29
Noam,
Jour 34.
Après cinq années de silence, je vais pouvoir enfin dire ma version des faits. Une version qui a été tourné et détourné par bien des manières par les nombreux avocats incompétents auxquels j'ai eu à faire. Mais cette fois ci, j'y crois, tout simplement car ma défense n'est autre que la personne à laquelle j'avais porté secours.
Victoire est devenue un vrai pilier pour moi, et ses amis, sont également devenus les miens. Jamais je n'aurais cru un jour, reprendre espoir et me retrouver aussi soudé avec toutes ses personnes, qui ont vécu le même cauchemar d'un point de vue différent... Je les détestais tellement et voilà qu'aujourd'hui je me suis lié d'amitié avec eux !
Samedi, c'est Louis qui à témoigné face à nous, et c'est vrai que, je ne me rappelais même plus que lui, n'avais rien vécu de toutes ces scènes, et pourtant... il est là pour le soutenir.
Aujourd'hui c'est à mon tour d'être derrière la caméra, et de relater enfin, ce qui a fait de ma vie un enfer. Tout le groupe est réuni, et pour ce moment, même Maître De Balzac est même présent. C'est un moment clé du dossier, il ne pouvait pas louper ça, mais il ne sait rien de l'idée de Victoire concernant ma défense. Il ne sait même pas que c'était elle, la victime...Il crois juste que Vic m'enregistre, pour ne rien louper de mes dires sur l'affaire. Il va être surpris.
Je me redresse sur ma chaise me frotte mes mains sur mon skinny noir et toussote légèrement.
J'avais 19 ans à cette époque....
Je faisais quelques centimètres de moins qu'aujourd'hui, et avais les cheveux beaucoup moins longs.
-" Venais en aux faits Mr Harrys." me coupe De Balzac d'un geste de main.
Ce qui me déclenche une deuxième vague de chaleur, la première étant qu'il s'est assis beaucoup trop près de Victoire.
-" Si vous devez me couper à chaque fin de phrase, vous n'allez pas me rendre la tâche facile... Maître." je lui dis en serrant les dents.
-" C'est pas grave, c'est pas grave ! dit Vic d'un ton rassurant. On va recommencer Noam."
Je lui fais un signe de tête et elle rallume l'enregistrement.
Donc... J'avais 19 ans à cette époque....
Je faisais quelques centimètres de moins qu'aujourd'hui, et avais les cheveux beaucoup moins longs.
Ayant perdu mes parents dans un accident plus jeune, je n'avais plus aucune famille et vivais de foyers en foyers. Le dimanche était pour moi, mon jour de liberté, car je passais la journée chez mon meilleur ami, Louis.
Avec Louis nous avions bien des points communs, ce qui nous avait permis de monter notre propre groupe. Louis avait le dont des compos et maîtrisait les gammes du piano, tandis qu'un autre gérer la gratte, moi, j'avais la voix.
Ce soir la, nous devions nous produire dans une boîte, elle était pleine à craquer. Nous devions passer après minuit parce qu'il fallait laisser une plus grande partie de la soirée au DJ . Tout se passait super bien, il y avait foule dans la boîte et nous étions super excités à l'idée de jouer devant autant de monde. C'était ma "drogue", mon pilier j'avais trouvé ce qui me rendait heureux et c'était la scène.
Malgré ma passion, j'étais toujours stressé avant de me produire sur scène, je bouillonnais dans les backstages, je tournais en rond et me rongeais les ongles... Puis j'ai décidé d'aller prendre l'air, j'ai demandé à Louis de m'accompagner.
-" Je sors me changer les idées Lou, je vais craquer avant même d'être sur scène. Tu viens ?"
J'ai sorti un petit sachet plastique de la poche de mon jean et l'ai secoué devant Louis et lui, m'a simplement répondu :
-" Arrête cette merde ça va te rendre la cervelle en bouillie..."
En y repensant, je souris face à cette réplique que Louis m'avait dite ce soir là.
Je me suis donc dirigé vers la porte de la sortie de secours qui se trouvait sur ma gauche. C'était une porte d'accès interdit, servant uniquement de sortie de secours, mais j'en avais rien à foutre, il fallait que je sorte par la porte la plus proche et c'était celle ci.
Quand je suis sortie, l'air froid de dehors m'a frappé le visage et cela m'a fait un bien fou. J'étais vraiment sous pression ce soir là, peut-être était-ce parce que la somme d'argent que l'on nous offrait était bien plus importante ? J'avais simplement peur de décevoir notre public qui attendait patiemment. Je me suis adossé contre celle-ci et j'ai sortit mon sachet de mon jean pour pouvoir rouler mon joint, quand j'ai entendu du bruit....
A quelques mètres de moi à peine, se déroulait une scène... comme jamais quiconque voudrait la vivre. Croyez-moi, voir ce qui se déroulait de loin pouvait limite ressemblait à un film d'horreur. Il y avait cette fille au sol...
Je m'arrête un instant et regarde Victoire.
-" Je dois citer les prénoms et noms ?"
Mais c'est De Balzac qui me répond :
-" Si vous les connaissez allez-y Mr Harrys, mais attention, porter un nom sur la personne sera très considéré par le juge."
J'ai retourné mes yeux sur Victoire qui après un regard de biais à De Balzac m'a hoché la tête, de même pour Anna. C'est maintenant qu'allait se faire toutes les révélations.
Cette fille au sol, était blessée, et inconsciente, et une flaque de sang grossissait sous elle. Et l'autre fille, était prisonnière du corps de ce type.
Je grimace en regardant les filles, qui ne sont pas à l'aise non plus.
A ce jour, je connais enfin les vrais prénoms des victimes. La jeune femme qui avait été blessée à l'abdomen se nomme Mlle Bougron... Anna.
De Balzac tique.
Et la seconde jeune femme, celle qui a été violée se nomme Mlle Delagloire Victoire.
De Balzac s'étouffe avec sa salive en essayant de dire :
-" Mais qu'est-ce... Qu'est-ce que c'est que ces propos Victoire ?"
Vic lève la main pour le stopper.
-" Je vous ai caché certaines choses sur cette affaire Maître, mais aujourd'hui, si je vous ai convié à entendre ce témoignage, c'est parce que j'ai besoin que vous sachiez réellement ce qu'il en est pour m'aider à avancer sans erreur, dans ce dossier. Je fais partie de cette histoire moi aussi, voilà pourquoi mon acharnement concernant la défense de Noam. Maintenant écoutez s'il vous plaît..."
-" Mais... Je... C'est..."
-" CHUT !" le coupe Anna.
Puis je reprends :
De loin, j'ai remarqué que Victoire se débattait, et l'autre, avait son froc qui lui tombait aux chevilles. La jupe de Victoire était remontée et... putain, il abusait d'elle ! J'ai vu rouge, direct. J'ai pas cherché à comprendre et je me suis lancé. Ce gars ne m'avait pas vu, alors par derrière, j'lui ai foutu une droite en plein crâne, et je l'ai tiré et balancé en arrière. Il s'est fracassé contre le mur de l'autre côté et c'est effondré au sol. Au même moment, j'ai rattrapé Victoire qui s'écroulait elle aussi. Elle avait du sang qui coulait d'entre ses jambes... j'ai compris de suite que ce connard lui avait pris sa...
Je vois Victoire se raidir et rougir, très gênée, tandis que l'autre péteux de De Balzac, lui met sa main sur l'épaule.
Virginité...
Un énorme silence s'installe dans la pièce, et personne n'ose se regarder. J'inspire profondément et poursuit :
Victoire venait d'être violée. Elle avait sa jupe à moitié déchirée, des marques rouges qui commençaient à virer au violet sur les bras et sa mâchoire avait du être broyée par la main de ce gars qui devait sûrement l'empêcher de crier. Son visage baignait de larmes et son maquillage avait coulé. J'ai entendu que le type commençait à se relever alors j'ai tenté de la rassurer en lui disant :
-" C'est bon, c'est fini, je vais buter cet enfoiré."
Elle ne me quittait pas du regard, je l'ai déposé à côté du corps de son amie. Son amie complètement inerte, j'ai bien cru, qu'elle était déjà morte...
Anna se plaque la main sur sa bouche pour cacher son cri de douleur. Je la regarde.
Oui, j'ai bien cru que Mlle Bougron était morte, et c'est ce qui m'a gorgé d'adrénaline. Ces deux jeunes femmes n'avaient rien demandé à personne, et se sont retrouvées victimes. Il était de mon but, de démolir cette enfoiré, quitte à le tuer.
Je serrais les poings sur mes cuisses et je savais déjà que ma mâchoire était crispée car ça m'en faisait mal.
Ma mère m'a toujours appris à traiter une fille sur un piédestal. La femme est l'être le plus merveilleux au monde. Et cet enculé avait bafoué les règles. Avant même que je me retourne, il m'avait décoché un coup dans la nuque avec une barre de fer je crois, je ne me souviens plus, l'objet était froid et dur, et cela m'a assommé sur le coup. Il a profité de ma faiblesse au sol pour m'asséner de coup de pied, qui m'a démoli plus d'une côte...
Louis se passe la main dans les cheveux, il est tendu. Et Maxence lui regarde le sol, il sait que je vais parler de l'instant ou je l'ai vu...
J'essayais de me protéger comme je pouvais, mais ce gars avait pris le dessus sur moi. Je me souviens du regard de Victoire, pétrifiée de peur qui serrait le corps de son amie, et c'est là que j'ai vu que Anna n'était pas morte. Elle avait les yeux légèrement ouverts et me regardait elle aussi. J'ai réussi à avoir un réflexe, celui d'éviter son coup de pied dans la gueule et c'est là que je l'ai vu, ce gars au coin de la rue, cachés dans l'ombre...
Maxence Delattre me regardait me faire tabasser, mais ne réagissait pas. Je lui offrais un regard suppliant, espérant qu'il vienne à mon secours. Pour moi c'était une chance, que quelqu'un d'autre soit là, lui aussi avait vu la scène, j'attendais juste qu'il nous viennent en aide, à tous. Mais... Putain non... Il a rien fait. Il est resté dans son coin, et c'est encore plus reculé, on ne le voyait presque plus dans le noir, mais moi, je savais qu'il était là, je le sentais... Pour aparté, je ne connaissais pas Maxence Delattre jusqu'à ces derniers jours, ou j'ai accepté ses excuses, il est devenu un très bon ami.
Puis après tout s'est enchaîné, au loin, le bruit des sirènes a retentit, je savais alors que les flics arrivaient et que cet enculé serait chopé... Mais j'étais loin d'imaginer que ce ne serait pas le cas, et que tout cela retomberait sur moi. La ruelle à été pris d'assaut par tout les flashs de gyrophares, les secours ont immédiatement pris en charge les filles, et moi, tandis que j'essayais de me relever avec mes côtes cassées, j'ai vu cet enfoiré se faire la malle.
J'ai essayé de dire quelque chose mais ses flics m'ont immédiatement coupé net :
-" Jeune homme, vous êtes en état d'arrestation pour agression à main armées, et viol sur ses demoiselles. Vous avez le droit de garder le silence, si vous ne voulez pas exercer ce droit, tout ce que vous direz pourra être, ou sera utilisé contre vous. Vous avez le droit à un avocat, si vous n'en avez pas les moyens, un avocat d'office pourra vous être accordé par la cour. Quelle est votre décision ?"
Alors que cette fille, Victoire, me regardait au loin en état de choc, je n'ai trouvé rien d'autre qu'à dire en me dégageant de leur poigne pour m'attacher les cheveux à l'aide de mon bandanas :
-" Contacter Mr Tomson, il sait tout. "
Puis il m'ont menotté, alors qu'au loin dans le noir, je savais que cette enfoiré devait bien se marrer de la situation, et que sûrement de l'autre côté, Maxence, lui, devait s'en vouloir de ne pas avoir agit.
Pendant toutes années, la justice a toujours été contre moi, que se soient les flics, les avocats, le Centre Pénitencier lui même aussi, va savoir pourquoi... Mais en y réfléchissant bien aujourd'hui, après cinq années de recul, je ne peux en vouloir à personne, sauf peut-être à moi même. Les filles ne peuvent pas s'en vouloir non plus, sauf peut-être à elles même... Tout comme Maxence. La seule erreur que nous avons tous fait ce soir là, c'est d'être au mauvais endroit, au mauvais moment...
Je me lève pour couper moi-même la caméra, et part m'enfermer dans la salle de bain. J'ai besoin de me rafraîchir les idées, en passant, j'entends De Balzac s'exclamer :
-" Cette affaire, est l'histoire la plus incroyable que j'ai jamais entendu !"
__________
Victoire,
Alors qu'un silence pesant vient de s'installer après que Noam est claqué la porte de la salle de bain, je remarque que De Balzac, lui ne peut se contenir...
-" Anna s'il vous plaît..." lui lance t-il d'un signe de tête.
Anna se lève et pose sa main sur mon épaule.
-" Je vais voir comment va Noam..." me chuchote t-elle, tout en m'offrant son clin d'œil.
Maxence et Louis se regardent avant de s'échapper discrètement dans la cuisine. Je comprend que suite à ses révélations devant Jean, ils veulent me laisser parler avec lui. Je pivote sur ma chaise, pour me retrouver face à lui. Il me regarde complètement décontenancer.
-" Écoute Victoire, tu aurais du me dire à la lecture de ce dossier, que toi et Mlle Bougron étiez concernés par cette affaire... Si j'avais eu cette information, jamais je ne t'aurais laissé la gestion de ce dossier. Il te touche directement, toi et tes amis êtes le cœur du sujet, et ce n'est pas très réglementaire..."
Il se penche en avant, pose ses coudes sur ses genoux et se massent les tempes avec ses index.
Je me lève, et le surplombe.
-" Écoute Jean, c'est bien pour cette raison que je ne t'ai rien dit. Le jour de la rencontre, quand j'ai découvert le visage de...de Noam, j'ai compris qu'il avait été enfermé en étant innocent, et surtout par ma faute à cause de mon silence pendant toutes ses années. Je ne pouvais pas l'abandonner une nouvelle fois comme j'ai pu le faire dans le passé, et je me dois de faire tout ce qu'il faut pour le sortir de cet enfer."
Il souffle tout en secouant la tête, je vois bien qu'il ne sait pas quoi faire.
-" Jean... Tu as vu, et tu me l'as dit toi même, j'ai tout pour gagner cette audience !"
-" Mais ça, c'était avant que je ne découvre que c'est toi, la victime !" s'exclame t-il beaucoup trop fort.
A ses mots, les têtes de Maxence et Louis apparaissent à travers l'embrasure de la porte de la cuisine et la porte de la salle de bain s'ouvre lentement laissant réapparaître Anna et Noam, tous étonnés, de voir De Balzac se lever et se diriger d'un pas coléreux jusqu'à la porte d'entrée.
Au moment de l'ouvrir, il se retourne et m'annonce :
-" Je te laisse finir ce dossier, et... je ne dirais rien pour le moment."
Puis, il claque la porte.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top