Tatiana se demandait ce qu'il lui avait pris de venir à cette soirée.

Les musiques aux basses assourdissantes résonnaient dans sa tête, et augmentaient le mal être qu'elle ressentait.

Des groupes dont elle ne faisait pas partie s'agitaient sur la piste de danse, l'invitant à les imiter. Tatiana se sentait prise au piège, entre les danseurs et la sortie. Elle étouffait, prête à s'effondrer.

Elle n'était pas à sa place ici. Elle n'aurait pas dû venir. 

Elle n'était pas prête à faire face à ces regards. À leur faire face.

Elle n'était plus qu'une bombe à retardement, prête à exploser au moindre coup.

Soudain, un regard, des chuchotements, un rire...

Le coup de grâce.

Tatiana se savait pas vraiment ce qu'il se passait. Elle ne ressentait plus rien, à part cette douleur sourde au niveau de son cœur, qui menaçait d'imploser. Elle porta la main à sa poitrine. Ses yeux menaçaient de laisser couler un torrent de larmes. Se faufilant à travers les corps mouvants des danseurs, elle réussit à atteindre la porte de sortie, et se précipita dehors sous les regards inquisiteurs.

Aussitôt écartée de la chaleur étouffante de la soirée, Tatiana éclata en sanglots, loin de tous ces gens parfaits. Loin de toute cette hypocrisie. Tous ces sourires faux, ces regards lourds de sous-entendus... Tout cela ne faisait pas partie de son monde. Et elle ne voulait pas y être confrontée. Elle ne voulait pas être confrontée à eux.

L'air frais de la nuit l'accueillit avec douceur, dans une étreinte réconfortante. Elle se laissa envelopper, elle laissa cette sensation de froid prendre possession d'elle.

Non, Tatiana n'allait pas bien.

Toutes ces choses qu'elle tentait d'oublier revenaient sans cesse, tels des démons prêts à exploiter la moindre de ses faiblesses. Surtout ce soir là.

On la prit dans ses bras. On lui murmura des paroles réconfortantes. Certains comprenaient, sachant ce qui n'allait pas. D'autres tentaient de comprendre,posant des questions et entraînant Tatiana vers les ténèbres. Néanmoins, elle se laissa bercer, parce que c'était tout ce dont elle avait besoin.

Elle n'arrivait plus à parler, des larmes pleins les yeux, avec cet horrible sentiment d'avoir gâché la fête qui s'annonçait tellement bien... Mais ils continuaient, ils voulaient comprendre pourquoi, savoir ce qui l'avait mise dans cet état. Elle était incapable de leur expliquer. Elle n'en avait pas la force. Plus l'envie. Juste rester seule.

Tatiana était vidée.  

Elle se calmait peu à peu, mais de plus en plus de gens s'approchaient, jusqu'à la raison même de ses pleurs. Elle pensait n'avoir plus une once d'eau dans son corps, mais ses yeux lui prouvèrent le contraire lorsque de nouvelles larmes affluèrent. Elle tourna la tête, se réfugiant dans une étreinte avec la seule personne qui comprenait vraiment.

Elle n'avait pas envie de voir ça. Pas envie de les voir.

La suite des événements se déroula dans le flou total. Tatiana eut l'impression de nager dans du coton. Plus rien n'avait d'importance. On parlait autour d'elle. On criait. Mais elle n'entendait plus rien, fermant les yeux.

Lorsqu'elle les rouvrit, elle s'aperçut qu'elle était seule avec la personne qui l'avait défendue à coups de remarques cinglantes.

Aucune des deux n'osait prendre la parole.

Tatiana sentait l'air froid de cette nuit d'octobre contre elle, mais son cœur gelé semblait s'y être habitué.

Elle leva la tête vers la lune qui brillait peu ce soir.

Et un éclair traversa le ciel, avant de disparaître aussi vite qu'il était arrivé. Tatiana cligna des yeux plusieurs fois, croyant être victime d'hallucinations. Mais au final, cela n'avait pas d'importance.

Une petite étincelle s'alluma au creux de sa poitrine, réchauffant son cœur légèrement.