50 - Tension

Kakucho lui prit le visage dans la main et, lorsqu'elle le reconnut, Nao se jeta dans ses bras.

– Kaku !

Il la serra contre lui. 

La seconde suivante, il la souleva entre ses bras avec précaution.

– Monsieur... Dit Izumi quand il passa devant lui.

– Pas maintenant, répondit Kakucho.

Il avait la voix dure, presque tranchante, et l'autre baissa la tête.

– Bien, dit-il en faisant un pas en arrière.

Kakucho rejoignit une des voitures qui s'étaient arrêtées le long de la route et il installa Nao sur la banquette arrière après que l'un de ses hommes lui eut ouvert la portière.

Puis il tira les clés de sa moto de sa poche et les lança à celui qui était le plus proche.

– Que quelqu'un ramène ma moto, dit-il, je rentre en voiture.

Il semblait sombre comme un nuage d'orage et personne ne se hasarda à lui répondre.

Kakucho s'assit à son tour à l'arrière de la voiture et il ramena la tête de Nao sur ses genoux alors que la voiture démarrait.




Bercée par le grondement du moteur, Nao ferma les yeux.

Kakucho lui caressait les cheveux, mais il ne disait pas un mot et le trajet se passa en silence.

Ce ne fut qu'arrivés dans le parking de leur immeuble qu'il se pencha vers elle.

– Nao ?

Elle leva les yeux et Kakucho vit son visage. Son front se plissa aussitôt.

Il n'ajouta rien. Il la reprit dans ses bras, sortit de la voiture, son précieux fardeau entre les bras, et partit en direction de l'ascenseur.

Nao enfouit son visage contre son torse et elle goûta la chaleur de sa peau.

Tout son corps lui paraissait n'être qu'une plaie. Elle avait mal à la mâchoire, mal au ventre, mais surtout, elle se sentait coupable.

Si je n'étais pas sortie bêtement, rien de tout cela ne serait arrivé.... C'est de ma faute.

La cabine s'éleva et quand le Ding ! de l'ascenseur retentit, elle comprit qu'ils étaient arrivés à l'étage de l'appartement des garçons.




Izana leur ouvrit la porte et Kakucho se dirigea vers sa chambre sans un mot.

Il la déposa sur son lit, puis gagna la salle de bain et en revint avec de quoi nettoyer ses plaies et la trousse à pharmacie.

Il s'assit près d'elle et glissa les doigts dans ses cheveux.

– Nao... L'appela-t-il.

Elle rouvrit les yeux et il lui montra la trousse.

– J'ai pris de quoi te soigner, lui dit-il. Tu veux bien me montrer où tu as mal ?

Elle hocha la tête et il l'aida à soulever son sweat.

Sur son ventre, juste en dessous de la couture de son soutien-gorge, la trace rouge du coup de pied qu'elle avait reçu s'étendait presque d'un flanc à l'autre. La marque avait commencé à virer au bleu et on pouvait quasiment discerner l'empreinte de la semelle de la chaussure. 

L'homme y avait mis toutes ses forces.

Kakucho pinça les lèvres, mais il ne dit rien.

Il commença à y passer un linge frais sans un mot.

Il nettoya ensuite son visage avant d'aller chercher de la glace pour l'appliquer sur ses blessures.

Durant tout ce temps, Nao resta étendue sur son lit en silence, ramenant ses bras contre elle chaque fois qu'il s'écartait.

Quand Kakucho eut terminé, il referma la trousse et se leva pour la laisser se reposer.

Avant qu'il se soit éloigné, Nao attrapa sa manche.

– Ne me laisse pas...

Elle avait parlé si bas qu'il avait dû tendre l'oreille.

Il se rassit.

– D'accord, dit-il.

Après un instant, il s'étendit à côté d'elle et il la prit doucement dans ses bras.

Réfugiée contre lui, Nao murmura :

– Pardon... C'est de ma faute...

Elle se mit à sangloter.

– Si je t'avais écouté... Dit-elle. Si j'étais restée chez moi comme tu me l'avais dit... ça ne serait pas arrivé...

– Non, la coupa-t-il, le seul qui est en tort, c'est moi. J'aurais dû penser que ça pouvait se produire. Je n'aurais jamais dû te laisser toute seule.

Il enfouit son visage dans ses cheveux.

– Pardon Nao, dit-il. Je te promets que ça n'arrivera plus.




Sur le canapé, dans le salon, Izana raccrocha enfin son téléphone.

Ils avaient eu chaud. Si leur expert juridique était tombé entre les mains d'un gang adverse, ils ne s'en seraient pas sortis avec juste quelques bleus.

Un coup retentit à la porte et il se leva pour aller ouvrir.

– Kisaki, dit-il en le reconnaissant.

Il se détourna et Tetta Kisaki entra derrière lui.

– Comment elle va ? Dit-il.

Izana retourna s'asseoir sur le canapé. La soirée avait été mouvementée et elle était loin d'être finie.

– Kakucho vient de la ramener, dit Izana. Elle est entière, mais elle a été secouée.

La porte de la chambre de Kakucho s'ouvrit et ce dernier apparut.

Il avait reconnu la voix de Kisaki.

Il referma doucement derrière lui.

– Elle dort, leur apprit-il dans un murmure.

– Elle est dans quel état ? Lui demanda Kisaki.

– Ça peut aller, physiquement en tout cas. Mais elle est bouleversée.

– Ce que je veux savoir moi, reprit Kisaki avec une pointe d'agacement, c'est est-ce qu'elle est en état de travailler ?

Le poing de Kakucho partit avant que Kisaki ait compris ce qui se passait.

Il ne l'atteignit jamais. Izana s'était levé, vif comme l'éclair, et il lui avait attrapé le bras.

– Kakucho ça suffit ! Dit-il.

L'ordre de Izana l'arrêta aussitôt.

Kakucho fit un pas en arrière pour ne pas être tenté à nouveau de frapper ce petit salopard de Kisaki et ce dernier reprit contenance après la surprise qu'il avait éprouvée. Il savait que Kakucho pouvait être violent quand on s'en prenait aux siens, mais il ne s'attendait pas à ce qu'il essaie de le frapper devant Izana.

– Retiens ton molosse Izana, dit-il nerveusement, j'ai autre chose à faire qu'à mater des chiens...

Cette fois, ce fut le poing de Izana qui partit et celui-ci atteignit sa cible.

Kisaki vola à travers la pièce sans avoir pu finir sa phrase.

Il heurta le comptoir de la cuisine du dos et glissa jusqu'au sol, le souffle coupé.

– Parle encore une fois d'eux comme ça, le prévint Izana sans élever la voix, et je te tue.

Kisaki le regarda en silence. Izana ne plaisantait pas. Mieux valait se taire.

Izana regagna le centre de la pièce et il se rassit sur le canapé, Kakucho derrière son épaule. Kisaki portait la main à sa bouche et il l'en retira pleine de sang. Izana ne retenait jamais ses coups, il le savait pourtant bien.

Assis sur le canapé, Izana croisa les jambes.

– Nao se reposera le temps qu'il faudra, dit-il, et toi, tu vas apprendre à rester à ta place.

Kisaki hésita, puis il répondit :

– Bien sûr, Izana, dit-il. Je suis désolé, je n'aurais pas dû dire ça.

C'était plus prudent.




Lorsque Nao rouvrit les yeux le lendemain, elle vit que le jour avait commencé à se lever par la fenêtre.

Durant une seconde, elle se demanda où elle était. Puis elle essaya de rouler sur elle-même et une lame douloureuse la traversa de part en part.

Elle se figea aussitôt avec une grimace.

C'est vrai.... Songea-t-elle en se souvenant. Je me suis conduite comme une imbécile...

Elle ferma les yeux, la tête enfoncée dans l'oreille le temps que la douleur s'estompe, avant de réussir à se redresser.

Kakucho n'était pas dans le lit, vit-elle.

Il est déjà levé ?

Elle tourna les yeux et l'aperçut, assis dans le fauteuil voisin, le menton sur la poitrine, endormi.

Il avait passé la nuit là, sans doute pour ne pas risquer de lui faire mal en bougeant.

Nao s'assit au bord du lit. Elle tendit la main et caressa sa joue.

Kakucho... je t'aime.

Puis elle se leva, attrapa une couverture pour la poser sur lui et sortit de la chambre, la poche de glace, désormais fondue, à la main.

Izana était dans la cuisine quand elle entra et une odeur de café chaud lui chatouilla les narines.

– Nao ? Dit-il. Tu es déjà debout ?

– Oui... Souffla-t-elle.

Elle le rejoignit en traînant les pieds et posa la poche pleine d'eau sur le comptoir.

Elle avait l'impression d'avoir plus mal encore que la veille.

Comme si un rouleau compresseur m'était passé dessus...

Izana vint vers elle et prit son menton entre ses doigts. 

Comme Kakucho la veille, il fronça les sourcils en voyant son visage, mais il ne dit rien.

Il se détourna, récupéra la poche de glace et il la déposa dans l'évier.

– Tu veux un café ? Dit-il.

Nao se hissa avec difficulté sur un des tabourets du comptoir.

– Je veux bien, dit-elle.

Tandis que la machine se remettait à crépiter, elle rassembla son courage.

– Désolée, reprit-elle. Pour hier je veux dire. J'ai mis l'organisation en danger. C'était stupide.

Izana lui jeta un regard, avant de ramener les yeux sur la tasse qu'il avait sortie d'un placard.

– Tu n'as pas de reproches à te faire, lui dit-il. C'est à nous de faire en sorte qu'il ne t'arrive rien, c'est le deal.

Il vint poser la tasse devant elle et poursuivit.

– J'ai eu Koko au téléphone ce matin. Nous allons avoir une réunion d'urgence, nous devons parler de ce qui est arrivé. Par ailleurs, j'ai décidé que tu allais habiter ici quelque temps.

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