Chapitre 16 - Provocations
Astrid jeta un coup d'oeil à sa montre et soupira suffisamment bas pour que le micro du téléphone ne l'entende pas.
– Maman, je suis très contente de t'avoir au téléphone, mais il commence à se faire tard...
Mais sa mère continuait de radoter dans le combiné, comme elle le faisait à chaque fois qu'elles s'étaient appelées durant le mois précédent.
– Je n'arrive pas à croire qu'on soit déjà fin septembre ! Murmurait-elle d'une voix grincheuse. Ma petite fille chérie ! Ils prennent bien soin de toi au moins ? Ce n'est pas trop dure toute seule ? Séléna est gentille, n'est-ce pas ?!
– Pour la quinzième fois depuis mon départ, Maman, oui. Tout le monde il est gentil, tout le monde il est beau, tout le monde il est adorable. Mais il faut vraiment que je raccroche parce que là il est une heure du matin et que demain j'ai un match !
– Oui, oui, désolée. De toute façon il va falloir que je parte au boulot, aujourd'hui j'embauche à sept heures trente. Mais j'avais absolument envie de t'avoir au téléphone pour te souhaiter bon courage !
– Merci maman. Tu feras des bisous à papa de ma part, d'accord ?
– Bien sûr ma chérie. Et ramène la coupe !
Les deux raccrochèrent sur cette dernière phrase, celle que sa mère lui disait toujours quand elle partait en tournoi. Astrid sentit un peu de nostalgie lui étreindre le coeur, mais elle ignora le sentiment et alla se coucher.
Elle ne se réveilla qu'à onze heures le lendemain, épuisée qu'elle était d'être restée éveillée aussi tard. Les matchs ne commençant qu'à treize heures trente, elle avait encore un peu le temps de se préparer et de grignoter quelque chose avant de se mettre en route.
Sur la chaise de son bureau se trouvait son uniforme de l'équipe de tennis du lycée Nightingale, qui attendait bien sagement qu'elle se décide à se préparer. C'était celui qu'elle portait habituellement pour aller à l'entraînement, mais c'était autre chose de le mettre pour un tournoi officiel. Au bout de quelques minutes à le fixer comme s'il allait la manger, elle se décida et enfila le polo blanc aux manches bleues, dont le col était orné de deux traits rouges. Sur l'avant était brodé le nom de son lycée. Elle mit également la jupette bleue qui allait avec, et passa comme à son habitude un short noir en dessous.
Sa veste de titulaire sur le dos, le nom du lycée Nightingale écrit en gros à l'arrière, elle se mit en route vers les courts où se déroulaient le tournoi.
Elle n'eut pas vraiment de mal à les trouver : une foule de lycéens se massait aux abords du parc, certains vêtus de tenue de sport, d'autres d'uniforme d'école et d'autres encore habillés comme n'importe quel adolescent de leur âge. Il y avait énormément de joueurs présents. Elle savait que les qualifications se déroulaient dans un club de tennis qui prêtait ses courts pour l'occasion, mais elle ne pensait pas que celui-ci serait aussi grand.
Qu'elle ne fut pas sa surprise quand elle aperçut An au loin. Alors comme ça, eux aussi avaient leurs matchs ici ? Astrid se dirigea vers son amie mais n'eut pas le temps de l'atteindre : Allen, qui l'avait repéré également, s'était jetée sur elle comme un faucon sur sa proie, tandis qu'Isaac tentait de le calmer, sans succès.
– Ari ! Que tu es mignonne dans ton uniforme de titulaire, tu vas faire un malheur !
Une rougeur monta aux joues de la jeune fille, qui se dégagea tant bien que mal de l'étreinte de son aîné. Il sembla déçu un instant mais se reprit bien vite et jeta son dévolu sur sa nouvelle victime : Percy. Ce dernier l'évita lestement pendant quelques secondes mais Allen avait anticipé ses mouvements et parvint tout de même à le prendre dans ses bras sans qu'il ne puisse rien y faire.
– Allen m'a l'air encore plus en forme que d'habitude... grommela l'adolescente en observant le garçon aux cheveux rouges.
– Comme tout le monde, lança Isaac en désignant du doigt le reste de l'équipe qui discutait joyeusement.
– Je vois que tout le monde est là ! S'exclama la coach en voyant Isaac, Allen, Percy et Astrid arriver. Bon, je ne vais pas vous faire un grand discours, vous connaissez les grandes lignes : gagnez, mais surtout amusez-vous !
Elle s'éloigna en compagnie d'Adrian pour aller donner la fiche de match aux organisateurs du tournoi, leur indiquant par là-même qui jouerait et dans quel ordre. Une petite dizaine d'adolescents du club de tennis était là pour venir les soutenir, et tout le groupe se déplaça d'un même mouvement vers le court qui leur avait été assigné pour les matchs.
Percy trottinait aux côtés ad'Astrid, et tout deux regardaient autour d'eux pour tenter de repérer les deux imbéciles qui les avaient amochés un peu plus tôt dans le mois. Ce fut l'adolescente qui les aperçut en premier et s'arrêta net, les désignant du bout d'un doigt tremblant à son partenaire de double.
– Là !
S'il y avait bien quelque chose à quoi Astrid ne s'attendait pas, c'était que Percy se dirige vers les deux garçons, main tendue et sourire froid sur le visage. Figée sur place, elle ne put que l'observer serrer leurs mains et l'entendre leur souhaiter bon courage.
La colère du plus grand était palpable. Probablement ne s'attendait-il pas à ce que le gamin à qui il avait balancé du gravier sur le visage se permettent de venir lui mettre la pression devant tout le monde et avant le début du match.
Astrid se désintéressa de la scène en sentant une présence derrière elle.
– C'est eux ? Murmura une voix douce.
Elle hocha imperceptiblement la tête avant de se retourner et de reconnaître Noah, penché à sa hauteur, un sourire qui n'annonçait rien de bon sur le visage. Bon sang, pourquoi avait-elle hoché la tête ?! Elle venait de confirmer sans le vouloir qu'il s'était passé quelque chose avec ces deux joueurs, et à voir l'expression que Noah arborait désormais, il ne servait à rien de nier maintenant.
Noah s'était douté qu'il y avait quelque chose de pas net dès le moment où il avait vu l'adolescente arriver avec un oeil au beurre noir, et ses suspicions n'avaient été que confirmées quand Percy s'était blessé à son tour.
Même si elle le cachait bien, il pouvait voir qu'Astrid tremblait légèrement, à la fois de colère et de peur. Et s'il y avait bien une chose que Noah n'aimait pas, c'est que l'on touche à ses amis. S'il n'était pas particulièrement proche de la jeune fille, il ne pouvait s'empêcher de sentir comme une responsabilité de prendre soin d'elle et des plus jeunes membres du club.
Alors à son tour, il s'élança lestement à la suite de Percy et alla saluer leurs prochains adversaires, le lycée St Agnès, sans qu'Astrid n'ait pu faire le moindre geste pour l'en empêcher. Elle les observa d'un air un peu inquiet, n'osant pas s'approcher mais n'osant pas non plus s'éloigner, tentant de déchiffrer ce qu'ils se disaient. Une chose était sûre, l'expression de supériorité que les joueurs avaient pris en voyant Percy se diriger vers eux s'était mutée en... autre chose.
De la peur ?
Elle n'eut pas le temps de se poser plus la question car déjà les deux garçons avaient fait demi-tour et se dirigeait vers elle, chacun avec un large sourire sur le visage. Elle considéra Noah d'un air sévère.
– Qu'est-ce que t'as fait ?
– Moi ? Rien. Je suis juste allé leur souhaiter bon courage, répliqua le garçon d'une voix douceureuse.
– Mais, ils avaient l'air...
– D'avoir peur ? L'interrompit Percy en ricanant. Oui, je confirme.
Elle les fixa de nouveau l'un après l'autre, tentant de déchiffrer les sous-entendus. Ce fut à ce moment-là qu'elle se rendit compte qu'autour d'eux, une bonne dizaine de personnes était en train de les fixer, plus ou moins discrètement. L'adolescente tourna sur elle-même surprise, avant de comprendre que ce n'était pas eux que les autres regardaient... mais Noah.
Et si celui-ci s'en rendait compte, son visage impassible n'en laissait rien paraître. Au contraire il s'éloigna comme si de rien n'était, ayant visiblement repéré quelque chose dans la foule de beaucoup plus intéressant. Percy tenta d'en faire de même, mais Astrid ne le laissa pas s'en tirer comme ça.
– Hop hop hop, grogna-t-elle en raffermissant sa prise sur son bras. Des explications.
Le garçon fit mine de ne pas comprendre ce qu'elle disait, et elle serra plus fort.
– Percy... commença-t-elle d'un air menaçant.
Le garçon haussa les épaules, vaincu.
– Noah... c'est pas n'importe qui. Tu n'as jamais entendu parler de lui ?
Elle secoua la tête de gauche à droite.
– Il est connu dans tout l'état apparemment. Son surnom c'est "Le Prodige". Il faut croire que nos adversaires n'avaient pas bien compris à qui ils s'adressaient en nous attaquant.
Astrid frissonna en l'entendant dire ça.
Et se fit la promesse de ne jamais, jamais sous-estimer Noah.
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