Chapitre 27
Au QG des White Black - ma nouvelle maison désormais -, je dîne dans ma chambre tout en faisant mes devoirs. Je ne me suis jamais présentée à leur cafétéria. Comme le dit si bien cet adage : mieux vaut être seule que mal accompagnée.
Soudain, quelqu'un toque à ma porte.
Il n'y a qu'un seul membre qui sait où se trouve ma chambre.
— Entrez, je parviens à prononcer entre deux bouchés de pâtes bolognaises.
Sans surprise, Eden se présente sur le seuil de ma porte avec, lui aussi, une assiette de pâtes à la main.
Pourquoi me copie-t-il ?
Je laisse ma stupide réflexion de côté lorsqu'il brise ce court silence.
— Tu es libre ce soir ? demande-t-il, soudainement.
— Pourquoi ?
Je lui réponds par une autre question, mais, c'était la seule réponse qui m'est venue à l'esprit.
— J'aimerais te parler de quelque chose d'important, seuls.
Être seule avec Eden ne présage rien de bon. Honnêtement, le fait qu'il s'agisse d'un assassin, avant tout, ne me plaît guère. Mais, l'idée de me perdre dans mes pensées obscènes, une seconde fois, m'importune davantage. Le rouge me monte subitement aux joues.
Cependant, s'il s'avère que c'est une chose importante… je n'ai pas le choix. Je dois laisser mes émotions personnelles de côté pour lui faire face.
— C'est d'accord. À quelle heure ?
— Tout de suite, si possible.
Je jette un coup d'œil à l'horloge : vingt heures. J'aurais encore le temps pour mes devoirs. J'acquiesce et referme mes cahiers.
— Où veux-tu qu'on aille pour discuter ? demandé-je.
— Ici, si possible, répète Eden.
J'arque un sourcil. Apercevant mon air dubitatif, il poursuit :
— Dans ta chambre, je suis convaincu qu'il n'y aura aucune oreille baladeuse dans le coin. Personne ne sait où se trouve ta chambre. Et honnêtement, à part Onew et les deux hommes de Mason, aucun membre ne t'a jamais aperçu. Alors qu'ailleurs…
— OK, OK. J'ai compris, le coupé-je.
J'approche une chaise de bureau près de moi à l'aide de mon pied - ma chambre en contenait deux -, qui était, auparavant, placée à proximité de la fenêtre.
— Je t'en prie, assieds-toi.
Je déplace mes affaires pour lui laisser la place d'installer son assiette de pâtes sur mon bureau.
— Tu ne veux pas manger en bas avec les autres ? commence-t-il en premier.
— Si c'est pour me parler de ça, tu peux partir, grommelé-je
Eden éclate de rire et reprend une autre bouchée de pâtes.
— C'était une simple question.
— Et si tu tiens tant à le savoir, la réponse est non.
Il se contente d'esquisser un sourire amusé à ma réponse. Puis, un ange passe.
Quel silence embarrassant.
— En vérité, reprend Eden, je suis venu te rendre visite pour une bonne raison. Te rappelles-tu lorsque tu as intégré les White Black ? Je t'avais dit que je voulais me soulever contre Mason. Étant un pion important au sein de cette organisation, tu avais accepté, rappelle Eden tout en dévorant ses pâtes.
Moi ? Un pion important ? Je n'ai aucun souvenir là-dessus.
— Un pion important ? répété-je, surprise.
Eden était sur le point d'entamer une nouvelle bouchée mais s'abstient et repose sa fourchette.
— Je m'en doutais. Tu étais tellement bouleversée par les évènements qui t'entouraient que tu ne faisais pas totalement attention à ce que je disais.
— C'est possible. Ma mère…
Eden me coupe la parole en déposant son index contre mes lèvres. J'arque un sourcil et le dévisage.
— Ne retrace pas ces durs souvenirs. Tu te feras du mal pour rien, murmure-t-il, doucement. Et je ne suis pas venu pour te voir souffrir de nouveau.
Je hoche la tête suite à ses paroles. Il a parfaitement raison. Je le sais depuis un bon bout de temps : il est absolument inutile de me morfondre sur mon sort. Ce qui est fait est fait. Malheureusement, les retours en arrière n'existent pas. Hélas, seulement dans les contes de fées.
L'atroce découverte au sujet de mon père ou la mort injuste subie par ma mère… je masque autant que possible cette douleur qui me ronge petit à petit à chaque fois que je repense à ma famille. Si ce démon qu'est la souffrance venait à prendre possession de mon être tout entier… je ne saurais dire où j'en suis aujourd'hui.
Il retire son index de mes lèvres et m'examine intensément.
— Je vais te révéler la raison pour laquelle tu es un pion important au sein des White Black, déclare-t-il, sérieusement.
J'acquiesce. Au ton qu'il emploie, je m'attends au pire. Puis, il poursuit :
— Les documents que je t'avais fournis, au début… tu as vu ce qu'il se trouvait à l'intérieur, j'imagine.
J'avale ma salive de travers et fronce les sourcils. Jamais je n'oublierai le désespoir ni la tristesse que j'ai ressenti lorsque j'ai découvert ce qu'il se cachait dans ces documents.
— Oui.
— Je t'ai aussi annoncé que Mason avait totalement changé lors de ce jour fatidique…
J'acquiesce une nouvelle fois, attendant patiemment ce qu'Eden s'apprête à me révéler.
— Sais-tu ce qu'a découvert mon frère, ce jour-là, pour qu'il devienne le monstre qu'il est, aujourd'hui ?
J'agrippe mon assiette fermement et fronce les sourcils. Pourquoi ne m'annonce-t-il pas directement ce qu'il s'est passé ? Pourquoi passe-t-il par quatres chemins ? Hésite-t-il à m'avouer la vérité ?
Même si j'ai déjà ma petite idée de ce qu'il s'était déroulé, j'attends de voir ce qu'Eden a à me dire.
Une partie de ce que j'avais, auparavant, lu me revient en tête :
"Yohan Rivers était l'amant caché de Lyse Jayden alors qu'elle n'était qu'une étudiante promise à Mason."
Rien qu'à cette pensée, je grimace de dégoût, me coupant nettement l'appétit. S'il s'agit bien de ce que j'imagine en ce moment même, je n'y crois pas. Mon père ne pouvait pas commettre un tel acte. C'était tout bonnement impossible.
— Dis-moi ce qu'il s'est passé, s'il te plaît.
Eden hoche la tête et ses yeux vairons rencontrent les miens instantanément.
— C'est parce que Mason les a découverts dans leur chambre. Dans leur lit. Lyse à moitié nue avec ton père, Yohan Rivers.
Et merde, c'était bien ce à quoi je pensais.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top