Harcelée (Autobiographique): Témoignage Réecrit
Des amis ont eu pour projet de sensibiliser contre le harcèlement dans mon lycée et demandent des témoignages. Ayant été harcelée, j'ai décidé de témoigner. Attention, ce témoignage est beaucoup moins "drôle" que le premier, j'y suis bien plus sérieuse, il est plus choquant, alors si vous sentez que lire ce témoignage vous fera trop de mal, ne le lisez pas. Ce témoignage contient normalement mon prénom mais sur Wattpad je vais le remplacer par "Blue" car c'est le surnom que mes abonnés utilisent le plus pour me désigner. Parce que sur Internet on est jamais trop prudent !
Merci à ceux qui liront, et merci à mes amis qui ont ont décidé de créer ce projet.
Le harcèlement est un mot qui fait très souvent rire, pouffer, et qui est souvent très peu pris au sérieux. Pourtant c'est quelque chose de grave. Personne ne devrait subir ça. Beaucoup de personnes le subissent, et certains ne s'en sortent pas seuls.
Je fais parti de ces personnes qui ont subi de l'harcèlement.
J'en ai surtout subi au collège. J'étais rentrée en 6e sans amis parce qu'en primaire j'avais toujours été rejetée. J'étais seule et j'essayais de faire connaissance avec quelques personnes de ma classe, mais ils refusaient de m'intégrer. Au début ce n'était que des rejets, je restais seule dans mon coin et personne ne prenait mes devoirs quand j'étais absente. Mais peu à peu c'est devenu de pire en pire. Certains groupes dans la classe se moquaient de moi et m'insultaient dans mon dos. Je me rappelle qu'on m'avait souvent traitée de "pouilleuse". Je me sentais mal suite aux moqueries et aux insultes, on m'a souvent dit que c'était à moi de m'intégrer, que je devais aller vers les autres et que c'était en quelque sorte de ma faute si j'étais seule. Alors j'essayais d'aller vers les autres mais ça ne changeait rien, je me prenais des remarques comme "On veut pas de toi reste là-bas". Quand il y avait des travaux de groupe à faire, soit personne ne voulait de moi et je me retrouvais seule, soit on me prenait parce que j'avais des bonnes notes et on me laissait faire tout le travail, on profitait de moi.
La 5e a été la pire année de collège que j'ai eu. Je m'en souviendrais toujours et elle m'a, je dirais, traumatisée. Au début de cette année, je n'avais toujours pas d'amis. On me faisait souvent la blague du "T'as pas d'amis ? Bah mange des curlys !", même si cette phrase semble insignifiante, au fond elle me faisait mal. C'est un groupe de 3 ou 4 élèves qui ont mené toute la classe (sauf 3 élèves) à me harceler tout le reste de l'année.
Je me prenais d'autres moqueries, par exemple "Avec sa tête pleine de boutons je pourrais faire mes calculs", parce que j'avais beaucoup d'acnée. On me disait sans cesse que j'étais "moche", et même que j'étais "anorexique" parce que je suis maigre. On me critiquait chaque jour sur mon physique, ma façon d'être, ma solitude, ça en allait même à se moquer de ma façon de marcher ou de courir. Il n'y avait pas un seul jour sans que je sois insultée ou que je me prenne des moqueries. Dès que je participais ou que j'allais au tableau, on se moquait aussi de moi.
Mais dans l'année ça a fini par aller plus loin que les moqueries et insultes. On me faisait des croches-pieds pour me faire tomber, on me bousculait dans les escaliers et dans les rangs, on me frappait derrière la tête (pour information c'est très dangereux, on peut en mourir si le coup est mal placé), on me marchait sur les pieds, parfois on me mettait des coups de pieds... En sport, quand il y avait les jeux d'opposition, on faisait exprès de me faire mal et de me tirer par mon bras gauche pour m'envoyer plus loin et me faire tomber alors que ce n'était absolument pas ce qu'il fallait faire (tous les élèves de ma classe savaient que mon coude gauche était fragile parce que je me l'étais cassé en primaire, j'en ai été dispensée en 6e, l'information s'est répandue). Quand il y avait basket, on m'envoyait des ballons dans la tête et dans le dos.
Il devait y avoir un bal de fin d'année, quand il a été annoncé j'ai appris que des élèves s'étaient moqués de moi en m'imaginant en robe de soirée.
On m'a également beaucoup humilié, je me souviens qu'une fois, un des meneurs de cet harcèlement devait aller au tableau pour faire un exercice, j'étais au rang de devant parce que j'ai des problèmes de vue. Il a baissé son pantalon pour me montrer ses fesses quand le professeur avait le dos tourné. J'en ai eu tellement honte que je n'en ai jamais parlé à personne directement, pas même à ma famille. Quand on sortait de sport, Le gymnase étant à l'extérieur du collège, j'étais un jour la dernière à sortir. Ils avaient fermé la grille qui permettait l'accès au collège devant mes yeux. Il était impossible de l'ouvrir depuis mon côté sans risquer de se coincer le doigt et de se faire mal, car il n'y avait pas de poignée. Il fallait mettre le doigt dans le verrou. J'avais dû les supplier de revenir, car ils me regardaient et s'en allaient.
Je me souviens que dans les rangs, on me fuyait. Les autres s'écartaient et partaient dès qu'ils me voyaient près d'eux avec un air de dégoût. Une fois, j'ai dis à une élève qui me regardait ainsi: "Tu sais, je suis pas un monstre". Aujourd'hui encore sa réponse résonne dans ma tête: "Bah si".
Mon prénom était devenu une insulte entre les élèves. Je les entendais souvent se dire "Espèce de Blue !". Ça me dégoûtait.
On me lançait souvent des bouts de gommes et de papiers mâchés dessus en cours.
On me volait aussi beaucoup d'affaires. Au début c'était simplement des stylos, puis ça a fini par être mes vêtements (bonnets, gants...), que je n'ai jamais revu, en plein hiver. Ma mère devait toujours en racheter. Puis ensuite, on m'a volé mon carnet de liaison, qui s'est retrouvé dans des escaliers du collège. Ce jour où on m'a volé le carnet, je me suis mise à pleurer en repensant à tout ce que je subissais chaque jour, ce n'était pas la seule fois que je pleurais d'un seul coup.
Ce qui m'a le plus marqué je pense, c'était qu'un jour en arts-plastiques, on devait toujours accrocher nos manteaux au fond de la salle sur des porte-manteaux dans cette matière et, à la fin d'heure, j'ai retrouvé mon manteau rempli de crachats. Même la professeur était choquée. Ce jour-là encore j'ai fini en larmes et j'ai dû rentrer chez moi avec mon manteau dans un sac plastique. La professeur est directement allée voir le directeur. Le lendemain si je me souviens bien, celui qui a craché sur mon manteau s'est dénoncé sans s'en rendre compte, et a sous-entendu que je le méritais.
Les élèves essayaient souvent de me faire dire ce que je n'avais pas dis: ils rapportaient à notre professeur principal que j'insultais alors que c'était faux. (Heureusement la professeur principale savait très bien que c'était faux)
J'allais souvent voir les bureaux avec ma mère pour essayer de faire quelque chose. Souvent la CPE faisait la morale, en disant que ce n'était pas normal que des camarades viennent en cours avec la boule au ventre. Elle gardait mon anonymat, mais pourtant les regards se tournaient vers moi et il y avait des rires, parce que tous savaient que c'était moi qui était allée voir la CPE.
Il y avait aussi de nombreuses fausses rumeurs sur moi qui était créées et propagées.
Je me suis fais quelques amis dans d'autres classes. Les harceleurs venaient parfois vers nous et disaient "Ah bon Blue a des amis maintenant !".
Finalement en 4e, je n'ai pas été harcelée, mais je l'ai été à nouveau en 3e: toujours des insultes et moqueries et quelques violences physiques. On me tirait d'ailleurs souvent les cheveux cette année-là.
En seconde, une personne s'amusait à créer de fausses rumeurs sur moi et me disait des choses gênantes. Je lui avais demandé d'arrêter, mais il a dit que lorsqu'on se fait harceler, soit "on l'ouvre dès le début soit on la ferme du début à la fin".
J'ai souvent au collège et chez-moi eu des crises où je me mettais d'un seul coup à pleurer. Il y a eu un moment même ou j'ai crié chez moi que j'en avais marre de tout ça, que je ne supportais plus. Je faisais parfois des débuts de crises d'angoisse (j'en fais toujours parfois sans raison apparente) où je n'arrivais plus à respirer correctement. Je n'ai jamais compris comment des personnes pouvaient avoir autant de méchanceté à déverser. C'est comme si j'avais été leur souffre-douleur, un être insensible ou leur peluche. Je ne voulais plus aller au collège.
Étant déjà à l'origine timide, je le suis devenue encore plus, au point où je déteste et j'angoisse de participer, passer seule au tableau ou à un oral, ou tout simplement de parler à d'autres élèves que je ne connais pas, même si aujourd'hui, j'ai de la chance d'avoir des amis qui m'acceptent comme je suis. C'est tout simplement devenu naturel, instinctif. Je ne sais parfois pas comment réagir quand des gens de mon âge que je ne connais pas me parlent et il m'arrive parfois de buter sur certains mots ou de ne pas trouver mes mots. Même avec mes amis je reste plutôt réservée sur mes problèmes personnels. J'ai énormément perdu confiance en moi pour de nombreuses choses et j'ai développé de nombreux complexes. J'ai parfois eu des idées très sombres.
Je ne remercierais jamais assez mes amis d'aujourd'hui d'être venus vers moi et de m'avoir accepté, mais aussi les personnes et ma famille qui m'ont aidé quand j'étais harcelée. Aujourd'hui, je tente de faire de mon mieux pour passer au-dessus de ce que j'ai subi et pour perdre la timidité et l'angoisse que j'ai développé au cours de ces années. Je sais que ça s'améliore. Mais jamais rien ne pourra effacer complètement ce que j'ai vécu.
Le harcèlement fait mal, que ce soit physiquement, psychologiquement ou les deux. Personne ne devrait subir ça. Personne.
On pense souvent qu'au lycée il n'y a plus de harcèlement mais il y en a encore.
Combien de personnes sont victimes d'harcèlement ? Combien gardent le silence par manque de confiance, par peur ?
Si vous êtes victimes d'harcèlement, parlez-en autour de vous à des personnes de confiance, ne restez pas seuls.
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