2 - Réconciliation

Ce soir-là, Nao resta éveillée longtemps dans son lit. La lumière de la lune baignait sa petite chambre, à l'orphelinat, et elle avait les yeux rivés au plafond. Mais elle ne le regardait pas.

Quelque chose de lourd, comme un nœud, s'était formé dans sa poitrine.

C'est toi qui devrait avoir cette cicatrice... comme ça tout le monde verrait comme tu es laide à l'intérieur !

Espèce de monstre ! Tu me fais peur... ! Tu es trop laid !

Elle se tourna sur le côté, un bras replié derrière la tête, sans réussir à faire taire ce malaise qui lui serrait la gorge.

Elle savait ce que lui dirait sa mère si elle était là.

Ce garçon n'avait rien fait de mal Nao chan...

La fillette pouvait presque sentir sa main qui lui caressait la tête et elle se réfugia sous ses couvertures pour ne pas pleurer.

– Maman...

Elle savait que la voix de sa mère avait raison. Celle qui s'était montrée odieuse, c'était elle.

Il a perdu ses parents comme toi...

Évidemment qu'il est orphelin, sinon il ne serait pas ici.

La pensée que le garçon aux yeux couleur de pierre précieuse était dans le même cas lui aussi, lui serra un peu plus le cœur et Nao se roula en boule sur elle-même.

J'ai été horrible... Ils sont comme moi, et moi j'ai été horrible avec eux.

Une nouvelle résolution se forma dans son esprit et lorsque ce fut fait, elle put enfin trouver le sommeil.





Le lendemain, la fillette quitta sa chambre et elle descendit les escaliers qui menaient aux espaces communs, pleine d'une nouvelle détermination.

L'orphelinat de Kofu, un petit bâtiment de deux étages, était situé au sud de Yokohama, dans le quartier calme de Honmoku. Il se trouvait à quelques rues seulement du jardin traditionnel Sankei-en, un vaste espace vert parsemé de bâtiments historiques qui attiraient les touristes aussi bien japonais qu'étrangers.

Vu de l'extérieur, la bâtisse ressemblait à une école primaire. Il fallait s'approcher et lire le panneau à l'entrée pour comprendre où l'on était.

(NDA : Vous l'avez compris, j'ai utilisé des lieux existants réellement pour cette histoire)

Les cris des enfants toutefois, y résonnaient aussi bien que partout ailleurs. À cet âge, les épreuves semblaient se surmonter plus aisément, même si en réalité elles laissaient des empreintes bien plus profondes.

Nao inspira plusieurs fois puis elle se mit quelques claques sur les joues pour se donner du courage. Pour la première fois depuis des jours, elle avait laissé son ours en peluche dans sa chambre. Le jouet était le dernier cadeau de sa mère. Elle ne l'oublierait jamais, mais elle était déterminée désormais à aller de l'avant.

Sinon maman et papa seront déçus...

Lorsqu'elle entra dans le réfectoire, tous les regards se tournèrent vers elle. Il faut dire que ces derniers jours, Nao avait fait bande à part, fuyant le moindre contact avec les autres et ne mangeant que quand il n'y avait plus personne.

Elle trouva Kakucho des yeux et le rejoignit en s'efforçant d'ignorer les messes basses sur son passage.

Elle n'était plus un bébé se répéta-t-elle, elle n'allait pas pleurer parce que des enfants parlaient derrière son dos.

Arrivée à son niveau, elle inspira de nouveau et dit d'une traite :

– Kakucho kun est-ce que tu aurais un moment ? Je voudrais te parler s'il te plaît...

Kakucho la regarda, surpris, et, en face de lui, Izana, le garçon aux yeux magnifiques, la contemplait avec une expression mitigée. Il semblait se demander s'il devait intervenir. Mais avant qu'il ait dit un mot, Kakucho s'était levé.

Il était grand remarqua Nao, stupéfaite, beaucoup plus grand qu'elle, et cette cicatrice lui donnait un air impressionnant.

Pourtant quand il se mit à rougir d'embarras, ses craintes s'envolèrent. 

Son ami avait raison, Kakucho Hitto était un gentil garçon. C'était elle qui avait été monstrueuse.

– Oui bien sûr ! Lui dit-il. Allons ailleurs !

Il semblait aussi gêné qu'elle de voir tous les regards tournés vers eux et cela acheva de la rassurer.

Une fois dehors, ils contournèrent le bâtiment pour trouver un endroit à l'écart. 

Là, Nao prit son courage à deux mains et s'inclina.

– Je suis désolée ! Dit-elle. Je t'ai dit des choses horribles et je regrette beaucoup !

– Ne dis pas ça, la coupa-t-il en essayant de la relever, plus rouge que jamais. C'est moi qui aurais dû faire attention à ne pas te faire peur !

Nao se redressa à demi.

Un gentil garçon. Vraiment.

Comment j'ai pu lui dire de telles horreurs ?

Pendant une seconde, elle examina son visage ravagé par la cicatrice. Il avait un regard doux et un peu ingénu, et surtout un beau sourire sans artifice.

Lui aussi est beau, pas de la même façon que son ami, mais sa gentillesse se voit sur son visage et ça, aucun accident ne pourra jamais l'effacer.

Nao pensait confusément à tout ces choses tandis qu'elle examinait Kakucho. Puis elle s'aperçut qu'elle le dévisageait depuis plusieurs secondes et tous les deux détournèrent la tête de concert.

– Désolée...

– Non, c'est moi... Lui assura-t-il.

Finalement la fillette reprit.

– Tu sais, tu es beau en fait.

Elle lui sourit et il rougit de plus belle avant de regarder ailleurs en se grattant le crâne pour masquer son trouble.

– Alors... Dit-il. Tu veux bien qu'on soit amis ?

– Oui, je serai contente d'être ton amie.





La vie de Nao ne changea pas du jour au lendemain. Il est des douleurs qui ne s'estompent jamais. Simplement, on apprend peu à peu à vivre avec. Toutefois, le fait de savoir qu'elle avait un ami dans ces murs lui réchauffa le cœur.

– Et avec Izana, lui apprit un jour Kakucho, on va fonder un royaume pour tous les orphelins ! Comme ça personne ne sera plus jamais seul !

Assise sur une marche de l'escalier, juste en dessous de lui, Nao écarquilla les yeux.

Elle n'était pas vraiment étonnée. Izana, avec son charisme d'aîné – il avait presque quatre ans de plus qu'eux –, lui paraissait extraordinaire en tout point. Chaque fois qu'il était à proximité, elle ne pouvait pas s'empêcher d'être intimidé par l'aura qu'il dégageait, même si leur première rencontre n'y était pas étrangère.

– Lui il sera le Roi, continua Kakucho, et moi je serai son serviteur !

Nao pouffa de rire en entendant ces mots et il la regarda, surpris.

– Pourquoi tu rigoles ? On est très sérieux !

Nao se recomposa un visage grave.

– Je sais que vous l'êtes, dit-elle.

Elle hésita et ajouta :

– Dis Kakucho, je pourrais venir moi aussi dans votre royaume ?

– Bien sûr ! C'est pour tous les orphelins je te dis !

– Tant mieux, comme ça, je ne serai plus jamais seule, même si je n'ai plus de papa ni de maman !

Elle sourit de toutes ses dents pour ignorer les larmes qui lui dévalèrent les joues.



NDA : Alors oui, je sais ce que vous allez me dire, Hitto n'est pas le nom de famille de Kakucho. En fait son nom de famille on ne le connaît pas, à l'heure actuelle Ken Wakui ne l'a jamais donné. Hitto, c'est juste son surnom, comme le bagarreur. Mais bon, il lui fallait un nom de famille, alors je suis restée sur Hitto. 

m(_ _)m

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