10. Juste une danse

Elle danse.

Sous la lumière des projecteurs, elle danse, à contre cœur.

Elle danse pour tout oublier. L'oublier lui, et cette soirée.

Elle bat le rythme avec ses mains, crie lorsque passent ses chansons, et tente de ne pas le regarder. Surtout de ne pas le regarder.

Elle ne s'arrête toujours pas, elle danse, alors que lui passe le plus clair de son temps affalé dans le canapé, ne venant sur la piste de danse aménagée seulement lorsque tout le monde y est.

Les autres lui demandent de l'inviter à danser avec elle, mais elle sait qu'il refusera.

Timide, il l'est, sûrement.

Mais pense-t-il à elle ? Elle qui voudrait une danse, juste une danse ?

Il ne la regarde pas, il l'évite.

Tandis qu'elle danse pour oublier.


Les chansons défilent, elle est épuisée mais refuse de s'arrêter, de se laisser abattre.

Positive et souriante. Elle doit rester positive et souriante. Elle doit s'amuser et profiter de cette soirée qui vire au cauchemar.

Alors elle danse, elle rit avec ses amies, invite les autres à danser avec elle.

Quelquefois, il quitte la salle, va dehors prendre un peu l'air.

Est-ce normal que sa présence lui manque, ne serait ce qu'un peu ?

C'est ridicule, Songe-t-elle, elle ne le connaît que depuis quelques jours.

Elle aimerait retourner à l'après midi de la veille, ce moment où ils ont dû réviser ensemble, chacun jouant sur son instrument. Ce sentiment de partager avec quelqu'un une mélodie, de s'accorder le temps de quelques notes. De ressentir la même chose, ensemble...

Au fond d'elle, elle peut se l'avouer, ils ont plus parlé que joué. Il l'a fait rire, ça faisait longtemps qu'elle avait rit de cette façon. Elle y repense avec tristesse, elle sait que ça n'arrivera plus.

Maintenant il est distant, il fuit son regard lâchement.


Elle a les joues rouges d'avoir trop dansé, et mal aux pieds. Mais elle ne s'arrête pas. La fin de la dernière chanson approche avec cet affreux retour à la réalité.

Les dernières notes résonnent dans la pièce, éteignant une mélodie lointaine.

Refusant de rester une seconde de plus dans cette salle surchauffée par les danseurs, elle sort à l'extérieur avec des amis pour admirer le ciel étoilée de cette douce nuit d'été.

Elle frissonne à cause de la fraîcheur de la nuit. Ou peut être est-ce dû la colère qui s'insinue lentement en elle, qu'elle tente d'ignorer en faisant comme si de rien n'était.

Il fait noir dehors, elle s'assoit dans l'herbe, bientôt rejointe par tout les autres.

Mais dans la pénombre de la nuit, personne ne peut voir ses larmes, alors elle les laissent couler, n'ayant pas la force de les retenir.

Les gens rient entre eux, la tête levée vers le ciel.

Elle est là, assise sous le ciel étoilé, ne se souciant pas un instant de sa robe noire couverte d'herbe, elle a froid et ses larmes laissent une traînée humide sur ses joues.

Elle ne dit plus rien, écoute les murmures des conversations autour d'elle et le chant des criquets. De là où elle est, elle entend sa voix enjouée pendant qu'il parle à ses amis. Il ne se rend sûrement pas compte à quel point il la blesse. Peut être pense-t-il que ça ne la dérange d'être ignorée ainsi.

Elle observe le ciel, tentant de comprendre ce que les étoiles essayent de lui dire.

Puis, une étincelle, un trait de lumière au dessus d'elle.

Une étoile filante. La première de toute sa vie.

Soudain, elle comprend ce que les étoiles tentent de lui faire parvenir.

Ne t'inquiète pas. Ce n'est rien. Ça va aller. 

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