Victoire,

Jour 13.

Ces deux derniers jours, notre relation avec Noam s'est nettement améliorée. Lorsqu'il est rentré du travail avant-hier, je lui ai expliqué la visite de Louis, en omettant le fait que celui-ci pense que Noam et moi sommes fait l'un pour l'autre, mais il est au courant de notre rupture. Nous avons beaucoup discuté ce soir là, de tout et de rien et pas spécialement de ce qui est censé être un chagrin d'amour pour moi, mais qui n'en est pas un au final. Il m'a raconté sa journée à la bibliothèque, m'a fait rire en me racontant comment il avait galéré à m'envoyer le fameux sms depuis le nouveau smartphone que je lui ai "prêté" - car Noam ne voulait pas que je lui en paie un - étant donné qu'il y a 5 ans les téléphones n'étaient pas si "perfectionnés" comme il dit. On a bien rigolé aussi lorsqu'il à imiter Marthe, sa patronne, avec qui il à l'air de bien s'entendre, on s'est fait un plat de lasagnes et un bon dvd, une énième rediffusion de "N'oublie jamais", dont je ne me lasse pas.

Il n'y a cependant pas eu d'ambiguïté entre nous. Je pense que Noam me laisse un peu d'espace dans la mesure où je viens juste de me séparer de Louis. D'un côté je lui en suis très reconnaissante mais d'un autre coté je me dis, "et si il avait simplement changé d'avis et que je ne l'intéressais plus ?".

De toute manière, nous ne sommes que des amis, sans oublier que nous avons un objectif commun.
Depuis ce soir là, donc, nous menons notre petite vie de collocs sympa,remplie de fous rires et de discussions en tout genre, sans aborder cependant le sujet du petit mot que j'avais , enfin que Louis, avait trouvé sur le miroir.

Ce matin nous ne bossons pas, je suis recroquevillée dans mon pantalon que je surnomme "le pantalon cooconing", pour éviter de dire qu'il ne s'agit que d'un simple survet',et plongée dans la lecture d'un roman que m'a ramené Noam de la bibliothèque. De son coté, mon colocataire s'affaire à remplir toutes sortes de formulaires, il doit reprendre sa vie en main et donc se trouver une nouvelle mutuelle, ré actualiser sa carte vitale et sa carte d'identité, remplir le dossier pour l'ouverture d'un compte bancaire (bien qu'il en ai déjà un bien rempli à ce que j'ai pu comprendre, mais il ne veut pas en entendre parler alors j'évite d'aborder le sujet, mais il faudra tout de même que j'élucide le mystère autour de tout ça )...

Alors que je me passionnais pour mon nouveau chapitre, l'interphone retenti, faisant, une fois de plus, sursauter Noam, qui ne s'est pas encore tout à fait habitué aux sons du quotidien. Il se lève pour aller ouvrir la porte, chose sur laquelle j'ai insisté, car pour qu'il se sente chez lui, il doit agir comme chez lui !

-" Bonjour." je l'entends murmurer.

Il ne doit pas savoir à qui il a affaire alors je me retourne pour entrapercevoir Max, qui se tient devant lui, tout penaud, les mains dans les poches.

Je ne peux pas m'empêcher d'avoir un pincement en voyant la bouille triste de mon beau blond. Je lui en veux toujours de m'avoir menti, et trahi, mais je commence à comprendre un peu les raisons qui l'ont poussé à faire ça, et puis, il me manque, c'est mon meilleur ami quoi qu'il advienne. J'ai été tentée à plusieurs reprises de lui téléphoner cette semaine, j'avais besoin de lui parler de ma rupture avec Louis et de ce qu'il se passe, ou ne se passe pas, avec Noam. Les conseils d'un mec sont toujours bon à prendre. Je réprime l'envie de me jeter dans ses bras, j'estime que c'est à lui de faire le premier pas, bien qu'il soit déjà là.

Je me lève du canapé pour me diriger vers la porte d'entrée quand Max relève la tête et l'expression de son visage change. Il dévisage Noam des pieds à la tête, la bouche grande ouverte, et quand il réalise, il bégaye.

-" Ma...mais...toi. Je...je sais qui tu es ! Tu es... Je t'ai... Tu es innocent ! Mais... mais tu devrais être en prison ?!"

A l'expression de Noam qui fronce les sourcils, je comprend que celui-ci ne comprend pas ce qu'il se passe. Je décide donc d'intervenir.

-" Maxence, je dis en passant devant Noam, je crois que tu devrais rentrer. Nous devons discuter."

J'ouvre la porte un peu plus grande pour laisser le passage à Max, qui rentre et se dirige vers le salon suivit par Noam et moi-même. Nous sommes plantés la, debout en plein milieu, Noam dévisageant sérieusement Maxence.

-" Toi je t'ai déjà vu." dit calmement Noam.

Maxence passe machinalement sa main dans ses cheveux tout en se dandinant sur place.

-" Oui... en effet, il y a...quelques années."

Je fais alors le rapprochement. Le témoignage de Max.

-" Ok les gars. Commençons par nous asseoir, car je pense que les explications vont être longues. Max..." je dis en montrant le canapé, l'incitant à s'asseoir.

De mon côté je tire le tabouret du comptoir américain et Noam fait de même s'installant à côté de moi, ne lâchant toujours pas Maxence du regard. Un regard noir.

-" Tu m'as laissé me faire tabasser ! C'est toi ?... il se tourne vers moi. Vic me dit pas que c'est lui, ton meilleur ami !?" s'exclame Noam.

-" C'est lui... c'est Maxence." je dis simplement.

-" PUTAIN ! crie Noam nous faisant sursauter. Il été là, caché, à se pisser dessus pendant que moi, j'me faisais démonter !"

-" Je... Oui...j'ai eu peur... avoue Max. Et je n'ai rien fait...Mais... mais j'en suis tellement désolé. Et je ne savais pas que tu avais été inculpé..."

-" Tu..." commence t-il.

-" NOAM ! je le coupe alors. Avant de nous emporter sur tout ça, essayons de tout mettre à plat. Autant pour toi que pour Max."

-" Pfff ben vas-y à toi l'honneur explique lui..."

Voyant que Noam joue sa tête de mule, j'inspire profondément avant de me relancer une nouvelle fois dans ses explications à en perdre haleine.

-" Bien, Max... il se trouve que mon client, dont je te parlais n'est autre que Noam, Noam qui est..."

-" Celui que tu as regardé se faire tabasser !" enchaîne Noam d'un geste de main pour faire avancer le sujet.

Je lui donne une claque sur la cuisse, ce qui attire son regard émeraude vers le mien. Je vois qu'il est profondément vexé et perturbé, de relancer une nouvelle conversation sur ce sujet, alors que lui en a tant bavé pendant toutes ses années. J'éprouve un pincement au cœur de revoir tant de souffrance dans ses yeux, alors que celle ci c'était envolée. D'un geste naturel, je glisse ma main dans la sienne, où ses doigts trouvent une place entre les miens. Je vois à l'attitude gênée de Max, qu'il ne comprend pas bien la situation.

-" Noam est le meilleur ami de Louis... Max écarquille les yeux. Grosse coïncidence, tu dois penser, mais oui... Dans cette histoire nous sommes tous liées. Noam qui n'a fait que nous sauver Anna et moi, puis au final lui aussi s'est fait agresser, notre véritable agresseur envolé, Noam a été accusé. Pour ma part, une histoire reste cachée... Ensuite un petit ami secret, avec un meilleur ami inavoué... Toi, Max, une révélation maintenue secrète pendant toutes ses années alors que au final toi aussi, tu avais voulu aider..."

-" Aider ?" répète Noam sarcastiquement

-" Oui Noam, Max avait témoigné en même temps que Louis pour appuyer ton innocence ! Mais personne n'a utilisé ses témoignages, ils sont restés enfermés dans des archives pendant les cinq dernières années..."

Max ne relève pas la tête, il reste immobile à regarder ses chaussures et à se triturer les doigts. Il est nerveux, perdu et ne sait pas quoi répondre. Tandis que Noam lui, a toujours son regard mauvais poser sur mon ami. Il est énervé et je le comprends parfaitement, j'ai réagis pareil moi aussi, mais maintenant il faut absolument que l'on crève cet abcès et qu'on avance. Nous avons un dossier à monter et j'ai besoin de tous.

-" Écoute Noam, je reprends, quand j'ai su que Max avait assisté à la scène et qu'il n'avait rien fait pour nous défendre, je l'ai aussi très mal pris et je m'en suis pris à lui aussi. Mais aujourd'hui je lui ai pardonné et..."

Quand Maxence entend le mot "pardonner" il pose immédiatement son regard sur moi, ses yeux brillent et une larme finit même par couler. Il est vrai que même si j'avais décidé de lui pardonner, je ne l'avais toujours pas recontacté dans le but de le laisser poireauter un peu, mais je l'ai assez fait attendre et en plus il me manque mon petit blondinet. Je lui souris et il se lève dans ma direction pour me prendre dans ses bras.

Je ne sais pas combien de temps on reste comme ça mais le petit "euhh" de Noam nous ramène à la réalité.

Max se retourne vers Noam, souffle un bon coup et se lance.

-" Écoute je sais que c'est trop facile de s'excuser comme ça après cinq ans, mais, ce soir là j'ai été une vraie mauviette..."

-" Ça tu peux le dire !" le coupe Noam.

-" NOAM !!" je lui cris une nouvelle fois en lui lançant un regard assassin.

-" Et...et aujourd'hui je m'en veux encore énormément, les choses auraient été différentes si j'avais réagit ce soir là, tous les jours je repense à cette soirée et me dis que si j'avais daigné bouger le petit doigt, rien de serait arrivé à Vic et Anna ... Et toi, jamais tu ne serais allé en prison, même si je pensais réellement que mon témoignage avait permis à prouver ton innocence et de te faire libérer, sinon je ne serais pas resté sans rien dire bordel..."

Noam se lève de son tabouret et passe sa main dans sa tignasse.

-" Écoute Maxence..."

-" Non ! Laisse moi finir... fait le blond en levant une main. Maintenant je suis prêt à tout pour te sortir de ce merdier, je témoignerais et assisterais à l'audience et énoncerais exactement les faits qui se sont déroulés ce soir là, ça tu peux en être sûr ! Je te le promet."

-" Je ne te connais même pas comment pourrais-je te croire ?" dit Noam.

-" Hé bien faisons comme ci je faisais cette promesse à Vic... il se tourne vers mois. Je te promet de l'aider à le sortir de ce merdier Vic, si ça peut me faire pardonner ce silence de ces dernières années alors je ferais tout ! Quitte à passer à la télévision s'il le faut."

Et là, ça me fait tilt !

-" Mais oui c'est ça ! je m'exclame en sautant de mon tabouret. Max tu es génial ! On l'a notre plan !"

À ce moment précis, je sais que je ne fais que mettre Max et Noam dans le doute. Je le vois rien qu'à leur tête, ils ne comprennent rien à mon enthousiasme, mais il vont très vite comprendre...