Chapitre IX : Une question de temps

- C'était vraiment une superbe après-midi, s'exclama Serena, après être descendue du porte bagage.

- Tant mieux alors, sourit Edmund. Surtout, si jamais tu as de nouveau un coup de blues, n'hésite surtout pas à m'appeler à la rescousse ! Je ferai en sorte d'égayer ta journée.

- Tu sais, tu n'as pas besoin de faire grand-chose pour que mes journées soient belles. Te voir me suffit amplement. Et te parler me fait encore plus de bien. Me confier, te raconter mon histoire... Ce fut bien différent qu'avec Lucy, vous comptez tous les deux pour moi, certes, mais avec toi, je ne saurai comment expliquer cela, mais il y a un truc en plus, avouait-elle.

Le roi ébène se pinçait les lèvres tout en l'écoutant parler. Il ne pouvait s'empêcher de la contempler et se dire à quel point il était chanceux d'avoir une fille comme elle à ses côtés. Sa beauté n'avait rien de comparable à celle des femmes qu'il ait pu voir dans sa vie. Non pas qu'elle soit un modèle de beauté, bien au contraire, elle ne représentait en aucun cas la grâce d'un cygne ou bien la superficialité d'une poupée de porcelaine. Serena n'avait guère besoin d'artifice pour lui plaire, car son charme naturel et sa personnalité la rendait cent fois plus belle aux yeux d'Edmund, qui pourtant, au premier abord, l'avait trouvé si étrange et même peut-être beaucoup trop dissemblable de l'archétype de la femme dont il avait été habitué.
Il n'était parvenu à chasser de son esprit le souvenir des lèvres de la demoiselle sur les siennes, se remémorant la sensation que cela lui avait procuré, et il ne mourrait que d'une envie, c'était de recommencer. Toutefois, ne voulant point nuire à son éducation de gentleman, il s'était restreint à garder ses distances avec la jeune femme, après être descendu de son vélo, qu'il déposait contre un muret, afin de ne pas laisser ses pulsions prendre le dessus.

- Pour moi, tout est différent avec toi, répondit-il avec candeur. C'est comme si, le fait de t'avoir à mes côtés pouvait donner un véritable sens à ma vie, et j'apprécie mieux mon quotidien que je trouvais trop monotone. J'en viendrai presque à dire que cette vie ici, avec toi, ne me déplairait pas s'il n'y avait aucun moyen de retourner à Narnia. Mais cela serait bien entendu le dernier recours, car je suis sûr que nous serions encore plus heureux là-bas.

Serena posa une main sur celle du jeune homme, qui était sur le guidon de sa bicyclette. Serena était vraiment heureuse de savoir le fond de la pensée du roi ébène, et si elle s'était écoutée, elle aurait abandonné son royaume sur le champ, afin de rester vivre auprès d'Edmund dans ce monde ci. Mais elle savait que cela était de la folie, et surtout que c'était impossible. Ça ne lui ressemblait pas, jamais elle ne laisserait en plan son royaume pour une simple histoire de cœur, qui plus est, dans un monde qui n'était pas le sien. Elle avait beau s'être fait une place ici, avoir fait des tas de rencontres et avoir trouvé des activités lui permettant de devenir plus responsable... Mais tout cela se répétait beaucoup trop, et par moment, elle commençait à se lasser de ce genre de chose. Serena a toujours eu besoin de voyager, se battre pour des causes qui en valaient la peine. Ici, les gens étaient beaucoup trop fermés sur la fantaisie, se mettaient chacun dans des cases sociales, et apportaient de la valeur à des choses si matérielles dont Serena ne se souciait point. Elle savait que ce monde avait un tas d'arguments qui la pousserait à repartir chez elle, un jour. Pourtant, durant un instant, elle se disait qu'elle aurait été capable de passer outre les raisons qui faisaient qu'elle partirait, car ses sentiments pour Edmund étaient si forts qu'elle se moquait du reste, tant qu'ils étaient ensemble. Elle baissa la tête, une seconde, se maudissant intérieurement d'enfreindre la plus grande de toutes les règles. Elle s'était pourtant jurée de ne pas franchir cette étape avec Edmund, mais elle avait préféré laisser ses sentiments prendre le dessus. Serena craignait fort que leur relation ne se finisse mal, et qu'ils en souffrent tous les deux. Elle s'en voulait terriblement de ne pas être aussi ordinaire que quiconque, et pouvoir faire comme bon lui plaisait avec Edmund. La main du brun se posa sur la sienne, chassant toutes ses nombreuses pensées.

- Je me demandais, ma proposition tiens toujours pour que tu viennes me voir jouer au rugby ? lança le brun tout en caressant la main de Serena avec son pouce.

- Bien sûr. Pour être franche, je n'osais t'en parler car j'attendais que tu me le propose. Cela me permettra de voir de quoi tu es capable sur le terrain ! dit-elle en affichant un sourire narquois.

- Samedi prochain, ça te dirait ?

- Hm, il faudra que je regarde avec ma patronne pour m'arranger au niveau des horaires de travail, mais normalement il n'y a pas de problème. Je pense pouvoir venir.

- Je demanderai à Lucy de t'accompagner jusqu'à mon lycée. Comme ça, tu n'auras pas de soucis pour le trouver, lui assura-t-il.

- Très bien, je te remercie.

- Tu connais un peu les règles du rugby ? enchaîna le jeune homme. Je veux dire... Maintenant que je sais d'où tu viens, je suppose que tu ignores comment ça se passe, donc ça t'intéresserait que je t'explique ?

- Il est vrai que je ne sais pas du tout comment se pratique ce sport, c'est pourquoi ce serait avec plaisir que je voudrais apprendre.

Ils passèrent les dix minutes suivantes à discuter rugby, et Serena n'avait pas eu trop de mal à suivre ce que le brun lui racontait car elle s'y intéressait sérieusement.

- Et quel poste est-ce que tu occupes ?

- Je suis en troisième ligne, et je porte le numéro sept, si tu veux savoir. C'est mon numéro porte bonheur, sourit-il en lui offrant un clin d'œil. Ce que j'aime principalement dans ce poste c'est que je suis polyvalent. Ça me permet de mettre en pratique mon expérience que j'ai déjà acquise à Narnia, c'est sûrement pour ça que j'aime tout particulièrement pratiquer ce sport.

- Et ça va, tu t'entends bien avec tes coéquipiers ?

- Hm, oui, ça peut aller. Ils veulent souvent faire des choses de groupe, en m'incluant dedans, parfois j'y participe, mais je reste dans mon coin avec un ami à moi. Ça dépend de mes envies, et en ce moment je préfère cent fois mieux passer du temps avec toi.

Serena lui répondit avec un sourire, et le roi ébène en fit autant.

- Oh ! Pourrais-je rencontrer ton ami ?

- Bien sûr, si tu y tiens, tu le verras à l'entraînement de samedi. Il s'appelle Fred, c'est un garçon assez maladroit mais très intelligent.

Ils parlèrent encore pendant quelques minutes.

- Bon, comme toute bonne chose, il y a une fin, soupira la princesse, tout en voulant retirer sa main de celle d'Edmund, mais il ne semblait pas vouloir la lâcher.

- Non, reste encore un peu, l'implora le brun en faisant la moue.

- Crois-moi, si je m'écoutais je ne partirais jamais, mais il le faut. Nous sommes presque des adultes, et nous devrions raisonner comme tel. (Elle baissa la tête un instant, avant de poursuivre) Je te souhaite une bonne fin de soirée, et te dis à samedi prochain, en plongeant à nouveau son regard dans celui du roi ébène.

Ce fut plus fort que lui, et Edmund ne pouvait faire taire son profond désir envers la jeune femme. Il n'arrivait à se défaire des saphirs qui étaient en train de le toiser, et son cœur battait la chamade. Ils ne pouvaient point se laisser ainsi, pas maintenant qu'ils s'étaient tant ouverts l'un à l'autre, pas maintenant qu'ils s'étaient embrassés, pas maintenant qu'il était certain d'être amoureux d'elle. Il n'avait pas envie de la laisser dans cet endroit sinistre, pourtant il savait qu'elle avait raison et qu'il devait agir de manière plus raisonnée. C'est pourquoi, Edmund avait fermé, durant deux secondes, les yeux et souffler, essayant de lutter contre ses pulsions, mais il n'y était guère arrivé. Sans crier gare, le roi ébène avait attiré contre son torse la jeune femme, avant de l'entourer de ses bras et la serrer contre lui. Le doux parfum de Serena se frayant un passage dans ses narines, il se laissait enivrer par son odeur si agréable dont il ne voulait point cesser de se délecter, avant de la regarder dans les yeux, tout en glissant sa main dans la nuque de cette dernière. Elle en fit autant en posant sa main sur la joue du jeune homme, et ils s'offrirent un tendre sourire avant de réduire la distance restante entre leurs deux visages. Leurs lèvres se posèrent les unes sur les autres, et cette fois-ci leurs baisers furent moins timides et bien plus fougueux. Serena avait son esprit vide, comme si toutes ses craintes et le reste venaient de disparaître. Cela lui faisait du bien, et elle était autant accro à ces baisers que ne l'était Edmund. Ils avaient l'impression que le temps s'était arrêté, et que plus rien autour n'existait, ils étaient seuls au monde, heureux. Néanmoins, comme toute bonne chose, il y eut une fin, et ce fut le cas lorsqu'ils se séparèrent contre leur gré, alors que leurs poumons réclamaient de l'air.

- Et là, tu veux toujours me laisser ? susurrait Edmund à l'oreille de Serena, avant de lui embrasser le cou.

- Arrête, ne me tente pas plus, répondit-elle, en lâchant un léger gémissement. Arrête, s'il te plaît...

Edmund sentait bien qu'elle appréciait ce qu'il lui faisait. Sûrement, dans d'autres circonstances, elle ne l'aurait pas repoussé. Et il avait bien raison de penser cela, car Serena aimait partager ce genre de chose avec le jeune homme. Mais contrairement à Edmund, Serena ne se laissait pas aussi facilement dominer par ses émotions, du moins c'est ce dont elle était convaincue, parce que si ça avait été le cas, elle n'aurait jamais bravé cet interdit avec Edmund et aurait gardé une relation amicale avec lui.

- S'il te plaît... se répétait-elle. Il faut que j'y aille, sérieusement, prononça-t-elle en s'efforçant d'être dure.

Elle lui déposa un chaste baiser sur la joue, et il lui en fit un sur le nez.

- C'est toi qui es en train de me tenter en me faisant encore des bisous, riait le jeune homme avant qu'elle ne s'écarte de lui à contrecœur.

- Allez, cette fois-ci, j'y vais pour de bon, pouffait-elle en lui lâchant la main.

- Tu me manque déjà, s'exclamait le roi ébène en la dévorant des yeux.

Cela avait fait rire Serena, tandis qu'elle marchait en direction du bâtiment. Edmund n'avait pas l'intention de la lâcher du regard, tant qu'elle ne lui répondrait pas, et ça, elle l'avait bien compris en sentant le jeune homme l'observer depuis le portail, sa bicyclette dans ses mains.

- Tu me manque aussi !

Et sur ses mots, les deux amoureux se laissèrent, en ne se quittant pas des yeux jusqu'à ce que ni l'un ni l'autre ne disparaisse du champ de vision de chacun.

***

Le mois d'avril montrait le bout de son nez, et cela se sentait. Abigail était prise d'une forte allergie au pollen, et Serena avait été heureuse d'avoir enfin pu retrouver son amie dans son dortoir, après plus d'un mois séparées. Elles avaient, par ailleurs, décidé d'aller fêter ça après les cours, en compagnie de Lucy. Bien évidemment, Sœur Catherine avait été mise au courant de cela et avait accepté à condition qu'elles ne rentrent pas trop tard, et qu'elles s'occupent de certaines tâches ingrates en plus, pour compenser leur retard, ce qu'elles lui promirent, même si ça ne les enchantait pas.
Le trio était allé dans un salon de thé et parlait, comme à son habitude, durant un nombre incalculable de minutes, tout en dégustant de délicieux muffins et du thé à la menthe.

- Alors, comment ça se passe, avec Edmund ? avait subitement demandé Abigail d'un air malicieux, en donnant des petits coups de coude à Serena, qui était en train de croquer dans un muffin aux raisins secs.

La jeune femme avait exprimé une légère quinte de toux avant de poser dans son assiette le reste de son muffin. Elle avait tout d'abord regardé Lucy, qui avait rapidement deviné que la relation de son amie et son frère était passée à une étape supérieure. Quand Serena accorda son attention à la blonde, celle-ci montrait une certaine euphorie et semblait vouloir obtenir les meilleurs potins. Pourtant, la jeune princesse estimait qu'il valait mieux ne pas trop en dire, car pour elle, sa relation avec Edmund était avant tout privée et cela ne les regardait qu'eux deux.

- Je... je crois que... (la jeune femme n'osait croiser les yeux de ses amies et devenait rouge) On peut dire, en quelque sorte... que l'on est un couple ?

- Comment ça « en quelque sorte » ? Ça veut dire quoi ça ? siffla la blonde avant de se lancer dans une série d'éternuements.

Abigail venait très clairement de la mettre face à ce qu'elle ne voulait raconter. Mais Serena n'avait tout de même pas l'intention de parler de leurs nombreux baisers ou du sujet de leurs interminables discussions.

- Eh bien... Nous sommes plutôt proches tous les deux. On se donne la main, on est complices, je dirai que nous éprouvons des choses plutôt fortes... Il n'y a rien à dire de plus à ce propos, répondit-elle sur un air évasif.

Lucy n'avait pas vraiment eu besoin de plus de détails pour saisir qu'il s'était passé plus que ça entre Serena et Edmund, néanmoins, contrairement à Abigail, l'ancienne reine savait qu'il valait mieux ne pas être trop intrusive dans ce genre de sujet et seulement respecter le choix de la brune en termes de vie privée.
Abigail avait fort heureusement cessé de questionner Serena pour le restant de la journée, se disant qu'il était inutile de l'interroger plus.

Le reste de la semaine avait été plutôt calme, et Serena avait eu le temps d'aller à la rencontre de Lisbeth au courant de la semaine pour aller lui demander s'il était possible de modifier exceptionnellement ses horaires de travail. Bien évidemment, elle avait accepté, à condition que la brune ne vienne tout de même travailler dans la matinée de samedi, ce qu'elle accepta. Elles étaient également arrivées à s'arranger avec Sœur Catherine, qui avait cependant spécifié que Lisbeth ramènerait la jeune femme au couvent pour qu'elle y soit à l'heure du couvre-feu.

Nous étions, à présent, le fameux samedi tant attendu par Serena et Edmund. Ce qui fut sûrement le plus drôle dans cette histoire, c'est que la nuit de vendredi à samedi, les deux tourtereaux avaient chacun rêvé d'eux. Sûrement parce qu'ils étaient impatients de se voir et qu'ils ne cessaient de penser à l'un et l'autre.
Edmund avait passé une agréable semaine, sans une seule fois être de mauvaise humeur avec sa famille et son ami Fred, ce qui les étonnait beaucoup. Seule Lucy savait pourquoi il paraissait aussi épanoui, et très vite, Peter et Susan avaient également compris ce qui se tramait. Le comportement d'Edmund confirmait seulement les propos de Peter et Susan, lorsqu'ils s'étaient dit penser qu'Edmund avait besoin d'une petite amie pour avoir un sens dans sa vie, et cela semblait être probablement le cas, puisqu'il s'investissait plus dans les choses du quotidien.
Susan fut même étonnée lorsque, par inadvertance, elle ouvrait la porte de la salle de bains et qu'elle y voyait Edmund se coiffer de manière plutôt soignée et se mettre de l'eau de Cologne. Évidemment, pris sur le fait, le roi ébène avait néanmoins prétendu que cela n'avait rien à voir avec ce qu'elle croyait. Mais il était évident que c'était ce qu'elle croyait. Susan avait seulement collé une main sur ses lèvres avant de rire. Elle le trouvait tellement adorable, et en même temps, elle remerciait, par la pensée, Serena de lui avoir apporté de la joie.

Edmund avait descendu l'escalier en sifflant un air plutôt commun, avant d'arriver dans la cuisine et se servir son petit-déjeuner. Son frère et ses sœurs le regardèrent en affichant des sourires moqueurs.

- Qu'est-ce que vous avez tous ? lança-t-il sur un ton plutôt grognon, car il n'aimait pas la manière dont tout le monde l'observait.

- Rien, rien, se contentaient-ils de lui répondre en reprenant ce qu'ils faisaient chacun.

Le jeune homme avait rapidement quitté la table, avant de se préparer pour aller chez Fred. En effet, presque tous les samedis, le brun se rendait chez son ami pour passer du temps ensemble et réviser leurs cours. Évidemment, ils avaient aussi leurs entraînements en commun dans l'après-midi.

- À ce soir ! s'était-il exprimé en ouvrant la porte d'entrée.

- À plus tard ! répondirent les membres de sa famille.

- Passe le bonjour aux parents de Fred ! ajoutait Hélène.

Du côté de Serena, la jeune femme s'était réveillée en retard, et avait dû avaler son petit-déjeuner à la vitesse de l'éclair. Elle n'avait pas vraiment eu le temps de se faire une beauté devant la glace, car elle avait dû sprinter jusqu'au garage pour y attraper son vélo et pédaler à toute vitesse sur le sentier menant au quai. Par chance, elle était arrivée juste à temps. Durant le trajet, cette dernière avait pu se reposer un peu, car elle se sentait déjà épuisée. Elle était en partie fatiguée par sa course, mais ce n'était pas la véritable raison de son état. En effet, cette dernière n'avait presque pas dormi de la nuit car ses pensées furent bien trop omniprésentes dans sa tête, se triturant l'esprit à propos de sa relation avec Edmund, se disant qu'il était sûrement préférable d'y mettre un terme avant que ça ne soit encore plus ambitieux entre eux, avant de se contredire en mettant en avant les raisons qui faisaient qu'elle l'aimait et qu'elle ne voulait pas le quitter. Évidemment, elle n'avait point envie de rompre avec lui, il était le premier qui lui faisait ressentir ce genre de chose, mais elle savait aussi que c'était une relation bien trop risquée. Elle y songea encore un peu jusqu'à ce qu'elle n'arrive à destination.

- Bonjour Liz ! s'exclama la brune, en poussant la porte du magasin.

- Bien le bonjour, Serena ! lui répondit Lisbeth, avec un visage rayonnant.

La présence de la jeune femme donnait immédiatement une nouvelle jeunesse à cette dernière, qui avait l'impression de se voir à travers elle. Lisbeth appréciait énormément la demoiselle, à tel point qu'elle la considérait comme la fille qu'elle n'avait jamais eue, et cela se sentait énormément dans sa manière d'agir avec elle, depuis plusieurs semaines. Elle qui avait toujours eu du mal avec les étudiantes qui venaient bosser dans son magasin, elle n'aurait jamais pu imaginer développer une telle relation avec son employée. Serena n'avait rien d'ordinaire, et pour cause, elle s'émerveillait à chacune de ses découvertes, s'intéressait à ce qui l'entourait et était très souvent volontaire pour apprendre de nouvelles choses ou faire les tâches ingrates. Pour Lisbeth, Serena était parfaite.

- Puis-je m'occuper de l'accueil des clientes, aujourd'hui ? proposa Serena, tout en déballant ses affaires sur la table.

- Naturellement, lui souriait la dame aux cheveux grisonnants. Surtout, n'oublie pas que si tu as la moindre question à laquelle tu ne saurais répondre à ces dames, n'hésite surtout pas à venir me consulter.

- Entendu, je n'y manquerai pas.

- Bien, dans ce cas, vas-y ! lui indiqua la cinquantenaire avant de s'approcher rapidement mais sûrement de la jeune femme, dans l'intention de la chatouiller au niveau des côtes, pour la taquiner.

Serena avait bondi sur le côté, car elle ne s'y était pas attendue, tout en lâchant un léger rire stressé, avant de quitter la pièce sous les yeux amusés de sa patronne.
Il y eu bien deux heures qui passèrent, sans que le temps ne leur paraissent long, car il y eut de nombreux passages de femmes distinguées ou bien des mères de famille qui désiraient à tout prix acheter de magnifiques robes pour leur fille, ou bien des tissus de qualité pour leur en confectionner. À plusieurs reprises, Lisbeth faisait un court passage dans la boutique pour observer comment se débrouillait la brunette, et, à chaque fois, elle se contentait de faire un signe de tête lorsque Serena posait les yeux sur elle. Lisbeth, dans ses observations, avait certes remarqué des améliorations dans la façon de travailler de la brunette, mais il n'y avait pas que ça, et ça elle le sentait. Elle n'aurait su dire ce que c'était exactement, mais en tout cas, la cinquantenaire voyait que Serena semblait épanouie, ce qui lui faisait grandement plaisir. Elle lança un dernier regard à la princesse, avant de tourner les talons en direction de son bureau, se situant dans l'arrière-boutique, et s'était décidée à effectuer le travail le plus ingrat et pénible, il s'agissait de faire de la comptabilité. Lisbeth en avait horreur ! Une heure encore avait eu le temps de passer, et Serena faisait une fois de plus le tour des rayons avec une cliente qui avait du mal à faire ses choix.

- Et celui-ci ? Je suis persuadée que ce tissu ferait une parfaite robe de cocktail pour votre nièce, suggérait Serena en déroulant le tissu face à la cliente qui grimaçait en l'ayant aperçu à peine.

Les paupières de Serena se fermèrent durant quelques secondes, elle n'en pouvait plus. Elle avait dû lutter intérieurement et se concentrer pour ne pas perdre son sang-froid, car cette dame était non seulement difficile, mais elle avait aussi un air méprisant qui agaçait Serena. Fort heureusement, la cliente avait fini par trouver son bonheur en ayant pris finalement un tissu que la brune lui avait présenté dès le départ, ce qui la fit lâcher un énorme grognement lorsque la cliente eut quitté les lieux.

- Enfin débarrassée d'elle, murmura la princesse.

Serena se laissait tomber dans la chaise, derrière le comptoir, et avait profité de ce petit moment de répit pour se concentrer sur un livre qu'elle avait apportée avec elle. Mais à peine eut-elle le temps de lire la première page, qu'elle en fût extirpée par un bruit fracassant, provenant de l'arrière-boutique.

- Lisbeth ? appelait-elle en se penchant en arrière, sur la chaise.

Elle avait attendu pendant quelques secondes, une quelconque réponse, avant de se lever et recommencer à l'appeler, dans le cas où sa patronne n'aurait pas entendu. Mais toujours rien.

- Liz, est-ce que tout va bien ? reprit-elle en avançant en direction de la pièce d'où provenait ce vacarme.

À peine était-elle arrivée à l'entrée de la pièce, qu'elle plaquait ses mains contre ses lèvres pour étouffer un hoquet de surprise, en ayant aperçu Lisbeth inconsciente. Cette dernière se trouvait allongée au sol, en ayant la moitié de son corps sous une étagère en chêne qui avait l'air très lourde. Il y avait un nombre incalculable de documents éparpillés autour de la cinquantenaire, mais c'était bien le cadet des soucis de la brune, qui s'était seulement précipitée dans le sens du corps de la victime pour vérifier si elle était encore en vie. Elle approcha son visage de celui de sa patronne afin de vérifier sa respiration, et fort heureusement elle respirait encore. Serena essaya subséquemment de soulever le meuble qui écrasait tout le bas du corps de Lisbeth. Cette dernière avait eu beaucoup de difficulté à le faire mais au bout du compte elle y était parvenue. Ensuite, elle avait directement mise la cinquantenaire sur le côté, en position latérale de sécurité.

- Que puis-je faire maintenant... Je ne vais quand même pas la laisser comme ça... se disait à elle-même la jeune femme, en se redressant. Il faut que j'aille chercher de l'aide, ou bien... prononça-t-elle ensuite en ayant aperçu le combiné sur le bureau, au fond de la pièce. Bien sûr.

Immédiatement, elle s'approcha de celui-ci, décrocha le téléphone pour le mettre à l'oreille, mais au moment de taper sur les touches, elle s'était rendu compte qu'elle ne connaissait pas le numéro pour appeler les urgences. Elle avait rapidement regardé s'ils avaient été notés quelque part dans un carnet ou bien sur de simples feuilles, mais rien. La mâchoire de la brune se serrait, montrant ainsi son embêtement, car cette situation était délicate.
Si elle avait pu être à Narnia, les choses auraient été bien différentes, ça elle en avait conscience. Il lui aurait suffi de simplement chercher le druide, un grand guérisseur de premier choix, qui venait toujours avec elle et son équipe, lors des expéditions.

Soudain, elle fit de gros yeux en se souvenant que Lucy lui avait donné le numéro de leur cellulaire, il y avait un moment déjà. Sans plus tarder, elle se rendait dans la salle où se trouvait son sac, pour y attraper le bout de papier sur lequel était inscrit le numéro. Elle était revenue à la vitesse de l'éclair dans le bureau, et avait préalablement vérifier l'état de Lisbeth en regardant toujours sa respiration. La cinquantenaire était toujours dans le même état, ce qui inquiétait la brunette. Puis, elle s'était enfin décidée à composer le numéro. Elle fit nerveusement tourner le câble entre ses doigts, en faisant les cent pas dans la pièce, tandis que la tonalité se laissait entendre à plusieurs reprises.

- Bonjour ! Peter Pevensie à l'appareil, quel est le motif de votre appel ? s'était exclamé le blond à l'autre bout du fil.

- Peter, commença la brune. C'est Serena à l'appareil.

- Oh, Serena ! Quel plaisir de t'avoir au téléphone, comment vas-tu ?

- Pardonne moi pour cet affront, mais on se fiche de comment je vais... Votre numéro de combiné est le seul que je connaisse. Je suis actuellement sur mon lieu de travail, et... Et la directrice du magasin est dans un état critique. Je ne sais pas quoi faire, elle a été écrasée par un meuble relativement lourd et a perdu connaissance.

Il y eut quelques secondes de silence, qui semblèrent durer une éternité pour la jeune femme.

- Ne bouge pas, j'arrive, s'était contenté de répondre le plus âgé des Pevensie. Donne-moi seulement l'adresse.

Sans perdre une minute de plus, elle s'exécuta et communiquait toutes les informations à son ami.

- Je vais te laisser, je vais prendre la route. Surtout, reste bien auprès d'elle et vérifie régulièrement que tout va bien. On ne sait jamais, pas qu'elle fasse une crise de convulsion. Tu l'as bien couchée sur le côté ?

- Je pense, oui, je te remercie pour tes conseils. Vraiment merci, souriait-elle en se sentant légèrement soulagée.

- C'est normal, Serena. J'arrive.

La communication téléphonique s'interrompit soudainement, et Serena s'était seulement contentée de veiller auprès de sa patronne pendant tout ce temps. Naturellement, elle avait mis la pancarte « Fermé » sur la porte, avant que Peter n'arrive.
Le jeune homme était apparu dans le magasin au bout d'une dizaine de minutes, sous les yeux de Serena qui voyait en lui Le sauveur de la situation. Ce dernier avait également vérifié l'état de la cinquantenaire et avait, en effet, constaté qu'elle était toujours en vie.

- J'ai appelé une ambulance, ils ne devraient pas tarder. Ces personnes sauront quoi faire, lui affirma le blond en s'asseyant à côté de la jeune femme. Est-ce que ça va aller ? Tu tiens le coup ? Tu me semble complètement déboussolée, s'inquiétait-il en la regardant.

- C'est la première fois que ce genre de chose m'arrive... bredouilla la princesse. Honnêtement, je ne sais pas comment je ferai sans toi.

- Tu t'es déjà bien débrouillé avant de m'appeler, tu as su quoi faire, crois-moi, la rassurait le plus âgé des Pevensie.

Ils furent coupés dans leur petite discussion par la venue des secours. Tout se passa plutôt vite, à tel point que Serena n'aurait su comment elle était passé du magasin à la salle d'attente d'un hôpital, toujours accompagnée de Peter.

- Tu veux que l'on sorte un peu ? J'ai vu qu'il y avait une épicerie non loin de l'hôpital, lança le jeune homme, rompant ainsi le silence qui pesait depuis un temps incertain. Ça te dirait d'y aller ? Afin de passer un peu le temps, et s'hydrater par la même occasion. Cela fait tout de même deux heures que nous attendons.

- Oui, pourquoi pas, tu as raison.

Sur ces mots, ils empruntèrent le chemin de la sortie.
Peter avait les mains plantées dans les poches de son pantalon, et regardait à plusieurs reprises le ciel bleu.

- Je me rend compte que c'est la première fois que nous nous retrouvons seuls, déclara-t-il. C'est l'occasion parfaite pour faire plus amplement connaissance, tu ne crois pas ?

- C'est vrai ça, on ne s'est jamais parlé plus.

- La plupart du temps, tu es sois avec Lucy ou bien Edmund, poursuivit-il en baissant le regard. Je t'avoue que cela m'intrigue un peu.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

- Ton secret pour parvenir à approcher les gens inaccessibles. Lucy, par exemple, elle se faisait harceler durant des mois par des filles, à tel point qu'elle craignait de se faire des amies. Concernant Edmund, il a toujours été méprisé par la gent féminine, à tel point qu'il ne posait plus les yeux sur ces dernières. Ou bien son insociabilité, tout simplement. Dans son cas, c'était même encore plus dur de l'approcher en tant que novice... Et puis toi, en un claquement de doigts t'as débarqué, et tu leur as apporté de la complémentarité dans leur quotidien. C'est vrai, je t'assure ! Lucy est plus épanouie depuis qu'elle te connaît. Et Edmund s'ouvre plus aux gens grâce à toi. Je ne saurai vraiment comment te remercier.

- Je n'ai rien fait de bien spécial, tu sais, je suis juste moi, précisait-elle en scrutant l'ancien grand roi du coin de l'œil.

- Je me demande bien ce que tu pourrais apporter dans la mienne, enchaîna le blond, sur un ton enthousiaste, en ignorant presque ce que lui disait la princesse.

- Ne dis pas de bêtises, voyons, je n'ai rien qui me rende exceptionnelle. Je suis une jeune femme ordinaire. Je n'ai pas de formule miracle pour améliorer la vie des gens.

- Je le sais bien. En revanche, je te trouve beaucoup trop modeste car tu n'as rien de banale, au contraire, tu as une bonté inégalable, ainsi qu'une force de caractère qui fait jaillir de toi une certaine aura positive. Je ne pourrai pas expliquer comment je le ressens, je sais seulement que c'est présent en toi. Oui, voilà, c'est tout simplement toi. Toi tout entière, tu sais rendre les gens heureux.

Serena s'était sentie flattée et en même temps elle ne savait pas où se mettre car elle n'était pas habituée à être autant caressée dans le sens du poil. Elle se passa une mèche rebelle derrière l'oreille, avant de relever le visage et lâcher un soupir. Peut-être, était-ce aussi le temps d'avouer tout à Peter, sur la personne qu'elle était réellement. Et c'est ce qu'elle fit. Peter avait été, bien entendu, fortement surpris quand il l'avait appris, mais fut tout autant compréhensif que le reste de sa famille et l'écoutait avec une grande attention. Elle ne s'était interrompue dans son récit que lorsqu'ils étaient entrés dans l'épicerie, afin d'y faire leurs achats. Puis ils étaient à nouveau sortis, quelques instants plus tard, avant qu'elle n'achève ce qu'elle racontait.

- Waouh, quelle histoire incroyable, avait seulement formulé le blond en marchant droit sur le trottoir, avec Serena à sa gauche.

- Eh oui, je sais. Tu ne t'étais sûrement pas imaginé qu'un jour une fille du peuple Narnien déciderait de venir dans ton monde, et pourtant...

- C'est sûr, je ne m'y étais pas attendu, en revanche, j'ignore si tu étais au courant de cela, mais le temps ne s'écoule pas du tout de la même manière.

- Non, je n'étais pas au courant, s'étonnait-elle. Comment se fait-il que Lucy ou bien Edmund ne m'en ai jamais parlé ?

Peter glissa une main sous son menton en faisant mine de réfléchir.

- Peut-être que cela leur avait simplement échappé, ou bien alors ils tiennent tellement à toi qu'ils font en sorte de te garder auprès d'eux ? Venant d'Edmund, ça ne m'étonnerait pas. Mais Lucy... Quoi qu'il en soit, tes origines te rendent encore plus différente, que tu l'admettes ou non.

- Nan, pas Edmund, soufflait-elle. Je ne peux le croire.

Un sourire en coin s'était formé sur les lèvres du blond.

- Entre toi et Ed, c'est une sacrée histoire, n'est-ce pas ?

- Quoi ?! hoquetait la brune. Tu savais pour nous deux ?

- Évidemment ! Ça se voit comme le nez au milieu du visage ! Toute ma famille l'avait deviné depuis un bail, riait-il.

La jeune femme laissa passer une ombre sur son visage, et le blond l'avait remarqué.

- Honnêtement, je ne comptais pas éprouver quoi que ce soit pour ton frère... Mais c'est arrivé, et j'ai bien peur de ne jamais parvenir à le lâcher car je tiens énormément à lui. Le problème étant que je me donnais une année avant de retourner à Narnia... Néanmoins, le fait que l'écoulement du temps diffère entre les deux mondes, je pense que mon voyage sera écourté bien avant. Je ne t'ai pas demandé, mais lequel monde avance plus vite que l'autre ?

- Et bien, pour te donner un exemple, si une année normale s'écoule ici, des centaines d'autres auront passées chez toi, peut-être que l'époque de ton règne est depuis longtemps révolu, suggérait le blond avec de la compassion pour son amie.

- Oh non... grimaça Serena en baissant les yeux d'un air meurtri. Qu'ai-je fait ? J'ai abandonné mes proches, mon peuple, mon royaume tout entier, pour réaliser un stupide rêve de gamine... Si tu savais à quel point je regrette... suffoquait la princesse en prenant sa tête entre ses mains. Et dire que j'avais un espoir de devenir une meilleure version de moi-même en me donnant corps et âmes dans mes projets ici. Tu parles, tout ça n'a servi à rien. Autant rester à Finchley, à ce train-là. Sans mes amis, mon chez moi, mon peuple, et tout le reste, Narnia se résumerait à être une pâle copie de ce que je vie déjà maintenant. Peut-être même qu'en y retournant je ne reconnaîtrai même rien.

- J'ai le regret de te dire que le changement se ressent, malheureusement. Je suis passé par là, et je peux témoigner à quel point c'est terrible de retourner dans un monde que tu connaissais et qui te semble pourtant inconnu, lorsque tu y remets les pieds, des centaines d'années plus tard. Je sais que c'est sûrement dur tout ça, mais ce n'est pas plus mal que tu restes ici. Tu nous as nous, tu as ton travail, tes amies... Tout n'est pas perdu, Serena. Et comme tu le dis si bien, tu t'es vertu à vouloir devenir une meilleure version de toi-même en venant ici, tu sembles être sur la bonne voie donc poursuit cet objectif-là. Tu sembles ne pas en avoir pris conscience, mais ce monde t'a apporté plus que tu ne le crois.

Elle avait relevé le visage et affronté le regard de Peter. Ce dernier avait raison, et elle le savait. La princesse avait été prise au dépourvu en ayant appris cette chose aussi improbable, et elle savait que ça allait être compliqué de s'y faire, mais elle relativisait en se rappelant les mots de Peter.
Peter et Serena parlaient encore un peu avant d'arriver dans le hall de l'hôpital. Ils n'eurent point le temps de parler davantage car une infirmière venait à leur rencontre pour leur dire qu'elle les avait cherchés partout, car Lisbeth était réveillée. La nouvelle avait ravi Serena, qui affichait un visage plus rayonnant qu'avant, et sans plus tarder, elle et Peter suivaient les pas rapides de la dame en blouse blanche.

Lorsqu'ils pénétrèrent dans la chambre, Serena ne s'était pas attendue à voir la jambe de sa patronne plâtrée et un bandeau au niveau de sa tête.
La brune s'était directement mise à son chevet et lui fit la conversation durant plusieurs heures. Peter, de son côté, avait décidé d'appeler un taxi afin d'aller récupérer le véhicule familial garé devant le magasin de Lisbeth. Il informa la brunette qu'il allait repasser la chercher afin de la ramener chez elle, et la jeune femme le remercia une bonne dizaine de fois.

- Ce que je vais te demander, je le fais parce que tu es la seule en qui je place toute ma confiance pour ce genre de chose. Serena, prononça Lisbeth. Le médecin m'a annoncé que j'allais devoir rester au lit pour plusieurs semaines, et avec mon plâtre, il me sera impossible d'effectuer mes heures de travail au magasin. Ce que je te demande, ça me gêne beaucoup, mais pourras-tu t'occuper du magasin en mon absence ? Je te payerai double toutes tes heures, je préviendrai Sœur Catherine de la situation. Je peux même t'héberger chez moi, je vis bien plus près de la ville que le couvent...

Serena avait pris plusieurs minutes pour réfléchir à la demande de sa patronne. Et n'ayant d'autre choix, elle avait accepté, ce qui avait soulagé la cinquantenaire.
À la suite de cela, l'infirmière somma à la brune de laisser se reposer Lisbeth, et elle s'exécuta.
La princesse s'était assise sur une chaise, au niveau de l'accueil de l'hôpital, en attendant la venue de Peter. La jeune femme culpabilisait beaucoup de ne pas avoir pu tenir sa promesse qui était de rejoindre Edmund à son entraînement de rugby. À l'heure actuelle, l'entraînement était déjà terminé, et le brun était sur le chemin pour rentrer chez lui. Mais elle relativisait en se disant que ce dernier comprendrait et qu'il leur suffirait de décaler leur rendez-vous à plus tard.
Jusqu'à ce que Peter ne fasse son apparition, elle repensait à tout ce dont elle avait discuté avec le blond, et ceci la faisait beaucoup réfléchir. Beaucoup de questions étaient encore flous, mais elle se disait que ça viendrait avec le temps.

Le soir venu, lorsqu'elle fut ramenée chez elle par Peter, elle s'était isolée dans sa bibliothèque et y avait même passé la nuit. Ses émotions passaient de la colère à la peur, avant de finir par la tristesse. Elle ne savait plus quoi penser, quoi ressentir... Elle était perdue. Elle fit une prière pour ses amis de Narnia, et s'excusait de les avoir abandonnés. Elle fut tellement déboussolée par cette nouvelle, qu'elle fit sortir Cyrus de sa lampe. Elle lui raconta ses tracas, et lui demandait conseil. Le génie essaya tout d'abord de la réconforter en la prenant dans ses bras, avant de se laisser glisser à côté d'elle.

- Serena, sachez que même si vous décidez de rester ici, je resterai à jamais à vos côtés, je vous en fait la promesse.

Cela fit légèrement sourire Serena, qui était en train de pleurer.

- Tu es bien le seul ami de Narnia, qu'il me reste. Je suis bien contente de t'avoir, soufflait-elle. Je m'en veux terriblement de ne pouvoir tenir la promesse que je t'ai faite. Celle où je te disais que je tuerai la terrible sorcière qui a osé te transformer en génie. Pardonne-moi.

Cyrus posa une main sur celle de son amie dans l'intention de lui faire comprendre qu'il avait depuis longtemps accepté son triste sort, mais il était heureux de pouvoir partager des moments avec sa maîtresse préférée. Ils passèrent plusieurs heures à débattre sur le pour et le contre de la situation, et s'il y avait bien une chose que retenait Serena, c'était que si elle prenait réellement la décision de rester ici, elle ne serait pas seule.

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Et voilà mes ami(e)s ! Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

Il fallait bien un jour que la question du temps soit évoquée, et pour le coup j'ai longuement songé à si ça allait être Peter ou bien Lucy qui en parlerait à la concernée. Ce fut Peter, comme vous avez pu le lire. « Pourquoi pas Edmund ? » me diriez vous ? Et bien, parce que celui-ci craignait seulement de perdre sa dulcinée s'il se décidait à mettre le sujet sur le tapis, mais croyez-moi, il le regrettera. J'avais vraiment hâte de vous faire lire cette partie de l'histoire dans laquelle Serena va devoir remettre toute sa vie, ses projets, en question. Mais surtout, trouver un nouveau but à atteindre en restant à Finchley.

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Vos commentaires me font énormément plaisir ! N'hésitez surtout pas à continuer, ça m'aidera pour l'écriture de la suite 😊

Sur ce, je vous souhaite de la patience, avant la suite qui n'arrivera pas avant la semaine prochaine 🙃

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