47 - Izana

Tous les deux se remirent en route, étroitement enlacés malgré les sacs du konbini qui les gênaient.

– Tu m'aimes vraiment ? Lui susurrait Kakucho tous les deux pas en se penchant à son oreille.

– Puisque je te le dis.

Nao jeta un œil autour d'elle pour voir s'il n'y avait personne puis elle attira son visage et posa ses lèvres sur les siennes.

Kakucho ne se fit pas prier pour lui rendre son baiser. 

La seconde suivante, leurs langues se cherchèrent avant de se trouver et d'entamer un ballet qui leur fit battre le cœur.

Lorsqu'ils se séparèrent, ils avaient le visage rouge et le souffle court.




Une minute plus tard, ils arrivèrent au pied de l'immeuble.

En montant dans l'ascenseur, Kakucho lui demanda :

– Pourquoi est-ce que Izana veut apprendre à cuisiner tout à coup ? Tu le sais ?

– Je n'en ai aucune idée, répondit Nao. La semaine dernière, je lui ai dit que je t'avais fait des tempuras et que tu avais adoré. Il m'a regardé avec une drôle de tête et il m'a dit que s'il savait en faire, les siens seraient certainement meilleurs que les miens. Je lui ai dit que je lui montrerais quand il voulait, mais que ça ne changerait rien. Et c'est tout.

Dans la cabine, Kakucho étouffa un rire et Nao leva les yeux vers lui. Elle lui chatouilla la joue du bout du doigt.

– Pourquoi tu ris ? Dit-elle.

– Pour rien.

Tous les deux n'avaient pas changé avec les années.

Dans l'appartement, une autre surprise les attendait. Izana les accueillit dans l'entrée, un tablier passé par-dessus ses vêtements sur lequel il était écrit THE COOK IS A KING.

Cette fois, Kakucho ne put se retenir et il éclata de rire, une main appuyée contre le montant de la porte. À côté de lui, Nao contemplait le chef de gang, abasourdie.

– Où est-ce que tu as trouvé ce tablier ? Lui demanda-t-elle.

Izana avait l'air très content de lui.

– Dans une petite boutique sur le chemin du retour, dit-il. Il est bien hein ?

Kakucho avait des larmes de rire dans les yeux.

– Il est parfait ! Dit-il. Juste ce qu'il te fallait !

– C'est aussi ce que je me suis dit, confirma Izana.

Nao, elle, fronçait les sourcils.

– Pourquoi je n'en ai pas un moi ? Dit-elle. Tu en as pris un pour moi aussi j'espère ?

– Bien sûr que non ! Dit Izana. Je suis le Roi, tu as oublié ?

Nao s'indigna.

– Je suis sûre qu'il y en avait avec marqué THE COOKER IS A QUEEN, mais que tu n'as pas voulu m'en prendre un !

Kakucho les regarda tour à tour, ébahi.

– Je ne sais pas, je n'ai pas regardé ! Répondit Izana. Qu'est-ce que tu crois ?

– Tu es un égoïste ! S'exclama Nao. Tu verras, je vais aller m'en acheter aussi et il m'ira mieux qu'à toi !

– Encore faudrait-il que tu trouves le magasin, lui rétorqua Izana.

Il se dirigea vers la cuisine et décrocha le tablier de Kakucho.

– Tiens, dit-il. En attendant tu peux utiliser le tablier de la servante !




Nao ne décolérait pas. Elle enfila le tablier de Kakucho en jetant des regards noirs du côté de Izana qui feignit de ne pas les voir.

– Allez servante, dit-il, montre-moi comment faire de bons tempuras !

– Tu mériterais que je te laisse te débrouiller ! Lui dit-elle.

– Ça, c'est parce que tu as peur que je les réussisse mieux que toi, répliqua-t-il.

Kakucho préféra abandonner le terrain.

– Je vais prendre mon bain, dit-il. Essayez de ne pas mettre le feu à l'appartement.

Ni Izana, ni Nao ne l'entendirent.

– Tu vas voir, dit-elle, je vais te montrer, mais je suis sûre que tu vas les rater !

– Impossible ! Je suis le Roi ! Je réussis tout ce que j'entreprends !

Kakucho n'écouta pas la suite. Il ferma la porte de la salle de bain avec un soupir.

La soirée promettait d'être mouvementée.




Lorsqu'il ressortit, vêtu d'un jogging et d'un t-shirt et les cheveux encore humides, le silence qui régnait dans la pièce ne lui dit rien qui vaille.

(NDA : Si toi aussi tu as pensé jogging gris, tape dans tes mains...)

Au moins, l'odeur qui flottait évoquait celle d'un repas.

Le spectacle qu'il découvrit dans la cuisine toutefois, fut loin de le faire rire.

Nao, comme Izana, étaient couverts de farine des pieds à la tête et si Nao avait le bon goût d'avoir l'air gêné, Izana agissait, lui, comme si tout était parfaitement normal.

Kakucho inspira et expira plusieurs fois et Izana se retourna en l'entendant.

– Ah Kakucho ! S'exclama-t-il. Tu tombes bien, c'est prêt !

Il brandit une assiette pleine.

Kakucho s'efforçait de garder son calme.

– Est-ce que vous pouvez m'expliquer ce qui s'est passé ? Demanda-t-il.

Nao montra Izana du doigt.

– Sa majesté ne sait pas ouvrir un sac de farine, dit-elle.

– N'importe quoi, répondit ce dernier. Il y avait écrit, ouverture facile, tirez fort !

– Pas tirez fort ! Lui répliqua-t-elle, à bout. Juste tirez !

Izana haussa les épaules et il se détourna comme si tout cela n'avait aucune importance.

– C'est la même chose, dit-il.

Nao se tourna vers Kakucho.

– Je suis désolée, dit-elle. Je vais tout nettoyer, c'est promis...

– Tu vois, dit Izana, il n'y a aucun problème, elle va tout nettoyer.

Il posa son assiette de tempuras de crevettes sur le comptoir et il se dirigea vers la salle de bain pour aller se laver. 

Derrière lui, Nao était à deux doigts de l'étrangler.




Lorsqu'ils furent débarbouillés et la cuisine remise en état, tous les trois s'installèrent dans le séjour pour manger.

– Ceux-là ce sont les miens Kakucho ! Précisa Izana. Tu verras, ce sont les meilleurs !

Nao refusa de rentrer dans son jeu.

– Je vais chercher le riz, dit-elle. Laissez-moi-en un peu.

Elle revint avec un plateau et trois bols et ils se mirent à manger.

– Alors ? Interrogea Izana penché vers Kakucho.

– Très bon, mentit-il.

La moitié des beignets n'étaient pas cuits et la pâte était encore molle à l'intérieur, tandis que l'autre moitié était pratiquement brûlée.

Nao masqua un fou rire alors que Izana se rengorgeait sous le compliment sans s'apercevoir de la tête que faisait Kakucho à chaque bouchée lorsqu'il regardait ailleurs.

Ils passèrent ainsi la soirée à rire et plaisanter ensemble. Izana présenta à Nao le nouveau poisson tropical dont il avait fait l'acquisition et elle s'étonna à nouveau de sa passion pour ces animaux. Ils étaient certes jolis et très colorés, mais elle les trouvait un peu ennuyeux.

Aux alentours de minuit, un coup à la porte leur fit lever la tête.

– On attendait quelqu'un ? Dit Kakucho.

Izana se leva avec un soupir.

– Ah ! Dit-il. Je crois savoir qui c'est !

Nao se rapprocha de Kakucho et elle piocha dans les tempuras restant avec ses baguettes pour les lui donner.

– Ceux-là, dit-elle, ce sont les miens. Dis-moi s'ils sont bons...

Kakucho prit sa main pour porter le beignet à sa bouche.

– Délicieux, dit-il.

Tous les deux échangèrent un baiser et Izana alla ouvrir la porte.

– J'en étais sûr ! S'exclama-t-il en les prenant à témoin. Mon abruti de petit frère ne supporte pas qu'on s'amuse sans lui dans l'appartement à côté ! Pas vrai Manjirō !

Sur le pas de la porte, Mikey semblait gêné. Il ne savait pas que Izana et Kakucho recevaient ce soir.

Izana s'effaça, mais son frère ne bougea pas.

– Je vais revenir plus tard... Commença-t-il.

Izana le prit par le cou sans lui laisser le temps de fuir.

– Allez, entre, dit-il. Ne nous fais pas croire que tu es timide ! On sait tous pourquoi tu es là, tu es jaloux, c'est tout !

– Non, mais...

– Ça suffit, tu sais que tu peux tout me dire ! Le coupa Izana en l'entraînant à l'intérieur. Ça sert à ça la famille !

Sa présence refroidit Nao et elle posa ses baguettes.

Mikey s'assit sur le canapé, à côté de Izana et Nao se leva.

– Je vais aux toilettes... Marmonna-t-elle.

Elle disparut.

Son départ ne passa pas inaperçu.

– Désolé... Murmura Mikey en baissant la tête.

– Pourquoi tu t'excuses ? Lui demanda Izana. Elle va juste aux toilettes, ne te prends pas pour le centre du monde !




Dans la salle de bain, Nao examina son reflet dans le miroir. 

Elle s'obligea à respirer calmement.

Ce garçon ne lui avait rien fait, alors pourquoi le fuyait-elle ainsi ?

Parce qu'il y a quelque chose de mauvais en lui... Quelque chose de dangereux.

Ou alors, dit une petite voix, tu n'arrives simplement pas à regarder en face le fait que tu as contribué à briser sa vie.

Peut-être... oui... Reconnut-elle.

Elle se redressa et se lava les mains.

Mais ça ne changeait rien. Elle ne l'aimait pas. Sa seule présence suffisait à lui gâcher la soirée.

Elle sortit et se dirigea vers son sac qu'elle avait posé dans l'entrée.

– Il est tard, dit-elle, je vais rentrer.

Kakucho se leva aussitôt.

– Je vais te raccompagner, dit-il. Ça ne te dérange pas Izana ?

– Non, bien sûr, allez-y les amoureux ! Ne rentre pas trop tard Kaku !

–Oui, promis !

Nao et Kakucho sortirent et Izana resta seul avec son frère.

– Je suis désolé, répéta Mikey, j'ai ruiné votre fête...

– De quoi tu parles ? Rigola Izana.

Il se leva et ramassa les assiettes et les couverts. Il alla les déposer dans l'évier de la cuisine pour que Kakucho les lave plus tard et, de retour dans le séjour, il s'immobilisa pour regarder Mikey.

– Pfff ! Dit-il en étouffant de rire. Tu fais une de ces têtes !

Il se rassit à côté de lui.

Mikey, lui, ne fit pas le moindre mouvement.

– Elle me déteste... Souffla-t-il. Vous me détestez tous... toi aussi, pas vrai ?

Izana soupira.

– Je ne te déteste pas Manjirō, je ne peux pas te détester. Tu as oublié ce que je t'ai dit autrefois lorsque je suis venu te chercher...? Le jour où je t'ai proposé de nous rejoindre...

Mikey ne répondit pas et Izana ajouta :

– Personne ici ne peut te détester, parce que tu es comme nous.

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