57 - Coach

Quelques semaines plus tard


Nao tendit un dossier à sa secrétaire.

– Celui-là tu l'envoies dans la journée, dit-elle, c'est urgent. Celui-ci, tu le donnes à maître Arata. Dis-lui que je veux qu'il y jette un œil, il doit connaître cette affaire sur le bout des doigts, ce procès pourrait nous coûter cher si nous le perdons.

La jeune femme prit les documents.

– Très bien mademoiselle, dit-elle.

Nao poursuivit.

– Demain, j'ai un déjeuner avec le responsable du service juridique de la compagnie Kitoya Corp. Izumi m'escortera. Je veux que tu profites de mon absence pour aller donner un coup de main à ce type du service de Kisaki. Trouvez tout ce que vous pourrez à propos de leur comptable, cet homme qui prétend nous mettre des bâtons dans les roues.

Ramenant les dossiers sous son bras, Miki attrapa son bloc et prit rapidement des notes.

– Ce sera fait, dit-elle.

Nao arpenta son bureau de long en large tout en réfléchissant.

– Est-ce que j'ai oublié quelque chose ? Se demanda-t-elle à voix haute.

– Monsieur Kokonoi attend toujours que vous validiez les plans de vos nouveaux bureaux, lui rappela la secrétaire.

– Ah oui, c'est vrai ! Dis-lui que je passerai le voir demain matin et rappelle-le-moi au cas où j'oublierai.

– Très bien mademoiselle.

Un coup retentit à la porte et Kakucho entra sans attendre de réponse.

– Nao, dit-il, je te dérange ?

Elle vint vers lui, le sourire aux lèvres, et prit sa main.

– Tu ne me déranges jamais, dit-elle.

Miki se dirigea vers la porte et se glissa dans le dos de Kakucho.

– Je vais vous laisser, dit-elle avant de sortir.

Kaku referma derrière elle et il se pencha vers Nao.

– Tu m'as manquée, souffla-t-il en l'embrassant.

– Sûrement pas autant que toi tu m'as manqué, répondit-elle en lui rendant son baiser.

– Tu as passé une bonne journée ?

– Ça va, dit-elle, rien de particulier.

Puis elle retourna vers son bureau sur lequel se trouvaient des piles de documents en attente.

– Tu as l'air très occupée... Lui dit-il en la suivant.

Elle soupira, mais sourit.

– Rien de très urgent. Je dois finaliser le dossier de rachat de terrains immobiliers... Kisaki le veut dans la semaine. Je dois aussi préparer l'entretien avec l'expert juridique de ce clan avec lequel nous allons certainement nous allier... et puis, ah oui ! Traiter la demande qui nous est parvenue par l'entremise de Arata. Je suis contente qu'il soit là, au moins les gens qui veulent entamer des tractations avec le Toman se tournent vers lui.

Comme les autres, elle employait de plus en plus souvent le nom du Toman au lieu de celui du Tenjiku quand il s'agissait de parler de la branche illégale de la compagnie.

Kakucho vint la prendre par la taille.

– Mais ça n'est pas urgent d'après ce que tu dis... Dit-il.

Elle se retourna dans ses bras.

– Non, rien d'urgent, dit-elle, pourquoi ? Tu avais des projets ?

Tout un tas d'idées plus coquines les unes que les autres se mirent à défiler dans sa tête.

Kakucho se redressa et il la regarda.

– Tu as oublié ? Dit-il. Nous en avons parlé ce matin. Ton entraînement.

Nao redescendit de son petit nuage et les images aux accents érotiques s'évanouirent de son esprit.

– Ah... C'est vrai.

C'était elle qui avait proposé ces séances pour mieux faire face à d'éventuels agresseurs. Mais aujourd'hui que sa mauvaise expérience était derrière elle, cela ne lui semblait plus aussi important.

Je n'ai rien à craindre... Kaku est là et quand il n'est pas là, Izumi veille au grain... En plus, je ne mets plus un pied dehors sans être accompagnée, je ne cours vraiment plus aucun risque...

Elle se hissa sur la pointe des pieds et posa un baiser sur ses lèvres.

– Tu sais, dit-elle, ça n'est pas si pressé. Il y a tout un tas de choses plus agréables qu'on peut faire tous les deux.

Elle retourna l'embrasser, mais cette fois, Kakucho ne lui rendit qu'à demi son baiser.

– J'insiste, dit-il.

Il y avait de la fermeté dans sa voix.

– Hm ? Dit-elle.

Il prit sa main et la porta à ses lèvres.

– Je trouve que c'était une très bonne idée cet entraînement. Avec le recul, je me sentirai plus rassuré si je savais que tu étais capable d'échapper à des assaillants. Alors, si tu veux bien, nous allons rentrer nous y mettre comme c'était prévu maintenant que tu es remise.

Il ne plaisantait pas, elle pouvait le voir dans ses yeux.

Finalement elle retomba sur ses talons.

– Très bien, soupira-t-elle. Allons-y. Mais je te préviens, je n'ai jamais fait de sport de ma vie.

De toute façon, se dit-elle, ça ne peut pas me faire de mal.




De retour à l'appartement qu'elle partageait avec les garçons depuis quelques semaines, Nao alla enfiler une tenue de sport.

Je me demande ce qu'il a préparé ? Se demanda-t-elle en se changeant. Sûrement pas un jogging dehors. Même avec lui, ça serait trop dangereux.

Quand elle rejoignit le séjour, elle vit que Kakucho avait sorti du matériel. 

Il y avait là un tapis de gymnastique, plusieurs poids et même une machine à l'aspect menaçant. 

Nao savait qu'il était féru de musculation – elle l'avait déjà vu s'entraîner plusieurs fois depuis qu'elle vivait ici et puis son physique le prouvait – mais elle-même s'était toujours contentée de le regarder.

Elle s'approcha et Kakucho finit de déplier l'appareil à l'allure inquiétante avant de venir vers elle.

– Prête ?

Elle aurait aimé répondre non, mais elle se contenta de hocher la tête.

Si ça peut lui faire plaisir, se dit-elle. En plus, c'est sa passion, je peux bien m'y intéresser...

– Viens, dit-il en la conduisant près de la machine. On va commencer par ça.

De prime abord, elle devait reconnaître que cela ressemblait à un engin de torture.

Nao examina l'appareil. Puis elle demanda avec le plus grand sérieux :

– Ça sert à arracher les bras et les jambes de tes victimes ?

Kakucho pouffa.

– C'est un rameur Nao... Répondit-il.

Elle leva les yeux vers lui.

– C'est bien ce que je dis, affirma-t-elle.

– Viens, dit-il. 

Il lui prit la main et l'aida à s'installer en lui expliquant :

– Tu t'assois là, ensuite tu prends la poignée et tu la ramènes à toi en gardant le dos droit.

Nao prit place sur le rameur avec méfiance. On aurait dit que l'appareil de musculation risquait la mordre.

Kakucho s'accroupit à ses côtés et il posa sa main sur la sienne pour la guider.

– Voilà, dit-il, comme ça c'est très bien.

Nao fit quelques aller-retour. Le mouvement était plutôt facile. Elle était rassurée.

– Et je dois le faire pendant combien de temps ? Demanda-t-elle en exécutant une nouvelle fois un va-et-vient.

– On va commencer par quarante-cinq minutes, dit-il.

Cette fois elle se figea et tourna vers lui un regard abasourdi.

– Qua...quarante-cinq minutes ? Dit-elle. Comme dans trois quart d'heure ?

– C'est ça oui, dit-il. Continue, ne t'arrête pas en plein milieu.

Nao se remit machinalement à ramer.

Il plaisante ? C'est une blague hein ?

Elle le regarda, mais il ne plaisantait pas.

– Et quand tu dis pour commencer... ? Reprit-elle sans arrêter de ramener la poignée vers elle.

– Après cet échauffement, on passera à l'entraînement à proprement parler.

Parce que ça, ce n'est pas l'entraînement ?

Elle commençait à redouter ce qu'il avait prévu pour elle.

J'aurais dû refuser... J'aurais dû lui dire que j'étais fatiguée... Je suis certaine qu'il m'aurait écoutée...

Mais elle n'en était pas si sûre en réalité.

Elle se ressaisit.

Allez, je peux le faire, se dit-elle en ramant. Ça n'est pas si difficile et puis il a raison, c'est important ! Alors courage !




Après ce qui lui parut des heures, Nao leva les yeux vers lui, le visage rouge et ruisselant de sueur.

– Ça fait combien de temps, là ? Demanda-t-elle.

Kakucho était toujours accroupi à côté d'elle et il corrigeait sa position si nécessaire.

Au moins trente minutes, paria-t-elle pour elle-même. Peut-être même quarante...

– Neuf minutes, lui dit-il.

Nao crut que la foudre venait de lui tomber sur la tête.

Neuf minutes ? Répéta-t-elle, choquée, en poursuivant ses va-et-vient. Que neuf minutes ?

C'est une blague ?

Kaku hocha la tête.

– Presque dix maintenant, dit-il en lui montrant le chronomètre qui défilait sur son téléphone.




Durant les minutes qui suivirent, Nao continua à ramer avec des mouvements de plus en plus anarchiques. Elle avait du mal à respirer et son cœur lui semblait vouloir s'arrêter à chaque instant dans sa poitrine tellement il la faisait souffrir.

– Je vais pas tenir Kaku... Bafouillait-elle en boucle. Je vais mourir... C'est obligé... Je vais y passer... Si tu voulais te débarrasser de moi... il y avait des moyens plus propres... Pitié... Achève-moi...

À côté d'elle, Kakucho se retenait de rire.

Elle poursuivit sans remarquer son amusement.

– Kaku... ça y est... je suis dans un tunnel... je vais mourir... je vois la lumière, je te promets...

Cette fois, il dut se détourner une seconde pour cacher son fou rire.

Finalement, il se leva et vint s'asseoir au bout du rameur, juste au-dessus de la poignée, les jambes de part et d'autre de l'appareil. 

Lorsque le mouvement ramena Nao à son niveau, Kakucho prit son menton entre ses doigts et il posa un bref baiser sur ses lèvres.

– Qu'est-ce que tu fais... ? Dit-elle en ramenant la poignée vers elle, oubliant fugacement la douleur de ses bras et de ses épaules et son cœur qui tambourinait contre ses côtes.

– Je te motive, répondit-il.

Au mouvement suivant, il recommença son manège et Nao sourit.

Elle y arriverait peut-être finalement.

Elle se remit à l'exercice avec une ardeur renouvelée, bien décidée à profiter de ce moment en tête-à-tête, même s'il ne ressemblait pas à ce à quoi elle s'était attendue.


NDA : On sent que j'aime le sport dans ce genre de chapitres, non ? (⌒▽⌒)☆

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