12
Victoire,
Quand j'ai vu que Noam avait demandé son portable à Louis, j'ai immédiatement regardé ma montre et remarquer l'heure qui l'était. Avant que mon portable ne sonne, je me suis relevé en quatrième vitesse et je suis partie à toute allure de l'autre côté du square. Arrivée à bonne distance, les premières sonneries se font entendre. Je cherche mon portable dans ma poche, et y vois inscrit le nom de Louis... Je reprends mon souffle, puis décroche :
-" Allô ?"
-" J'ai terminé, dit-il d'un ton sec. Où es -tu ?"
-" A l'entrée de la bouche de métro. Je t'y attends." j'essaie de garder un ton neutre et confiant mais intérieurement je suis terrifiée et complètement perdue.
Je raccroche n'attendant même pas sa réponse et me tape un nouveau sprint jusqu'au lieu de rendez-vous que je viens de lui indiquer. J'arrive totalement essouffler et m'appuie sur la barrière afin d'inspirer profondément avant son arriver.
Je prend également le temps de réfléchir et de me poser toutes ses questions : Louis ? Pourquoi lui et pas un autre ? Mais comment ne m'en suis-je pas rendue compte ? Non ! Plutôt, pourquoi Louis ne m'a t-il jamais rien dit !? Mon dieu mais oui, le tatouage !! Bon sang, comment n'ai je pas pu faire le rapprochement ? Louis doit bien savoir que je m'occupe du dossier de son meilleur ami, ou peut-être ne sait il pas ? Non, il ne sait pas. Noam n'a pas prononcé une seule fois mon prénom et Louis non plus d'ailleurs... Mais alors... Rhaaaaa !!!
Je vois à quelques mètres Noam arriver et a en juger son expression, rien ne dis bon qui vaille... Je garde mon calme et fait comme si de rien été, après tout je ne suis pas censée savoir, je ne suis pas censée avoir entendu. Je cache mes mains tremblantes dans les poches de mon blouson et tente de reprendre un peu confiance en moi.
Calme toi Vic ... Un, deux, trois, Souffle. Un deux trois, un deux trois.
Je prends une longue inspiration et me lance :
-" Alors, tout s'est bien passé ?"
Il fronce les sourcils et prend un air bourru qui me fait faire un pas en arrière. Qu'est ce qu'il a ? Il n'a pas pu me voir, j'étais bien cachée et quasi sure qu'il ne m'a pas repéré. J'étais à temps au point de rendez-vous, il ne peut pas se douter. Je ne lui ai pas parlé de Louis non plus, et inversement. Vraiment quelle mouche l'a piqué ?
-" Je pensais faire un tour à la foire du trône pour finir la journée en beauté, tu en penses quoi ?"
J'ai toujours adoré les manèges à sensation et l'ambiance qui y régne, l'odeur des barbes à papa et des pommes d'amour. Je suis assez fiére de l'idée que j'ai eu de lui proposer cette sortie. Il va pouvoir passer du bon temps avant de retourner en enfer.
-" Non. Ramène-moi maintenant au centre. "
Je suis étonnée et vexée, je ne comprends pas, tout le monde aime les fêtes foraines. Depuis son retour du parc il est distant et froid, et pourtant, à ce que j'ai pu entendre, son entretien avec Louis s'est bien passé !
-" Ramène moi maintenant. S'il te plait." insiste t-il.
-" Très bien....comme tu voudras."
Pendant la demie-heure qui suit notre trajet de métro, aucun d'entre nous ne parle. Je me tiens droite, une main sur le poteau, tandis que Noam tient sa main au dessus, l'autre dans sa poche. Il a sur moi un regard perçant, qui fait que je n'ose à peine l'affronter.
Mais qu'est-ce qui a bien pu le rendre dans cette état ?
Nous desservons deux stations dans cette lourde ambiance, puis arrivons enfin à courte distance du Centre. Je lui passe devant afin de sortir la première, et de prendre le pas sur lui. J'entends ses pas derrière moi suivre mon allure, et cette situation ne fait qu'accroître mon malaise. Une fois devant les grilles du Centre, je m'arrête et lui fais volte face.
-" Tu pourrais me dire, ce qu'il se passe ?"
Il fronce les sourcils, comme si il ne comprenais pas ma question.
-" Ça là, tout ça... je dis en balayant l'air de ma main. Ton attitude. Tu n'étais pas comme ça ce matin..."
Il me regarde toujours, de ce regard qui ne divulgue aucune émotion, ce regard qui me fait froid dans le dos...
-" Rien. Je suis épuisé, je n'ai plus l'habitude de passer une journée comme celle-ci..." me dit-il fuyant, en sonnant de lui même à l'interphone.
-" Centre Le Panthéon ?"
-" C'est Harrys." répond t-il, en me regardant.
Je soupire, ne sachant plus comment réagir.
-" Bon... Eh bien, passe une bonne soirée Noam... Dommage que tu ai voulu rentrer si tôt."
Il est tout juste 18h15, et nous aurions pu encore passer plus d'une heure trente ensemble, à profiter de la joie et l'hilarité de la fête foraine, mais il en a décidé ainsi, je ne peux que me résoudre à son choix. Je me retourne, pour m'en aller, mais il m'attrape doucement le poignet, laissant apparaître son fameux tatouage. J'observe celui-ci mais ne m'attarde pas trop, en relevant mon regard vers Noam, je vois qu'il l'a remarqué. Il me lâche, baissant sa manche.
-" Merci...marmonne t-il. Pour cette journée, merci."
Je le regarde, et discerne tout de même sa sincérité. D'un geste naturel, je m'approche alors vers lui et lui dépose une bise sur la joue. Ce n'est qu'après avoir fait ce geste, que je me surprends et me met à rougir.
-" Euh... Désolée... C'est un geste amical que j'ai l'habitude de faire avec mes amis, rien de plus... " je bafouille.
Il sourit, laissant apparaître ses fossettes, qui déblayent son visage d'une gaieté et rend ses émeraudes d'autant plus luisantes.
Je baisse les yeux, gênée, et c'est alors qu'il s'approche, pour me déposer une douce bise, avant de disparaître à travers les grilles, et la pénombre de la nuit...
***
Quand j'arrive chez moi, je balance mes clefs, mon sac et mon manteau à même le sol de l'entrée, avant de m'étaler de tout mon corps sur le canapé. Allongée sur quelque chose qui me gêne, je me relève légèrement, et extirpe le livre que Noam avait commencé à lire. Je le pose sur la table basse, tout en pensant que je lui ramènerais dans la semaine pour qu'il puisse le finir.
Une sonnerie m'extirpe de mon sommeil.
Merde ! Je me suis endormie sur le canapé ! Tout en cherchant mon portable, a tâtons sur la table basse, je jette un œil à l'heure qu'indique ma télévision ... 21h15.
Re Merde ! Je vais jamais réussir à m'endormir cette nuit et je dois être demain matin à 7h30 dans le bureau de Vigor, accompagnée de mon maître de stage pour faire le bilan de ma journée avec Noam.
Bien entendu, le temps que j'émerge et que je déniche ce foutu téléphone, l'appel est terminé. C'était Louis. Je me décide à le rappeler, j'ai bien besoin d'entendre sa voix et d'être réconfortée après le cafard que j'ai depuis que Noam est rentré au centre.
Une sonnerie, deux sonneries .... Et je reconnais la voix de Max qui chantonne un « Salut Bébé » !
-" Max ? Mais je croyais avoir appelé Louis ! Je suis encore plus dans les vaps que je ne le pensais !"
-" Mais non « bébé », fait-il comme pour se moquer du surnom dont Louis m'a affublé. Tu as bien appelé ton chéri, mais il vient de partir à la cuisine chercher quelques bières. Quand j'ai vu « bébé » s'afficher j'ai su que je pouvais répondre ! Quoi qu'a bien y réfléchir, imagine si j'étais tombée sur une autre personne que toi !" pouffe Max, réellement hilare.
Et meeeeeeerde ! Voilà ! J'ai compris ! Ce surnom, qui entre parenthèse je déteste et que je trouve niais, Louis l'as attribué à mon numéro ! Ce qui veut dire que... Ho non ! Noam l'a forcément vu en m'appelant cet après-midi ! Il a forcément fais le lien ! Mais pourquoi cette réaction ? On s'est plutôt bien entendus toute la journée, du moins, c'est l'impression que j'ai eu, alors vraiment, je ne comprends pas. Puisqu'il avait l'air de m'apprécier, il aurait dû être heureux de savoir que Louis et moi nous nous connaissions !
-" Bébé ... tu as raccroché mon amour ?" me taquine le blondinet à l'autre bout de fil.
-" Non Max, je .. je suis fatiguée et au radar, excuse-moi."
-" Alors je suppose que tu vas refuser notre proposition de te joindre à nous pour la soirée, Vic."
-" Oui, je suis vraiment désolée... je réponds en simulant un profond bâillement, je te laisse, embrasse Louis de ma part je vais me coucher de ce pas."
Et je raccroche illico, je n'ai finalement pas le courage d'affronter Louis et de l'entendre me parler du « pote » qu'il a retrouvé cet après midi, sans rien pouvoir lui avouer de mon côté.
J'attrape « Le rouge et le Noir » de Stendhal, qui trône toujours sur le côté du divan, et je me remets à lire pour la quinzième fois mon roman préféré, en imaginant les longs doigts de Noam qui ont tourné ces pages en début d'après-midi ...
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