Depuis plusieurs minutes déjà, Adrien fixe le plafond.

Il serre sa couverture contre lui, malgré la chaleur de sa chambre. Il a le regard vide, il ne bouge pas, mais ses pensées fusent à toute vitesse.

Il y a ces yeux bleus, qu'il distingue dans l'obscurité. Il sait qu'elle n'est pas là, pourtant, il a terriblement envie de la serrer dans ses bras.

Le jeune homme tourne enfin la tête, son corps se remet en mouvement.

Ne penser à rien, ne penser à rien.

Il ferme les yeux...

Sauf que ces yeux bleus le poursuivent. Et le jeune homme se sent happé par ce regard envoûtant. Et tellement profond. Ce regard, c'est comme un ciel d'été sans nuage, il aimerait tant être un avion et jouer avec les légers rayons de soleil qu'il contient. Ce regard, c'est comme un océan, il pourrait s'y noyer, et ne jamais réussir à retrouver la surface, le souffle coupé.

Adrien rouvre les yeux.

Ce soir, il n'a pas fermé ses volets. Ce n'est pas la première fois qu'il fait ça, ça lui arrive de plus en plus souvent. Lorsqu'il tourne la tête, il peut voir ce ciel, qui commence à s'obscurcir. 

Mais toujours pas d'étoile.

Adrien sent que cette nuit aussi, le sommeil ne viendra pas avant longtemps. Il sait qu'il a trop joué avec, ça fait plusieurs mois qu'il se couche plus tard, tout a fini par se dérégler.

Dans un soupir résigné, Adrien se relève, fouille dans sa table de nuit et attrape un MP3 et des écouteurs. Il sait aussi que pour que le sommeil arrive plus facilement, il faut arrêter les écrans au moins une heure avant. Tant pis. De toute façon, il vient tout juste d'éteindre son téléphone.

Le jeune homme allume son MP3, qui diffuse dans ses oreilles la seule chanson qu'il a envie d'écouter parmi toute les musiques que contient l'appareil.

Ces musiques, c'est celles de son père, qui aime le rock et lui en a mis plusieurs sur son MP3. Il ne les connaît pas toutes. 

Cette chanson est douce, et elle arrive à lui faire un peu oublier ses journées.

Il referme les yeux, et se laisse bercer par la chanson. Il n'y a plus que lui, son lit, et sa musique.

J'ai demandé à la lune

Si tu voulais encore de moi...

Elle m'a dit "j'ai pas l'habitude de m'occuper des cas comme ça"

Rapidement, les yeux bleus refont surface. Un sourire aussi. La respiration d'Adrien s'accélère.

Ne pas y penser, ne penser à rien, ne penser à rien.

Adrien pose sa main sur son cœur, qui bat trop vite à son goût. Il le force à calmer ses battements.

Je n'ai pas grand chose à te dire

Et pas grand chose pour te faire rire  

Car j'imagine toujours le pire

Et le meilleur me fait souffrir

Adrien sent ses yeux s'humidifier. Ça aussi, ça lui arrive souvent, pour ne pas dire toutes les nuits. Pourtant, jamais de larme.

Des yeux bleus, un sourire, et des bras qui le supplient de s'y blottir.

Les notes à la sonorité mélancolique résonnent dans la tête du jeune homme, se mélangent avec ses pensées. Le tourbillon reprend, emporte tout, Adrien cesse de lutter.

Mais quand il sent qu'il commence à couler, le jeune homme resserre sa prise sur sa couverture.

S'abandonner à la musique, ne pas y penser, ne penser à rien, ne penser à rien.

Adrien tente de remplacer l'orage de ses pensées par un ciel d'été.  

Et toi et moi

On était tellement sûr

Et on se disait quelques fois

Que c'était juste une aventure

Et que ça ne durerait pas

Soudain, un battement plus puissant, porté par un espoir.

Ça va aller, ça va aller...

Adrien rouvre doucement les yeux, son regard tombe sur sa fenêtre. La nuit tombe, il peut voir la lune, pleine de promesses pour le lendemain.

Sans qu'il s'y attende, un éclair passe dans le ciel, laissant derrière lui une traînée scintillante.

Une étoile filante.

Sans oublier de faire un vœux, il referme les yeux, le sourire aux lèvres.

Adrien sent ses paupières s'alourdir, et tandis que la dernière note de la musique se fait entendre, il se laisse emporter par les bras de Morphée.

Demain, tout ira mieux.  

J'ai demandé à la lune    

Et le soleil ne le sait pas...