Prologue
La salle de classe paraissait plutôt animée, avec les bavardages des uns, les interventions des autres et les paroles du professeur qui parlait presque dans le vent. Cependant, elle restait très sinistre avec ses grands rideaux gris et ses lumières jaunâtres. Au fond de la classe, une jeune fille était avachie sur sa table, la tête dans les bras et le regard sur le côté, tourné vers la fenêtre. Il faut dire que c'était son habitude. Personne ne faisait attention à elle, elle ne faisait attention à personne. "Norah ? bizarre... parle jamais... dirait un fantôme" entendait-on quand quelqu'un prononçait son nom.
Il ne faisait aucun doute qu'elle était complètement perdue dans ses pensées. Ce qui se passait autour d'elle l'importait peu. Tout d'un coup, le silence se fit. On aurait dit que tout le monde était pétrifiée. Cet événement étrange réussit même à faire sortir Norah de ses songes. La directrice, une vieille dame au ton sec et à l'allure désagréable, entrait dans la salle, accompagnée d'un jeune garçon que personne n'avait jamais vu auparavant.
— Bonjour à tous, je vous prie d'accueillir votre nouveau camarade, déclara-t-elle d'un ton cassant avant de s'adresser directement au concerné. Voudrais-tu te présenter ?
— Je m'appelle Amir. J'ai 17 ans. dit-il de manière monotone. La directrice hocha la tête, puis lui indiqua une place où s'asseoir. Juste à côté de Norah. Il faut dire que ce jeune garçon n'aurait pas pu plus mal tomber. La directrice pensait sûrement à une sympathisation, quelques paroles échangées, ou quelque chose de ce genre. Peine perdue.
— C'est quoi ton prénom ? lui demanda-t-il ,après un long temps de silence, dans le but d'essayer d'engager la conversation. Elle tourna la tête, étonnée que quelqu'un lui adresse la parole. Après quelques secondes où son cerveau paraissait être en train de traiter l'information, elle finit par répondre :
— J... Je m'appelle Norah, bredouilla-t-elle. Rien de plus, rien de moins. L'habituel reprit son cours. Amir était sans doute arrivé à faire abstraction à ce moment plutôt gênant car il jouait déjà avec les cordons de son sweat à capuche. Ce n'était cependant pas le cas de Norah, qui ne cessait de repenser à ces quatre mots qu'elle avait prononcé. Pour l'une des premières fois de sa vie, elle avait adressé la parole à un inconnu.
A la fin du cours, le jeune garçon se leva avant Norah et elle put l'observer de haut en bas. Ses cheveux bouclés, d'un brun intense, étaient ébouriffés à la manière d'un champ de blé bougeant au gré du vent. Il possédait deux grands yeux en amandes, habillés par une paire de lunettes sombre qui se posait sur son nez imposant. Il ne fait aucun doute qu'il aurait put être très séduisant s'il avait fait un effort dans sa tenue et sa coiffure.
La jeune fille se surprit à être hypnotisé par ce garçon et tourna immédiatement la tête avant de ranger précipitamment ses affaires et de sortir de la salle en se fondant dans la masse. Elle traversa les longs couloirs bondés, mais surtout remplis de bruit. En à peine trois secondes elle avait sorti ses écouteurs et les avait mis sur ses oreilles afin de ne pas entendre tout ce brouhaha insupportable. Elle descendit un dernier escalier puis passa le portail et se retrouva enfin dehors.
Elle prit comme à son habitude la plateforme aérienne numéro 75153 déjà rempli de monde. Elle monta dans l'engin d'un bleu pétant et à l'allure futuriste qui s'envola quelques instants après son arrivée et fonça vers les prochains arrêts. Le nombre de personnes dans les transports n'avait cesser d'augmenter depuis l'interdiction totale des véhicules personnels autre que les taxis dans la capitale.
Norah descendit à son arrêt et continua le chemin jusqu'à chez elle. Normalement, elle prenait une deuxième plateforme, mais elle décida de faire le dernier bout de chemin à pied en passant par le parc. Les allées de fleurs et la verdure de part et d'autre changeait de d'habitude. Cet endroit était calme, très peu de gens y allaient. En même temps, les individus qui aimaient la nature, cela ne courait plus les rues. Seuls quelques vieilles personnes y allaient, parfois accompagnées de leurs petits-enfants qui ne décollaient pas le nez de leurs lunettes de réalité virtuelle.
Norah se baladait entre les chemins et les pâquerettes avant de s'arrêter à l'ombre d'un arbre pour souffler un peu. Mais, quand elle s'assit au sol, elle sentit quelque chose contre sa hanche. L'objet était visiblement enfouie sous la terre, mais on pouvait en apercevoir ce qui ressemblait à un coin.
Elle fut intriguée et décida alors d'essayer de comprendre ce qu'était cet étrange objet. Elle tira dessus de toutes ses forces et parvint ,après quelques essais infructueux, à déloger l'objet de son abri de terre. C'était un petit coffre, vraiment minuscule, pas plus grand que deux mains. Norah contempla l'objet avec une lueur d'admiration dans les yeux. Mais, avant qu'elle ne puisse mieux l'observer, sa montre sonna et elle se rendit compte qu'elle était en retard. Vite ! Elle rangea le petit coffre dans son sac, se mit debout, et courut presque jusqu'à chez elle.
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