16. Poison de sentiments

Le soleil se déclinait lentement à l'horizon.

Aloïssa était allongée dans l'herbe, observant les couleurs du crépuscule se dessiner devant elle.

Le ciel se paraît de ses plus belles teintes, allant d'un léger rose à un orange profond.

Mais rien de ce spectacle n'éveillait l'admiration d'Aloïssa, qui n'avait en tête que la couleur des yeux d'un certain jeune homme, qui semblait avoir pris possession de son cœur.

Un doux regard vert, aux teintes orangées. Un regard pétillant de joie de vivre et brillant d'intelligence.

Elle ne savait plus quoi penser, ne faisait qu'espérer. Elle repassait en boucle les images dans sa tête embrumée par des pensées qu'elle n'arrivait plus à démêler.

Les sourires qu'il faisait à cette fille qu'elle n'était pas. Leurs étreintes. Quand elle lui touchait l'épaule, la joue, qu'il jouait avec ses cheveux.

Plus rien ne semblait exister autour d'eux. Ils ne voyaient pas Aloïssa, plus loin, rongée par la jalousie qui commençait à déborder de son cœur en lambeaux.

Une jalousie qui s'infiltrait dans son corps comme un poison. Une jalousie qu'elle avait horreur de ressentir, mais qui la détruisait malgré elle. Jalousie qui devenait parfois désespoir, ravageant tout sur son passage et laissant son cœur à vif.

Elle n'était plus qu'un feu ardent de sentiments, se consumant doucement. Feu ardent qui s'éteignait lentement avec les larmes de son cœur implorant.

Combien de fois avait-elle rêvé qu'il soit là ? Qu'il la voit, à l'attendre désespérément sur le bord du chemin, l'âme en peine. Elle était comme égarée, perdue entre son cœur et sa raison. Une bouteille jetée à la mer, dans l'espoir que quelqu'un la sorte de sa noyade.

Elle ne comptait plus les heures qu'elle passait à penser à lui, avec cette fille qui avait tout ce qu'Aloïssa n'aurait jamais. 

La nuit tombait doucement sur la ville, donnant l'impression à la jeune fille de vivre à contre-temps. Ce temps qui lui filait entre les doigts sans qu'elle ne puisse esquisser le moindre geste pour le retenir.

Ce garçon lui donnait la sensation de vivre dans des montagnes russes. Une descente enivrante pour une remontée toujours plus éprouvante. A chaque embardée que faisait son cœur, une flèche empoisonnée l'attendait au tournant pour venir s'y ficher. Quand une lueur d'espoir de voir la fin du tunnel s'approchait, toutes les lumières s'éteignaient soudainement.

Et ça lui faisait mal. A chaque fois un peu plus. Les battements dans sa cage thoracique se faisaient de plus en plus fébriles. Son cœur se brisait toujours un peu plus qu'Aloïssa se demandait s'il était possible de vivre avec autant de morceaux déchirés de son organe vital et de continuer à ressentir les choses avec autant d'intensité. 

Comme si au final, ses sentiments n'en devenaient que plus puissants à chaque raz-de-marée qui menaçait de les faire couler.

Une mélodie aux accords mélancoliques tournait dans le tête d'Aloïssa. Étonnamment, une confiance qu'elle n'avait pas pour habitude de ressentir pris doucement possession de son esprit encore tourmenté. Petit à petit, elle entraîna avec elle ses doutes, ses peurs, ses espoirs vains, jusqu'à ce qu'ils disparaissent avec le dernier éclat de soleil qui annonçait l'arrivée de la nuit.

On avait souvent dit à la jeune fille que tout ce qu'elle ressentait était une force, mais elle ne l'avait jamais pensé car ça l'avait toujours détruite. Mais aujourd'hui, quelque chose avait changé. Elle avait envie d'y croire, de s'accrocher à cet espoir. Elle ne savait pas d'où ça venait, d'où ça sortait, elle avait juste envie d'arrêter de vivre constamment dans le noir.

Elle se sentait étrangement calme, apaisée, comme lorsqu'elle arrêtait de penser à tout ce qui l'attendait et qui l'effrayait. Le bruit de la ville endormie lui rappelait l'été qui s'annonçait, avec tous ses secrets qu'elle était bien décidée à percer.

Seuls les oiseaux qui chantaient encore étaient témoins de la vague d'émotion qu'elle parvenait enfin à maîtriser.

Et là, dans la douce pénombre du crépuscule, loin de lui et de son regard envoûtant, Aloïssa accueillit sa douleur, les yeux brûlants et brillants dans l'obscurité.

Quoi qu'elle fasse, l'aimer la faisait souffrir. Elle avait l'impression de marcher le long d'un couloir sombre dont elle ne voyait pas le bout.

Mais ses sentiments la rendait profondément vivante.

Aloïssa sourit avec mélancolie en pensant à ces quelques moments précieux qu'elle passait avec lui. Leurs paroles qui n'appartenaient qu'à eux. Leur complicité qui augmentait chaque jour qui passait. Les sourires qu'ils échangeaient, cachés aux yeux du monde. Toute l'émotion qu'ils se transmettaient en un seul regard. La couleur de ses joues lorsqu'elle lui parlait. Le soleil qu'il mettait dans sa vie depuis qu'il y était rentré.

Comme pour lui donner une raison d'y croire, le ciel se zébra d'une douce lueur qui ne dura qu'un infime instant.

Dans un souffle, Aloïssa murmura aux étoiles qu'elle n'avait plus peur.

Parce qu'après tout, elle n'avait rien à perdre.

Et le bonheur n'attendait personne.

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