Chapitre 26
Le lendemain, je me réveille en panique et en sueur. Je tremble comme une feuille au moindre coup de vent et ma respiration est saccadée.
J'arrive tant bien que mal à apaiser ce frisson si désagréable. La nuit s'est avérée extrêmement terrible. Des bribes de mon cauchemar sont encore ancrées dans ma mémoire.
— Vous êtes un personnage répugnant. Espèce de raclure. Vous paierez pour ce que vous avez fait, crachai-je.
Gérard accoura dans ma direction et fracassa un vase en verre que j'ai évité de justesse. Mais, pas assez rapidement pour que j'en sorte indemne : mon bras droit était bourré de morceaux de verre. J'ai su réprimer un cri déchirant. La douleur était terriblement insupportable.
— Tu fais moins la maligne maintenant… je vais te tuer petite garce !
Il se saisit des deux bretelles de ma robe et m'attira violemment vers lui, m'arrachant ainsi un hurlement de douleur, afin de flanquer son poing contre ma mâchoire.
Je crachais du sang par terre.
Face à la flaque de sang qui s'éparpillait au sol, il esquissa un sourire triomphant et m'asséna un nombre incalculable de coups sur mon visage et mon ventre.
J'allais perdre connaissance lorsqu'il décida de glisser ses mains au creux de mes hanches jusqu'à l'intérieur de mes cuisses.
Je frissonnais de terreur. Que voulait-il ? Me violer avant de me tuer ?
Quoiqu'il en était, j'allais mourir et c'était certain.
— Mais qu'est-ce que c'est que ça ? disait Gérard, malicieusement.
Il s'empara du pistolet et du dictaphone, qui étaient soigneusement cachés au creux de mes cuisses, qu'il brisa d'un violent coup de pied au sol.
J'étais bien trop souffrante pour résister. À quoi bon ? J'allais mourir dans quelques instants.
— Tu as voulu me tuer c'est ça ? Ça alors ! ricana-t-il. Hélas, ma belle Laura, c'est moi qui te tuerai ce soir, déclara-t-il en pointant mon arme à feu contre ma poitrine.
À ce moment-là, je repensais au corps décédé de Lyse Jayden. Allais-je mourir de la même façon qu'elle ? J'étais sur le point de quitter ce monde avec un pistolet en direction de mon cœur, vêtue d'une robe moulante.
Seule une larme avait eu le temps de glisser le long de ma joue avant la fin. Gérard appuya sur la queue de détente sans pitié.
Après m'être rincée le visage à l'eau glacée et m'être habillée correctement, je chasse ce cauchemar de mon esprit à toute vitesse en cognant, instantanément, de part et d'autre mon visage, mes mains.
Puis, je dépose ma main du côté gauche de ma poitrine.
Mon cœur n'a pas cessé de battre. Il bat fort, ma respiration encore précipitée et bruyante. Je suis belle et bien vivante.
Je me saisis de mon sac et vais en direction du lycée, mon esprit encore lourd et douloureux.
***
Eden arrive peu de temps après moi et s'installe à mes côtés pour le cours de mathématiques. Il place ses affaires sur la table.
— Tu vas mieux ? demande-t-il sans pour autant me regarder.
— Je vais beaucoup mieux, et toi ?
Ce n'est pas totalement un mensonge. Depuis que je fais partie de cette organisation, j'ai la nette impression que je commence à m'y faire et cela m'effraie. À part ce cauchemar, je ne suis absolument pas ébranlée par le décès de Gérard. En tant normal, cela m'aurait tellement horrifié que je ne serais pas venue en cours pendant au moins trois jours.
— Ça va. J'ai connu pire comme mission, répond-il, cette fois-ci, en plongeant ses orbes vairons dans les miens.
Je soutiens son regard. J'avais négligé le fait que ses pupilles soient aussi belles. Mais je détourne très vite les yeux la première, gênée.
Cependant, mon regard s'affaisse jusqu'à ce qu'il rencontre ses lèvres charnues. Ma température corporelle monte d'un cran et je me surprends à les contempler, désirant connaître la sensation de les avoir sur les miennes un jour.
Oh, Seigneur.
Je n'ai jamais embrassé personne auparavant. Néanmoins, si ce sont les lèvres d'Eden qui rencontrent les miennes au préalable…
Je quitte ma rêverie quand sa bouche se meut. Suis-je devenue folle ? Rouge de honte d'avoir eu une telle pensée perverse, je tourne mon visage et j'acquiesce, ne trouvant rien d'autre à ajouter.
Le reste de la matinée se déroule paisiblement. J'avais passé un bon bout de temps avec Miyu en compagnie de son "ami" - Onew - et d'Eden.
J'ai dû rassembler tout mon sang-froid pour ne pas plomber l'ambiance qui régnait tout au long de la journée à cause d'Onew.
À la fin de la journée, lors du chemin du retour - Eden et Onew sont rentrés beaucoup plus tôt que nous -, Miyu annonce avec enthousiasme qu'elle aura un tête à tête avec Onew. Au vu de son exultation, j'esquisse un sourire sincère et la félicite pour ce rencard. Pour être honnête, je me contraignais à penser que Miyu ne risquerait rien en présence d'Onew depuis le début. Certes, je n'ai pas encore confiance en cet homme, mais je l'ai à l'œil - que ce soit au lycée ou au QG. S'il ose faire du mal à Miyu, il me le paiera très cher.
Ma meilleure amie arrête brusquement de marcher. Je me tourne vers elle et arque un sourcil.
— Je ne voulais pas trop en parler avec ta situation actuelle… mais…, hésite Miyu.
Je glousse et lui tapote l'épaule. Les rares occasions où Miyu aborde un sujet sans trouver ses mots, c'est lorsqu'elle évoque sa vie sentimentale.
— Vas-y, crache le morceau. Et je vais bien, je t'assure, lui rassuré-je en lui offrant un clin d'œil.
La belle Japonaise à la chevelure décolorée éclate de rire à son tour. Puis, elle évite mon regard et fixe le sol.
— Comme tu sors avec Eden… hum... dis, ça fait quoi d'embrasser la personne que tu aimes ? demande-t-elle doucement, le rouge aux joues.
Prise au dépourvu, je rougis à mon tour. Je repense à ce matin, en mathématiques.
Aux lèvres d'Eden sur les miennes. De la sensation qu'elles me procureraient. Néanmoins, je chasse très rapidement cette pensée vicieuse de mon esprit.
Je me racle la gorge et place mes deux mains derrière mon dos.
— Pour être honnête avec toi, je ne l'ai jamais embrassé.
Les yeux de Miyu s'agrandissent et elle ouvre la bouche, formant à la perfection la lettre O.
— Non, tu mens ! Pas même un petit bisou ? s'exclame-t-elle, déçue.
— Rien du tout.
Ma meilleure amie soupire et frappe la paume de sa main sur son front, symbole du désespoir à mon égard.
— Qu'est-ce que vous attendez ? Je sais que vous êtes discrets, mais quand même !
— Tu feras moins la maligne quand tu seras avec Onew ! renchéris-je.
— Oui, oui, c'est ça. Au moins, quand je sortirai avec lui, je l'embrasserai au moins une fois.
Je lui tire la langue et nous nous mettons à rire à cœur ouvert.
— Comment tu fais pour ne pas sauter sur Eden, sérieusement ? Il est beau et a de bons résultats. Et lui… aussi courtois qu'il puisse paraître… peut-être qu'il attend ta permission ?
— Tu me raconteras tout de ton rendez-vous, j'espère, changé-je de sujet.
Miyu fait la moue lorsque je ne réponds pas à sa question et je hausse les épaules.
Mais, rien n'empêche sa bonne humeur d'éclater : elle me prend énergiquement dans ses bras par la suite.
— Et comment ! Tu seras toujours la première à tout savoir !
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