41 - Malentendu

Kakucho descendit les marches qui menaient au dernier étage de la tour quatre à quatre.

Tout cela, au fond, c'était logique. C'était plus ou moins ce qu'il avait à l'esprit quand il se posait des questions. Mais il était rassuré que Mucho lui ait donné confirmation.

C'est un type bien, pourquoi je n'ai pas pensé à aller le voir avant ?

Il n'en avait aucune idée. 

Il se promit d'essayer de se rapprocher de lui. Le Toman ne regorgeait pas de gars aussi honnêtes.

Tandis qu'il attendait l'ascenseur, toute une foule de pensées se pressa dans sa tête.

Est-ce que Nao aura envie de le faire ? Si un de ces jours ça la tente on pourra essayer... On n'est pas pressé de toute façon, mais maintenant, je vois un peu mieux à quoi ça ressemble et comment on fait...

Des images lui vinrent à l'esprit et il se sentit rougir.

Enfin uniquement si elle veut...

Il lui semblait que cela faisait une éternité que tous les deux n'avaient plus flirté un peu sérieusement et cela lui manquait.

Le Ding ! de l'ascenseur retentit et les portes s'ouvrirent.

Kakucho se demandait comment il allait aborder le sujet avec elle, mais il n'avait plus peur.

Je suis sûr que ce sera incroyable !




Dans son bureau, Nao n'écoutait qu'à demi le rapport que lui faisait Miki sur les exigences de leur prochain dossier. Toutes ses pensées étaient tournées vers Kakucho et sa réaction, un peu plus tôt sur le toit.

Oui... Bien sûr... Avait-il dit sans même la regarder en face.

Elle en était sûre maintenant. Il ne l'aimait plus. Sans doute y avait-il une autre femme dans sa vie et cherchait-il le bon moment pour rompre.

Mais je ne veux pas le perdre ! Je l'aime !

Elle porta la main à sa poitrine et serra, oubliant jusqu'à la présence de la secrétaire dans son dos.

La jeune Miki finit par se taire, voyant que sa patronne ne l'écoutait plus.

Les yeux sur la ville, Nao cherchait désespérément un moyen pour conserver l'amour de Kakucho.

Mais rien ne lui vint à l'esprit.

Peut-être que je ne lui plais plus... Oui, ça doit être ça... Je me néglige un peu en ce moment...

Elle passa machinalement la main sur la simple queue de cheval qu'elle se faisait généralement pour travailler.

Je devrais me maquiller de temps en temps... Les filles sont plus jolies quand elles se maquillent... Mais je ne sais pas le faire comme il faut... Je pourrais demander conseil à une vendeuse dans une de ces boutiques de maquillage, elles sont toujours si élégantes, elles sauraient sûrement me dire comment me mettre en valeur...

Pourtant, tout cela lui semblait si éloigné des goûts de Kakucho, qu'elle ne savait plus où elle en était.

– Mademoiselle Kihito ? Dit Miki dans son dos. Vous voulez que je repasse plus tard ?

Nao parut se souvenir de sa présence.

– Oui... Oui, s'il te plaît. Nous verrons cela à un autre moment.

Une fois la jeune femme sortie, Nao revint vers la fenêtre.

Elle était bien consciente, toutefois, que cela ne changerait rien. Si Kakucho venait rompre, rien de ce qu'elle pourrait dire ne pourrait le retenir.

Faites qu'il vienne le plus tard possible... S'il vous plaît...

Comme elle pensait ces mots, deux coups retentirent à la porte et Kakucho parut.

– Salut, dit-il, je peux te parler deux minutes ?

Nao sentit son cœur se figer d'effroi dans sa poitrine.

Non... Pas maintenant ! Pourquoi ?

Elle pinça les lèvres et serra ses mains l'une contre l'autre pour les empêcher de se tordre.

– Oui... Si tu veux.

Elle avait entendu sa voix trembler.

Tandis qu'il venait vers elle, Nao inspira et se força à lui rendre son sourire.

Si c'était fini, elle ne lui ferait pas de scène. Elle saurait se montrer maîtresse d'elle-même. Elle ne voulait pas prendre le risque de les perdre à nouveau, lui et Izana.

Tout mais pas ça... Je ne veux plus jamais être seule...

Kakucho la rejoignit en deux enjambées et il saisit sa main après s'être assuré d'un coup d'œil qu'ils étaient bien seuls.

– Ça te dirait qu'on aille manger dehors, lui dit-il. On pourrait ensuite aller chez toi... Il y a une chose dont j'aimerai qu'on parle.

Il semblait rayonner alors que, en face de lui, Nao avait le sentiment qu'on venait de lui couler du béton dans la poitrine.

Elle ferma les yeux.

– Je... je préfèrerai que tu me dises maintenant ce que tu as à me dire, répondit-elle.

Elle sentait qu'elle n'aurait jamais la force d'attendre.

Les doigts de Kakucho se resserrèrent sur les siens.

– Ah... Si tu veux... Mais c'est que c'est un peu... embarrassant.

– C'est bon, dit-elle, je peux tout entendre.

La façon dont elle l'avait dit, les yeux fermés et ses doigts pressant nerveusement les siens, attira l'attention de Kakucho.

Il lâcha une de ses mains pour prendre son menton.

– Nao ? Ça va ? Dit-il. Tu as l'air bizarre...

Elle ne put tenir plus longtemps. Ses lèvres se mirent à trembler et elle agrippa la main de Kakucho comme si cela pouvait l'empêcher de partir.

– Je ne te retiendrai pas, dit-elle, je te le promets. Juste... S'il te plait... dis-moi juste avant de partir... ce que j'ai fait de mal... Ensuite, tu pourras t'en aller... je te le promets...

Elle avait du mal à parler, les sanglots lui serraient la gorge.

Kakucho la regarda sans comprendre.

– De quoi tu parles ?

Nao rouvrit les yeux.

– Tu es venu pour rompre, non ? Renifla-t-elle.

– Non, dit-il, d'où est-ce que tu sors cette idée ?




Dix minutes plus tard, Nao lui avait expliqué et Kakucho riait sans retenue.

– Tu as cru que je voulais te quitter parce que je me montrais distant depuis quelque temps ? Répéta-t-il.

Elle hocha la tête en s'essuyant les yeux avec un mouchoir, mortifiée.

Kakucho finit par revenir vers elle et il la prit dans ses bras. Il se pencha jusqu'à ce que ses lèvres effleurent son oreille.

Je ne te quitterai jamais Nao, souffla-t-il. La seule qui peut défaire notre couple, c'est toi.

Nao sentit un frisson lui dévaler l'échine.

Elle passa ses bras autour de son cou et elle le serra contre elle.

Alors je ne le déferai jamais, répondit-elle.

Elle avait le cœur qui battait la chamade dans sa poitrine.

Au bout d'un moment, Kakucho reprit.

– Mais je comprends pourquoi tu as pensé ça... Je suis désolé, c'est de ma faute. C'est vrai que j'ai été un peu distant. En fait, j'avais peur... qu'on fasse une bêtise tous les deux.... et qu'on gâche tout entre nous.

Il avait toujours son visage enfoui contre son cou. Nao s'écarta pour prendre ses joues entre ses mains.

– Qu'on fasse une bêtise ? Dit-elle.

– Tu sais... Comme l'été dernier...

Nao comprit à quoi il faisait allusion. Elle reprit.

– Tu te disais que si... on couchait ensemble, ça risquait de tout gâcher entre nous ?

– J'avais peur que ça se passe mal... Qu'on regrette, que tu regrettes.

Elle ne put s'empêcher de rire à cette idée.

– C'est impossible, lui dit-elle en secouant la tête. Jamais je ne pourrais regretter le moindre instant passé avec toi.

Ça lui semblait une évidence.

En réalité, elle se sentait tellement heureuse en ce moment, qu'elle était persuadée que si Kakucho la lâchait, elle se mettrait à flotter au-dessus du sol.

– Jamais, répéta-t-elle en attirant ses lèvres contre les siennes.

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