ses craintes, Kuro suggéra de prendre sa voiture et de suivre son chemin habituel vers l'école afin de tenter de retrouver sa trace. Kyo acquiesça, tenaillé par une frayeur latente.
Alors qu'ils enfilaient chacun leur manteau, une personne frappa à la porte d'entrée. L'espoir de voir Nori s'anima en Kyo, espérant qu'il avait seulement perdu ses clés. Seulement la silhouette qui se présenta était bien différente de la sienne, vêtue d'un uniforme bleu sombre de la police.
« Est-ce bien ici que vit Monsieur Nori Taika ? demanda l'homme après s'être présenté.
- O... Oui... répondit Kyo nerveusement. Que se passe-t-il ? Où est-il ? Je n'arrive pas à le joindre !
- Puis-je entrer ? J'aurai quelques questions à vous poser.
- Bien... Bien sûr... balbutia Kyo désemparé en refermant la porte derrière l'homme.
- Des témoins l'ont vu sortir se son lieu de travail. Quelqu'un l'attendait et l'a attaqué pour le forcer ensuite à monter dans son véhicule et l'emmener. Bien entendu, les témoins n'ont pas su identifier la plaque ni même la voiture car il faisait trop sombre. Si j'ai pu vous retrouver aussi vite, c'est parce qu'il a perdu son portefeuille lorsqu'il se débattait. Je vous ai vu en photo dans son étui, j'en déduis que vous êtes plutôt proches. Avait-il des ennemis ? Quelqu'un aurait-il pu lui en vouloir ?
- Nori n'a pas d'ennemis à ma connaissance, répondit Kuro en voyant que Kyo était bien trop anéanti pour prendre la parole. Hum... Il a été marié autrefois et s'est séparé mais je sais que son ex-femme est actuellement à New-York pour le tournage d'un nouveau film. Et d'après ses dires, ils...
- Il y a ces individus, ceux... ceux qui m'ont fait ça... s'exclama soudain Kyo en montrant ses cicatrices.
- Non, Kyo, ils sont en prison pour un moment encore après tout ce qu'ils ont pu cumuler comme délits...
- Alors non, je ne vois pas qui pourrait lui en vouloir... Un fan désespéré ?
- C'est pour l'instant la piste qui me paraît la plus plausible. Nori Taika était un acteur à succès et beaucoup ont vu en cette fin de carrière une véritable trahison.
- Ca fait beaucoup de suspects...
- Il va falloir surveiller votre téléphone si toutefois une demande de rançon se fait. Il ne faut écarter aucune piste. »
Tu as été plutôt difficile à attraper, je ne savais pas que tu possédais une telle rage en toi. Je pensais que tu avais baissé les bras. Depuis que tu as retrouvé ce gamin, tu es devenu si faible... J'aimerais retrouver le Nori d'autrefois, celui que j'ai tant désiré durant toutes ces années...
Nori secoua mollement la tête qui le faisait atrocement souffrir. Il ne savait pas où il était ni comment il était arrivé là mais il lui sembla avoir reçu un coup sur la tête. Peu à peu, ses souvenirs refirent surface : l'attaque et cet individu qui l'avait jeté dans cette voiture noire sans ménagement. Qui était-ce ? Pourquoi lui en voulait-on ? Qu'avait-il fait de mal ?
« Tu te réveilles enfin ? souffla une voix dans l'obscurité.
- Où suis-je ? Qui êtes-vous ?
- Ne t'en fais pas, je ne compte pas te faire de mal. Du moins, tant que tu ne cherches pas à t'enfuir.
- Qu'est-ce que vous me voulez ? De l'argent ?
- Non, Nori, c'est toi que je désire. Rien, ni personne d'autre. Sois sage, je reviendrai plus tard » soupira l'homme en attrapant son téléphone qui sonnait dans sa poche.
Un peu plus tard dans la soirée, Kyo et Kuro étaient installés sur le canapé du salon silencieusement, s'attendant à ce que le téléphone sonne d'un instant à l'autre.
« J'espère qu'ils ne vont pas lui faire de mal... soupira Kyo. Je suis tellement inquiet que je ne pense pas que je pourrai fermer l'œil de la nuit.
- Moi non plus... avoua Kuro. J'ai appelé ton père pour voir s'il ne l'avait pas vu mais il m'a affirmé que non.
- Et Nozomi ? demanda Kyo.
- Il est à l'étranger en ce moment, impossible qu'il ait pu le croiser, soupira Kuro.
- Ah oui ? Je ne savais même pas qu'il s'était absenté. Il faut dire que depuis que Nori a abandonné sa carrière, il n'était plus très présent et semblait vivre sa petite vie dans son coin.
- Mes parents ont aussi vu un changement chez lui. Je pense que ce changement lui fera le plus grand bien... Il aurait pourtant été intéressant de voir avec lui s'il n'avait pas quelques pistes à nous donner sur de potentiels ennemis. Il l'a côtoyé durant plusieurs années...
- Alors, peut-être faudrait-il l'appeler ?
- Non, je sais qu'il est très attaché à Nori et je ne tiens pas à le perturber davantage avec cette affaire.
- Dis-toi qu'il en entendra forcément parler... Nori n'est pas un simple individu lambda, toute la presse va parler de cette affaire. »
Une personne vint sonner à la porte, ce fut Kuro qui ouvrit avec méfiance puis laissa entrer l'individu en question avec soulagement : Hiromasa, le père de Kyo.
Son fils se précipita vers lui, le visage marqué par l'angoisse. Son géniteur le reçut dans ses bras et le serra contre lui avec émotion.
« On ne sait rien de plus sur ce qu'il s'est passé ?
- Non, rien. Notre téléphone a été mis sur écoute dans le cas où on recevrait une demande de rançon mais pour l'instant, rien du tout.
- C'est plutôt mauvais signe... soupira Hiromasa augmentant l'angoisse de son fils. Kyuso devrait passer à la fin de son service, il était inquiet pour toi, Kyo. J'ai aussi appelé Nozomi, il a dit qu'il prenait le premier avion pour revenir au plus tôt sur place.
- Ce n'était peut-être pas nécessaire de le déranger... Nozomi n'était pas vraiment dans son assiette ces derniers temps, il n'avait pas besoin d'avoir davantage de soucis. Tu sais combien il est attaché à Nori.
- Oh oui, il était toujours aux petits soins avec lui, c'était attendrissant ! Enfin, c'était en toute amitié, corrigea Hiromasa en constatant l'air décontenancé de son fils.
- Ce n'est un secret pour personne que Nori et Nozomi ont eu une liaison par le passé, la presse people en avait longtemps parlé. Il me semble d'ailleurs que c'était ce qui avait provoqué leur rupture car Nozomi ne supportait pas d'être sous le feu des projecteurs, commenta Kuro ennuyé.
- Oui et je sais que tout ceci est terminé depuis bien longtemps, ajouta Kyo. J'ai confiance en lui et je sais également que Nozomi ne ferait rien qui pourrait nuire à notre relation.
- Ca c'est bien vrai ! s'exclama Kuro en esquissant un léger sourire.
Plusieurs jours s'écoulèrent suite à la disparition de Nori. Personne ne s'était manifesté pour réclamer la moindre rançon alors pourquoi avoir enlevé Nori si ce n'était pour l'argent ? Le bruit courrait qu'il pouvait s'agir d'un fan ayant commis un geste désespéré suite à son départ inopiné et que sa vie était en danger.
Où est passée cette passion, cette flamme qui te poussait vers les sommets ? A quoi t'attendais-tu en gagnant cette popularité ? Pourquoi a-t-il fallu que ce faible individu n'ait jamais cessé de te hanter ? Qu'a-t-il donc de si exceptionnel ?
« Qu'est-ce que vous comptez faire de moi ? demanda Nori en tentant d'entrevoir le visage de son agresseur dans l'obscurité.
- Je veux retrouver le Nori d'autrefois, pas celui qui s'est amouraché d'un stupide gamin et a fui sa notoriété !
- Eh bien bon courage, ça ne risque pas d'arriver...
- Ne fais pas ton malin ! cracha l'homme en lui expédiant un violent coup de poing dans la mâchoire. Tu n'as pas l'air de me prendre au sérieux mais je vais t'apprendre à me craindre. »
Le coup avait été si violent que rapidement, le brun sentit un mince filet de sang s'écouler de ses lèvres. Ce fut en cet instant précis qu'il réalisa la gravité de la situation et que sa vie était en danger. Kyo et Kuro s'inquiétaient déjà certainement pour lui et des recherches devaient être en cours mais serait-il retrouvé à temps ? Dans ces moments-là, il regrettait amèrement de ne plus avoir la présence de Nozomi à ses côtés pour le protéger. Où était-il en ce moment ? Avait-il été informé de tout cela ?
Kyo n'avait guère dormi depuis qu'il avait appris la terrible nouvelle. Et quand il parvenait à s'endormir, de nombreux cauchemars venaient le hanter, imaginant quel sort cette personne avait pu réserver à la personne qu'il aimait. Nori était-il toujours en vie ? Pour combien de temps ?
Allongé sur le canapé aux côtés de Kuro, son regard était vide face aux images défilant sur l'écran de télévision. Afin de lui changer les idées, le blond avait évité de zapper sur les chaînes d'information et privilégiait les films non violents.
Ainsi se déroulaient leurs soirées depuis la disparition de l'ancien acteur, chacun se plongeant dans un silence déconcertant. Kuro soupira profondément puis se redressa pour aller préparer le dîner. Cependant, lorsqu'il se leva, une personne sonna à leur porte. A cet instant, Kyo bondit sur place et jeta un regard angoissé à son colocataire qui lui fit signe de ne pas bouger.
Un instant plus tard, une silhouette familière se dessina dans l'encadrement de la porte : Nozomi. Son air était à la fois grave et neutre comme à l'accoutumée puis s'adoucit face à son jumeau qui lui indiqua qu'ils n'avaient pas de nouvelles de Nori depuis sa disparition.
« Personne n'a appelé, je ne comprends pas ! Les policiers semblaient croire qu'on recevrait rapidement une demande de rançon mais ce n'est pas le cas !
- Certainement l'œuvre d'un fan qui ne se remet pas de son départ... soupira Nozomi. Je ne pense pas que vous recevrez d'appel, j'ai vu ses fans de mes propres yeux et croyez-moi, certains faisaient froid dans le dos.
- Est-ce que tu as été convoqué par la police ? demanda Kuro en voyant pâlir Kyo.
- Oui, j'en reviens à l'instant. Vous aussi vous avez dû subir ça ? Avec leurs questions, on pourrait se sentir coupable sans l'être. Mais bon, au moins, ils prennent l'affaire au sérieux. Est-ce que Hiromasa est venu récemment ?
- Oui, juste après t'avoir appelé, il me semble, raconta son jumeau. Il est très inquiet pour Nori comme nous tous. Kazuo est aussi venu nous voir, il était effondré. Il n'arrêtait pas de répéter que malgré son départ, il aurait dû continuer à être entouré de gardes du corps pour éviter ce genre de problèmes.
- Ce n'est pas faute de lui avoir suggéré tant de fois, grommela l'Arashi. J'y ai pensé, moi aussi, mais vous connaissez Nori, il est borné. Il a pris l'habitude de se débrouiller seul après cette fameuse dispute avec sa famille.
- Oh oui, je m'en rappelle comme si c'était hier. On lui avait proposé d'emménager ensemble pour l'aider mais il a refusé et s'est retrouvé à vivre dans cet appartement minuscule à manger des restes pourris du resto qui l'embauchait... »
Chacun soupira en se remémorant le passé. A l'époque, les choses étaient bien plus simples car Nori passait inaperçu. Kyo et lui étaient heureux en toute simplicité. Pourquoi avait-il fallu que leurs vies prennent un tel tournant ? Le Taika avait pourtant tout fait pour fuir ce succès dont il était victime... Pourquoi ses fans n'acceptaient tout simplement pas ses volontés ?
Nozomi ne resta pas très longtemps auprès de son frère. Ce dernier lui proposa de rester manger avec eux mais il refusa car il avait un agenda très chargé. Kuro parut surpris de voir son invitation déclinée mais accepta sa décision sans rechigner car il lui sembla que son jumeau était pressé de partir.
« Je reviendrai vous voir bientôt et surtout, tenez-moi au courant si vous avez du nouveau au sujet de Nori. Est-ce que vous savez si... si ses parents ont été informés ?
- Oui, répondit Kuro. Ils ont été avertis juste après nous mais ni Asaki ni Kazuki ne se sont montrés.
- Je vois, soupira son frère, toujours aussi concernés par le sort de leur fils...
- Il faut dire qu'ils ne se sont pas séparés en bons termes... souffla Kyo. Ils l'ont quand même mis à la porte lorsqu'ils ont découvert qu'il sortait avec Kuro. Il a dû travailler dur pour financer ses études et s'en sortir. Je pense que Nori préfèrerait que sa famille ne vienne pas mettre son nez dans cette histoire.
- Pourtant, j'ai un mauvais pressentiment... Je m'attends à les voir débarquer un de ces jours en nous accusant de l'avoir corrompu comme ils l'ont si bien fait à l'époque. Son père est complètement taré et Kazuki est stupide de le suivre bêtement comme ça. Ils étaient pourtant proches à l'origine. »
Nozomi soupira profondément puis consulta sa montre avant d'annoncer qu'il devait vraiment partir, qu'il allait être en retard.
Tu es incroyablement docile pour un captif. Tu ne cherches même pas à t'enfuir ? Aurais-tu déjà abandonné ?
Nori observait les alentours de la cave dans laquelle il était retenu prisonnier mais malheureusement, rien ne semblait être utile pour s'enfuir. L'atmosphère était étrange et il n'arrivait pas à jauger la dangerosité de sa situation. Cet individu le tuerait-il s'il tentait la moindre tentative de fuite ?
L'homme n'était pas très présent et semblait avoir un travail à horaires non fixes car il ne l'entendait jamais quitter son domicile aux mêmes heures. Il avait tenté d'appeler à l'aide mais en vain, les environs étaient déserts et l'individu semblait vivre seul.
Bientôt, tu seras mien et tu ne m'échapperas plus. Enfin, tu oublieras cet amour insensé et tu réaliseras qu'à deux pas de toi se trouve une personne qui est capable de te protéger envers et contre tout.
Un cliquetis à l'étage indiqua au brun que son geôlier était de retour du travail. Il l'entendit déposer ses affaires puis déverrouilla la porte menant au sous-sol.
Un mince filet lumineux traversa la pièce, éblouissant le visage de Nori. Bien entendu, son agresseur prenait bien soin de cacher son visage et semblait même utiliser un dispositif déformant sa voix. A quoi bon ? Il était pourtant évident qu'ils ne se connaissaient pas.
L'obscurité régnant dans la cave humide permettait tout juste de discuter des formes et l'homme a la carrure imposante qui se présenta face à lui.
Bientôt, tu cesseras de me résister.
« Alors ? Tu as passé une agréable journée ? demanda l'homme en ricanant.
- Merveilleuse ! C'est toujours très agréable de se retrouver ligoté comme un rôti dans un sous-sol obscur. J'ai même sympathisé avec l'un des rats qui trainait par-là.
- Très amusant.
- Vais-je enfin savoir ce que vous me voulez ? demanda Nori. Je ne sais même pas pourquoi je suis enfermé ici !
- Ca me paraît évident ! Je suis ton plus grand fan et ce que je souhaite, c'est ton retour ! Je serai là pour toi, je te soutiendrai comme je l'ai toujours fait !
- Oh je vois ! Je me permets de te tutoyer vu que tu ne te gênes pas avec moi, hein ? T'es le genre de psychopathe qui a tapissé sa chambre avec des posters de moi et qui utilise toute sa boîte de mouchoirs dès qu'il regarde l'un de mes films ? se moqua le brun. Et là, tu es frustré parce qu'à la dernière séance de dédicaces, je t'ai ignoré alors que tu avais attendu une journée entière devant l'entrée pour avoir un autographe ?
- Ferme-la ! hurla l'homme en lui expédiant un nouveau coup à la mâchoire, provoquant un craquement peu rassurant. Tu te trompes à mon sujet, je ne suis pas ce genre d'individu. Mes sentiments sont sincères, ils l'ont toujours été ! J'ai toujours été là pour toi alors que tu m'as toujours ignoré ! »
Son agresseur était désormais furieux et le frappa à plusieurs reprises tout en continuant son monologue. Nori comprit alors que cet individu possédait une force monstrueuse et que chaque coup de poing s'écrasant sur son visage lui donnait l'impression que sa tête allait se décrocher de son corps.
Pour toi, je suis devenu ce monstre.
Pour toi, j'aurais tout donné mais tu m'as laissé tomber.
Quel avenir m'as-tu laissé ?
Kuro soupira lorsque son frère partit. Il posa les yeux sur Kyo qui le regardait d'un air perplexe.
« Depuis quand Nozomi a-t-il retrouvé un travail ? demanda le jeune homme.
- Il me semble qu'il cumule plusieurs petits boulots... En fait, je ne sais pas trop. Il faut dire que depuis que Nori l'a licencié, on ne le voit presque plus et il reste très évasif concernant sa situation. Pour tout te dire, je ne sais même pas où il vit. Il a été contraint de quitter son logement pour en choisir un plus petit.
- D'accord. Mais c'est surprenant de le voir si pressé !
- Nozomi a toujours été un mystère entier. On a beau être jumeaux, je ne l'ai jamais vraiment compris. »
Kyo allait répondre lorsqu'il entendit quelqu'un sonner à la porte. Il voulut s'avancer pour ouvrir mais Kuro le devança et se plaça devant lui pour vérifier de qui il s'agissait.
« Et les ennuis continuent... » soupira le blond en déverrouillant la porte.
Le Fubuki le regarda d'un air étonné puis comprit lorsqu'il fit face à deux visages qu'il reconnut entre mille : les parents de Nori, comme son ami l'avait redouté. Leurs visages étaient fermés et semblaient furieux, ce qui accentua l'agacement de l'Arashi.
« On le retrouve enfin ! s'exclama la mère de Nori en entrant sans même y avoir été invitée. Il nous a fallu de temps avant de pouvoir mettre la main sur toi !
- Aika, c'est moi qui parle, lâcha son mari ennuyé.
- Asaki, Aika, quel plaisir de vous revoir, marmonna Kuro en refermant la porte derrière eux.
- Si tu n'avais pas corrompu notre fils, nous n'en serions pas là ! aboya Aika.
- Corrompu ? répéta Kuro.
- Votre relation n'est pas saine ! C'est à vomir !
- On voit que vous vous intéressez au sort de votre fils, cela fait bien longtemps que lui et moi sommes séparés.
- Vous faites ménage à trois ? C'est encore pire !
- Nous sommes amis et colocataires. Il faut dire qu'il a été lâchement abandonné par sa famille il y a quelques années et s'est retrouvé dans une situation très précaire, c'est pour cette raison que nous vivons ensemble. Nori est un ami et il le sera toujours. Il n'était d'ailleurs pas nécessaire de vous déplacer pour faire semblant de vous intéresser à son cas. Cela fait bien longtemps qu'il a tiré un trait sur vous.
- Notre fils était depuis bien longtemps promis en mariage à la fille de l'un de nos partenaires afin de renforcer notre image et de renforcer la présence de notre entreprise sur le marché, lâcha Asaki avec froideur. Je suis son père et je veux ce qu'il y a de mieux pour lui.
- Ce qu'il y a de mieux pour votre entreprise ! cracha Kyo furieux.
- Kyo... commença Kuro avec inquiétude.
- Vous vous êtes toujours moqués du bien-être de Nori ! Vous voulez le récupérer pour satisfaire vos propres projets sans penser à son bien-être ! Combien de temps vous a-t-il fallu pour réagir lorsque vous avez découvert qu'il a été enlevé ? Dites-moi ! Combien de temps ?
- Qui est donc ce gamin insolent ? demanda Asaki à Kuro.
- Vous pouvez me parler directement, vous savez ! Je ne suis pas invisible ! hurla Kyo furieux. Je m'appelle Kyo Fubuki et je suis le fiancé de Nori. Alors vous savez quoi ? Vos projets de mariage tombent à l'eau ! Jamais ! Vous m'entendez ? Jamais Nori ne se pliera à vos volontés ! Vous osez venir pour nous parler de vos projets répugnants alors que quelqu'un l'a kidnappé et que sa vie est certainement en danger ? Vous me fichez la gerbe ! Sortez d'ici ! Et ne revenez plus jamais ! »
Ne leur laissant pas le temps de répondre, Kyo avait déjà ouvert la porte pour les chasser dans le couloir. Cependant, Asaki retint la porte et fit face aux deux amis en conservant son perpétuel air stoïque.
« Sachez que personne ne pourra s'opposer à mes projets. Encore moins deux gamins immatures sans le sou dans votre genre. Les recherches sont engagées de notre côté également, ce n'est plus qu'une question d'heures avant qu'on ne le retrouve. Et il m'obéira.
- Nori n'est pas disponible mais je ne doute pas que son frère Kazuki se fera un plaisir de répondre à vos attentes, il n'attend que ça, pas vrai ? lâcha Kuro d'un air faussement aimable.
- Kazuki n'a pas les épaules faites pour reprendre mon affaire. J'ai besoin de quelqu'un de la trempe de Nori. Le simple fait qu'il su acquérir une telle notoriété en si peu de temps prouve encore une fois son potentiel. Je vais l'extirper de ce trou à rats et le ramener de force à la raison. Que vous le vouliez ou non.
- Ouais, c'est ce qu'on verra... » souffla Kyo avec mépris en refermant la porte.
Je détruirai tous les obstacles se dressant entre nous, tu m'entends ?
Alors commençons... 1... 2...
Un bruit de freinage suivi d'un choc fit sursauter Kyo et Kuro quelques instants après le départ des Taika. Kuro jeta un coup d'œil vers Kyo qui s'empressa de regarder par la fenêtre et lâcha une exclamation surprise lorsqu'il vit une foule de personnes rassemblées vers un véhicule qui venait de s'encastrer dans un lampadaire près de chez eux. Rapidement, la foule se dispersa après que plusieurs coups de feu se soient fait entendre. Une silhouette émergea du véhicule et prit la fuite tandis que des cris s'élevèrent. Sous un lampadaire, il vit deux silhouettes allongées, inanimées dont les vêtements lui parurent familiers... A cet instant, le Fubuki se détourna vers son ami, le visage livide.
« Kuro... il y a eu un accident en bas, quelqu'un a percuté les parents de Nori sur le trottoir... Et si c'était lui ? La personne qui a kidnappé Nori ? »
Personne ne semble réaliser la situation ?
Ton cœur ne battait déjà plus que faiblement lorsque j'ai quitté les lieux.
Je suis désolé, je me suis emporté alors que j'avais promis de te protéger.
Les coups sont partis tout seuls, tu comprends, il ne fallait pas me provoquer ainsi.
Je te promets, mon amour est sincère et il l'a toujours été.
Je ne demandais qu'à te protéger mais tu t'es amusé de moi. Il n'y a qu'avec lui que tu as été sérieux.
Pendant ce temps, tandis qu'un agent planchait sur l'affaire de la capture de ce fameux acteur déchu, un détail lui sauta aux yeux. Il attrapa les papiers qu'il avait rassemblés sur son bureau et se précipita hors de son bureau, téléphone en main.
Ces billets... Pourquoi n'avaient-ils pas été vérifiés plus sérieusement ?
« Qu'est-ce que tu racontes ? s'exclama Kuro en bondissant de son siège.
- Il leur a foncé dessus. Délibérément. Puis il a tiré sur la foule pour l'éloigner.
- Quoi ? s'écria Kuro paniqué. Et où est-il maintenant ?
- Kuro... poursuivit le Fubuki angoissé. Il a couru dans la direction de notre immeuble... C'est l'agresseur de Nori, j'en suis persuadé ! Il veut nous éliminer ! Kuro !
- Cache-toi dans un placard ! Dépêche-toi ! Et ne réponds pas au téléphone, on n'a pas le temps ! hurla-t-il en ignorant la sonnerie du téléphone.
- Et toi Kuro ?
- C'est moi qui vais l'accueillir. Cache-toi, Kyo, tu en as assez bavé jusqu'à aujourd'hui. C'est à moi de te protéger.
- Kuro...
- C'est un ordre ! Cache-toi ! »
3... 4...
Encore un obstacle et nous pourrons être réunis à tout jamais.
Le répondeur s'enclencha et Kuro reconnut la voix de l'inspecteur qui s'était chargé de l'affaire Taika. Sa voix était paniquée et il semblait qu'il avait des difficultés à retrouver son souffle comme s'il venait d'entamer une course poursuite effrénée.
« Monsieur Arashi ! Nous avons trouvé le coupable ! Il y a un détail qui nous avait échappé ! Les billets d'avion ! Ils n'ont jamais été utilisés ! Votre frère a menti ! Il n'est jamais parti à l'étranger ! Nous avons fouillé son domicile et avons trouvé des preuves accablantes contre lui ! Il risque de s'en prendre à vous ! Vous n'êtes pas en sécurité chez vous, vous devez vous mettre en lieu sûr ! J'ai envoyé une patrouille vous récupérer ! Bon sang... j'espère qu'il n'est pas trop tard ! »
Puis la conversation se coupa. Kuro garda ses yeux rivés sur le répondeur dont le voyant clignotait désormais. Son frère. Son propre frère. Nozomi avait kidnappé Nori. Il avait également renversé les parents de Nori car il connaissait leurs projets, ayant été plongé dans la vie intime de Nori durant des années. Désormais, son propre jumeau marchait en direction de leur appartement, ne cherchant même pas à cacher sa présence dans le couloir. Un coup de feu dans la porte de fit entendre puis un craquement sourd dans le battant indiqua à Kuro que son frère était là.
Son propre frère venait l'abattre.
Ce frère avec qui il avait tant partagé.
Ce frère qui avait perdu la raison.
Caché dans l'obscurité, il laissa la sombre silhouette le dépasser puis, sortant discrètement de sa cachette, il écrasa sa batte de baseball de toutes ses forces sur son précieux jumeau...
Kazuo bailla bruyamment lorsqu'il atteint la demeure de ses grands-parents. Ces derniers étaient partis en vacances et comme il n'habitait pas très loin de chez eux, il venait de temps en temps s'assurer que tout allait bien.
Déverrouillant la porte, il entra comme à l'accoutumée puis inspecta les plantes afin de vérifier qu'elles avaient été suffisamment arrosées. L'un de ses cousins ou bien sa tante étaient déjà probablement passés pour s'en occuper car tout était parfaitement entretenu.
Le jeune homme posa le regard vers le vaste jardin. On pouvait dire que ses grands-parents menaient une vie paisible dans ce petit village : leur maison était en très bon état, bien décorée et surtout très accueillante et chaleureuse. Il avait tant de souvenirs d'enfance heureux dans cette demeure entre les fêtes de Noël, les anniversaires, les mariages...
Il atteignit la salle de bain, pris d'une soudaine envie pressante puis remarqua un détail inquiétant : la poignée de porte semblait être tachée de sang.
Le cœur battant à tout rompre, il poussa le battant qui n'était pas verrouillé et remarqua que l'une des vasques était couverte de sang tandis qu'un linge posé là négligemment était lui aussi souillé.
Analysant l'étage avec inquiétude et s'étant armé d'une clé à molette trouvée dans une caisse à outils dans un placard, il constata qu'aucune fenêtre ou porte du rez-de-chaussée n'était fracturée. Mais d'où provenait ce sang ? Cette maison n'était pas occupée depuis près d'un mois ! Avançant vers les escaliers menant à l'étage, il remarqua que la porte menant vers la cave était déverrouillée et sa poignée était également maculée.
La gorge serrée, il s'engagea vers le sous-sol. Si un intrus se cachait là, il aurait certainement l'avantage car il n'avait pas fait preuve de la moindre discrétion depuis son arrivée. Tant pis. Il devait savoir ce qu'il s'était passé ici. La lueur provenant de l'étage supérieur éclaira faiblement le sol de la cave sur lequel... une silhouette inanimée se trouvait.
Pris de panique, le jeune homme dévala le reste de marches le séparant du sous-sol puis éclaira les alentours de sa lampe torche afin de s'assurer qu'il était bel et bien seul avant de se consacrer à la personne gisant là. Fort heureusement, aucun intrus ne se trouvait là et si ça avait été le cas, il réalisa avec effroi que son manque de discrétion et de vigilance aurait pu lui coûter la vie.
Détournant le faisceau vers le visage de la victime, le blond échappa un cri étouffé en reconnaissant Nori Taika. D'une main tremblante, il prit son pouls puis s'empressa de regagner le rez-de-chaussée afin d'appeler les secours...
Kuro avait frappé fort mais pas suffisamment pour désarmer son frère qui se releva rapidement malgré le filet de sang s'écoulant sur son visage.
« Nozomi... Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? »
Son frère le lorgna froidement puis esquissa un geste pour récupérer son arme à feu mais Kuro le devança et lui expédia un nouveau coup violent au visage, le faisant reculer de quelques pas.
« Ce n'est pas toi que je veux... Où est ce fichu gamin ? Si tu te mets en travers de mon chemin, c'est toi que j'éliminerai en premier ! Dégage !
- C'est moi ton adversaire. Qu'est-ce que tu as fait de Nori ? Où est-il ? Tes habits sont couverts de sang... ce n'est pas...
- Si tu insistes, alors je t'éliminerai aussi. »
Effectuant une roulade, l'homme récupéra son arme et s'empressa de tirer mais son coup n'atteignit son frère que dans l'épaule. Nozomi grimaça, il n'avait pas envie d'abattre son frère et il lui serait difficile de lui porter un coup fatal mais il lui fallait atteindre ce maudit Fubuki qu'il avait tant haï toutes ces années...
Malgré la douleur paralysant son épaule gauche, Kuro ne s'avoua pas vaincu et parvint à se débarrasser une nouvelle fois du pistolet et expédiant un coup de pied dans la main de son frère. Surpris et furieux à la fois, Nozomi se redressa et se jeta à mains nues sur son jumeau en tentant de le frapper de toutes ses forces cependant, depuis toutes ces années, Kuro avait toujours eu une carrure bien plus imposante que son frère, lui offrant un avantage physique non négligeable.
Sentant qu'il aurait difficilement le dessus sur son jumeau sans son arme, il décida de jouer sur les faiblesses de Kuro en visant tout particulièrement sa blessure à l'épaule. Sa méthode porta rapidement ses fruits, la douleur devenant rapidement insupportable pour le jeune homme. Sa blessure l'empêchait de porter des coups forts et précis si bien que Nozomi reprit rapidement le dessus. Connaissant son frère comme sa moitié, il utilisa un second point faible contre lui : ses genoux. Là encore, il utilisa sa force colossale pour frapper de toute sa puissance et rapidement, le blond tomba à genoux, incapable de se relever.
Ramassant à nouveau son arme, Nozomi s'approcha de son frère et pointa l'arme sur lui cependant, malgré lui, sa main se mit à trembler : pouvait-on froidement abattre son propre frère ? Kuro posa sur lui un regard désemparé sur lui et tous deux se fixèrent longuement sans parler.
« Alors c'est comme ça que ça doit se terminer ? demanda Kuro dans un rire jaune.
- Je t'ai dit de ne pas te mettre dans mes pattes mais tu ne m'as pas écouté ! Je ne veux pas que tu meures ! Je te l'ai dit pourtant ! Alors pourquoi as-tu insisté ?
- Dis-moi, Nozomi... Avant de m'abattre, tu veux bien répondre à une question ? demanda Kuro.
- Quoi ? s'étonna Nozomi les larmes aux yeux.
- Est-ce que Nori va bien ?
- Je... Je n'en sais rien... Je... On s'est battu... Je n'en sais rien...
- Où est-il ?
- Je ne te le dirai pas ! Ferme-la !
- Je ne te comprends pas, Nozomi. Pourquoi lui avoir fait subir ça alors qu'il t'a toujours apprécié ? Encore récemment, il n'avait de cesse que de parler de toi, nous assurant que tu faisais partie de ses amis les plus fidèles et qu'il ne fallait pas te laisser tomber. Il a essayé de te sortir de cette galère mais tu l'as tout bonnement rejeté !
- Ta gueule ! hurla Nozomi tandis que les larmes coulaient sur ses joues.
- Nozomi, tu sais qu'on peut régler ça autrement...
- Non ! Seule la mort de Kyo me satisfera ! Je ne supporte plus de l'entendre parler de lui si affectueusement et de s'afficher ainsi avec lui sous mon nez ! Ca me rend dingue ! Alors si je ne peux pas l'avoir, je me débarrasserai de lui aussi ! Merde... souffla-t-il tout à coup. T'as appelé les flics ? C'est ça ? Tu savais que je viendrais ?
- Je n'ai appelé personne, il semblerait qu'ils n'aient pas eu besoin de moi pour te retrouver. Il est encore temps pour toi de te rendre, tu ne sortiras pas vivant de cet immeuble.
- Non... Pas avant d'avoir retrouvé ce morveux ! »
Se reculant légèrement, il pointa son arme vers son frère en tremblant tandis que les larmes ruisselaient toujours le long de ses joues si pâles. Kuro ferma les yeux, attendant patiemment que son heure n'approche. Qui aurait pu croire que ce serait son propre frère qui mettrait fin à ses jours ?
Cependant, à force d'hésitations, la porte s'ouvrit avec fracas, laissant paraître plusieurs officiers prêts à tirer. Nozomi secoua la tête en signe de dénégation puis recula davantage avant de retourner son arme contre sa propre tempe tandis que Kuro échappait un cri étouffé, les traits tirés par la panique qui le saisissait.
« Kuro, je ne veux pas te faire de mal. Tu es mon frère et tu comptes énormément pour moi. Tu es la seule personne de confiance qu'il me reste et je t'ai trahi alors à quoi bon... je t'ai blessé... je... Nori... je crois qu'il... qu'il n'a pas survécu...
- Où est-il ? Nozomi ! Réponds-moi !
- Posez votre arme ! ordonna l'un des agents.
- Vous approchez pas ! » s'écria Nozomi, prêt à presser sur la détente.
Cependant, tandis qu'il sembla décidé à mettre un terme à son existence, un lourd vase s'écrasa sur son crâne, provoquant sa chute et surtout, lui fit échapper son pistolet. Derrière lui, Kyo le regarda s'effondrer, le regard dur et déterminé. Dès que l'arme rejoignit le sol, le Fubuki s'empressa de l'éloigner de Nozomi à l'aide de son pied tandis que ce dernier se redressait.
Kyo recula de deux pas puis fit face à l'imposante carrure de Nozomi, son air furieux si inhabituel sur son visage habituellement si stoïque. Cependant, avant même qu'il ne puisse effleurer son adversaire, les officiers de police l'avaient déjà interpellé et menotté.
Le jeune homme resta pétrifié sur place même après que l'Arashi ait été éloigné de lui. Ce fut Kuro qui le rejoignit et l'étreignit avec émotion sans mot dire. Ils furent rejoints par l'inspecteur en charge de l'affaire qui soupira de soulagement en voyant les deux amis sains et saufs.
« J'ai eu un coup de fil de la part de mes collègues, expliqua-t-il, votre cousin Kazuo a retrouvé Nori Taika dans le sous-sol de la maison de vos parents, monsieur Arashi. Mais soyez rassurés, s'empressa-t-il d'ajouter avec le sourire, il a été bien amoché mais ses jours ne sont pas en dangers. Vous pourrez lui rendre visite dès demain. Ses parents ont été aussi transportés à l'hôpital mais heureusement, le véhicule a terminé sa course dans un lampadaire, ils ne sont que légèrement blessés. »
Kyo esquissa un large sourire, bien qu'encore secoué par ce qu'il venait de se dérouler sous son toit. Kuro se montra plus sur la réserve, profondément marqué par ce que son frère avait fait. Son air s'aggrava lorsque l'homme lui tendit un document emballé dans un sachet en plastique : « Votre frère vous avait fait ses adieux dans cette lettre. Vous pouvez la lire mais il faudra nous la rendre ensuite, elle fait partie de nos pièces à conviction. »
Kuro, si tu lis cette lettre, c'est que j'aurai échoué. Ou réussi. Je ne sais pas trop. Tout ceci n'est pas facile à écrire et tu sais combien je ne suis pas doué avec les mots.
Tu sais désormais quelles sont mes motivations, on te les a probablement déjà dévoilées. Je n'ai été qu'un pantin, j'ai été manipulé et utilisé à souhait par Nori. Je me suis occupé de lui, je l'ai protégé avec toute l'affection que je lui ai portée mais elle ne m'a jamais été rendue. Il était conscient de mes sentiments, il a choisi de les ignorer et de faire comme si rien n'était après m'avoir licencié, s'affichant allègrement avec Kyo. Devrais-je lui en vouloir ? Je ne saurais te dire.
Ces années m'ont appris à haïr Kyo pour tout ce qu'il inspirait à Nori. J'ai longuement écouté ses plaintes à son sujet, supportant silencieusement ses sentiments pour un autre que moi. Mais je refusais de l'abandonner parce que ces années de faiblesse se sont avérées bénéfiques pour moi. Oui, j'ai profité de cette faiblesse, je m'en suis délecté.
Puis Kyo est revenu. Je pensais ne plus jamais le revoir après ce qu'il s'était passé mais encore une fois, je m'étais trompé. Nori s'est éloigné peu à peu puis a disparu. Je me suis retrouvé seul, sans travail et criblé de dettes. Seul à ruminer cette haine qui ne me quittait plus. Et peu à peu, la vengeance s'est glissée dans mes songes jusqu'à réfléchir au plan parfait pour récupérer Nori. Saurais-je le convaincre ? Devrais-je éliminer Kyo ?
Mais je savais que me confronter à Kyo risquait de provoquer ta colère et je me refusais tout affrontement avec toi. J'espère sincèrement ne pas avoir à en arriver là car tu es la personne la plus précieuse qui puisse exister à mes yeux. Kyo m'a volé Nori mais il t'a volé également. Je me sens délaissé, abandonné pourtant rien ni personne ne pourrait atténuer l'affection que je te porte. Si j'ai pointé une arme vers toi, sache que jamais je n'aurais la force ou le courage de t'abattre.
Je sais que ceci est difficile à concevoir mais j'espère qu'un jour où l'autre, tu réussiras à me pardonner. Sache que si cela arrive, peu importe où je serai à ce moment-là, je t'en serai infiniment reconnaissant car rien ne pourrait être pire que de subir la fureur de tes mots.
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