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Victoire,

Alors que je faiblis avant même d'avoir tourner le dos, je pars me réfugier dans ma chambre ou j'éclate en sanglots.

Hier soir, j'ai laissé mes sentiments, mon instinct et mes envies diaboliquement excitantes prendre le dessus, quitte à en souffrir ce matin. J'avais envie que ce soit lui, Noam, qui me prenne ma virginité, la vraie, car je me sens en confiance en sa présence, comme jamais je ne l'ai été avec personne. Je savais que le retour à la réalité serait dur dés le reveil mais j'avais envie d'en prendre le risque, pire même, j'en ressentais le besoin, j'avais envie de lui, et je me suis abandonnée à cet homme sans réfléchir.

Il a été d'une délicatesse hors norme, ce qui n'a fait que me faire chavirer un peu plus. Mon cœur a failli exploser des milliards de fois durant cette nuit.

Et même si j'étais persuadée que pour Noam il ne s'agissait que d'un coup d'un soir, une petite partie de plaisir après cinq ans d'abstinence, j'ai pris tout ce qu'il avait à m'offrir.

Oui je sais, je suis un cas désespéré.

Ce matin, en me réveillant, la "vraie vie" a agi comme un coup de poignard. J'ai voulu prendre les devants et fuir de ce lit où nous étions lovés, alors que ses longs bras m'enroulaient la taille affectueusement. Mais alors que je feignais de préparer le petit dej, ravalant mes larmes et ma fierté, attendant le moment fatidique où il me dirait qu'on a déconné, ou pire, ou il m'ignorerait, Noam est apparu dans l'encadrement de la porte, vêtu simplement d'un drap, plus rayonnant que jamais, esquivant son joli sourire en coin.

Je n'aurais jamais imaginé qu'un mec comme lui, aussi foutrement sexy, puissamment charmant et d'une gentillesse si extraordinaire aurait pu s'intéresser à une fille lambda comme moi et j'ai pris peur. J'ai flippé, et c'est moi qui ai fuis.

Noam vient de claquer la porte sauvagement pour partir je ne sais ou, j'ouvre alors ma porte doucement et cherche mon téléphone portable. Il ne faut pas que je reste ici aujourd'hui, où les confrontation va être rude...

-" Victoire... Comment vas-tu ?" me demande mon interlocuteur.

-" Jean, bonjour. J'aimerais que l'on se voit concernant..."

-" J'ai bien réfléchi Victoire, me coupe t-il, et je pense que cette affaire et un bon dossier. Quelque soit ton implication personnelle ou professionnelle dedans, je continuerais de t'accompagner jusqu'à la fin de cette approbation."

-" Oh merci ! je souffle soulagée de ce poids en moins. Justement... j'ai besoin de ton aide sur un sujet délicat, pouvons-nous nous rejoindre dans un café, afin que je puisse t'expliquer ?"

-" Très bien, oui, dans combien de temps ?"

-" D'ici un quart d'heure."

Malgré la réticence de De Balzac sur se dossier, il a choisit de me suivre jusqu'au bout, et pour continuer, j'ai besoin de faire des recherches en béton, avec quelqu'un qui bénéfice d'un accès au archives, et aux données confidentielles sur individu. Je ne vois que lui pour m'aider, car cette partie de ce dossier devient sensible, et je craint que si Noam découvre ce que je cherche à trouver, une partie de lui se briserais à nouveau...

De Balzac à trouvé convenable que nous nous rejoignons au Café Craft pour travailler, le wifi étant accessible pour tout le monde, il nous sera de bon usage. Quand j'arrive, Jean est déjà installé et concentré, café en main, de nombreux papiers éparpillés un peu partout devant lui.

-" Bonjour." je dis en posant mon sac sur la chaise qui m'est destiné, tout en enlevant mon foulard.

-" Victoire ! Assied toi, j'ai quelque chose à t'annoncer qui risque sûrement de te surprendre."

Face à son air surpris mais réjoui, je m'exécute, et il me tend alors le dit papier qu'il avait en main il y a moins d'une minute.

__________

CONVOCATION DEVANT LA COUR D'ASSISES

Nous soussignés, Adjudant Chef BARRAL, Officier de Police Judiciaire, rapportons les affaires suivantes:

Agissant en application des dispositions de l'article 390-1 du Code de Procédure Pénale et conformément aux instructions reçues du Procureur de PARIS :

Avons invité :

M. Noam HARRYS, né le 1er février 1994, inculpé, à comparaître à l'audience de la Cour D'Assises, au 34 quai des Orfèvres - 75055 PARIS Cedex 1.

Le Jeudi 5 mai 2016 à 10h00.

Conformément aux dispositions de l'article D49-42 du Code de Procédure Pénale, votre avocat Maître DELAGLOIRE Victoire, sera régulièrement convoqué, et pourra développer ses éventuelles observations, et vous ne serrez pas entendu.

Représentants invités :

Maître Jean DE BALZAC,
Maître Victoire DELAGLOIRE (représentante légale de l'accusé).

NB : Veuillez vous munir de votre dossier complet, et preuves à l'appui.

Veuillez agréer, Mademoiselle, Messieurs, nos sincères salutations.

__________

Quand j'ai fini de relire cette convocation pour la troisième fois d'affilée, je relève enfin la tête et une vague d'angoisse me submerge.

-" Il nous reste deux semaines, jour pour jour, pour terminer ce dossier." je constate alors avec panique.

-" Ne t'inquiète pas Victoire, nous serons dans les temps. Une chose est sûre, je suis finalement très fière que tu ai pris la décision d'exécuter ces témoignages vidéo. Comme le stipule ce courrier, Noam ne pourra être entendu de vive voix pendant l'audience, mais cette vidéo, les soumettra à entendre ce qu'il a à dire."

-" Ce n'est pas une enfreinte à leur règle ?"

-" En aucun cas. Noam sera à cet instant derrière un écran, et non à la barre, il ne pourront donc rien dire, et je pense sincèrement que cela jouera en sa faveur car les jurés apprécieront ce passage de confidence."

-" Très bien."

Je réfléchis tellement, que mes méninges tournent à plein régime. Je relis une nouvelle fois cette convocation et remarque alors que le nom de l'officier de police me dit quelque chose. Je sors précipitamment mon dossier que je pose brutalement sur la table, qui tremble vu son poids, De Balzac retire sa tasse de café de justesse, que je manque de renverser sur l'ensemble des papiers éparpillés.

-" Victoire que se passe t-il ?"

-" BARRAL, ce nom là, je montre la convocation, il me dit quelque chose."

Il regarde la convocation et fronce les sourcils, réfléchissant surement lui aussi à la possibilité d'avoir déjà vu ce nom quelque part.

-" LA ! je crie en brandissant ma feuille. Regarde Jean, le soir où Louis avait témoigné, c'est ce même officier qui l'avait contacté et interrogé tout en le contre disant dans ses propos ! Je trouve ça étrange, que ce soit cette même personne qui fasse toujours partie de l'affaire après toutes ses années, et ce que je trouve encore plus étrange, c'est l'attitude de M. Vigor sur le dossier de Noam..." je dis enfin.

-" Comment ça ?" me demande Jean complètement perdu.

-" C'est pour cela que je voulais te voir aujourd'hui. Je pense que Vigor a quelque chose à avoir dans tout ça. Je ne saurais te dire quoi pour le moment, mais j'aimerais pouvoir faire des recherches..."

-" Victoire ce que tu me demandes est délicat et je sais ou tu veux en venir..."

-" S'il te plaît Jean, pourrais-tu me prêter ton logiciel et tes codes d'accès... J'ai besoin de me procurer le dossier personnel de Vigor."

Il soupire, et se frotte sa barbe naissante de trois jours.

-" Si je me fait choper, tout ça me coûterait ma carrière !" me dit-il malgré lui en me faisant glisser son ordinateur sur la dite page demandée.

***

J'ai passé toute la journée à étudier le dossier de Vigor, et j'ai enfin obtenu les preuves que je voulais. Ce que nous pensions avec Anna se révèle être vrai, et nous tenons un dossier en béton. J'ai aussi fait part de notre "mission espionnage" à Jean, comme Noam et Max, il est sortit de ses gongs, me répétant que nous étions complètement inconscientes du danger que nous avons encouru a suivre cette homme jusqu'à chez lui. Mais grâce à ça, nous avions obtenu une adresse, et un nom, et ses éléments mon permis d'affiner mes recherches sur cet individu. J'ai bossé comme une dingue et je n'ai eu aucune nouvelles de Noam. Il est presque 20h et je m'accorde enfin une pause, me dirigeant vers la cuisine pour me servir un verre de vin afin de me donner le courage nécessaire... car je vais en avoir besoin, de courage, pour annoncer la nouvelle à Noam lorsqu'il va rentrer. Je ne sais pas comment l'affronter, je ne sais pas comment lui parler, comment le regarder. Va-t-il m'ignorer ou faire comme si de rien été ? Notre amitié va-t-elle en pâtir ? Comment vais je réagir en face de l'homme a qui j'ai offert ma virginité la nuit dernière ? La boule dans mon estomac se fait grandissante lorsqu'une demi-heure plus tard j'entends ses clés s'insérer dans la serrure. Je vide cul sec mon premier verre de blanc et m'en ressers un autre illico. Je prends un air serein, bien que tout mon corps soit en transe. Noam apparaît enfin, l'air impassible. Il ne sourit pas, il a le visage blême et ne me regarde même pas. Il m'en veut, c'est clair, mais pas autant que moi je m'en veux.

Je tente un rapprochement mais il recule instinctivement. Piquée au vif, je ne sais pas comment réagir alors j'attrape fébrilement la convocation que j'ai laissé sur la table et la lui tends.

Haussant un sourcil ; et sans un mot, il l'attrape et commence à la lire. Lorsqu'il comprends enfin l'enjeu de cette audience, il lève enfin son regard vers moi, un regard empli d'émotions.

-" Jean m'a dit que les témoignages vidéos joueraient en notre faveur. J'ai aussi d'autres éléments en tête qu'il faut que je travaille, mais je pense qu'on tient le bon bout ...."

-" Jean...? Ce n'est plus De Balzac, mais Jean... et vous avez dîné ensemble ?"

-" Je t'annonce que tu vas sûrement être innocenté et que tu vis les derniers jours de ton cauchemar et c'est ça ta réaction Noam ? "

***

Noam,

Bordel ! Quel con ! Louis m'avais pourtant bien conseillé de me la jouer mec cool et blasé et voila que je lui tape une crise de jalousie.

Attends mec, une crise de quoi ?

Non mais je pète littéralement un plomb là c'est pas possible ! J'ai jamais été jaloux de ma vie, ça ne m'a jamais dérangé qu'une meuf que je baise voit d'autres types. A une époque il nous arrivait même de faire tourner les nanas entre nous, les mecs du groupe. J'ai même le souvenir d'un soir, ou j'étais complètement déchiré, en avoir "partagé" une avec Louis ... Ouais, quand j'y pense maintenant ça me dégoûte clairement, mais j'avoue que sur le coup j'avais pris un pied d'enfer ! Merde, la preuve est que l'exclusivité ce n'est pas mon genre, loin de là , alors qu'est ce qui me prends de chier une pendule à Victoire juste parce qu'elle a vu son boss et qu'elle l'appelle par son prénom ?

J'avoue que sur ce coup là j'ai du mal à me reconnaître. Il faut que je rattrape le coup et que je joue le mec indifférent.

-" Je suis juste étonné que tu sois d'un coup si proche de JEAN.."

Putain je m'enfonce là. Elle me regarde, furieuse, et je peux le comprendre ! Elle se défonce pour obtenir ce que je souhaite le plus au monde, et je réagis comme le dernier des idiots, mais j'y peux rien, j'me maîtrise pas. Elle tourne les talons et se dirige d'un pas décidé vers sa chambre.

Voila, j'ai tout gagné, je l'ai énervé ! Bien joué No !

Je reprends, un air détaché cette fois-ci et lui attrape le poignet à la volée :

-" Excuse moi Victoire, je ... Je suis un vrai connard. Je te remercie de tout ce que tu fais pour moi et je suis conscient des efforts que ça te demande. Cette convocation c'est du pain béni pour moi et je t'en remercie. Je suis désolé d'avoir réagi comme ça."

Gêné, je passe la main dans mes cheveux, un tic donc je n'arriverai décidément jamais à me débarrasser. Elle esquive un petit sourire, surement déçue de ma réaction initiale mais semble soulagée d'entendre mes excuses. Elle me fait un petit signe de la main en guise de salut, me souhaite un vague bonne nuit, et rejoint cette fois-ci définitivement sa chambre, me laissant là, seul, planté au milieu du salon, comme l'abruti que je suis.

Je m'affale sur le canapé et zappe entre les différentes chaines sans trouver mon bonheur. J'ai merdé en fuyant l'appart toute la journée de peur de la croiser, mais maintenant qu'elle est loin de moi, tout en étant si proche en même temps, je ne tiens plus en place. J'ai besoin de sa présence à coté de moi, comme chaque soir devant notre film quotidien, je suis devenu complètement dépendant de cette meuf et ça me fait foutrement flipper.

J'ai envie d'aller frapper à sa porte, de lui dire qu'elle a raison, que cette nuit était une pure connerie, même si je ne le pense pas, et de retrouver la complicité qui nous unissait encore hier, mais le lâche que je suis n'ose pas, ne sait pas comment aborder le sujet, comment lui mentir en la regardant dans le blanc des yeux alors que je n'aurais qu'une seule envie, lui sauter dessus et l'embrasser passionnément. Seulement cette nana là, elle ne veut pas de moi, et je ne peux pas la forcer. Je compte jusqu'à trois et me décide à frapper à sa porte malgré tout.

Je l'entends me lancer un petit "oui", je souffle un grand coup et me décide à entrer. Elle me tourne le dos cherchant quelque chose dans son bureau. Bon sang...Mes yeux se fixent directement sur la peau dénudée de ses jambes, elle est simplement vêtu d'un long tee-shirt qui s'arrête pile poil en dessous de ses fesses.

Respire No, respire... Simple amis, comme elle te l'a demandé ce matin.

Elle se retourne vers moi et me lance un sourire qui ferait fondre n'importe quel mec.

-" Tu voulais me dire quelque chose ?!"

Merde, c'est vrai j'étais venu lui parler !

-" Euh oui, je voulais simplement te parler de ce que tu m'as dit ce matin. Je..j'ai réagi comme un con, et après réflexion je me dit que tu as raison."

Je baisse mon regard vers mes pieds, je ne peux pas lui dire ça dans les yeux alors que je ne le pense pas.

-" Mais je ne veux pas perdre ce...ce lien que l'on a tissé au fil des mois. Donc... je m'approche d'elle et lui tend ma poignée de main, Amis ?!"

Elle me regarde comme si elle ne comprenait pas ma réaction, comme ci ce que je venais de lui dire n'était pas ce qu'elle voulait. Mais elle finit par me lancer un grand sourire et me serre la main.

-" Amis !"

-" Bien alors maintenant que tout ça est réglé. Je me disais qu'on pourrait se mater un film avec un grand saladier de pop-corn comme on a l'habitude de le faire !"

Nous finissons la soirée avachis dans le sofa . Comme à notre habitude, pendant le film, Vic, atterrie blotti dans mes bras, seulement cette fois ci mon corps reagit de manière encore plus virulente que d'habitude. Je tente de cacher mes sentiments et ... ma putain de trique.
Nous finissons par nous y endormir, l'un contre l'autre, comme à notre habitude...

Amis... hein ?!

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