31. Respire
Je me tourne dans mon lit pour la énième fois. Je n'arrive pas à dormir. Je suis bien trop énervée, angoissée et triste. Une multitude d'émotions contradictoires se bousculent en moi et je n'arrive pas à les canaliser. Elles me ravagent, m'engloutissant sans me laisser le temps de respirer. J'ai envie de hurler, de pleurer et de me faire consoler. Bon sang, j'ai envie d'être dans les bras de quelqu'un. Mais avant ça, je veux tout casser.
Malheureusement, dans cette cellule, il n'y a pas grand-chose à casser. Je risquerai de me casser quelque chose en frappant le lit en métal, et c'est le seul meuble de la pièce. Alors, je reste dans mon lit, et compte mes respirations, priant pour qu'elles ne s'emballent pas et pour que je ne me mette pas à paniquer complètement. Je la sens venir. La panique monte en moi. Je dois me calmer. Je sais le faire.
«Respire. Hé, tout va bien, respire d'accord? Je reste avec toi, tout va bien». Me dit cette voix familière.
Le petit matin va se lever, je le sens, même dans ce sous-sol obscur. C'est étrange, j'ai l'impression d'être connectée au temps. Je me trompe sûrement, il est peut-être deux heures de l'après-midi ou bien sept heures du matin, mais j'ai l'impression que le jour va se lever. Je ferme les yeux et imagine un lever de soleil. J'imagine les tons orangés et rosés que prendra le ciel, avant d'accueillir le soleil.
Quand j'étais sur le navire, c'était mon moment préféré de la journée. J'allais le voir, sur un pont, et je sentais le vent me fouetter le visage et les faibles rayons lumineux m'éclairer. Chaque journée était un nouveau départ. Chaque lever de soleil me rappelait d'où je venais, pourquoi j'étais ici, et que je ne devais jamais l'oublier.
Alors que je m'endors presque, une porte grince au loin et je sursaute, me réfugiant dans un coin du lit. Je tente de calmer mes tremblements naissants.
«Respire».
La folie me guette, je le sais. Je dois juste gagner le combat.
Ma porte s'ouvre et Harry entre, furibond dans ma chambre. Il est suivi par trois hommes, dont un qui m'a fendue la lèvre pas plus tard qu'hier.
-Lèves-toi. Ordonne-t-il.
Je me lève, les jambes tremblantes et attends un coup qui ne vient pas. Il me demande de me tourner et m'attache des menottes, avant que nous sortions de la cellule. J'ose penser qu'ils vont m'amener à la surface. C'est évidemment un faux espoir.
Ils m'amènent dans la salle où ils ont accrochés Tom, celle de mes pires cauchemars. En parlant de mon meilleur ami, il est là. Dans un coin, la mâchoire contractée et les yeux rivés au sol. Je déglutis. Je ne veux pas qu'il soit là. C'est mauvais signe.
Une baignoire remplie est posée au milieu de la pièce et je sais d'avance ce qu'il va se passer. Je le sais car ça va être horrible. Je ne sais pas si je pourrai le supporter. J'ai déjà du mal à respirer à l'air libre. Je vais sûrement mourir aujourd'hui, et étrangement, je ne ressens que du soulagement.
Clarks est déjà présent, près de Tom. Il s'avance vers moi et se tient bien droit.
-Bonjour Abby. Dit-il.
-Pourquoi ceci? Je vous ai déjà parlé.
-Tu nous as menti, Abby. Tu ne sais pas où se cache cette puce.
J'ouvre la bouche pour me défendre, mais je n'ai rien à dire. J'ai expliqué tous mes rêves. Ça ne leur suffit pas. Ils veulent toujours plus. Je comprends alors que quoique je dise, c'est fini pour moi. Ils ne me laisseront jamais sortir d'ici. Je sais bien trop de choses pour être libre. S'ils ne me tuent pas avant, je mourrais de vieillesse entre ces murs.
-De plus, nous ne savons toujours rien à propos de ce Ben. Continue-t-il. Alors premièrement, je hais qu'on me mente, et je ne laisse jamais impuni ce genre de chose. Deuxièmement, je ne sais pas encore tout ce que je veux savoir. Tu as omis des choses, je ne suis pas stupide.
Je détourne le regard. Je n'ai plus de force. Je n'ai même pas envie de me défendre.
-Tu n'as rien à me dire? Insiste-t-il.
Je secoue la tête et il soupire.
-Fait ce que tu as à faire, dit-il à Harry. J'ai une réunion aujourd'hui. Je reviens à la fin de la séance.
Il sort, accompagné de deux hommes. Il ne reste plus qu'Harry, la brute d'hier et Tom. Ma mort se fera donc en petit comité.
-Allez, à genoux devant la baignoire. M'ordonne Harry et j'obéis.
Mais au lieu de m'enfoncer la tête sous l'eau, il s'approche de moi et m'observe longuement.
-Tu n'as pas l'air bien, non? Me demande-t-il.
Je hoche faiblement la tête.
-Qu'est-ce-qui se passe?
-Je ne sais pas. Je meurs doucement. Lâché-je.
Il hausse les sourcils.
-Tu sais comment ne pas mourir, pourtant. Pourquoi tu ne parles pas?
Je scrute ses yeux et je vois ce qu'il essaie tant de cacher. Cette haine, cette méchanceté qui a pris racine en lui. Il a beau essayer de m'amadouer et me parler gentiment, je vois dans ses qu'il prendra du plaisir à me voire suffoquer.
-Je n'ai rien à dire. Dis-je fermement.
Il hoche la tête et soudainement, m'enfonce la tête sous l'eau. Je prends une grande inspiration, ce qui n'arrange rien du tout. Je suffoque et je me débats, mais une poigne de fer me maintient la tête. L'eau rentre dans ma gorge et je crache, pleure, m'étrangle. Ma tête tourne et asphyxiée, je sens l'eau partout, dans mon nez, ma bouche, mon corps. Je n'arrive plus à respirer. L'air me manque de plus en plus et sans cesser de me débattre, je hurle sous l'eau. Finalement, je ne veux pas mourir. Pas de cette façon-là. Je hurle mais je ne fais que m'épuiser davantage. Soudain, des tâches noires apparaissent devant mes yeux. Mon esprit semble s'éteindre doucement. Je ferme les yeux mais la main tire mes cheveux et je suis arrachée de l'eau.
Je prends une grande inspiration et manque m'étouffer. De l'air! Mon Dieu, de l'air! J'avale à grande goulées l'oxygène, suffoquant et crachant de l'eau.
Je n'ai pas le temps de me calmer que ma tête est replongée sous l'eau. À nouveau, la panique enfle en moi et je crie, me débat, même si je sais que c'est vain. C'est l'instinct, je ne peux pas faire autrement.
Tout à coup la main me lâche. Cependant, elle ne me tire pas hors de l'eau. Je reste la tête dans la baignoire, et demande une force considérable pour me redresser. Personne ne m'attrape alors je m'écroule sur le béton, enfin à l'air libre, inspirant de toutes mes forces. Mes oreilles bourdonnent et je n'entends qu'un grésillement incessant.
Je tente de me redresser, craignant qu'Harry soit toujours là mais je ne le vois pas. À la place, j'entends un craquement sinistre. J'ouvre mes yeux fatigués et la première chose que je vois, c'est du sang. Puis un gémissement. Je tourne la tête. L'homme qui était à côté de Tom est allongé sur le ventre, la face contre terre. Il ne bouge plus. Un cri me fait tourner la tête de l'autre côté. Et malgré mes sens anesthésiés, je vois un homme se jeter sur Harry et le rouer des coups. Celui-ci tente de se défendre mais ne fais pas le poids face à l'inconnu. Son visage est maculé de sang et il finit par s'effondrer comme une poupée de chiffon.
L'inconnu s'approche de moi et je recule vers la baignoire, lâchant un petit cri. Je n'arrive pas à voir son visage, il est flou à mes yeux encore traumatisés. Mes oreilles bourdonnent toujours et j'ai l'impression que mon corps est rempli d'eau. Tout ce que je vois c'est les mains pleines de sang de l'homme. Il s'agenouille à mes côtés et m'attrape pour me ramener contre lui avant de se relever. Sur ce mouvement brusque, je me mets à tousser et à manquer à nouveau d'air. Je n'arrive pas à rester debout et ne suis maintenue que grâce à ses bras.
-Doucement. Murmure-t-il, respire doucement.
Je reconnais cette voix. Je m'accroche à son tee-shirt, m'agrippant à ses épaules et tente de lui obéir. Je me calme doucement, et mes oreilles finissent par cesser de siffler. Quand je redresse la tête, mon regard croise celui inquiet d'Esteban.
Je ferme les yeux un instant avant de me souvenir que nous ne sommes pas seuls. Tom!
Je lâche Esteban et m'écroule à nouveau. Je cherche mon ami du regard et le trouve plus loin, inconscient. Je rampe jusqu'à lui et le retourne sur le dos, cherchant à voir s'il va bien. Ses yeux sont fermés, mais il respire. Je me retourne vers Esteban.
-Tu l'as frappé? Dis-je d'une voix étranglée.
Il secoue la tête et pointe du doigt l'homme, le visage contre le sol.
-Cet homme l'a assommé avant de tenter de me maîtriser.
Je redresse la tête de Tom et lui donne de petites baffes. Il bredouille quelque chose d'incompréhensible puis ouvre les yeux. Il cherche un instant mon visage puis le trouve et sourit faiblement.
-Salut toi. Ça va? Demande-t-il d'un ton forcé.
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Bonjour !
Voici la suite de tempête d'espoir ! Esteban est enfin venu l'aider 😊 mais en la sauvant il se met le président a dos. Comment vont ils faire ?
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Séléna 💘
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