Chapitre 7
Le soir même, Miyu ne pouvait pas contenir son excitation et sa surprise. Durant toute la soirée, elle me questionna sur le soi-disant "rencard" et surtout comment une toute nouvelle amitié pouvait aussi vite tourner à de l'amour ?
Si seulement tu savais, Miyu…
Je me mettais donc à lui raconter ce que Ed m'avait fait part auparavant. J'ai dû faire tout mon possible pour paraître la plus crédible possible, passant de la gêne à de la joie.
Même si le mensonge n'était pas mon point fort, Miyu était tellement heureuse pour moi et captivée par ce que je venais de lui annoncer qu'elle oublia le fait que je pouvais tout aussi mentir. Jamais je n'aurais pu lui mentir avant ce jour-là. Elle connaissait tout de moi depuis l'enfance.
En effet, j'éprouvais un pincement au cœur en lui mentant de la sorte. Mais je ne voulais absolument pas qu'elle périsse aux mains des Black White de la même façon que ma génitrice. Je ne le permettrai pas.
Jamais.
On discuta jusqu'à des heures perdues de tout et de n'importe quoi, que je n'avais finalement pas eu l'occasion d'aller regarder ce qu'il se trouvait à l'intérieur des documents que Ed m'avait donnés.
***
Au lycée, ma meilleure copine nous conseille à Ed et moi, d'être le plus discrets possible.
— À la place de Maria, je ne voudrai pas être la cible de toutes ces filles folles de Eden. Et toi, Eden, j'espère que tu arrêteras d'aller voir toutes ces filles et que tu prendras soin de Maria ! Je compte sur toi ! Si tu lui fais du mal, tu auras à faire à moi, prévient-elle avant d'entrer dans l'enceinte de l'école.
***
Lorsque la cloche retentit pour annoncer la fin du cours de maths, tous les élèves ainsi que le professeur quittent la salle de classe. Eden, désormais comme à son habitude, s'était assis à mes côtés.
— En fait, Mason m'a chargé de te transmettre ta première mission.
Mon sang se glace sur le champ à l'entente de ses paroles.
— Je t'écoute.
Il semble réfléchir à ses mots et me lance un regard de cocker.
— Tu devras mentir sur les causes du décès de ta mère.
— Quoi ? répondis-je instinctivement.
— Je vais te fournir un document qui liste les causes falsifiées de son décès. Tu devras les apprendre et les réciter à la police lorsqu'elle t'interrogera une nouvelle fois sur le "suicide" dont tu as été témoin.
— Mais ça va pas ? Ce n'est pas une leçon que je dois apprendre Ed ! C'est... Ce n'est pas possible...
— Je sais que c'est compliqué… Mais tu dois obéir à ses ordres, sinon tu te feras exécuter quoiqu'il arrive. J'en suis vraiment navré pour toi.
Remarquant que je n'ai rien à dire, il poursuit :
— Même si la police est déjà au courant qu'il s'agit d'un suicide, il faudra que tu les pousses davantage à croire que c'est un suicide, sans qu'ils n'ont à ouvrir une affaire d'une trop grande importance dessus.
J'essaye de me calmer le plus rapidement possible.
Il avait raison, si je ne mène pas à bien la mission qui m'a été confiée, tout ce que je ferai là n'aura plus aucun sens. Je mourrai tout aussitôt.
Ed me tend une enveloppe qui se trouvait auparavant dans son sac.
Lorsque j'ouvre le document que m'a filée Eden, je découvre avec horreur ce que je devrai annoncer à la police. Je commence à lire le document racontant la mort falsifiée de ma génitrice :
"Rivers est décédée car elle s'est suicidée. Plusieurs raisons justifient son geste : elle luttait déjà contre des maladies liées au cœur. Cela faisait déjà cinq ans qu'elle menait un combat acharné pour rester en vie. De plus, la disparition de son mari ne fait qu'empirer les choses. La situation financière est devenue difficile à gérer. Néanmoins, elle avait réussi à dissimuler la vérité aux yeux de sa fille. Malheureusement, un jour, sa fille Maria découvre avec horreur le corps sans vie de celle qui l'a mise au monde en rentrant du lycée à la maison."
— Ils ont déjà tout mis en œuvre. Les documents falsifiés, la mise en scène chez toi… Tout.
Les larmes ruissellent le long de mes joues. Je fus prise d'une haine monstrueuse envers cette organisation mais également d'une colère contre moi-même. Depuis le début, j'étais prise au piège. Si mon choix n'allait pas en leur faveur, je trouvais la mort.
Ed décide de me prendre dans ses bras sans doute pour me consoler, pour ne pas que je fonde en larmes à nouveau. Je lui rends son étreinte.
— Je la vengerai… Et je détruirai les White Black.
***
Une semaine plus tard, l'inspecteur Park me contacte une nouvelle fois pour son enquête. C'était le moment d'aborder le décès de ma mère. Je n'avais pas le choix, c'était une manière de convaincre la police que c'était réellement un suicide.
Ma gorge se serra rien qu'à cette pensée.
Au poste de police, l'inspecteur Park était assis au même emplacement qu'au dernier interrogatoire, c'est-à-dire en face de moi. Cette fois-ci, il était seulement vêtu d'une chemise blanche. Ses manches étaient retroussées et le premier bouton de sa chemise, déboutonné. Je devais l'avouer, il était incroyablement séduisant comme ça.
Il commença alors à me poser des questions tout en pianotant ce que je lui disais sur son ordinateur portable.
Lorsque ses prunelles rencontrèrent les miennes, je fus animée par des frissons qui ne m'étaient guère inconnus. Ce n'était pas des frissons désagréables comme lorsqu'on avait froid. Non, bien au contraire. Le plus étonnant, c'était que ces frissons me procuraient un sentiment de surprise mais aussi de nervosité.
Inopinément, l'inspecteur Park changea de sujet qui me pris au dépourvu :
— Toutes mes condoléances pour Mme Rivers, j'espère qu'elle repose en paix là où elle se trouve, m'annonce-t-il avec une pointe de tristesse.
— Merci inspecteur.
Repensant à la mission qui m'était confiée, je m'exécutaisà contre cœur.
— C'était une belle et gentille femme. Dire qu'elle endossait tant de responsabilités que j'ignorais… Je ne peux pas me le pardonner. Je ne peux pas.
Je hurlais intérieurement. Tous ces mensonges qui sortaient de ma bouche me dégoutaient.
À ce moment-là, j'étais sincèrement désolée pour ma mère. Ils m'utilisaient pour falsifier sa mort... Je m'étais jurée qu'un jour, je la vengerai.
— Je comprends ce que tu ressens. Cette tristesse qu'on éprouve lorsque l'on perd un être cher...
L'inspecteur Park semblait avoir vécu un moment de sa vie tout aussi similaire au mien. Je reconnaissais ce regard : triste mais rempli de haine.
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