Chapitre 29
Quelques jours plus tard, l'inspecteur Park m'a de nouveau contacté. Dans son message, il a affirmé vouloir me voir le plus tôt possible, car il semblerait que ce soit extrêmement urgent. Face à cette alerte, je décide d'aller lui rendre visite l'après-midi même. Si les membres des White Black demandaient où j'étais passée, je leur avouerai que Miyu me donnait des cours de soutien, chez elle. (La situation inverse a davantage tendance à se produire que celle-ci).
Me souvenant de notre dernier tête à tête, ma gorge devient abruptement sèche. L'angoisse parvient à se faufiler progressivement dans mon corps.
J'y ai échappé de peu. Noah Park allait découvrir le pot aux roses. J'étais bien trop naïve, c'est un inspecteur après tout.
Je suis décidément une piètre menteuse.
Je pousse un long soupir afin de me calmer.
Inspire. Expire. Inspire. Expire.
Tout va bien se passer - enfin, du moins, je l'espère.
***
J'ouvre la porte d'une main tremblante. Si j'arrive à le persuader que je suis une personne de confiance, alors je n'aurai plus rien à craindre. Si j'arrive à réparer ma maladresse de la fois précédente, alors je serai sauvée.
Plus facile à dire qu'à faire. Plus d'erreurs idiotes comme celle-ci, Maria.
Aussitôt la porte refermée derrière moi, je n'ai même pas le temps nécessaire de relever la tête que l'inspecteur Park me plaque violemment contre le mur gelé de la pièce, me prenant au dépourvu. Il place mes mains au-dessus de mon visage à l'aide d'une seule main et ses cuisses, plaquées contre les miennes avec puissance, m'empêchent tout mouvement. Je gémis de douleur. Contre Noah Park, mes entraînements avec Eden sont, malheureusement, d'aucune utilité.
Il est incroyablement fort.
Lorsque j'essaye de me retirer de son étreinte, c'est peine perdu. Je ne parviens en aucun cas à bouger d'un millimètre. Son corps, pourtant mince, m'enveloppe d'une telle facilité que je me demande si finalement son corps n'est pas fait entièrement de muscles. Je suis telle une souris prise au piège par un chat sauvage.
Mais ça ne va pas ? voulais-je lui crier au visage. Mais en analysant ne serait-ce qu'une seconde de la situation, je comprends sans aucune difficulté la raison d'un tel revirement de son comportement.
Il a découvert le pot aux roses.
Ses yeux d'un bleu si profond me dévisagent si intensément que j'ai la chair de poule. Il n'a rien à voir avec les pupilles vairons d'Eden. Son regard semble noircir et il fronce les sourcils. Il ne me laisse apercevoir que ce qui me semble être de la colère, mais son corps le trahit : sa poigne, qui emprisonne mes mains, tressaille légèrement, résultant sans aucun doute, de la peur.
— Qui es-tu réellement, Maria Rivers ? demande-t-il froidement.
Je ne reconnais pas cet homme. Ce n'est pas le Noah Park que je côtoyais. Ce grand brun aux orbes azur m'a toujours paru beau et accueillant mais intimidant par sa carrure. Il m'inspirait l'amabilité. Il ne m'avait jamais parlé aussi durement et froidement.
Qu'a-t-il bien pu découvrir ? pensé-je.
Je ne me laisse pas faire et soutiens son regard. Je plonge mes pupilles dans ses yeux intimidants. Je fronce également les sourcils et crache tout aussi froidement :
— Relâche-moi.
— Non.
— Tu-
— Si tu veux que je te libère, tu as intérêt à répondre à mes questions en toute honnêteté, me coupe-t-il la parole.
Je ne tremble pas, mais je suis animée par un sentiment de crainte qui parcourt tout mon être à la vitesse de la lumière. Au moins, mon corps ne m'est pas infidèle comme celui de l'inspecteur.
Je serre les dents.
— Qui es-tu réellement ? répète-t-il encore une fois.
— Une simple lycéenne de dix-sept ans.
Il rit, mais il s'agit d'un rire sans joie semblable à celui des antagonistes dans les films.
Sa poigne devient plus ferme que cela commence à devenir encore plus douloureux. Je geins de douleur encore une fois.
— Je t'ai dit de ne pas mentir.
Il a raison, il est inutile de lui mentir. L'inspecteur Park est déjà probablement au courant de certains éléments importants : il sait que je fais partie des White Black, c'est certain. Sinon, il n'aurait jamais réagi de la sorte.
— Qu'as-tu découvert ?
L'inspecteur fronce les sourcils et continue de me toiser du regard.
— Ici, c'est moi qui pose les questions, déclare-t-il sèchement.
Je soupire et braque mon visage à quatre-vingt dix degrés, échappant ainsi à son air menaçant.
— Si tu veux une confirmation, eh bien, je vais te le dire : oui, c'est vrai. Oui, je fais partie des White Black.
Noah Park semble surpris par mon aveu si soudain. Après tout, je l'ai annoncé avec une telle facilité.
Son regard, déjà noir, est désormais rempli de haine, associés à d'autres sentiments tels que la surprise et la colère mais surtout à de la déception. Car après tout, il m'avait avoué un jour que j'étais sa seule alliée contre les White Black pour le moment. Il s'était même confié à propos sa sœur... C'est comme si un de ses compagnons venait de lui planter un couteau dans le dos, mais en le remuant bien fort pour s'assurer que ce soit extrêmement douloureux.
Il lâche soudainement son étreinte sur moi et fixe désespérément le sol. Il cogne fortement son poing contre le mur, ce qui a le don de me faire sursauter.
— Depuis combien de temps ? demande-t-il, étrangement, d'une manière calme.
— Depuis la mort de ma mère.
Avant qu'il ne puisse prononcer un mot, je poursuis :
— Sache que si je fais partie des White Black, c'est parce que je n'avais pas le choix… il… si je refusais, leur commandant m'aurait exterminé sur le champ. Je-
Noah Park me coupe la parole en plaquant sa main sur les lèvres.
— Ne dis pas un mot de plus. Je ne t'avais posé qu'une seule question. Tu sais, on n'est jamais trop prudent ici. Maintenant que j'ai la confirmation que tu fais bien partie de cette satanée organisation... Et je n'aurais pas le temps de poser toutes mes questions au poste de police en toute sécurité.
J'étais sur le point de rétorquer quelque chose qu'il se retourne et se dirige en direction de son bureau.
Sympa.
Il se saisit du long manteau noir accroché au porte manteau et s'empare de son cartable de travail.
— Où vas-tu ? demandé-je, perplexe.
— Tu viens avec moi, répond-il, impassible. Tu es un élément qui pourrait détenir des informations d'une très grande importance. Je ne te lâcherai pas de sitôt.
De ce pas, il se saisit de mon poignet, sans aucune délicatesse, et me dirige vers la sortie.
Oh ! Il ne me laisse même pas l'occasion de protester !
Moi qui devais le persuader que j'étais une personne digne de confiance, c'est peine perdu, sans même avoir essayé. Mon erreur de la fois précédente avait déjà causé de nombreux dégâts sans que je ne m'en rende compte et je me maudis pour cela.
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