Chapitre 30

Moi qui devais le persuader que j'étais une personne digne de confiance, c'est peine perdu, sans même avoir essayé. Mon erreur de la fois précédente avait déjà causé de nombreux dégâts sans que je ne m'en rende compte et je me maudis pour cela.

- Chapitre 29

En ville, Noah Park m'emmène jusqu'à une 4x4 noire et m'ordonne de m'asseoir à l'avant de la voiture. Je ne bronche pas et lui obéis. Même si je décide de lui tenir tête, je sais pertinemment que c'est perdu d'avance. Après tout, pourquoi se fatiguer pour rien ?

C'est un inspecteur après tout, pensé-je.

Il m'a bien fait une démonstration de sa force musculaire au poste de police, il y a quelques instants. Autant ne pas chercher les ennuis.

Puis, l'inspecteur Park dépose son cartable de travail sur la banquette arrière et vient s'installer à la place du conducteur. Sans plus tarder, il démarre l'automobile et allume la radio.
Je brise le silence la première :

— Où allons-nous ?

En m'entendant parler, il baisse le volume pour mieux m'entendre.

Pendant un instant, j'ai imaginé qu'il m'avait ignoré sans aucun scrupule.

— Chez moi, répond-il froidement.

Je reste perturbée, le temps que j'assimile ses paroles.

Chez lui ? Dans la maison de l'inspecteur Park ?

Sérieusement ?

En tout cas, il m'a répondu, c'est le moins qu'on puisse dire.

Ses yeux intimidants me fixent depuis le rétroviseur pendant quelques secondes avant de retrouver la route. Je fronce les sourcils.

— Tu m'emmènes contre ma volonté. Il s'agit d'un enlèvement, grogné-je.

— Et ? dit-il en arquant un sourcil.

Sa voix me paraît presque... joueuse. Elle ne me semble absolument pas froide comme au poste de police.

On aurait dit le Noah Park que je connais.

J'oriente mon corps à quatre-vingt dix degrés pour lui faire face, même s'il reste concentré sur la route.

— J'appelle la police pour enlèvement, je conclus.

L'inspecteur Park éclate soudainement de rire, ce qui a le don de me faire grimacer et froncer davantage les sourcils.

— Je te rappelle que je suis inspecteur de police. Au cas où tu l'aurais oubliée, Maria Rivers. Néanmoins, tu peux toujours m'appeler. Ce sera drôle.

Réalisant enfin l'énorme stupidité de mes mots, je me replace convenablement sur le siège - au final, je m'affaisse sur le dossier. Le rouge me monte aux joues, honteuse.

Qu'est-ce que tu croyais, Maria ? C'est un inspecteur, voyons !

Puis, je plaque instinctivement mes deux mains sur ma bouche et quelques secondes plus tard, je finis par dissimuler mon visage tout entier. J'ai envie de m'enterrer sous terre et de disparaître.

Que tu es une imbécile ! Depuis quand tu te ridiculises de la sorte ? demandé-je à moi-même.

Je soupire et me redresse.

Pas question de rester sur une humiliation pareille. Je dois impérativement en savoir plus sur ses intentions. Qui sait de quoi il est capable ? Je tente une nouvelle fois de lui soutirer quelques informations primordiales :

— Pourquoi m'emmènes-tu chez toi ?

— Parce que.

— Mais encore ?

— Parce que, répète-t-il.

Rah, qu'il m'exaspère !

Je serre les poings et lui lance un regard mauvais. Il commence vraiment à m'agacer. Pourquoi me donne-t-il des réponses aussi abstraites ? Cet homme au teint pâle et à la chevelure corbeau, assis à côté de moi, n'a nettement rien à voir avec l'inspecteur que j'ai côtoyé depuis la mort de ma mère.

Le Noah Park qui se tenait devant moi durant ces quelques mois n'était qu'une façade ? Serait-ce, ici, sa vraie nature ?
Malgré cela, je tente une dernière approche. Comme le dit si bien le proverbe, qui ne tente rien n'a rien.

— Qu'est-ce que tu vas me faire subir ? demandé-je.

J'avais prononcé ces mots assez doucement que je crains que l'inspecteur ne m'ait pas entendu, dûe à la radio - certes, le volume n'était pas élevé, mais quand bien même. Au bout de quelques secondes, il ne me répond pas. J'ai donc le sentiment qu'il m'a complètement ignoré.

Je lève les yeux au ciel et devine que mes questions incessantes l'agacent plus qu'autre chose. Mon regard se pose alors sur le paysage, qui défile à toute vitesse, que m'offre la vitre de droite.

L'inspecteur Park, n'étant, sans aucun doute, pas prêt à m'adresser de nouveau la parole, mon esprit se met à divaguer. Je repense au baiser quasi échangé avec Eden, qui me tracasse l'esprit depuis un bon bout de temps. Honnêtement, il s'agit du seul moment qui me donne l'aspect d'une réelle lycéenne : petit ami, désir, histoires de cœur et j'en passe. En ce moment même, un sentiment de regret me ronge à l'intérieur pour ne pas l'avoir embrassé.

Certes, sur le moment, j'avais désiré goûter à ses lèvres charnues - bien avant même. J'aurais bien pu assouvir cette envie si j'étais une lycéenne banale. Une fille tout à fait normale. Un simple baiser ou côtoyer les personnes que l'on désire ne doit pas être quelque chose de dangereux, non ? Ce serait même quelque chose de normal.
Avec les White Black, je peux vous assurer qu'une chose, bien pire que la souffrance, vous attend dans le cas contraire.

Je me remémore également ce que Miyu me relatait de ses soi-disant expériences. Elle me disait que lorsqu'elle tombait amoureuse, son cœur battait à tout rompre. Elle en croisait de plus beaux, pourtant son regard était détaché, disait-elle, observateur. Car, peu lui importaient les autres, seul celui qu'elle aimait compte. C’était lui et personne d’autre.

Je l'envie. Oui, j'aimerais connaître ce sentiment si merveilleux comme l'avait décrit ma meilleure amie. Oui, j'aimerais vivre ma vie comme je l'entends. Oui, j'aimerais ne jamais devoir vivre dissimulée de la sorte.

Au lieu de quoi, je suis devenue une meurtrière et me voici prise au piège par un inspecteur.

Mon dieu, désormais, je repense au corps inanimé de Gérard et de sa domestique. Je suis prise d'énormes spasmes et je serre les poings. Heureusement que je n'ai pas le mal de transport, sinon j'aurais rendu tripes et boyaux dans sa voiture.

Je sors de ma rêverie lorsque j'entends l'inspecteur Park couper le moteur et détacher sa ceinture. J'ignore combien de temps a duré le trajet.

Il récupère son cartable de travail et sort de la voiture.

— Allez, suis-moi.

De ce pas, je sors à mon tour de la voiture.

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