Chapitre 25

Le ciel noir planait autour d'eux. Même les étoiles semblaient être en deuil. Flocon enfouit son museau entre ses pattes. Il leva les yeux vers la lune qui illuminait l'obscurité. Ils étaient seuls à présent. Le Guérisseur était leur guide, sans lui, ils n'avaient aucun moyen de rentrer. Et de sauver Anémone. Il serra les crocs, impuissant. Pendant qu'ils restaient là à se reposer, la louve grise partait peu à peu rejoindre les Loups-esprits. Une larme lui échappa. Il ne voulait pas que le Mal Noir l'emporte également. Il n'avait pas pu sauver son père, mais il avait encore une chance de sauver Anémone. Une chance infime, certes, mais il avait encore une chance...

- Tu dors ? chuchota une voix à côté de lui.

Le loup blanc jeta un coup d'œil dans la pénombre. Il distingua Mimosa qui s'était levée.

- Je peux pas, souffla-t-il en fermant les yeux.

Malgré la fatigue qu'il ressentait suite aux dernières lunes qui avaient été éprouvantes, il n'arrivait pas à s'endormir. L'angoisse de ne pas rentrer à temps était trop forte.

- Nous ne devons pas trainer, reprit la jeune louve en regardant furtivement le bouquet de fleurs. Elles vont commencer à mourir...

Flocon hocha doucement de la tête. La boule qu'il ressentait quelques temps auparavant s'accentua. Sans un miracle, ils ne pourront pas utiliser le remède à temps.

- On fait quoi alors ?

Le loup blanc secoua négativement la tête. Il était complètement perdu. La fatigue l'empêchait de réfléchir correctement. Ils comptaient tous sur le Guérisseur pour trouver une solution...

- Et puis déjà, est ce que le remède servira à quelque chose sans Topaze ? lâcha Ouragan en les rejoignant.

Flocon lui lança un regard. Son ami se camouflait dans l'obscurité. Seuls ses yeux verts marquaient sa présence. Il s'essaya à côté d'eux et souffla longuement.

- Vous avez terminé ? lança tout à coup Edelweiss en s'approchant du petit groupe qui s'était formé. Nous apporterons le remède, quoiqu'il en coûte.

Le loup blanc pointa son intention vers elle. Elle semblait tout aussi épuisée et pourtant, une lueur nouvelle animait ses yeux.

- Nous ne pouvons pas passer par les glaciers, certes. Mais nous pouvons les contourner...

- En passant par les montagnes, compléta Flocon en comprenant où elle voulait en venir.

- Ce sera plus long, souffla Ouragan en baillant.

- Eh bien nous nous arrêterons le moins possible, affirma Mimosa, le regard déterminé.

Flocon la dévisagea et acquiesça doucement. La seule solution qui leur restait était de contourner les glaciers par les montagnes. Même si ce chemin était plus long, ils n'avaient pas d'autres choix que de l'emprunter.

***

Le Soleil s'élevait doucement dans le ciel. Il n'y avait aucun nuage à l'horizon. Flocon cligna des yeux. Le ciel se teintait peu à peu en bleu. Il faisait beau. Les rayons du Soleil atteignirent le loup blanc. Sa chaleur se répandit immédiatement. En espérant, que cette lune ne nous réserve pas trop de surprise... Flocon rattrapa ses amis qui commençait à le distancer. Ils avaient pris la décision tous les quatre. Après avoir chassé et un peu dormi, ils étaient partis en direction des glaciers. Leur but n'était donc pas de les traverser. Il le leur était impossible. Ils allaient donc les contourner, mais pour ne perdre de temps, ils allaient également marcher la nuit.

Les quatre loups venaient tout juste de sortir de la forêt des ours sans encombre. À leur grand soulagement, les grizzlys ne semblaient plus être présents, probablement en train de dormir. Flocon se remémora l'attaque qu'ils avaient faillit subir. Sur leur route, ils avaient croisé le cadavre de l'un d'entre eux. L'ours que les deux louves avait attaqué. Finalement il y avait bien eu un vainqueur... Le sol avait été retourné et des arbres saccagés, montrant la puissance du combat. Il frémit. Heureusement que nous nous sommes échappés à temps.

Flocon reposa son regard devant à présent qu'ils venaient de traverser la plaine enneigée, les glaciers s'étendaient devant eux. Leurs traces de pas étaient encore visibles sur la neige.

- C'est parti, lâcha Edelweiss en prenant la tête du groupe.

La louve blanche ne s'attarda pas sur l'étendue gelée et bascula sur des montagnes. Flocon leva les yeux. Il n'en voyait pas la fin. La traversée de ces dernières allaient être loin d'être simple.

Le petit groupe commença alors l'ascension. Ils gravirent les pentes de neiges, descendirent les autres versants, slalomèrent entre les rochers et la glace. À plusieurs reprises, ils durent rebrousser chemin, suite l'impraticabilité des montagnes. Le Soleil tapait vivement la neige, le sol devenait de plus en plus instable au fil de la journée. Flocon s'épuisait rapidement. Il manqua plus d'une fois de glisser. Mais il continuait d'avancer, il en coûtait de la vie d'Anémone.

Alors que le Soleil entamait doucement sa descente, le loup blanc jeta un coup d'œil en contre bas. Le paysage ne changeait, il restait le même. Toujours la même vue, celle des glaciers. Il avait l'impression qu'ils n'avançaient pas. Son regard dériva sur ses amis. Depuis un moment, ils ne parlaient plus. Ils étaient tous concentrés sur leur marche, perdus dans leur pensée. Flocon ferma un instant les yeux. La réverbération de la lumière du Soleil sur la neige était éblouissante. Par moment, il avait du mal à distinguer les reliefs devant lui. Il concentra son intention devant lui. Un bruit l'attira tout à coup. Il plissa les yeux. Il aperçut alors une cascade loin devant eux. Sa gorge sèche ressentit tout à coup la soif que la vue de la neige avait suffit à estomper.

Les quatre loups finirent par passer au pieds de la source d'eau. Flocon écarquilla les yeux. Cette dernière était gelée, de grandes lames de glaces s'étendaient sur le roches, liant le sol à la source.

- Il y a forcément de l'eau qui coule, marmonna-t-il en essayant d'apercevoir le liquide derrière la glace.

Ses oreilles ne le trompaient pas. Il entendait bien le grondement de l'eau sur la roche.

- Attends Flocon !

Edelweiss le rejoignit et grimpa sur les blocs de glace au pied de cascade. Le loup blanc la regarda agir. Elle passa sur le côté et attrapa dans sa gueule un morceau de glace qui dépassait. Elle tira de toutes ses forces dessus et un énorme bloc de glace s'écrasait sur le sol, projetant de nombreux petits éclats.

- Pouah ! C'est froid !

Edelweiss cracha la glace qui restait dans sa gueule. Flocon fit quelques pas vers l'orifice qu'elle venait de créer. Il vit alors, à son plus grand soulagement, que de l'eau coulait derrière. Grâce à la glace qu'elle avait enlevé, elle était accessible. Le loup blanc ne perdit pas une seule seconde et se précipita sur la source. Il prit tout de même le temps de renifler l'eau afin de vérifier qu'elle n'était pas contaminée. Puis, il but autant qu'il put jusqu'à ce que ces crocs commençaient à lui geler la gueule.

Ensuite, il laissa la place à ses amis. Il en profita pour remercier Edelweiss.

- J'espère qu'elles survivront, murmura-t-elle en guise de réponse.

Flocon regarda les fleurs que Mimosa venait de déposer au sol. Elles commençaient à se faner doucement. Sa gorge se serra. Ils devaient aller encore plus vite.

- Je vais prendre les fleurs Mimosa, ajouta-t-elle lorsque ses amis eurent finir de boire.

La jeune louve acquiesça doucement.

- Je passe devant alors.

Flocon regarda l'échange entre les deux louves. Ces dernières semblaient s'être rapprochées depuis leur départ, alors qu'elles ne se connaissaient à peine. Alors qu'ils reprenaient la marche, le loup blanc se surprit à penser qu'Edelweiss avait peut être réellement changé, qu'il la considérait comme une alliée à présent, voire comme une amie...

***

A présent le Soleil avait pratiquement disparu dans le ciel. La température avait chuté rapidement. Les quatre loups ne s'étaient cependant pas arrêtés. Flocon émit un bâillement. Épuisé par ses courtes nuits et par les récents événements, il avait un peu plus de mal à suivre ses amis.

- Regardez ! Une lumière !

La voix d'Ouragan le sortit de ses pensées. Flocon bascula son regard vers la vallée. Il vit effectivement une lueur au loin.

- Ça doit être une tanière de Sans-griffes, fit-il en plissant des yeux en tentant d'en apercevoir.

- Justement, reprit le loup noir en s'arrêtant. On peut peut être trouver de quoi manger...

Il lui lança un regard entendu. Flocon comprit de quoi son ami voulait parler. Lorsqu'ils avaient cherché Topaze, ils s'étaient nourris de déchets de Sans-griffes à plusieurs reprises. Il n'en gardait pas forcément un très bon souvenir, mais il savait que ça pouvait les nourrir.

- Ce n'est pas une mauvaise idée...

Flocon se tourna vers les deux louves pour avoir leurs avis. Edelweiss, qui tenait les fleurs dans sa gueule, hocha simplement de la tête.

- Soyez prudents, lança Mimosa en descendant sur le versant.

Le loup blanc lança un bref regard aux glaciers derrière lui avant de suivre ses camarades. Il n'aimait pas particulièrement avoir recours aux Sans-griffes mais il devait s'avouer que c'était tout de même bien pratique.

Le petit groupe entreprit leur descente sinueuse. Ils s'enfoncèrent profondément dans la neige qui s'était accumulée dans la pente. Étant en dernier, Flocon avait moins de mal à avancer, puisque la trace était déjà faite. Il suivit ses amis à travers la pente. Plus ils approchaient plus la lumière devenait plus grande. Le loup blanc leva les yeux vers la bâtisse qui se dressait au loin. Il la distinguait mieux à présent. De grands troncs d'arbres sortaient du toit pour s'élever haut dans le ciel. Une fumée s'en échappait. Flocon plissa le museau, écœuré. Une odeur pestilentielle arriva à lui. Devant lui, Mimosa ralentit le pas.

Le loup blanc observa l'immense tanière des Sans-griffes en essayant d'ignorer l'air puant. Une étrange chaleur se dégageait de la bâtisse.

- Venez voir ! s'écria tout à coup Mimosa en se mettant à courir.

Flocon se dépêcha de rattraper ses camarades. Il traversa les quelques longueurs qui les séparaient. Ces derniers venaient de s'arrêter brusquement. Le loup blanc s'approcha à son tour. Un torrent coulait sous la neige. En cette saison, il était à moitié recouvert et gelé. Flocon renifla l'eau et se figea instantanément. Cette odeur...

L'eau est contaminée...

Le loup remonta le torrent du regard. Un énorme tuyau passait à côté. Ce dernier semblait avoir un trou puisque quelque chose sortait par son côté.

- La source du Mal Noir, comprit-il en voyant un liquide noir se jeter dans le torrent.

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