3 - Songes
J'étais perdu(e) dans un univers de profonds songes et de réflexions. Mon univers sociétal ne tournait plus depuis longtemps et mon corps avait été depuis longtemps également été arrêté. Tout ce que je pouvais encore faire était de songer. De penser, de réfléchir, de me perdre dans ma tête. C'était tout ce dont j'étais capable de faire. Me perdre.
Souvenirs ? Non, je n'en avais pas. Je ne savais même pas ce que c'était, mis à part la définition qu'on pouvait en avoir.
Oh, tient, bonjour Nitchka. Comment vas-tu, chaton ? Je m'occupe comme je peux, tu sais. Oui, je comprends, tu dois être sacrément prise avec le temps. Mais je ne suis pas un ange, tu sais ! Si toi-même tu l'es, je ne le suis pas. Mais il est évident que tu en est un(e). Comment ? Tu doutes de moi ? Pourquoi le ferais-je ? Qu'est-ce qui t'amène ici ? On m'y a amené. De force ? Des gros bras ? Les bleus ne sont pas encore morts, alors. Le ciel ne l'est pas non plus. Et la mer ? On en parle de la mer ? C'est ça ! Tu es un livre. Je suis ouvert(e).
Je me trouvais maintenant dans une pièce pleine de mots. Ils volaient, dansaient, sautillaient, tournaient, se baladaient ! Chaque mot s'ajoute à un autre et s'assemblent avec un autre encore, formant ainsi des phrases qui s'unissent avant de s'éparpiller à nouveau. C'était un chouette endroit, celui-là. Rien de plus vide, mais rien de plus beau également.
La chaleur était réconfortante mais étouffante dans la nouvelle pièce. Mes ailes en quelques mots étaient lourdes et mes yeux se fermaient bien seuls et sans compagnie. Je ne voulais pas dormir, mais je devais extérioriser. C'était important d'extérioriser mais mes mots aux ailes étaient lourds à porter. Lourds et exécrablement fatigant. Ils se traînaient. Mais je ne voulais pas dormir.
Mais maintenant j'avais froid. J'avais exécrablement froid et j'étais fatigué(e). Un peu trop peut-être. Mes envies et mes mondes m'échappaient, et ça me faisait bien trop souffrir que j'aimerais ne plus penser. Mon corps m'était rendu et ça me faisait mal. Ne pouvaient-ils pas s'en occuper plus longtemps ? Ne pouvaient-ils pas me garder enfermé(e) à jamais ?
Je suis perdu(e), j'ai mal et ma tête est lourde.
Mais le temps avait encore passé et mon corps et ma chaire et ma peau ne me faisaient plus si mal. Heureusement, pourrais-je dire. Mais je ne le dirais pas.
Cet appartement était beau. Même si je ne savais pas ce que c'était, le "beau". On m'avait dit que le "beau", c'est lorsque j'aime voir quelque chse, que j'apprécie le regarder.
Je suis trop égaré(e) pour comprendre ce qu'on me disait depuis toujours. Je me comprends et il n'y avait que moi qui le faisait. Mais je comprenais les autres, alors je leur réponds à côté, pour qu'ils sachent que je les écoutais. Mais je suis confus(e).
Mes mots deviennent bien gros et mon visage bien fin. Mes larmes coulent pour la première fois, longuement, sans que je sache pourquoi. On m'a dit qu'il y avait plusieurs facteurs pour les pleurs. Je ne savais pas. Peut-être.
Pourquoi ?
Fin
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