🌫 Clan de la Brise

Un mâle crème foncé se dissimulait dans les hautes herbes coupantes et se concentrait sur sa proie qui grignotait quelques graines.

— Puma Futé ! s'écria Nuage Rayonnant guillerette. Regarde ce que je viens d'attraper !

Le mulot traqué par Puma Futé s'enfuit à la seconde qui suivit. Le guerrier soupira et retourna voir la novice dorée. Les herbes qui pliaient sous son poids lui coupaient les coussinets. Il tentait d'ignorer la douleur malgré l'habitude d'avoir ses pattes en feu.

— Oui Nuage Rayonnant... Qu'as-tu attrapé de si exceptionnel pour faire fuire ma proie par ce temps ?

— Oh, excuse-moi, je ne pensais pas que tu traquais... Mais, j'ai attrapé une grosse souris !

Il la félicita d'un sourire forcé et la força à retourner au camp alors que son mentor chassait encore. Elle se débattu pendant quelques minutes avant de céder, déçue. Nuage Rayonnant marcha lentement pour retarder le moment où elle rentrerait au camp et devrait s'occuper de retirer les tiques de Fleur de Cerisier...

— Fais plus attention ! ronchonna l'ancienne. Tu me retires plus de poils que de tiques !

— Pardon, s'excusa la novice. J'aimerai mieux chasser en ce moment même. Puma Futé m'a obligé à rentrer. En plus, j'avais attrapé une grosse souris et c'est lui qui s'est récupéré toutes les félicitations.

— Si tu veux, je lui en parlerai, fis une voix extérieure qui paraissait confiante.

Patte Rouge, la lieutenante cannelle, se tenait à l'entrée de la tanière des anciens — ou plutôt, de l'ancienne — et pris un air grave. Elle semblait furieuse après le guerrier crème et pourtant, si amusée par le spectacle qui se tenait devant elle.

— Je lui dirai qu'il n'a pas à te dire de rentrer au camp sans la permission de ton mentor et encore moins de récolter des sourires tandis que tu n'attrapes que les foudres des vétérans, continua-t-elle.

— Merci Patte Rouge !

La novice voulut s'approcher de sa lieutenante pour lui toucher le museau en signe de reconnaissance mais celle-ci était déjà partie furtivement.

Après un long moment à tartiner quelques endroits sur la peau de l'ancienne de bile de souris, Nuage Rayonnant en eu fini de tous ces parasites. Fleur de Cerisier la remercia chaleureusement et la femelle au pelage doré et soyeux repartit en direction de la rivière pour se laver les pattes.

Nuage de Roseau qui revenait d'une patrouille frontalière avec Ombre Noire et quelques autres guerriers, l'apostropha alors qu'elle se nettoyait les pattes :

— Salut Nuage Rayonnant ! Belle journée, pas vrai ? ironisa-t-il en levant sa tête tigrée en direction du ciel gris.

Elle répondit par un silence pesant et se dirigea vers le camp qu'elle avait quitté quelques minutes plus tôt. Elle n'avait visiblement aucune envie de parler avec cet apprenti un peu trop narcissique à son goût.

Elle se rendit vite compte qu'il n'avait pas prit la peine de la suivre et ses muscles se détendirent aussitôt. Soudain, elle repensa à sa vie tranquille dans le camp des Ailes où tout lui arrivait directement dans le gosier. Les Ailes s'occupaient des chatons et ceux-ci, n'avaient rien à faire. Seulement jouer. Elle aussi avait été narcissique et égoïste autrefois, mais elle espérait avoir changé d'attitude. Une vie bien trop facile, se dit-elle.

Quand la réalité la rattrapa, elle vit que ses pattes l'avaient directement menée au sein du camp et elle se retrouvait là, sans ne savoir quoi faire pour rendre le quotidien de ses camarades plus confortable.

— Pourquoi me fuis-tu ? s'enquit Nuage de Roseau derrière elle.

— Et toi, pourquoi me suis-tu ?

Il ne su quoi répondre et ignora sa question en passant près d'elle, un air de défi dans les yeux. Il fit un ronron si apaisant qu'elle en cligna des yeux maintes fois avant de comprendre que ce n'était pas un de ses rêves. Nuage de Roseau est passé près de moi en ronronnant... ? Quelle boule de poils agaçante, il se croit tout permis !

Malgré sa pensée, elle ne pu s'empêcher de réprimé un sourire. Elle trottina vers la tanière des apprentis où était roulé en boule Nuage de Glace. Elle imita son camarade et se lova dans sa mousse fraîchement changée et s'endormit aussitôt.

[...]

Branche Mousseuse, une guerrière brune, se tira de son sommeil à cause d'un vacarme qui avait envahi le camp. Elle s'étira de tout son long en vitesse et en profita pour réveiller ses camarades qui dormait encore profondément.

Poil de Houx la suivit en vitesse alors que les autres mettaient plus de temps pour réaliser ce qu'il se passait : il y avait un renard dans le camp.
Les deux guerrières poussèrent des feulements à glacer le sang.
Guerriers et apprentis se postèrent près de la pouponnière qui contenait Poil de Sauge et devant la tanière de Fleur de Cerisier afin de les protéger du prédateur qui découvrait déjà ses crocs pointus et luisants.

Sans réfléchir, Feuille d'Aulne se jeta sur le renard et un feulement aiguë déchira l'air.
Il se fit griffer de tous les côtés, ne pensant même plus aux stratégies de combats qu'il avait appris durant son long apprentissage. En se remémorant les morsures profondes — pas celles d'un chat, il n'y croyait pas — dans le flanc de Nuage d'Or, il en était sûr : c'était ce maudit renard qui avait tué son apprentie !

— Nous devons lui venir en aide ! s'écria Pelage Moucheté, prêt à attaquer.

— Non, fit Étoile de Pissenlit en secouant la tête. Laissez-le, c'est son combat.

Griffes dégainées, Feuille d'Aulne sauta sur le dos de son adversaire et s'y agrippa vaillamment tandis que le renard tentait de lui donner des coups de crocs, en vain. D'abord, il lui infligea de graves griffures mais, en vue de son cou découvert, Feuille d'Aulne y plongea les crocs et le mordit jusqu'à l'os. Le renard se délogea de son étreinte et partit, la queue entre les pattes. Le guerrier n'essaya même pas de le rattraper tant il était épuisé.

L'assemblée qui s'était construite atour du guerrier le félicita bruyamment.

— Il était vieux, tenta-t-il de se justifier. Mais au moins, il a payé pour la mort de Nuage d'Or !