27 - Complicité

NDA : Cette histoire suit la timeline de Manilla Mikey, celle où le Toman finit entre les mains de Izana.


La semaine suivante, Emma Sano perdit la vie. 

En l'absence de son boss, le gang de son frère se délita et le Toman passa sous le contrôle du Tenjiku sans opposer la moindre résistance.

Au sommet du building qui était devenu leur lieu de rendez-vous, Izana célébrait sa victoire.

– Et ça n'est que le début, dit-il, fébrile. Bientôt, le Japon tout entier nous mangera dans la main !

Derrière lui, les membres de son gang, mais aussi Tetta Kisaki et Hanma qui faisaient désormais partie des leurs, le regardaient en silence.

Nao s'était jointe à eux cette fois.

Elle ne redoutait plus de se trouver en présence de Izana depuis qu'elle avait mis au clair ses sentiments et cette victoire était un peu la sienne.

Izana se tourna vers elle.

– Tu as fait du bon travail Nao chan ! Lui dit-il. Je suis content que tu aies décidé de rejoindre le Tenjiku et de me servir !

Le terme de servir la fit grincer des dents, mais elle n'en montra rien. Il n'était pas encore temps.

Izana demanda à Kisaki :

– La suite du plan est déjà en marche ?

Kisaki remonta ses lunettes sur son nez.

– Oui, Izana, dit-il. Il ne me reste que quelques détails à régler et le reste devrait se dérouler sans accroc. Kihito me donnera un coup de main.

– Bien ! Dit Izana.

Il revint à la contemplation de la vue nocturne de Yokohama. La ville semblait se prosterner à ses pieds comme un tapis de lumière et il écarta les bras pour l'embrasser.

– Mon rêve est enfin à portée de main, dit-il. Et Manjirō aussi !




Nao reprit les escaliers, Kakucho sur les talons et Kisaki à quelques pas devant elle.

Ce dernier lui jeta un œil par-dessus son épaule.

– Il faudra que tu me donnes les renseignements concernant les supposés commanditaires du meurtre, lui dit-il. Je vais en avoir besoin pour la suite.

– Pas de problème, lui assura-t-elle. Les documents sont prêts. Je peux te les faire parvenir demain dans la matinée si tu veux.

Kisaki parut étonné. Il ne s'attendait pas à une réponse aussi rapide.

– D'accord, c'est parfait, dit-il.

Quand Hanma et lui disparurent au pied des escaliers, Kakucho remonta jusqu'au niveau de Nao.

– Fais attention avec ce type, lui souffla-t-il. Je le sens pas.

– Moi non plus, ne t'en fais pas, lui répondit-elle.

Kisaki était un garçon redoutable et retors, il était hors de question pour elle de le quitter des yeux. Associé ou non.

Après que Emma Sano ait rendu son dernier soupir, un des subalternes du Tenjiku était allé se rendre à la police. Il encourait dix ans de prison, mais c'était un sacrifice pour lequel le clan le rétribuerait largement quand il sortirait.

(NDA : C'est généralement comme ça que fonctionnent les clans yakuzas. Un gradé commet ou commandite un meurtre et un autre homme, le plus souvent un membre de bas étage, va se rendre et avoue le crime à sa place. Lorsqu'il sort ensuite de prison, il obtient une place privilégiée dans le gang. C'est moins le cas aujourd'hui. Depuis la loi anti-gang, la police japonaise ne se contente plus d'aveux et cherche à faire condamner les chefs.)

Restaient les commanditaires. Ces hommes, ceux qui seraient accusés d'avoir envoyé l'assassin, étaient deux gros bonnets de l'immobilier. Officiellement, le Toman leur aurait emprunté d'importantes sommes d'argent que Manjirō Sano ne leur aurait pas remboursées. En guise de représailles, ils s'en seraient pris à sa petite sœur. 

Évidemment, tout cela était une invention.

C'était Nao elle-même qui avait préparé le dossier. Un de ses anciens clients avait eu des problèmes avec les deux malfrats. En les faisant tomber, elle faisait d'une pierre deux coups.

Mais ça n'était pas tout. Comme les deux escrocs n'avaient en réalité jamais entendu parler d'elle, elle en avait profité pour faire aussi d'eux ses intermédiaires dans cette affaire par l'entremise de leur propre juriste.

En somme, si Kisaki cherchait des preuves afin de pouvoir faire pression sur elle, il tomberait sur ces hommes dont la parole ne vaudrait rien aux yeux de la police.

Comme elle se l'était promis, Nao avait assuré ses arrières. Si Kisaki espérait pouvoir la manipuler, il allait avoir une surprise.

– Izana était content de te revoir, lui dit Kakucho, la tirant de ses pensées.

Nao leva les yeux vers lui.

– Ah oui ?

La mention de son ancien béguin ne fit pas naître la moindre rougeur sur ses joues. Ce constat la tranquillisa.

Je ne ressens plus rien pour lui.

Puis elle se corrigea.

Non, pas tout à fait, maintenant j'aimerais qu'il cesse de me qualifier de « servante ».

Elle se souvint de l'agacement qu'elle avait ressenti plus tôt quand il avait parlé d'elle quasiment comme une domestique et elle fronça les sourcils.

Elle devait trouver un moyen d'y remédier, mais ça risquait de ne pas être facile. Izana n'était pas Kisaki et il était plus compliqué de trouver un moyen de faire céder un homme comme lui.

Je verrai ça plus tard, un problème à la fois...

De toute façon, elle avait assez de travail avec Kisaki pour le moment.

Son absence de réaction n'échappa pas à Kakucho.

Jusqu'à présent, quand on lui parlait de Izana, Nao rougissait, détournait les yeux et, dernièrement, elle changeait de sujet.

Ce revirement soudain était inattendu.

Il était en train de se demander s'il pouvait l'interroger, lorsqu'elle le prit de court.

– Au fait, dit-elle, il y a un truc que je ne comprends pas dans votre gang...

– Oui... quoi ?

Nao s'arrêta devant les cabines d'ascenseur et appuya sur le bouton. Kisaki et Hanma avaient pris le précédent et il n'y avait plus que Kakucho et elle dans le couloir.

– Pourquoi les deux frères ont un uniforme différent du vôtre ? Dit-elle. Le leur est noir alors que tous les vôtres sont rouges.

Les membres du Tenjiku portaient tous un uniforme rouge aux armes du gang, celui que Kakucho portait en ce moment. Mais ceux de Ran et Rindō Haitani étaient noirs et ils avaient une tête de mort au col. 

Nao se demandait si cela avait une signification particulière.

Ils ont peut-être un rôle à part... Si ça se trouve, Izana leur a confié une mission particulière au sein du gang...

À côté d'elle, Kakucho détourna la tête et marmonna.

– C'est de ma faute...

Nao le regarda sans comprendre.

La cabine arriva et ils montèrent.

– Comment ça ? Dit-elle.

Il toussota, mal à l'aise, et reprit.

– Juste avant la première réunion officielle du gang, celle où on a fondé le Tenjiku tel qu'il est aujourd'hui, ils m'ont dit qu'ils ne viendraient que s'ils avaient un uniforme différent. Je leur ai dit de faire comme ils voulaient... je n'imaginais pas que... bref voilà le résultat. Izana était furieux. Il m'a collé son poing dans la tronche et il m'a dit que je n'aurais pas dû les laisser faire, que maintenant ils se croient mis en valeur... Mais il est trop tard pour leur faire lâcher leurs uniformes noirs.

Il baissa les yeux vers Nao, mais elle ne put répondre, elle était trop occupée à s'étouffer de rire.

Quand l'ascenseur arriva au rez-de-chaussée, elle rigolait encore, les larmes aux yeux.

Tous les deux traversèrent le hall du Minatomirai Center Building, Kakucho en tête, impressionnant dans son uniforme de gang, et Nao, hilare, dans son sillage.

– Ah mais tout le monde sait que tu es un gentil en fait ? Dit-elle en hoquetant.

Il préféra ne pas répondre.

– Au moins ça te fait rire... Souffla-t-il sans parvenir à s'empêcher de sourire à son tour.




NDA : L'anecdote concernant les uniformes des frères Haitani est tirée des characters books des personnages.

je ne suis même pas surprise avec eux !

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