Je déglutis d'un air mal assuré en regardant les étages défiler sur le petit écran de l'ascenseur. Pour la première fois depuis deux semaines, je descends au sous-sol. Clarks m'a donné rendez-vous devant la porte 3. J'ai bien pensé à m'enfermer dans ma chambre et à ne pas en sortir mais le garde du corps devant ma porte m'en a dissuader.

Je sors de l'ascenseur avec mon pote le gros type baraqué qui ne parle pas et cherche du regard la porte 3. Elle est juste en face de moi. Je jette un regard à l'homme à mes côtés et celui-ci secoue la tête. Je dois donc attendre ici.

J'observe le couloir en tentant d'avoir l'air courageuse. Cet endroit n'a rien à voir avec les couloirs plus haut, dont les murs sont couverts de tableau et le sol recouvert d'une moquette moelleuse. Ici, tout est dénudé, froid et calme. Les murs sûrement blanc auparavant, sont à présent devenus gris par saleté et le sol est en carrelage abîmé. Sans être non plus insalubre, ce couloir aurait tout de même besoin d'un bon rafraîchissement.

Une porte s'ouvre un peu plus loin dans le couloir et une petite fille en sort. Ele baisse la tête mais je reconnais la petite sœur d'Esteban à ses boucles brunes et à sa peau basanée.

-Ana?

Elle relève les yeux et écarquille les yeux en me voyant. Elle porte de gros cernes et essuie ses larmes en vitesse.

-Abby, c'est toi?

Je hoche la tête. Elle sourit.

-Je suis contente de te voir. Tu m'as manquée. Dit-elle doucement.

Elle jette un regard à la porte en face de moi et ses yeux se voilent de peur. Elle pointe du doigt la porte.

-N'entres jamais là.

-Pourquoi? Demandé-je.

-J'ai vu beaucoup de gens sortir de cette salle. A chaque fois, ils sortaient dans un sale état. C'est la salle préféré des méchants.

Je réprime un frisson. Il faut que je me barre. Et vite. Seulement, comment?

-Et toi? D'où viens-tu? Interrogé-je Ana, ne comprenant pas ce qu'une petite fille fait ici.

-De celle-ci. Dit-elle en me montrant la salle d'où elle est sortie. Ce n'est pas très cool mais c'est moins pire que celle devant toi.

Un sentiment de peur me glace le sang. J'ai peur de comprendre.

-Qu'est-ce qu'ils te font Ana?

Elle relève ses manches et me montrent ses bleus. Oh non. C'était bien ça.

-Ils viennent d'ici? Comment? Qui te fais ça et pourquoi?

Elle hausse ses petites épaules.

-Un homme. Je ne le connais pas. Ils me plantent des seringues un peu partout. Ça fait mal mais il dit que c'est des tests et que c'est pour sauver des gens. (Elle sourit tout à coup). Mais aujourd'hui, c'était la dernière fois! Je ne reviendrai plus jamais ici!

Je ferme les yeux, dégoutée.
Mais qu'est-ce-que cela veut dire ? Y-a-t-il un rapport avec moi?

-Esteban est au courant de tout ça?

Ana me dévisage un instant puis ouvre la bouche.

-Oui. Enfin, je crois. Il n'en parle pas beaucoup. Un jour, il m'a promis que ça allait s'arrêter. J'ai attendu ce jour et ça y est.

-Tu sais pourquoi je suis là, moi?

Elle ouvre la bouche mais des pas résonnent derrière moi.

-Rentre chez toi Adriana. Ordonne une voix.

Je me retourne en sursaut et tombe nez à nez face au président.

Ana hoche la tête et bredouille un au revoir avant de filer vers l'ascenseur. Je ne comprends plus rien. Je jette un regard d'espoir vers la porte de l'ascenseur qui vient de se refermer.

-N'y penses même pas. Me dit Clarks en sortant des clefs et en ouvrant la porte.

Je le suis en tremblant.

J'observe la pièce. D'un côté, il y a une vitre avec des sièges et de l'autre un homme est assis torse nu sur une chaise. Ses mains sont liées dans son dos et sa tête est avachie en avant, comme s'il dormait.

Clarks ouvre la porte donnant derrière la vitre et m'invite à le suivre. Il s'assoit dans le fauteuil et me désigne un tabouret.

-Je t'en prie.

D'un air hésitant, je m'assois pour ne pas le contredire. Nous avons une vue parfaite sur la pièce. Je remarque immédiatement les chaînes au plafond, les crochets et les tâches de sang au sol. Je m'efforce de ne pas paniquer. Mon Dieu, faites que ce ne soit pas ce que je crois.

Harry Gerald entre dans la pièce et sourit au président qui le lui rend. Il se dirige vers l'homme attaché et lui assène une gifle retentissante. J'agrippe les bords du tabouret sous mes fesses en écarquillant les yeux, le cœur battant.

La voix de Clarks rompt le silence.

-Ce prisonnier est un criminel. Il a braqué un commerce et a tué le commerçant. Il fait partie d'un gang et nous voulons connaître le nom du chef de ce gang. Aujourd'hui, tu vas assister à quelque chose de très instructif. On va tout faire pour qu'il nous dise le nom de son chef.

L'homme se redresse vivement et regarde autour de lui comme s'il ne se rappelait plus où il se trouvait. Soudain, ses yeux tombent sur le président puis sur moi. Les yeux écarquillés d'horreur, je ne peux m'empêcher de le fixer. Il n'a pas trente ans, c'est certain. Ses bras sont couverts de tatouage et son jean est déchiré. Un grand bleu lui recouvre la joue droite et je devine qu'il s'est déjà fait frappé. Son regard s'emplit de dégoût et il crache par terre avec mépris.

Harry l'empoigne par les cheveux et lui murmure quelque chose à l'oreille. Les deux hommes se toisent d'un air mauvais.

Puis, tout à coup un coup vole vers le visage de l'homme. Sans lui laisse le temps de reprendre ses esprits, Harry le frappe à l'estomac et son prisonnier crache du sang, tentant de reprendre sa respiration.

-Toujours pas décidé à nous dire le nom du patron? Demande Harry.

-Plutôt crever. Lâche l'autre.

-T'inquiètes pas pour ça.

Et il lui donne un autre coup de poing dans le nez. Le criminel saigne à présent et expire de plus en plus bruyamment.

-Je... Je ne veux pas voir ça. Bredouillé-je en me levant et en titubant jusqu'à la porte.

Le garde du corps m'empêche de passer mais Clarks lui fait signe de ne pas me toucher.

-Remonte dans ta chambre. Dit-il d'une voix froide. Et réfléchis. Ici, on fait la même chose aux filles.

----------------------------------------------------------

Bonsoir,

Comme vous le voyez, les problèmes vont commencer pour Abby! 😐

En espérant que ça vous plaise toujours...

Votez et donnez votre avis 💛

Bonne soirée,

Séléna.