le Soleil ♦ 1
- Me suis-tu ?
- Je te suis !
Je ne le vois pas. Mais je l'entends, et j'imagine que son "je te suis", voulait dire qu'il m'est. Juste à moi, rien qu'à moi.
- Tu m'es ?
- Quoi ?
- Tu m'aimes ?
Je cours toujours et je sais qu'il entend. Il fait souvent cela, il entend, mais ne dit rien.
- Tu m'entends.
J'ai parlé trop bas pour qu'il entende. Le vent, l'air, le vent dans ses oreilles, l'air que fendent nos corps alors qu'on court. Je sais qu'il ne va pas répondre, et pourtant :
- Je t'entends.
Juste derrière moi. Il court vite. Presque aussi vite que moi, qui vais déjà vite, presque aussi vite que moi...
- Tu vas vite.
- Oui. Cours !
Je cours déjà, mais je ne veux pas rater ce qu'il dit, quand il parle, quand il prend parti pris de courir avec moi.
- Cours plus vite !
Je rigole. C'est moi qui court devant. Je cours déjà vite.
- Toi aussi !
- Moi aussi !
Juste à côté de moi, il l'est presque. Il est à mes côtés, bientôt. Et je ralentis pour voir son visage se dessiner par dessus mon épaule. Ses cheveux fins font des fils de fer dans l'air, blond et beau, comme les cordes en or d'une harpe divine. Comme les cheveux d'Apollon.
- Tu me laisses gagner ?
Je ris encore.
- Si c'est ce que tu veux.
Il essaie de se retourner pendant qu'il court, et il sourit, et il est beau comme un dieu.
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