19. Attirance réciproque

-Tu n'es qu'une imbécile! S'exclame Ben en me giflant.

Je m'écroule sur le côté, une main sur ma joue brûlante.

-Je suis désolée. Soufflé-je, sans le regarder dans les yeux.

Il saisit le col de mon tee-shirt et me relève. Mes pieds ne touchent plus le sol et mes cheveux me tombent dans le visage. Je tremble comme un feuille et il le sens, ce qui à le don de l'énerver encore plus.

-Où t'étais ce matin?

Ses pupilles sont dilatées et floues. Il n'est pas dans son état normal. Je me demande s'il va me tuer. Je sais qu'il en est capable. Je l'ai déjà vu.

-Drew... Drew avait faim... Je... J'ai été lui... chercher à... manger... bredouillé-je, mes dents s'entrechoquant à cause de mes tremblements.

-Tu n'as pas d'argent! Tu as volé, hein? Je sais que tu as volé! Crie-t-il en enroulant mes cheveux autour de sa main.

-Non! Je le j...

Mais c'est trop tard et il me frappe. La douleur pulse dans mon œil et je sais déjà que demain, il sera au beurre noir.

-Andrew n'avait pas à se plaindre. S'il est puni de nourriture, c'est moi qui décides. Et ce matin, j'avais besoin de toi! Tu es sortie en cachette!

-Pardon. Sangloté-je.

Il me jette sur le côté et je me roule en boule, protégeant mon visage avec mes mains.

-Pardon... répété-je en pressant les yeux.

Je sors de mon cauchemar d'un sursaut et fais un bond hors de mon lit. J'atterris sur le plancher, en pleurs et tremblante. Je m'assois sur le bois froid et pose mes mains sur mes yeux en tentant de reprendre le contrôle de ma respiration et de mes tremblements. Les larmes roulent sur mes joues et le goût salé de celles-ci emplit ma bouche.

Au bout d'une éternité, je me lève et marche dans la chambre, les bras pressés autour de mon corps, le visage trempé. Je ne peux pas me recoucher. Si j'y retourne, Ben va revenir, j'en suis sûre. J'ouvre la porte de ma chambre à la volée et me précipite dans le couloir, les yeux embués. Sans réfléchir je rentre dans celle d'Esteban. Il se réveille dès que je referme la porte derrière moi et se redresse. Ses yeux se posent sur le tee-shirt trop grand qui tombe sur une de mes épaules et mes jambes nues. Il ne pose aucune question et soulève simplement ses draps. Je constate qu'il ne porte qu'un bas de pyjama mais je ne m'en soucie pas. Je me jette dans ses bras en pleurant et il m'allonge doucement tout en me recouvrant de sa couverture.

J'enroule mes bras autour de lui et sanglote contre son torse.

-Hé... Tout va bien. Me murmure-t-il en caressant doucement mes cheveux.

Une nouvelle salve de larme me submerge et il glisse une de ses mains dans mon dos pour y dessiner lentement des cercles. Son autre main caresse ma tête avec douceur. Peu à peu, mes sanglots se calment et ma tête s'alourdit. Je ferme doucement les yeux. Esteban continue de passer tendrement ses doigts dans mes cheveux. Son ventre musclé est chaud sous mes doigts et ses bras m'étreignent avec bienveillance. Je sombre tout doucement, enfin protégée.

********

Je me réveille avant lui. Sans bouger, j'observe son visage paisible. Ainsi endormi, on dirait un enfant. Sa poitrine monte et redescend au rythme de sa respiration. J'y fais glisser mes doigts doucement, sans le réveiller.

Il n'a pas dû comprendre mon comportement de la nuit dernière. Nous sommes rentrés de la réception, joyeux et insouciants. Après être rentré avec le tramway, il m'a encore fait tournoyer dans les rues sombres de son quartier. Nous ne sommes pas rentrés nous coucher tout de suite. Nous nous sommes promenés, avons danser et avons ris. Je crois bien que j'étais un peu soûle mais je m'en fichais. Esteban était à mes côtés et il me protégeait. Je me sentais jeune et libre.

Trois heures plus tard, il me retrouvait tremblante et en larmes. Il a dû se demander ce qui me prenait. Pourtant, il a encore été parfait. Il m'a réconfortée sans aucune question.

Alors que je dessine ses abdominaux du bout des doigts, une terrible pensée s'impose à moi. Je n'arriverai plus à me passer de lui. Esteban est devenu mon monde en l'espace d'à peine trois mois. Je ferai tout pour rester à ses côtés. Ses yeux réchauffent mon âme, sa voix m'apaise et son sourire cicatrise mon cœur. Je ne sais pas comment j'ai pu autant m'attacher à lui et ça me fait peur. Il est tout ce que je désire. Je crois que je suis en train de tomber amoureuse.

À l'instant où je réalise cela, ses yeux s'ouvrent doucement et son regard brun tombe sur moi. Je sais qu'il est en train de réaliser que ses bras m'enserrent et que mon tee-shirt est remonté jusqu'à ma taille, pourtant il ne bouge pas d'un millimètre. Ses yeux descendent jusqu'à mes lèvres avant de revenir sur mes yeux.

-Ça va? Souffle-t-il.

Je hoche doucement la tête. Mes doigts descendent sur sa peau, jusqu'à son flanc gauche. Il se tend à mon contact et son corps se couvre de chair de poule. Je caresse le tatouage.

-Pourquoi des oiseaux? Murmuré-je en examinant les quatre oiseaux volants.

-La liberté. Répond-t-il sur le même ton. Les oiseaux représentent la liberté.

-Tu n'es pas libre? Tu peux faire tout ce que tu veux sur Neworld, non?

-Tout n'est qu'une façade. On n'est jamais libre. Il y a toujours quelque chose qui nous rend esclave. L'argent, l'alcool, le tabac. Même la famille et les amis.

-Ta famille te rend esclave? Demandé-je en inclinant la tête.

-Ils comptent sur moi. C'est moi qui les fais vivre. Je ne peux pas faire ce que je veux. Tout acte à des conséquences.

-Tu protège tout le monde. C'est admirable et courageux. Mais tu ne devrais pas t'épuiser à la tâche. Dis-je.

Il hoche la tête, attentif.

-Ne te punis pas pour chaque erreur que tu fais. Continué-je. Personne n'est parfait.

Il hoche la tête. Son regard est si intense qu'il me sonde à travers ma peau, mes os et me réchauffe le cœur.

Tout à coup, sans m'y attendre, il se penche et ses lèvres se pressent avec force aux miennes. Je me consume aussitôt et cela ne s'arrange pas quand Esteban glisse une main dans ma nuque et me rapproche pour avoir une meilleure prise sur mes lèvres. Le temps semble s'être arrêté autour de nous. Je n'entends plus rien et ne vois plus rien. Je ne suis plus sûre de savoir qui je suis ni où je suis. Tout ce que je sens, c'est ses lèvres si chaudes et si incroyables sur les miennes. Je cède aux avances de sa langue et me plaque un peu plus contre lui alors que je perds complètement pied. C'est comme si j'avais attendue ça toute ma vie. Comme si mes lèvres étaient faites pour embrasser les siennes. J'enroule mes bras autour de son cou et il gémit contre ma bouche. Quelque chose explose dans ma poitrine et il roule sur moi, sans m'écraser et sans cesser de m'embrasser.

Soudain, quelqu'un tape à la porte. Nous sursautons tous les deux et Esteban se redresse d'un coup. Ses cheveux sont ébouriffés et ses lèvres sont gonflés et roses foncés. Je me retiens de sourire devant ce spectacle.

-Esteban? T'es réveillé? Demande la voix de Luis.

Celui-ci se racle la gorge avant de répondre.

-Oui. J'arrive dans 5 minutes.

Son petit frère acquiesce et nous l'entendons s'éloigner.

Esteban se retourne vers moi et un sourire étend ses lèvres. J'ai terriblement envie de les goûter à nouveau mais je me retiens. Sa famille va se poser des questions s'il ne les rejoint pas. Je sors du lit et souris timidement.

-À plus tard.

À peine ai-je mis un pied hors de la chambre que je tombe sur Rafael. Il est en pyjama, les mains dans les poches. Il me détaille de haut en bas et je suis mortifiée. Mon long tee-shirt est froissé et glisse sur mes épaules. Mes jambes nues brûlent de honte sous ses yeux. Je sais très bien ce qu'il doit penser.

-Bien dormi? Lâche-t-il en haussant un sourcil.

-Non! Enfin si! Non, je... ce n'est pas du tout ce que tu crois! Bredouillé-je tout en réajustant mon haut.

Il me regarde d'un air qui signifie clairement «Tu te fous de moi?».

Je ne sais plus quoi dire. Je dois être rouge jusqu'au blanc des yeux.

-Ouais, ouais. Dit-il en me faisant signe de passer.

Je passe devant lui sans oser le regarder à nouveau et m'enferme dans ma chambre.

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