Chapitre XV : L'individu au visage familier

La princesse s'était mordue à plusieurs reprises l'intérieur des joues, afin de ne pas extérioriser toutes les pensées qui mouraient d'envie d'être écoutées. Celle-ci murmurait quelques mots provenant du fond de son esprit, tant il y régnait un conflit interne qu'elle ne parvenait à contrôler. La jeune femme trainait les pieds sur les pavés, tandis qu'ils empruntaient la route inverse pour pouvoir quitter le labyrinthe dans lequel ils s'étaient aventurés plus tôt. Edmund et Lucy avaient le tournis à force de pivoter sur eux-mêmes, afin de surveiller Serena qui marchait à quelques mètres d'eux, et ils avaient eu beau ralentir la cadence dans le but de rester groupés, la jeune femme trouvait constamment le moyen de les distancer. Bien évidemment, les deux Pevensie avaient directement remarqué l'air perturbé de la brune, lorsqu'ils se trouvaient encore avec la voyante, mais ils ne savaient s'il fallait interférer dans ses réflexions en rapport avec cet événement, car à leurs yeux c'était à elle de leur en parler lorsqu'elle serait prête. À présent, Edmund ne supportait plus de la voir se ronger les sangs ainsi. Alors qu'elle avait envoyé valser un caillou d'un geste du pieds, l'inquiétude qu'éprouvait le roi ébène pour sa fiancée le fit grincer des dents. Celui-ci constatait bien que la femme encapuchonnée était arrivée à ses fins en ayant pu entrer dans la tête de sa dulcinée pour y glisser des doutes et de l'angoisse. Ceci ne lui plaisait point de voir sa copine dans un état pareil, c'est d'ailleurs pour cela qu'il avait fini par s'arrêter net, avant d'indiquer à sa petite sœur de l'imiter. Tous deux se placèrent de chaque côté de Serena pour marcher à son rythme, et ils prirent la décision de lui poser les questions qui leur brûlaient les lèvres.

- Tout à l'heure, je n'ai pas osé te demander ce qu'elle t'a révélé, avant que l'on ne rebrousse chemin, sûrement parce que j'estimais que ça ne me regardait pas, débuta Edmund d'une voix peu assurée, néanmoins ton comportement me turlupine beaucoup trop pour que je te laisse tranquille une minute de plus. Ne garde pas ça pour toi seule, ça n'est pas bon Serena.

Le brun s'était tut durant quelques secondes, dans l'attente d'une réponse de sa part, mais celle-ci ne le fit pas, pour la simple et unique raison qu'elle ne savait pas quoi lui dire, et elle se contenta de marcher en silence. Ce fut le tour de Lucy de grincer des dents car elle avait horreur de voir ses proches souffrir, surtout quand il s'agissait de sa future belle-sœur.

- Raconte nous ce qui se passe, s'il te plaît. Tu ne nous parles plus depuis que nous avons quitté cette étrange femme. Je me fais vraiment du souci pour toi, s'il te plaît, l'implora-t-il en se plaçant face à elle pour lui agripper les épaules.

- J'espère juste qu'elle ne t'a pas annoncé une chose grave, pour que tu te retrouves à te torturer l'esprit de cette façon. Dire qu'il y a une demi-heure de ça tu étais tout à fait saine d'esprit et te voilà comme ça, c'est assez flippant, souligna l'ancienne reine d'un air désemparé. Je veux dire, serait-ce en rapport avec la prophétie, dont elle nous a fait part, que tu agis de la sorte ? Est-ce qu'elle t'a dit de ne rien nous dire ? C'est pour ça que tu es comme ça ?

La demoiselle, qui avait ses orbes bleutés rivées sur le sol, durant tout ce temps, les releva enfin pour observer Edmund et Lucy. Cette dernière inspira profondément en réfléchissant aux paroles qu'elle allait bien pouvoir leur délivrer, avant de se forcer à ouvrir la bouche afin de pouvoir les éclairer sur la chose :

- Rassurez-vous, elle ne m'a aucunement interdit de vous révéler quoi que ce soit. Cependant, ça me gêne un peu de vous confesser le sujet de notre échange. C'est assez personnel, à vrai dire, avouait-elle d'une voix basse, et je crois que j'ai seulement besoin de faire le point sur ce qui s'est passé.

Lucy et Edmund ne surent quoi répondre à cela, et ils n'eurent pas le temps de réfléchir avant que la princesse ne poursuive :

- De toute façon, ça ne servira pas à grand-chose de vous impliquer là-dedans, car ses mots étaient plutôt une mise en garde qu'une prémonition. (Elle jonglait du regard entre ses deux amis qui étaient scotchés à ses lèvres) Si ça peut vous rasséréner, je sais d'instinct que je suis l'unique détentrice des réponses aux questions que je me pose. À vrai dire, la seule chose qui m'inquiète c'est de savoir si l'objet de cette révélation aura un impact sur nos projets pour sauver Narnia, ou si nous sommes véritablement maître de notre destin. (Son front se plissa et ses sourcils s'étaient froncés après ça) Argh, si seulement je pouvais arrêter de penser à autant de choses en même temps ! J'aimerais ne pas vous inquiéter autant ! vociféra-t-elle en couvrant sa tête avec ses mains.

Edmund lui attrapa les mains et lui les caressa d'un air qui se voulait rassurant, tout en plongeant ses pupilles sombres dans les siennes, pour y propager une once de sérénité. Lucy la serra contre elle, en espérant pouvoir calmer les émotions fortes qui s'emparaient d'elle, et ceci semblait fonctionner, car la jeune femme laissait transparaître un léger sourire sur ses lèvres, à la suite de leurs actions.
Était-ce leur présence qui permettait à cette angoisse de se dissiper ? La brune n'en n'avait pas la moindre idée, d'ailleurs elle préféra ne pas s'aviser davantage, car elle savait que ça n'avait pas de réelle importance. En sentant toute la bonté des deux êtres qu'elle aimait le plus, la jeune femme s'était convaincue à agir et penser comme une personne forte. C'est pourquoi, elle s'écarta des bras de Lucy et retira avec douceur ses mains de celles d'Edmund afin de les poser sur la joue de chacun, pour pouvoir les caresser tendrement. À cet instant, son choix avait été scellé. Serena refusait de se laisser anéantir par les paroles d'une inconnue qui allaient sûrement changer son jugement et accroître sa méfiance, si elle se laissait abattre. Peu lui importait de ce qui avait été dit, parce qu'il lui suffisait d'avoir ses amis auprès d'elle pour lui donner les vrais sentiments dont elle avait besoin.

Son regard bleuté les concernait plus intensément et celle-ci se répétait que ça lui était impossible de se méfier d'eux, quand bien même la bohémienne l'avait mise en garde sur ses relations. Et en réalité, la raison même qui l'avait poussée à autant se perdre dans la vérité et le mensonge, au fin fond de son esprit, pour y réfléchir sérieusement, était justement sa crainte d'apprendre qu'il s'agisse des deux personnes qui avaient le plus d'importance à ses yeux. La princesse ne voulait croire que cela soit concevable, et surtout, cette dernière ne désirait en aucun cas les perdre, quand bien même ils seraient capables de lui causer une terrible souffrance.

- Ça va aller, vous en faites pas, n'oubliez pas que je suis plus robuste que j'en ai l'air. Mon état actuel n'est que passager. D'ailleurs, je me sens déjà beaucoup mieux, grâce à vous deux. Merci ! s'exprima Serena.

Les paupières du roi ébène se fermèrent un instant, au contact de la peau de Serena contre sa joue, avant qu'un air soulagé ne prenne place sur son visage, qui avait pour habitude d'être impassible, et Lucy n'avait pas perdu de temps à lui montrer sa joie en ayant les yeux brillants et un gigantesque sourire qui s'étendait jusqu'à ses oreilles. À la suite de cela, ils se décidèrent enfin à poursuivre leur route en direction de leur ami Yvgon qui les attendaient patiemment dans son chariot, depuis plusieurs heures.

Néanmoins, ils s'étaient stoppé une énième et dernière fois lorsqu'ils atteignirent les quelques mètres les séparant de la sortie du marché, car Serena avait choisi qu'il faille se confier aux deux Pevensie, avant qu'il ne soit trop tard. À ses yeux, leur parler de ce qu'elle avait dans sa tête et sur le cœur était la meilleure manière de mettre un terme à ses doutes concernant l'homme qu'elle aimait plus que tout et sa meilleure amie. Elle se disait aussi que s'ils étaient dans la confidence, cela lui permettrait sûrement de se sentir moins seule.

- Écoutez-moi, lança-t-elle subitement, en se cramponnant à leur poignet.

- Qui y a-t-il ? l'interrogea son petit ami.

- Je ne sais pas comment je dois vraiment interpréter ce que la bohémienne m'a dit, car selon elle ma force est tout autant ma faiblesse. Évidemment, elle ne m'a pas précisé ce que c'était, sans doute parce qu'elle pensait que je savais déjà, mais c'est ça le problème, je n'en sais rien ! Et je ne suis pas certaine de ce qui me rend forte et faible à la fois... C'est horripilant de ne pas savoir alors que je suis censée me connaître mieux que personne.

- Peut-être que ta faiblesse serait ta sensibilité à la magie ? avait proposé la jeune Pevensie.

- Non Lucy, ça ne peut pas être ça car elle ne maîtrise pas la magie. Une force égale à sa faiblesse, hm, souffla Edmund en glissant un doigt sous son menton d'un air pensif. Aurait-elle dit autre chose qui puisse nous mettre sur la bonne piste ?

- Bien sûr, que suis-je nouille, murmura la brunette.

- Oui Edmund, elle m'a également prédit que si je me laissais dominer par n'importe quelle émotion, cela pourrait bien me mener à ma perte. (Un soupir fut lâché de sa part) C'est frustrant car je ne sais pas de quelle émotion je devrais me méfier... Argh, tout ça me fait vraiment peur. Je ne sais plus comment penser ni comment agir.

- Qu'entendait-elle en disant « toutes les émotions » ?

- Est-ce au moins possible de ressentir plusieurs émotions à la fois ?

- Apparemment.

Edmund et Lucy se lancèrent un regard, car ils saisissaient enfin pourquoi Serena était dans un tel état, et cela ne faisait qu'agrandir l'inquiétude qu'ils pouvaient avoir pour la princesse. Et en un seul partage de regards, les deux bruns avaient communiqué sans utiliser le moindre mot.

- Nous te comprenons, et nous sommes là pour toi, Serena. Ne l'oublie pas, avaient déclarés les deux Pevensie en lui posant une main sur l'épaule.

La jeune femme fût assez étonnée qu'ils ne disent rien de plus, tout simplement parce qu'ils considéraient que ça ne servait à rien de prononcer quoi que ce soit d'autre. Ils ne pouvaient tout de même pas dire que les paroles de la voyante étaient fausses puisqu'ils n'avaient pas la moindre idée des événements prochains.

Lorsque Serena, Edmund et Lucy se trouvèrent à nouveau auprès de leur ami Yvgon, ce dernier avait eu du mal à les reconnaître, au départ. Sans doute parce qu'à présent, ils avaient tout bonnement l'air de vrais narniens en étant vêtu comme quiconque. La princesse avait demeuré très peu bavarde depuis sa discussion avec ses deux amis, et l'ancienne reine avait eu quelques difficultés à cacher sa perturbation dû à ce qui venait de se produire, quand bien même elle essayait de parler avec Yvgon dès leur retour. Fort heureusement, l'animal ne leur posa aucune question, tout simplement parce qu'il n'avait pas le moindre soupçon à leur égard, et avait brièvement discuté avec les deux Pevensie. Seul Edmund était arrivé à camoufler ce qu'il ressentait réellement, en gardant son éternel visage impassible. Le fait qu'il sache maîtriser ses expressions faciales était un atout majeur chez lui, c'était une chose dont la plupart des gens n'étaient point capables, et en cet instant il était très fier de posséder cette capacité, afin de cacher à la fouine que toute cette situation le mettait autant mal que les deux jeunes femmes. En tant qu'ancien roi, il savait parfaitement que montrer la moindre faille était mauvais pour mettre à bien ses plans. Et dans la situation actuelle, ne sachant point s'il pouvait accorder sa confiance à n'importe qui, ou si un potentiel danger pouvait rôder autour d'eux, avant leur futur débarquement à Cair Paravel, le jeune homme se disait qu'il soit préférable d'être vigilant. Et si Edmund avait bien gardé une leçon de son ancienne vie, c'était qu'il n'y avait rien de meilleur que d'être aux premières loges pour être à l'affût de choses périlleuses, et qu'il n'y avait rien de mieux qu'avoir quelques coups d'avances sur les autres. C'était bien pour ça qu'il fût le seul à démarrer la conversation, après un petit temps à rester tous muets comme des carpes, lorsque les chevaux eurent débuté leur trot, en tirant le chariot derrière eux, afin de se mettre en route pour la sortie du village :

- Tenez Yvgon, voilà le reste de votre argent, lança-t-il en décrochant la bourse de sa ceinture, afin de la tendre à la fouine.

- Non, non, gardez-le. Vous en avez bien plus besoin que moi, refusait-il poliment en plaçant une patte face à lui. Vraiment, je vous assure, Messire Edmund. J'insiste.

- Euh... (Edmund s'était éclairci la voix contre sa main) Si vous le dites, reprit le brun. Mais ça me gêne, vous savez ? J'ai horreur de profiter de la bonté des autres, en partie lorsque ce sont mes amis. Même si je sais bien qu'actuellement je ne possède pas les moyens pour me rendre quelque part, je n'apprécie guère me servir des gens pour parvenir à mes fins. Ne m'en voulez pas de penser ainsi.

L'animal laissa un petit rire amusé sortir de sa bouche tout en lui tapotant le dos d'un air amical, et ceci fit décocher un maigre sourire au jeune homme, qui n'aimait pas le sentiment que lui procurait sa culpabilité.

- Dans ce cas, ne refusez pas une telle chance lorsqu'elle s'offre à vous ! déclara la créature fourrée en lui faisant un clin d'œil. Allons, ne tirez pas cette tête, Edmund. Je suis très sérieux. À vrai dire, vous rencontrer m'a fait réaliser à quel point mon quotidien est bien terne.

Yvgon n'avait rien prononcé durant quelques secondes, et posait seulement les yeux sur chacun de ses nouveaux amis, attendant que l'un d'eux ne finisse par ajouter quelque chose à ce qu'il avait dit, mais aucun ne le fit vraiment, car ils étaient bien trop concentrés sur leurs pensées, consacrées aux paroles qu'ils avaient échangées plus tôt, ce qui avait davantage motivé la fouine à continuer de révéler le fond de sa pensée :

- Voilà bien des années que je n'ai pas fait grand-chose de mon existence, si ce n'est faire le tour des villages du coin pour y vendre les produits de mon élevage. C'est pourquoi, durant votre absence, j'ai pris le temps de réfléchir sérieusement, et j'aimerai me rendre utile, pour une fois. Je souhaiterai faire mon possible pour que vous puissiez sauver les royaumes de l'est, et pour ça je suis prêt à faire tout ce que vous me demanderez de faire, pour que ça se produise. Alors, bien que je me doutasse que vous ne vouliez m'emmener avec vous, sûrement parce que le danger y est présent et qu'on ignore son ampleur, accepteriez-vous que je vous escorte au moins là-bas ?

Edmund interrogea les deux jeunes femmes en les observant, et ce fut Serena qui prit la parole :

- Naturellement que vous pouvez. Ce serait avec joie de vous avoir à nos côtés pour le trajet, et au moins ça nous donnera la force de nous battre au moment opportun. C'est vrai, les guerres sont des choses horribles et terrifiantes, nous en avons conscience, mais pour que l'espoir et la bonté persistes, nous n'avons pas le choix de brandir nos épées, et ainsi faire régner la lumière face aux desseins de l'obscurité. Il ne faut pas oublier que le malin ne meurt jamais, et que la diplomatie ne sers à rien contre la noirceur qu'ils propagent.

Immédiatement, le visage de la fouine avait pâli. Celui-ci ne s'était pas attendu à ce que la princesse ait des paroles aussi décourageantes. Fort heureusement, lorsque Lucy appuyait sur des propos plus positifs en parlant de l'après-guerre, les traits de la fouine avaient repris quelques couleurs. Cela avait permis au trio de mettre de côté leurs tracas pour pouvoir échanger avec leur ami comme il se devait.

À présent sur le chemin de retour, en direction de la maison de l'animal, ces derniers parlèrent un peu de la manière dont ils s'y prendraient pour aller à Cair Paravel.

- À mon avis, y aller à quatre serait de la folie. Je veux dire, c'est complètement du suicide de se rendre dans un tel endroit sans un minimum de préparation et de protection supplémentaire, s'exprima le roi ébène d'une voix solennelle. Selon moi, nous devrions être accompagnés de plusieurs autres combattants.

Lorsqu'il avait dit ça, le regard du brun avait défilé sur le visage de chacun de ses interlocuteurs, pour finir sur Serena.

- Je suis en train de repenser à ce que nous avait révélé le forgeron. Il avait dit que le roi d'Archenland préparait ses soldats au pire. Vous n'allez quand même pas me dire qu'il a passé autant de commandes aux forgerons du coin pour simplement attendre de se faire prendre d'assaut ? Pour moi, il est clair qu'il réunit son armée pour venir en aide aux royaumes de l'est. Après tout, lorsque nous avions régné, ce royaume était notre allié, alors pourquoi ne le serait-il pas encore aujourd'hui ?

- Où veux-tu en venir, Ed ?

- Et bien, ceci veut dire qu'il y aurait sûrement moyen de lui demander que nous fassions partie du voyage avec ses escadrons, jusqu'aux royaumes de l'est. De cette façon, nous allons pouvoir bénéficier de quelques temps pour étudier le problème, afin de trouver une solution. En espérant, bien sûr, que nous limitons les risques de blessés et de mort.

Yvgon avait fortement déglutit en ayant entendu la dernière phrase d'Edmund, et Lucy en avait eu la chair de poule. Celle-ci n'aimait point lorsque l'on parlait de sujet aussi macabre, pourtant elle savait en quoi la guerre s'appliquait, puisqu'elle y avait participé à de nombreuses reprises, toutefois ça ne changeait en rien sa perception de la chose, et à ses yeux, les conflits ne devaient se régler de cette façon.

- Dans ce cas, ne perdons pas une minute de plus. Entrons chez-moi, chercher des provisions et d'éventuelles autres affaires qui puissent nous être utiles, pour le voyage, et rendons-nous le plus vite possible au château !

Le trio avait simplement hoché la tête en guise de réponse, et lorsqu'ils furent arrivés à destination, ils descendirent de leur moyen de transport pour entrer à l'intérieur de leur habitat provisoire.
Ils prirent assez de vivres pour tenir une semaine entière, des couvertures pour les nuits qu'ils allaient passer à l'extérieur, des allumettes, casseroles, et d'autres choses utiles. Lorsqu'ils eurent apporté tout cela à l'arrière du chariot, il restait juste assez de place pour les deux jeunes femmes, car l'animal et Edmund étaient à nouveau aux commandes, mais cela ne les dérangeait pas, car elles s'étaient vite misent à leur aise durant le trajet.

Au départ, ce fut assez animé par de nombreuses discussions, toutefois, après deux heures de route, ils se contentaient de parler seulement lorsqu'ils jugeaient que ce soit nécessaire, pour s'indiquer le chemin.
Quand le crépuscule s'était emparé du ciel, le petit groupe s'était arrêté en ayant trouvé un coin relativement sympathique, non loin d'un ruisseau d'eau potable, pour y passer la nuit. Une fois installés, il fut décidé que Lucy et Serena dorment dans le chariot, afin qu'elles n'attrapent pas froid, quant à Yvgon et Edmund, ces derniers dormiraient à la belle étoile.
Chacun choisirent de s'atteler à une tâche précise, afin de mener à bien ce petit campement improvisé. Ainsi, Lucy était chargée de s'occuper du bien-être des chevaux et d'aider Serena à installer leurs lits d'appoint. La princesse avait également eu pour mission de remplir leurs bouteilles d'eau au ruisseau. Edmund, lui avait été affublé de la pêche aux poissons non parlants. En plus d'être le plus costaud, il était également allé chercher du bois, un peu plus loin, pour allumer un feu. Au passage, il avait aussi trouvé de belles fleurs qu'il prit pour en faire un joli bouquet pour sa douce, et lorsqu'il le lui offrit, ce fut si inattendu qu'elle rayonnait de joie. Et Yvgon avait été sélectionné comme étant celui qui s'occuperait de préparer le repas, car il fallait reconnaître qu'il avait un grand talent de cuisinier, même en plein air.

- Vous pensez que nous serons en sécurité dans cette forêt ? s'enquit Lucy en s'asseyant sur le tronc qui leur servait de banc.

- Mais oui ! Ne t'en fais pas, Lu. De toute façon, je compte rester éveillé cette nuit, si c'est ça qui t'inquiètes, la rassurait son frère, qui était en train de faire tourner un poisson sur une brochette. Ne sait-on jamais, quelqu'un peut très bien nous espionner.

- C'est drôle que tu veuilles faire ça, j'avais aussi ce projet, s'exclama Serena. Il faut croire que notre expérience du terrain nous rend un peu trop méfiants pour parvenir à fermer l'œil de la nuit.

- Il faut croire, oui, riait le brun avant de prendre son morceau de viande pour le déposer dans son assiette. Dans ce cas, je te propose que l'on se relaie, comme ça on se reposera quand même.

- Ça marche, affirma la princesse, avant d'avaler sa nourriture. Je prends le premier quart !

- Ok, si tu veux. Mais n'oublie pas que dès le premier signe de fatigue, tu me réveille !

Durant l'échange du jeune couple, Yvgon et Lucy ne surent quoi dire, sûrement parce qu'ils se sentaient légèrement inutiles à ce moment-là, et ça les gênait de ne pouvoir proposer un tour de garde, eux aussi. Mais ils savaient parfaitement qu'ils n'avaient point les notions requises pour se défendre, s'ils venaient à se faire attaquer durant la nuit, quand bien même Lucy avait été formée par Serena à l'art du combat, celle-ci était loin d'avoir les compétences pour assurer leur sécurité.

À présent, assise contre un arbre, en ayant ses jambes collées contre sa poitrine, près du feu éteint, Serena fixait un point inexistant face à elle, en étant totalement perdue dans le fond de ses pensées. Celle-ci avait eu quelques moments lucides, durant lesquelles elle avait azimuter ses amis qui dormaient tous à poings fermés. Une profonde inspiration fut lâchée de sa part, tandis qu'elle prenait le petit bouquet que lui avait donné Edmund, avant qu'elle ne l'approche de ses narines pour se délecter du doux parfum qui en émanait. Ensuite, elle caressa du bout des doigts la montre à son poignet, et un sourire en coin avait pris place sur son visage, tandis qu'elle regardait son futur époux allongé dans son lit d'appoint, seulement éclairé par les rayons de la lune. Elle le trouvait si beau à regarder, si majestueux, et si courageux, qu'elle ne pouvait se dire que ses sentiments cesseraient un jour d'exister pour lui.

Au bout d'un moment à rester dans sa position, la jeune femme commençait à avoir quelques douleurs, c'est pourquoi cette dernière s'était redressée. Elle ignorait l'heure qu'il pouvait être, par ailleurs elle s'en moquait éperdument, car en réalité, elle n'avait point l'intention de dormir. La brune savait parfaitement que beaucoup trop d'éléments la perturbait, en ce moment, pour qu'elle parvienne à trouver les bras de Morphée. Néanmoins, elle savait tout autant qu'Edmund n'était pas idiot, et que si elle s'avisait de ne pas tenir sa parole, le lendemain il le lui ferait savoir à sa façon. Qui sait, peut-être même qu'il n'était pas endormi. Peut-être même que depuis tout à l'heure, il l'observait sans qu'elle ne s'en rende compte. C'était bien pour ça qu'elle s'était décidée à s'avancer dans sa direction, d'un pas feutré. Un léger bruit se fit entendre, la poussant à lancer un regard circulaire autour du campement, afin de s'assurer que tout allait bien. La princesse attendit quelques instants, sans bouger, à l'affût du moindre bruit prochain, tout en ayant sa main posée sur le manche de son épée. Son regard guettait le moindre mouvement apparent, et lorsque le bruit était revenu, Serena avait pu constater qu'il s'agissait seulement de petits écureuils sauvages qui sautaient d'arbres en arbres. Immédiatement, la pression était retombée, et la jeune femme inspira profondément en se calmant, avant d'enfin se mettre au niveau d'Edmund afin de le réveiller. Elle hésita à l'extirper de son sommeil de façon anodine ou bien avec un baiser, puis elle n'avait pas hésité longtemps à choisir la seconde option, après avoir vérifié qu'Yvgon était toujours plongé dans ses songes. Lentement, elle pencha son visage près de celui du roi ébène, et avant même qu'elle ne puisse crier gare, ce dernier glissa sa main derrière sa nuque afin de sceller ses lèvres aux siennes. Ceci avait tout d'abord pousser la demoiselle à faire les gros yeux avant qu'ils n'approfondissent leur baiser. Lorsqu'Edmund l'attrapa au niveau des hanches pour l'attirer plus près de lui, la princesse avait cependant résisté pour enfin s'écarter de lui, à contrecœur.

- Alors comme ça tu ne dormais pas ! murmurait-elle.

- Comment aurais-je pu fermer l'œil de la nuit en sachant que tu étais seule à monter la garde ! riait-il en veillant à faire le moins de bruit possible. Je me devais de te surveiller pour qu'il ne t'arrive rien, Princesse.

Cela fit rouler des yeux la jeune femme, tout en souriant. Avant de se redresser, la brunette lui donna un coup qui ne lui fit pas mal, signifiant juste qu'il l'avait agacée, puis elle lui tendit la main pour qu'il se lève également.

- Tu es vraiment impétueux ! fit-elle remarquer d'une voix amusée.

- Et toi tu es irrésistible, prononça-t-il en lui prenant la main. Viens, allons là-bas, nous pourrons parler plus librement sans nous soucier qu'ils nous entendent, dit-il en pointant un chemin de la forêt.

- Nous ne sommes pas censé parler, ni nous éloigner mais monter la garde, très cher, lui rappela la brune d'un air très sérieux.

Edmund posa ses lèvres sur celles de sa dulcinée, dans l'intention de lui faire comprendre que ses mots ne pouvaient pas le convaincre, tout en glissant sa main sur ses fesses. Cela fit lever les sourcils de la jeune femme, qui commençait à comprendre les idées qui traversaient l'esprit pervers de son fiancé. Celle-ci n'en démordait pas, car ce n'était guère le moment d'abandonner la mission qu'ils s'étaient fixée pour aller batifoler dans les bois, quand bien même elle ressentait autant que lui le désir de la chair.

- Voyons, tu as bien pu constater que rien ne semble être dangereux ici, tenta de la rassurer le brun en lui caressant la joue avec son index.

- Pourtant, ce n'est pas ce que tu disais tout à l'heure, poursuivit-elle en espérant le faire changer d'avis.

- C'est vrai, mais on dirait bien que ce n'est pas ici que nous devrions être aux aguets, mais vraiment lorsque nous serons plus à l'est. Avant d'y être, profitons de cette opportunité pour être uniquement entre nous. J'ai l'impression que ça fait une éternité que nous n'avons pas été seulement tous les deux. Tu es d'accord avec moi, nan ?

- Oui, c'est vrai, ça fait longtemps que nous n'avons pas passé du temps ensemble, mais ce n'est pas une raison valable pour être moins vigilants, objecta la brune. Je veux bien que l'on se voit un peu tous les deux, mais je te préviens, on ne s'éloigne pas trop ! Et on s'abstiendra de faire autre chose que discuter, le prévint-elle d'un ton strict. Je refuse de ne pas pouvoir intervenir sous prétexte de ne pas être présentable !

Sa réponse avait fait rire Edmund avant qu'il ne fasse semblant de faire la moue, et ceci la fit culpabiliser. Évidemment, ils étaient un jeune couple plein d'hormones et forcément, se trouver seuls était assez compliqué pour eux, alors lorsque les occasions de pouvoir faire des choses très peu catholiques était à leur portée, ils tenaient à saisir cette chance. Mais le devoir les appelait, ils le savaient très bien, c'est pourquoi Edmund s'était résilié à ne pas insister plus sur le sujet.

- Bon ok, mais tu auras intérêt à te rattraper la prochaine fois qu'une occasion pareille se présentera, lui dit-il en ayant un sourire carnassier.

- Si tu veux, je ferai tout ce que tu voudras, lui promis la jeune femme avant de suivre les pas de son bien-aimé.

Ils marchèrent durant plusieurs minutes en observant la nature, éclairée par les rayons de la lune. Ils parlèrent vaguement de sujets bateaux avant de s'arrêter dans une petite clairière. Le couple avait pris place dans un petit champs de fleurs, et ce fut le roi ébène qui lançait la conversation :

- Alors, comment tu te sens ? Tu sais, nous avons eu beau mettre le sujet sur le tapis et déclarer que c'était réglé. Je te connais, je sais et je le sens que ce genre de chose peut te plomber le moral durant un temps indéterminé.

La brunette arrachait quelques brins d'herbes tout en regardant droit devant elle.

- C'est exact, je pense que ça ne sert à rien de tenter de le cacher, de toute façon. Dès l'instant où vous m'avez laissée seule pour surveiller, ce fut plus fort que moi. Mes pensées se concentraient automatiquement sur ce dont nous avions parlé, avouait-elle d'une voix désarçonnée. Je suis sincèrement navrée d'être dans cet état. J'essaye vraiment de faire du mieux que je peux pour passer outre les dires de cette bohémienne, mais au fond de mon être, depuis cette prophétie et cette mise en garde, j'ai peur. Peur de ce dont je serai capable. Je me demande même si je servirai à quelque chose lorsque nous serions à Cair Paravel.

Le roi ébène glissa un bras dans son dos et la colla contre lui. La jeune femme laissa tomber sa tête sur son épaule, et de sa main de libre, Edmund lui caressa la tête affectueusement. Ces gestes furent très réconfortants pour la demoiselle, qui se sentait complètement perdue, et le jeune homme savait qu'il ne servait pas à grand-chose d'essayer encore de la persuader de se centrer sur ce qu'il y avait de positif à retenir. C'est pourquoi il la laissait déverser le reste de ses tracas, et il se contentait seulement d'être à son écoute. Ce ne fut qu'à partir de plusieurs minutes, et lorsqu'il avait estimé en avoir assez entendu, qu'il se décida à prendre la parole.

- Tu ne devrais pas être autant négative et dure avec toi-même. D'accord, elle t'a mise en garde sur ces choses, et je comprends qu'après ça tu perdes confiance en toi, mais tu ne devrais pas, je t'assure. Tu sais pourquoi je te dis ça ? Parce qu'en réalité, tu nous serais vraiment inutile en restant à te morfondre sur de simples mots. Et moi, ce que j'en dis c'est que tu te mèneras à ta propre perte en agissant ainsi. Comme tu l'as dit toi-même, tu es une personne avec un caractère robuste, sers-toi de cette force que tu as en toi pour pouvoir surpasser ces vulgaires paroles.

Serena ne prononça pas tout de suite quelque chose, sûrement parce qu'elle ne désirait pas une fois de plus assurer à son petit ami qu'elle allait agir comme une personne solide, alors qu'elle savait parfaitement que c'était plus dur de se défaire de ces idées-là, que de mentir.

- Je préfère jouer la franchise, au lieu d'essayer de me convaincre que je suis quoi que ce soit. Ça ne suffira pas à m'aider, cette fois-ci, reconnaissait-elle. Toi et Lucy êtes les seules personnes qui me sont les plus chères. Et s'il y a bien une chose dont je suis certaine, c'est que même si j'ai d'énormes doutes à mon propos, je vous fais entièrement confiance. C'est pourquoi, même si j'ai tenté de me mentir à moi-même, je ne veux plus le faire. Ok, ça ne va pas, mais ce n'est peut-être pas si mal ? Et qui sait, à force de me poser autant de questions, je finirai probablement par découvrir ce qui cloche avec moi. Mais quoi qu'il en soit, dès l'instant où nous nous rendrons dans les royaumes de l'est, et que les choses vont se gâter, je me battrai comme il se doit. J'y arriverai, parce que vous serez à mes côtés, et parce que cela est avant tout pour sauver le peuple de Narnia.

- Je comprends, à vrai dire, je crois que tu as besoin de savoir qui tu es véritablement. Il n'y a pas de mal à se chercher, même encore à dix-huit ans. Tu sais, finalement, j'ai été dans une phase similaire quand j'ai régné ici. Beaucoup de monde me voyait comme un traître qui ne méritait pas d'être sauvé, et même si Aslan avait fait en sorte de faire taire les gens, à la suite de mon arrivée au campement, ils n'en restaient pas moins méfiants à mon égard. Beaucoup de nos sujets ne m'aimaient pas, quand je fus couronné roi. Personnellement, j'ai mis du temps avant d'accepter ce titre, car j'estimais également ne pas mériter cette couronne. À mes yeux, c'était comme si je vivais selon la volonté d'Aslan. Je me posais sans cesse des questions sur la personne que j'étais, et je doutais très souvent, quand bien même tous mes proches me répétaient que j'étais une personne bien et que ce que la sorcière blanche a tenté de me faire devenir n'était pas le vrai moi. Pendant longtemps, j'ai cru que la méchanceté que je manifestais était sûrement dû à ma réelle personnalité. Mais il s'avérait que ni la sorcière, ni ma famille n'étaient la source de mon comportement. J'étais le seul et unique responsable. Et mon évolution a démarré ainsi, dès lors où j'ai compris que je pouvais être celui que je voulais, et quand j'ai choisi de faire le bien, c'était sincèrement de ma propre volonté.

Les dires du roi ébène avaient littéralement scotché la princesse, qui prenait vraiment cela pour une leçon à retenir. Et Edmund fut plutôt heureux de constater que ce qu'il lui avait dit avait eu réellement un impact sur la manière de penser de sa fiancée. Cela avait vraiment poussée la princesse à aller de l'avant.
Ils parlèrent encore un peu, avant de rebrousser chemin, et quand ils arrivèrent au campement, Edmund lui somma d'aller se coucher afin qu'elle puisse prendre des forces pour le lendemain. Cette dernière suivit à contrecœur ses directives, car elle craignait toujours de ne pouvoir s'endormir, avant de voir s'approcher le jeune homme qui était bien décidé à la border afin qu'elle puisse trouver le sommeil.

***

Un bâillement fut lâché de la part de Serena, tandis que le paysage défilait devant eux, depuis déjà quelques heures. Lorsqu'elle crut reconnaître le chemin qu'elle avait pu emprunter pour se rendre au château de Anvard, autrefois, afin de se présenter au prince qui était censé l'épouser, cette dernière se sentait quelque peu malaisée, et Lucy, qui était au courant de l'histoire, avait remarqué cela. Ne sachant pas vraiment pourquoi, elle eut soudainement des idées particulières en tête, se demandant bien ce qu'aurait été sa vie si elle avait épousé Travis, au lieu de partir en expédition pour sauver son père. Très vite, son visage se secouait afin de chasser de telles images de son esprit.

Dès lors où le majestueux château apparaissait dans leur champ de vision, la princesse fut assez surprise de constater que seuls quelques détails avaient changés, mais qu'en soit il était identique à ce qu'il avait été naguère. Edmund et Lucy, eux, semblaient ne plus rien reconnaître, car ils furent partis il y avait tant de siècles. Mais ceci ne les empêchait pas pour autant d'être quand même enthousiastes à l'idée de rentrer à nouveau dans ces murs, pour y trouver un goût de nostalgie. Yvgon, quant à lui, se sentait assez excité, comme un enfant, parce qu'il n'avait jamais oser s'approcher d'aussi près du château.

Au fur et à mesure que les chevaux avançaient, tirant avec eux le quatuor, la végétation laissait place à une route faite de briques en pierre, il y eut même des murs très épais qui surplombaient le tout, et qui ne semblaient point avoir de fin. Des drapeaux étaient plantés de chaque côté de la route, sur lesquels il y régnait l'emblème royal. Une lignée de gardes se tenaient à côté des piquets, et ils se succédaient tous les dix mètres. C'était assez impressionnant à voir pour quelqu'un qui n'en n'avait pas l'habitude, car il était très connu que les rois soient les cibles premières des créatures des ténèbres.

À peine eurent-ils stoppé leur chariot au niveau du pont levis, permettant de pénétrer au sein de l'immense bâtisse de pierres, qu'ils furent abordés par deux grands et imposants gardes vêtus d'armures en bronze. L'un était un buffle, et le second était un centaure. Tous deux avaient un regard très féroce, mais cela ne sembla guère intimider les deux Pevensie et Serena. Seul Yvgon avait les membres tremblants, et cela avait attiré l'attention du centaure, qui lui adressa un sourire narquois.

- Que faites-vous ici ? questionna le buffle, après avoir souffler par ses naseaux.

- Bien le bonjour. Je me présente, je fus anciennement le Roi Edmund le Juste, au royaume de Cair Paravel, durant le règne de l'âge d'or. Vous devez sûrement savoir que je fus l'un des quatre sauveurs de Narnia, à plusieurs reprises. Veuillez excuser notre irruption, mais il est assez impératif que je rencontre votre souverain maintenant. Le temps est compté, mais je ne pense pas avoir besoin de préciser que tous les royaumes de l'est sont sous l'emprise du mal. Nous sommes justement ici dans le but de le faire cesser, mais pour ça nous aurons besoin du soutiens d'Archenland.

Le buffle sembla ne pas croire les paroles déclarées par le brun, et cela le fit même partager un rire amusé avec son coéquipier.

- Dans ce cas, je suis tout autant un roi que vous, gloussait le centaure avant de donner une tape dans la main de son compagnon.

- Bien dit ! enchaîna son ami.

- Nous sommes très sérieux, glapit Lucy en se levant depuis l'arrière du chariot, pour mieux les affronter du regard.

- Oui, et alors ? Qu'est-ce que ça peut bien nous faire que vous vouliez aller à l'est ? Ça se passe là-bas et non ici, et même si nous avons les armes et le monde qu'il faut pour se défendre, s'ils ont l'intention de venir, nous savons parfaitement qu'ils sont redoutables. C'est pourquoi notre roi tient à s'abstenir de s'en mêler.

Les sourcils de Serena s'étaient froncés à la suite de leurs agissements, et la jeune femme commençait à fulminer. Elle trouvait leurs manières vraiment grossières.

- Vous croyez sérieusement que notre roi vous écoutera ? ajouta le centaure. Vous êtes vraiment des ignorants, si vous pensez ne serait-ce qu'une seconde qu'il fera quelque chose pour eux, il n'a aucunement l'intention de se mettre à dos les Calormènes. Il tient à la sécurité du peuple d'Archenland, et c'est normal, puisque c'est son devoir.

- Je comprends cela, mais nous ne lui demandons pas qu'il intervienne en personne, ni qu'il envoie une armée au front, quémanda Serena d'une voix plate. Nous souhaitons seulement avoir un coup de main de quelques-uns de vos soldats qui seraient volontaires pour nous seconder. À nous quatre, c'est impossible d'y parvenir, vous ne me direz pas le contraire !

- Vous n'écoutez rien on dirait ! Si c'est votre délire d'y aller alors que c'est le chaos, et bien c'est votre problème. Ne mettez pas en danger ceux qui ne le méritent pas. Repartez maintenant, bande de moucherons !

- Pfff, ceux-là, des sauveurs miraculeux, et puis quoi encore, marmonna le buffle. Je sais pas combien de coups ils ont bien pu se prendre sur la coquille pour en être persuadé !

Ce fut le tour d'Edmund de sentir son sang bouillonner, car il n'aimait point l'irrespect des deux individus qui se tenaient face à eux. Alors apprendre, en plus de ça, que le souverain actuel de ce royaume était un pur égoïste qui ne pensait seulement qu'à la sécurité de son propre royaume, alors que tous Narnia est censé être un endroit prospère et non un pays ouvert à l'égoïsme, ça le mettait deux fois plus hors de lui.

- Donc, vous êtes en train de me dire que toutes les commandes d'armes qui sont passées à tous les forgerons du coin sont seulement là pour assurer la sécurité d'Archenland ? vociféra-t-il en ayant la mâchoire serrée. C'est une plaisanterie, j'espère ? Quand je pense que de pauvres habitants, qui n'ont rien demandé à personne, souffrent actuellement, vous vous êtes en train de vous marrer. Vous me dégoûtez !

Les deux gardes se lancèrent un regard complice.

- Mais c'est qu'il comprend vite, le petit humain, s'esclaffa le buffle.

- Bon, plus sérieusement. Ce fut vraiment courageux d'avoir fait la route jusqu'ici, dans le but de demander la collaboration de notre roi, mais je dois vous dire la vérité. Vous êtes venus pour rien, il ne fera rien pour vous, même si vous lui donnez tous les arguments du monde, déclara le centaure d'une voix qui se voulait solennelle, avant de sortir son épée de son fourreau, dans l'intention de leur faire comprendre qu'il ne rigolait plus.

Il fut cependant devancé par une autre lame qui se glissait contre son cou.

- Maintenant, tu vas demander à tes amis de baisser le pont levis, et plus vite que ça ! exigea la princesse d'une voix exaspérée, au creux de l'oreille du garde. Tu as entendu mon partenaire, nous n'avons pas de temps à perdre avec tes bêtises, alors arrêtes d'agir de façon immature et fais ce qu'on te demande !

Le concerné était complètement pétrifié sur place, et son ami s'était armé de sa glaive pour la pointer sur la jeune femme, qui se situait sur le dos du centaure insolent.

- Vous pensez peut-être que nous ne sommes pas préparés à ce genre d'attaques ? persiffla le buffle d'un air menaçant. Lâche cette dague tout de suite, Petite sotte ! Ou je peux t'assurer qu'en l'espace de quelques secondes, mes collègues se pointeront pour vous faire votre fête !

- Et bien qu'ils viennent ! Si c'est ce qu'il faut faire pour que l'on puisse attirer l'attention de ton roi, nous le ferons ! s'écria Edmund, en brandissant à son tour son épée afin de viser le buffle.

À la suite de ces gestes, le buffle avait mis à exécution ses menaces, et en l'espace de quelques minutes, un groupe de plusieurs gardes les encerclaient, tous munis de lance très longue ou d'épées. Cela aurait sûrement fait blêmir n'importe qui, mais pas la princesse qui, à ce moment précis, méritait bien son nom de Serena l'Audacieuse. Les choses s'étaient déroulées à une vitesse folle, à tel point que ni la fouine, ni les deux Pevensie ne surent ce qui se passait réellement. La brunette s'était subitement élancée en arrière, atterrissant avec grâce après avoir exécuté un salto parfait digne d'une gymnaste. C'en suivit plusieurs mouvements qui s'enchaînaient les uns après les autres, pour finalement remarquer qu'elle était arrivée à traverser au-dessus de la ronde de gardes baraqués. À cet instant, Edmund fut bouche bée, et il murmura seulement un « Ça c'est ma chérie ! », qui fit sourire Lucy, lui permettant d'oublier leur détresse actuelle, durant quelques secondes.

Le roi ébène avait fini par imiter sa dulcinée, qui s'était lancée dans un combat contre plusieurs des gardes, ne laissant au milieu de tout ce vacarme que Lucy et Yvgon qui se sentaient complètement désemparés, ne sachant quoi faire. Néanmoins, lorsque l'ancienne reine observait son frère et sa meilleure amie se battre, une certaine poussée de courage l'avait envahie, avant de s'élancer à son tour dans un combat contre un garde. Les seuls sons qui régnaient, à présent, étaient les tintements du fer et les voix des combattants.
Cela dura bien dix minutes, et aucun des guerriers ne furent épargnés. Le couple s'était pris plusieurs coups violents de la part de leurs assaillants, à tel point que ça leur donnait presque du plaisir de vivre ça, en tout cas pour le jeune homme ce fut un bond dans le passé, quand bien même du sang s'échappait de sa narine, et pour la princesse ce fut un moyen d'extérioriser son besoin d'adrénaline, malgré le fait qu'elle sentait une douleur désagréable au niveau de sa côte. Lucy, quant à elle, fut mise malencontreusement hors-jeu assez vite, et ce fut Yvgon qui la soignait avec les moyens du bord.
Soudain, le son d'une épée plus lourde, plus solide, et plus particulière se fit entendre parmi les autres bruits de tintement, ce qui fit cesser les attaques entre chacune des personnes. Au même moment, Serena vit scintiller autour d'elle des étoiles, après s'être pris le manche de l'épée de son assaillant contre la tempe, ce qui la fit perdre l'équilibre et elle se retrouva sur les fesses. Il y eut quelques secondes durant lesquelles elle se sentit mal, avant qu'elle ne reprenne ses esprits, et ne lève les yeux sur ce qui l'entourait. Tous les gardes s'étaient écartés de façon à créer un passage pour la personne qui venait d'apparaître devant eux, et quand cette dernière s'avança dans sa direction, Serena fut ébahie par l'allure qui en dégageait. Celle-ci ne vit pas directement son visage, et elle n'avait pas eu besoin de faire le moindre effort pour le voir, car ce fut cet inconnu qui se chargea de se montrer. Il s'avérait qu'il était un humanoïde habillé d'une armure non commune, faites d'écailles d'un bleu vif, son heaume était tout autant couvert de cette matière, et seules quelques mèches blondes cendrées sortaient de ce qui cachait jusque-là son identité. Serena fut tout d'abord abasourdie, ne sachant pas si c'était la réalité ou bien l'un de ses songes, lorsqu'il retira son casque pour le glisser sous son bras, et qu'il se pencha pour lui tendre son autre main.

- Travis ? Est-ce bien vous ? s'exclama-t-elle en se redressant avec un air stupéfait sur la figure.

Un large sourire avait pris place sur les lèvres de son interlocuteur, et Edmund, qui assistait à la scène, n'aimait pas la tournure que cela prenait, pour l'unique raison qu'il s'agissait d'un ancien prétendant de sa fiancée. Travis possédait une chevelure blonde cendrée raide, qui s'arrêtait à ses épaules, ses orbes océan étaient pénétrantes, et il possédait une carrure qui inspirait le respect, du moins c'était ce qu'avait pensé Serena en l'ayant analysé de toutes parts. Lucy, qui avait repris ses esprits, l'observait avec ferveur, se questionnant bien sur le comment cela pouvait être possible qu'une personne du passé puisse encore être vivante. Yvgon fut sûrement le seul à ne pas savoir quoi penser, et se contentait de rester de marbre en espérant seulement que ces bagarres n'allaient pas recommencer.

- Vous êtes Serena l'Audacieuse, si je ne m'abuse, s'exclama-t-il avant de déposer ses lèvres sur la main de la brune, pour y faire un chaste baiser. Je suis enchanté de vous rencontrer.

Ceci fit grogner Edmund, qui éprouvait une certaine jalousie à l'égard de cet homme dont il ne connaissait rien, mais qui semblait connaître sa petite amie. Fort heureusement, les craintes du jeune homme furent vite balayées lorsque Serena la retira de son emprise pour s'adresser à lui de manière plus dure.

- Vous et moi ne nous connaissons pas, je me trompe ? Êtes-vous au moins le Travis que j'ai connu ?

- Vous semblez être aussi intelligente que les attentes que j'eusse à votre sujet, Ma jolie, affirma le blond. En effet, je suis Travis, mais pas celui que vous connaissiez. Il se trouve que je suis le quatrième du nom.

- Vous êtes vraiment l'un des descendants de son ancien prétendant ? souffla Lucy, en se tenant la tête d'un air étourdi.

Il acquiesça en l'observant intensément.

- Comment se fait-il que vous sachiez qui est Serena ? demanda le roi ébène, qui était parvenu à se joindre à eux après qu'un garde l'ai laissé passer. Oh et je vous prie de ne plus lui donner de tels surnoms, et de ne plus l'embrasser. Il s'agit de ma fiancée, maugréa-t-il en le fixant méchamment.

- Eh ! Du calme mon ami, voyons. Je ne faisais rien de mal, je l'accueillais en bonne et due forme, voilà tout, dit-il en mettant ses mains face à lui. Si vous tenez à savoir d'autres choses, je vous invite à emboîter mon pas.

- Mouais, ronchonna le brun en croisant les bras, peu convaincu par ces mots.

Le blond accorda enfin son attention aux gardes et leur somma de retourner à leur poste, ce qu'ils firent sans poser de question. Ensuite, il indiqua au quatuor de le suivre au niveau du pont levis, qui se baissa sans soucis après qu'il en ai donné l'ordre. Ils restèrent muets jusqu'à ce qu'ils n'arrivent à l'intérieur du château. Durant leur trajet dans les nombreux couloirs, ils purent apprécier les décors baignés de couleurs argentés au niveau des armures, encadrements des tableaux exposés aux murs ou bien encore de bibelots présents sur les meubles, et de violine sur les tapisseries, les tapis ou bien les rideaux. Les domestiques et courtisans se succédaient dans leur passage, comme ce fut le cas pour les soldats à l'extérieur. Chacun d'eux fit la révérence lorsque le groupe passait devant eux, et Yvgon ne pouvait s'empêcher de sourire bêtement car il se sentait privilégié de vivre un tel moment.

- C'est vous le roi de ce royaume ? démarra Lucy, qui s'était mise à côté du blond.

Edmund avait veillé à rester près de Serena, afin de s'assurer que Travis ne s'approche pas trop d'elle, et la concernée trouvait ces gestes très touchants et adorables. Elle le lui fit savoir en glissant sa main dans la sienne.

- Hélas, pas tout à fait, répondit-il. Je ne suis que le cousin du roi actuel, mais il en fût décidé ainsi car au moment de reprendre la couronne, j'ai décidé d'abdiquer au trône. Je ne me sentais pas prêt à occuper une telle place, et on dirait bien que c'est de famille, avouait ce dernier en croisant le regard de Serena, avant de pousser une porte qui lui faisait obstacle. Mais bon, vous n'êtes pas ici pour me demander comment j'en suis arrivé là. Prenez donc place, je vous en prie.

Ils étaient arrivés dans une pièce relativement moyenne, dans laquelle le roi n'avait sûrement jamais mis les pieds car il n'y avait rien de bien particulier à l'intérieur, si ce n'était quelques tables et chaises, ou bien des plantes dispatchées un peu partout.
Ils s'assirent, et Travis avait interpeler une servante pour lui demander de chercher un médecin afin d'appliquer des soins à Serena et Edmund, et d'ensuite leur apporter des biscuits et du thé. Ainsi, dans la demi-heure qui avait suivi, le couple fut emmené à l'infirmerie afin de bénéficier de quelques soins, avant de se joindre à nouveau à leurs amis qui étaient en train de discuter de choses communes. Bien qu'Edmund eût remarqué que sa sœur et Travis semblèrent bien s'entendre, peut-être trop même, il préféra ne rien dire et se concentrer sur le reste.

- Bon, à présent, étant donné que nous nous trouvons seuls tous ensemble, je peux enfin vous révéler les raisons de votre venue, déclara le blond tout en expirant fortement.

Le trio de bruns le regarda d'un air dubitatif.

- Vous n'avez pas idée à quel point je suis heureux que ça ait fonctionné ! Votre retour parmi nous n'est pas le fruit du hasard, mes amis. Je suis celui qui a fait appel à vous, grâce à la trompe de la reine Susan La douce.

- Donc, vous nous connaissez tous ? s'étonnait Serena.

- Naturellement.

- La légende des quatre frères et sœurs Pevensie, qui sont originaires d'un monde différent du nôtre, qui ont combattu la terrible sorcière blanche, et qui firent régner la paix durant quinze années. C'est le genre d'histoire que les nourrices ou les parents nous racontent au coin du feu, lorsque nous sommes enfants.

- C'était déjà le cas lorsque j'étais petite, s'exclama Serena. Je me souviens, lorsque mon père me parlait de ces quatre héros qui ne partaient de rien pour finalement faire cesser la dictature de la terrible sorcière blanche. C'était sans hésitation la chose qui me fascinait le plus.

- On est bien d'accord ! Vous êtes sûrement les meilleurs modèles à suivre, Roi Edmund et Reine Lucy, prononça-t-il en s'inclinant face à ces derniers.

Les concernés se grattaient l'arrière du crâne d'un air gêné, avant de simplement souffler un « merci ».

- Et pour Serena ? Qui vous a parlé d'elle ? demanda la jeune Pevensie.

- La concernant, ce fut une histoire qui se transmettait entre les membres de ma famille. Lorsque mon arrière-arrière-grand-père, le prince Travis premier du nom, avait été sélectionné pour être le futur époux de Serena, dès leur première entrevue, ces deux-là savaient qu'ils étaient spéciaux. Finalement, leur rencontre fût l'élément déclencheur d'un tas de choses positives dans notre famille. Et oui, c'est parce que Serena lui a permis de réaliser son plus grand souhait, celui de devenir un matelot et épouser une naïade, que nous la connaissons encore aujourd'hui. Je vous vénère, à vrai dire, avait-il souligné en s'adressant à la princesse.

Celle-ci glissa une mèche rebelle derrière son oreille, tout en essayant d'éviter son regard.

- Hum, pour être franche, je ne sais pas vraiment comment je dois prendre cette nouvelle. Mais il n'empêche que c'est en partie grâce à votre ancêtre que je suis là aujourd'hui.

- Il y a quelque chose qui me turlupine. Vous dites que vous êtes au courant qu'elle a été autrefois la prétendante de Travis I, mais vous ne vous demandez pas comment cela se fait qu'elle soit en vie ?

Le blond lui offrit un sourire avant d'ouvrir la bouche.

- Pour répondre à votre question, cher Edmund, sachez que je n'en savais rien. Dans ma famille, l'histoire se terminait sur la jeune Serena qui se rendait sur une île magique pour y trouver un remède et sauver son père. Et la seule chose que nous avions conclu était qu'elle n'en n'était jamais revenue. (Il se tut un instant pour voir leur réaction) Cependant, lorsque j'ai été témoin de votre bagarre contre les soldats de mon cousin, et que je suis venu de mon propre chef pour m'interposer, la première personne que j'ai reconnue était Lucy, et cela m'a fait réaliser que la magie de la trompe a fonctionnée. Donc, je n'ai pas tenté de chercher plus loin sur les explications à votre sujet. Je suppose que sur cette île, vous avez trouvé le moyen de vous rendre dans le monde des rois et reines de l'âge d'or, et ainsi de suite, jusqu'à vous retrouver à l'heure actuelle dans ce royaume, déclara-t-il en posant les yeux sur les mains entrelacées d'Edmund et Serena.

À la suite des dires du blond, Edmund lui demanda où se situait la trompe de Susan, et celui-ci lui souffla seulement que c'était préférable d'en discuter plus tard. Quant à Serena, elle lui proposa de raconter toute son histoire, afin qu'il puisse mieux comprendre, et il accepta volontiers. Durant le récit, ils furent enfin servis leurs biscuits et leur tasse de thé, et ils eurent le temps de les terminer sans problème avant qu'elle ne conclue ses paroles.

- Eh bien ! En voilà des mésaventures ! Ça ne m'étonne guère de vous, Serena L'Audacieuse, s'exclama Travis IV. Je ne suis pas déçu d'être parvenu à vous faire tous venir, sauf Peter et Susan.

- Oh, les concernant, il vaut mieux que vous sachiez la vérité, avait commencé Lucy. Susan a décidé de se convaincre que c'était un jeu d'enfant, et Peter a préféré devenir adulte pour éviter de souffrir davantage. C'est triste, mais c'est la réalité.

- Et de votre côté, comment avez-vous pu acquérir nos objets d'antan ?

Ce fut le tour du blond d'annoncer qu'il y avait beaucoup de choses à raconter, et le quatuor se préparait déjà mentalement à écouter son récit.

- Le mal qui sévit actuellement se répand comme une trainée de poudre, mes amis. Je le sais mieux que quiconque, j'ai pu malencontreusement assister à cela. Il se trouve que je me situais dans un petit village, près de Cair Paravel, lorsque ça a débuté. Un dénommé Shift, qui se disait être le porte-parole d'Aslan, a commencé à répandre la souffrance partout. Très vite, il s'est associé aux pires êtres de ce monde, les Calormènes, et là c'en était fini de tout le bonheur. À ma connaissance, le roi Tirian, un très bon roi au passage, qui siégeait à Cair Paravel, fut mis à mort, et là ce fut encore pire que je ne le croyais. C'est alors que j'ai décidé d'agir, et j'ai ainsi monté ma propre armée, avec les soldats de plusieurs royaumes voisins, mais hélas, nous avons essuyé une défaite. Et le mal s'en ai pris aux royaumes qui ont osé m'accompagner, sauf celui d'Archenland, étrangement, alors que j'en suis originaire.

Le blond s'arrêta un instant pour boire une gorgée de thé.

- Je me demande, d'ailleurs, si mon cousin n'aurait pas signé un pacte avec Rishda Tarkaan pour qu'Archenland soit épargné de sa ligne de mire. Ça lui ressemble bien de faire profil bas en promettant aux ennemis tout ce qu'ils veulent.

- Attendez, le coupa Serena. Vous croyez que les armes qu'il commande à tous les forgerons seraient en réalité pour les Calormènes et non pour protéger Archenland ?

- C'est tout à fait probable, c'est même certain. C'est sûrement pour ça que nous ne faisons rien contre eux. Enfin, quoi qu'il en soit, je vais reprendre là où j'en étais. Je n'ai pas tenu à baisser les bras, et c'est grâce aux citoyens survivants, qui pour se rassurer, se racontaient vos légendes, que j'eus une illumination. À mes yeux, c'était la seule solution, je devais trouver vos artefacts pour parvenir à vous appeler à l'aide. Pour ça, je suis allé recruter des personnes volontaires afin de se lancer dans cette quête. J'y suis arrivé, grâce au ciel, mais en contrepartie tous ces braves gens sont décédés pour ces objets. C'est pourquoi, j'espère que nous y arriverons. Nous ne devons pas échouer, déclara-t-il d'un ton glaçant.

Edmund, Serena et Lucy se lancèrent un regard, avant de déglutir, car ils s'inquiétaient sérieusement pour la situation, mais surtout ils tenaient à savoir si Eustache et Jill étaient encore en vie.

- Nous comprenons mieux la situation. Cela va de soi que nous ferons notre possible pour honorer la mort de ces personnes, mais vous comprenez bien qu'à nous cinq c'est du suicide. Surtout que nous avons deux de nos amis qui sont venus de leur côté pour vous porter secours, eux aussi. Résultat, on ignore où ils sont à l'heure actuelle, et nous sommes inquiets.

- Je le sais bien, et croyez-moi, vous ne parviendrez jamais à avoir le soutien des soldats de mon cousin s'il s'avère être un traître. (Il se tut quelques secondes) Comment ça ? Ils ne sont pas venus en même temps que vous ?

- Non, depuis notre monde, nous avions des bagues qui nous permettait de nous téléporter dans le bois-d'entre-les-mondes, et de là-bas ils ont le moyen de venir ici. Il n'existe que deux exemplaires de ces anneaux, et ils les ont mis pour venir ici, lorsque nous avons su que Narnia était en danger, lui expliqua Lucy.

- Oh, je vois. Eh bien, pourvu qu'ils soient aussi forts que vous, parce que sinon je crains le pire pour eux. J'ai été témoins d'horreurs dont vous ne préfériez pas que je révèle les détails.

- C'est vachement rassurant, ce que vous nous dites, persiffla d'une voix sarcastique le roi ébène. Ils sont en grand danger, même s'ils ont déjà vécu des aventures à Narnia, et nous ne devrions pas perdre une minute de plus à tergiverser à cette table. Allons donc les sauver, qu'est-ce qu'on attend, bon sang ?!

- Du calme, du calme, Edmund, tenta Yvgon en lui passant une patte dans le dos.

- Vous énerver ne sers à rien, mais si cela peut vous rassurer, mon ami, j'ai un plan. Et cela vaut mieux que je vous en parle au plus vite, car nous n'avons point la certitude de notre sécurité dans ce royaume, annonça Travis d'une voix basse.

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Et voilà mes cher(e)s ami(e)s ! Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

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Vos commentaires me font énormément plaisir ! N'hésitez surtout pas à continuer, ça m'aidera pour l'écriture de la suite 😊

Sur ce, je vous souhaite de la patience, avant la suite 🤗

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