8

Victoire,

-" Tu ne manges pas tes frites ?"

Le regard de Max vers mon assiette est similaire à celui d'un gosse devant le sapin le matin de noël.

-" Vas y, prend les."

Je pousse mon assiette dans sa direction et me dirige tout droit dans la salle de bain de mon nouveau chez moi. La tête penchée sur le lavabo j'ouvre le robinet pour m'humidifier le visage. Peut-être que ça m'aidera à me calmer. Le reflet de cette fille dans le miroir me dégoûte. Il me renvoie l'image d'une sale gosse égoïste qui a gâché la vie d'un innocent, tout ça car elle n'a pas daigner porter plainte presque cinq ans plus tôt...

Ma main ouvre instinctivement le placard à pharmacie pour y trouver la petite boîte de pilules magiques que m'avait donné le psychologue après mon agression.

-" Mais qu'est ce que tu fous ?!"

Max entre en trombe, m'arrache la boîte des mains et me fait recracher très exactement les 17 gélules que j'ai dans la bouche.

-" Merde, Vic ! Merde, merde merde ! C'est ton problème en ce moment ?!"

A son regard je comprends à quel point il est paniqué et la pression retombe d'un coup. Je me laisse glissée le long du lavabo et m'effondre en larme sur le sol. Max me prend dans ses bras, et me berce.

-" C'est Louis ?" murmure t-il à mon oreille.

Je lui fais non de la tête et il souffle, l'air rassuré. Mon dieu si il savait... Il ne voudrait plus de moi comme meilleure amie.

-" Parle moi Vic, tu sais très bien qu'on peut tout se dire !"

Son air démunie et inquiet face à cette situation, ne fait qu'accroître ma détresse et ce sentiment de culpabilité. L'amitié qui nous lie ne fait qu'augmenter cette envie que j'ai de tout lui raconter sans réfléchir. Une seconde de plus, et je pourrais tout lui déballer. D'une traite. Mais non, je reprends conscience et me rappelle la peine qui m'attend si je dévoile ne serais-ce qu'un soupçon de mon dossier. Ce secret est bien trop lourd à garder, et j'ai une confiance aveugle en la discrétion de Max... Je pourrais peut-être lui détourner la situation juste soulager ma conscience...

-" C'est juste que... Mon dossier de droit commence à prendre un peu d'ampleur sur ma vie sociale. L'homme que j'épaule Max, est comme toi et moi, il ne mérite rien de tout ça, tout ce qu'il vit, cette souffrance, cette...routine affreuse. Les gens là-bas sont impitoyable entre eux, ils ne laissent rien glisser, aucune parole de déplacée, et lui, il est au milieu de tout ça. Il mériterait tellement une pause, ne serait ce qu'une journée en stand by..."

-" Hé bien demande une autorisation de sortie journalière, me répond t-il comme une évidence en haussant les épaules. Ma foi, des tonnes de ces gars se baladent tous les jours en ville ! Ils ont juste un périmètre de restriction."

Suis-je bête, pourquoi je n'y ai pas pensé avant ?! Je me tape le front, avant de prendre Max dans mes bras, le surprenant au passage et le faisant éclater de rire.

-" Doucement Vic ! "

-" Tu es simplement GÉNIAL Max ! Merci, merci ! Je suis tellement préoccupée que j'en ai oublié les premières bases de mes cours. Je vais faire profiter à No...mon client, de ma position, et lui octroyer une journée de liberté !"

****

Je marche sur le trottoir en direction de la prison. J'ai revu mon discours hier soir toute la soirée, même cette nuit étant prise d'insomnie et à l'excitation du sujet. De Balzac va t-il approuver ma démarche, et Vigor va t-il accepté ma demande ? Comment va réagir Noam, à l'annonce d'une journée de liberté à mes côtés en dehors de ses quatre murs lugubres ... ?

-" Mlle Delagloire, que me vaut votre visite ?" me demande Vigor en entrant dans son bureau a toute vitesse.

-" Bonjour... j'ai une demande à vous faire."

-" Je vous écoute "

-" Dans le but de l'avancement du dossier avec Mr Harrys, j'aurais besoin que vous m'autorisiez une journée de sortie libre avec lui...en dehors du centre." je précise.

Il me regarde en haussant un sourcil, il ne devait pas s'attendre à ça.

-" Oui, je... j'aimerais pouvoir créer un dialogue avec Mr Harrys. Nous sommes à un stade, ou il ne m'accorde pas encore sa confiance, et j'ai besoin de ça pour l'aider..."

-" Hmmm je vois, ce n'est pas dans mes habitudes d'accorder une autorisation de sortie juste sur ce motif. Mais je pense que cette idée n'est pas si mauvaise. Je vais faire préparer une permission de sortie d'un jour pour Mr Harrys avec, pour objet, une préparation à la réinsertion sociale dans un premier temps. Cela vous convient-il Mademoiselle Delagloire ?"

J'ai une folle envie de lui sauter dans les bras, mais me retiens bien sûr. Je garde un ton neutre et lui répond :

-" Très bien Mr Vigor, je vais en faire part à mon client. Savez vous dans combien de temps cette application pourra être effective ?"

-" Disons qu'il faut compter environ deux ou trois jours, je vais donc établir cette autorisation pour la journée du Lundi 9 Novembre de 9h à 19h."

Je lui fait un signe de la tête pour lui montrer mon approbation et lui demande, si il est possible d'aller lui rendre visite pour lui faire part de cette décision.

***

Je me dirige maintenant vers la salle, que j'ai demandé à Vigor, qui me servira à chaque fois que j'aurais besoin de voir Noam. Je ne veux plus avoir à traverser toutes ces cellules, et je ne veux plus avoir à entendre toutes les obscénités et méchancetés dont j'ai eu affaire la fois précédente.

Je suis dans une pièce exiguë , dépourvue de couleurs, simplement quatre murs blancs avec pour seule décoration une table placée au milieu de la pièce avec une chaise de chaque côté. On va me dire que je fais toujours allusion aux séries et aux films mais là, je me crois vraiment dans les Experts où le type vous interroge jusqu'à que vous crachiez le morceau.... Enfin , c'est toujours mieux que sa cellule.

Je m'assoie sur cette fameuse chaise et attend impatiemment son arrivée Je commence à stresser, j'ai les mains moites , je commence à me poser des questions. Comment va t'il réagir à cette nouvelle ? Ai-je bien fait ? Il ne me supporte pas et ne peut pas me voir en peinture alors comment va t'il me supporter une journée entière ? Et si...

Je suis interrompue dans mes pensées par la porte qui s'ouvre subitement. Noam entre, menottes aux poignets suivit du gardien de prison. Celui-ci le pousse violemment pour le faire avancer, ce qui ne fait qu'accroître la rage que je lui accordais déjà. Je m'interpose entre eux.

-" Je vous demanderai de traiter mon client avec respect."

Je suis ferme  mais mon ton ne lui fais pas peur, il sourit.

-" Écoutez moi ma p'tite demoiselle, je fais mon job ok, et ici si vous n'êtes pas ferme, c'est eux qui vous bouffent !" me dit-il en me montrant d'un signe de tête Noam juste derrière moi.

-" Laissez nous seuls, je vous prie."

Il n'en rajoute pas, et sort, prenant sa garde devant la porte. Je me retourne vers Noam, et son regard ne me dit rien de bon...

-" Tu peux pas arrêter ton cirque un peu ! Tout le monde commence à me prendre pour une tapette maintenant ! Mêle toi de tes affaires, je n'ai jamais eux besoin de personne pour me défendre, et j'ai encore moins besoin de toi aujourd'hui !" 

Il est hargneux et ne peux pas bouger avec ses menottes qui le tiennent en place, cela me fait mal au cœur... La porte s'ouvre, laissant réapparaître le pénitentiaire:

-" Qu'est-ce qui ce passe ici, je vous entends du couloir !"

-" Rien, je dis. Libérez Mr Harrys de ses menottes avant de quitter la pièce s'il vous plait."

D'un geste las, il s'exécute et nous laisse une nouvelle fois seuls. Noam se frotte les poignets pour soulager l'irritation provoquer par ces liens en acier, et s'installe sur la chaise face à moi, sans me prêter la moindre attention. Je bouillonne.

-" Tu n'as peut-être pas besoin de moi, mais en attendant, c'est MOI, qu'ils t'ont attribué pour te faire sortir de ce trou ! Alors contente toi de ça ! Ne crois pas que je baisse les bras si facilement.Je me dirige vers la porte et utilise ma ruse pour le faire réagir. En parlant de ça, prépare toi, Lundi est un grand jour, tu as quartier libre..."

Cette phrase le fait se redresser immédiatement sur sa chaise, me laissant enfin paraître son visage illuminé.

-" Quoi ?"

Au moment où je m'apprête à sortir, je le sens me rattraper par le poignet, avec une douceur que je ne l'imaginais pas.

-" Attends... Qu'est-ce que tu as dit ?"

Ses prunelles sont soudainement pleine d'espoir et d'envie.

-" Oui tu... je balbutie déconcentrée. Oui. J'ai demandé une autorisation pour t'octroyer une journée de sortie libre. Ah mais j'oublie... dis-je en ouvrant la porte, tu seras obligé de passer cette journée, avec moi. A plus tard, Noam."

Sur ses derniers mots, il fronce les sourcils, et je profite de cet instant pour partir, et le laisser là, plein de questions.

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