Chapitre 3
Miyu et ses parents m'ont gentiment acceptée chez eux. Je me suis confiée à elle pendant des heures, lui racontant les moindres détails : depuis le retentissement du coup de feu et la découverte de ce corps inerte jusqu'au comportement absurde de ma mère. Elle a tout écouté du début jusqu'à la fin sans rien dire. Au bout du compte, je me suis écroulée de fatigue. Épuisée de tout ce qui était arrivé aujourd'hui.
Le lendemain matin, je décide de ne pas aller au lycée. Miyu m'a conseillée de prendre du temps pour moi, que je me repose. C'est ce que je fais. Je décide de prendre l'air. Malgré le fait que nous sommes mi-septembre, le temps est encore particulièrement chaud.
Je me promène dans un parc près de chez Miyu. Après quelques minutes à vagabonder, je heurte quelqu'un. Je m'excuse instinctivement. Je lève les yeux et je fus particulièrement surprise de voir qui se trouvait devant moi. Il s'agissait de Noah Park qui semble tout aussi surpris.
_ Maria Rivers ?
Les frissons semblables à la dernière fois que je l'avais vu parcoururent mon corps tout entier.
_ Bonjour, inspecteur Park.
Je lui réponds de la façon la plus naturelle possible.
_ Bonjour.
Il fixe sa montre. Il poursuit.
_ Tu n'es pas au lycée aujourd'hui ?
J'étais certaine qu'il allait me poser cette question à un moment ou un autre.
_ C'est-à-dire que j'ai un rendez-vous chez le médecin dans environ quinze minutes, tentais-je de lui faire croire de la façon la plus crédible possible.
Face à ma réponse, il gloussa.
_ Je dois avouer que tu n'es pas très douée pour le mensonge, plaisante-t-il.
Je le sais. Depuis que je suis toute petite, ma mère n'a jamais cru à un de mes mensonges. C'est à croire que je suis seulement bonne à dire la vérité. En repensant à ma mère, j'eus un pincement au cœur.
Que faisait-elle en ce moment ? Allait-elle me proposer de revenir ?
Certainement pas.
Je palis face à ce raisonnement stupide de ma part. Penser à ma mère ne me ferait que souffrir.
Mais tiens, je me rappelle que ma mère discutait avec l'inspecteur Park avant qu'elle ne me rencontre au poste de police. Et si c'était lui qui était allé raconter à ma mère mes aventures mensongères et que j'allais la tuer ?
Bordel.
Je fus prise d'un élan de colère. J'agrippe le col de sa chemise à l'aide de mes deux mains tremblantes en hurlant de colère, de désespoir et de tristesse.
_ C'est vous ! C'est à cause de vous que je me retrouve dans cette situation ! Vous avez menti, vous avez dit à ma mère l'autre jour que c'était moi qui avait tué cette femme et vous vous dîtes inspecteur ?
Face à son air incongru, ma colère ne fait que s'intensifier.
_ Mais dites quelque chose !
Il soupire et retire délicatement mes mains de son col.
_ Je suis navré pour toi mais je n'ai absolument rien à voir avec tes histoires familiales. Ce jour-là, j'étais simplement venu à la rencontre de Madame Rivers pour lui expliquer la situation, c'est-à-dire le fait que tu rentrais chez toi et que tu es devenue témoin d'une scène de… Suicide. En étant le plus bref possible.
Ce n'était pas à cause de lui ? Mais alors qui aurait bien pu faire croire à ma mère une telle chose ?
Il tient encore fermement mes mains tremblantes contre les siennes.
_ Que s'est-il passé ?
Je relate tout ce qui s'est déroulé hier. Il m'écoutait avec attention. Puis, après que j'eus fini de lui parler, il s'excusa et a dû retourner à son poste de travail.
***
Le soir venu, Miyu retrace sa journée au lycée : elle me racontait tout du matin jusqu'au soir, depuis qu'elle a mis un pied à l'école ou jusqu'à ce qu'elle rentra chez elle à pieds, d'une façon très enjouée en plaçant des jeux de mots par-ci par-là, sans doute pour me remonter le moral.
_ Et je t'ai pas dit le plus important !
_ Hum…, attendant patiemment ce qu'elle allait me dire.
_ J'ai parlé à Eden Bringston ! L'un des plus beaux garçons du lycée quand même !
_ Et voilà, c'est reparti pour une nouvelle cible en cette année de terminale !
Nous rigolons à coeur ouvert. La discussion part de Eden Bringston et dérive jusqu'aux garçons en général.
Mme Asô coupe nos fous rires en nous invitant à dîner.
***
Trois jours s'étaient déjà écoulés : je n'avais toujours aucun signe de ma mère et je n'avais également toujours pas remis les pieds au lycée. Il fallait bien que j'y retourne un jour, je ne pouvais pas me permettre de louper davantage de jours.
La sonnerie retentit et me voilà en direction au cours de mathématiques. Je déteste arriver en retard, c'est pourquoi je me dépêche afin d'être bien assise à ma place lorsque le prof arrivera. Bien entendu, tout ne se passe pas comme prévu. Je heurte violemment quelqu'un et tombe à la renverse.
_ Eh, ça va ?
Je redresse mon visage et tombe nez à nez avec Eden Bringston. Il me tient fermement dans ses bras et mon corps est appuyé contre son torse. C'est certainement grâce à lui que j'ai pu éviter une chute. Je me libère de ses bras musclés, gênée qu'un garçon me prenne dans ses bras de cette manière. C'était bien la première fois.
_ Oui, merci de m'avoir retenu.
Il m'offre un sourire charmeur montrant au passage sa parfaite dentition. J'allais reprendre ma course mais étant plus rapide, il retint mon bras.
_ Tu sembles bien pressée d'aller en maths. Tu ne voudrais pas m'accompagner jusqu'à la salle de cours ?
Il me gratifia encore une fois de son sourire charmeur. Seulement, cette technique ne marche pas sur moi. Ce sourire parfait qui fait tomber toutes les filles où l'on ne peut rien lui refuser.
Voyant que je ne réagissais pas, il se justifie.
_ En signe de remerciement bien-sûr.
_ Tu l'as dit toi-même que j'étais pressée. Tu es donc prêt à courir pour y être à temps ?
_ Je suis plus sportif que tu ne le crois.
Ça, je n'en doute pas. Ses bras qui me tenaient fermement quelques instants auparavant étaient sacrément musclés.
Nous courons pendant deux bonnes minutes afin de trouver cette salle de maths. Heureusement pour nous, nous sommes arrivés quelques secondes plus tôt que le prof. On a eu chaud.
Avant que je ne puisse confortablement m'installer à une table, Eden vient s'asseoir à côté de moi. Il ne faut pas plus de cinq secondes pour que toutes les filles me dévisagent. "Pourquoi c'est elle à côté de lui?" Pensaient-elles sans doute. Mais je ne m'en soucie pas le moins du monde, j'ai d'autres problèmes à régler beaucoup plus important que cela.
Je sens le regard de Eden se poser sur moi et il brise enfin le silence qui régnait entre nous.
_ Moi, c'est Eden. Eden Bringston. Et toi ?
_ Maria. Maria Rivers
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