Chapitre 25

— Quoi ? Tu pars sérieusement ? demande Miyu, stupéfaite.

En effet, Mason m'avait proposé - donné l'ordre - de déménager l'après-midi même.
C'est ainsi que j'emballe quelques affaires qui m'appartiennent dans mon sac, chez Miyu. Je lui lance un regard désolé.

— Je n'ai pas le choix, pardon.

— Ton pardon est drôlement sincère ! s'exclame ironiquement la belle Japonaise. Si tu souhaites que je te crois, il va falloir faire mieux que ça, ma chère Maria !

Il est vrai que mes paroles n'étaient pas entièrement comblées de franchise. Néanmoins, il est indubitable que Mason ne m'a pas laissé le choix. Il voulait certainement me mettre à l'épreuve.

— Je-

Miyu plaque son index sur mes lèvres et fronce les sourcils.

— Non, laisse-moi m'exprimer d'abord. Tu... tu m'avais promis… tu m'avais fait la promesse que tu prendrais le moins de risque possible. Là, tu entres dans la gueule du loup en allant vivre là-bas. Ouvre les yeux Maria ! s'exclame-t-elle en tenant fermement mes épaules.

Elle me secoue faiblement. Je discerne de faibles frissons qui viennent caresser ma peau à son toucher.
Une larme s'écoule le long de son beau visage au teint opalescent. Je caresse délicatement sa chevelure décolorée et dépose un chaste baiser sur son front comme le ferait une mère pour consoler son enfant.

— Je suis désolée, je n'ai pas le choix… je… je dois le faire pour ma mère, pour découvrir la vérité…, murmuré-je en caressant doucement le long de son dos.

Je sens qu'elle acquiesce au creux de mon épaule. Par la suite, elle relève son visage animé d'une profonde amertume. Elle, qui possède toujours un sourire éclatant affiché sur son beau visage, est maintenant affligée.

Si seulement tu savais. Si seulement je pouvais tout te dire.

— Je ne peux pas te contredire, ni t'interdire d'y vivre car après tout, je sais que tu me caches encore certaines choses…

Beaucoup de choses même, voudrais-je répliquer. Mais je ne le fais pas et serre les dents. 

La belle japonaise en face de moi ne me laisse pas le temps de lui répondre qu'elle poursuit :

— Oui, je le répète encore une fois, mais sache que je serai toujours de ton côté. Quoique tu fasses, sois en certaine.

Vraiment ? Même après avoir tué un homme ?

Je deviens soudainement blême et mon sang se glace. Je repense encore une fois au corps inanimé, couvert de sang, de Gérard, étendu au sol. Je balaie cette pensée à toute vitesse, même si cette vision persistera à jamais dans mon esprit.

Miyu semble avoir remarqué ce faible changement qui n'a pourtant duré qu'une seule seconde car elle fronce de nouveau les sourcils. Mais, elle ne dit rien.

— Merci Miyu.

— Appelle-moi quand tu le voudras. Et fais attention à toi.

Je me dégage de son étreinte et prends mon sac. Je sors de sa chambre et me dirige vers la porte d'entrée.

— Ne t'inquiète pas. Tout ira bien, j'ai confiance en toi, dit Miyu en suivant mes pas.

J'espère, pensé-je.

Lorsque j'allais passer le palier de la porte - pour la dernière fois -, Miyu m'interpelle :

— Attends !

Ma meilleure amie m'enlace encore une fois et me fixe droit dans les yeux.

— Reviens ici quand tu le souhaites, tu seras toujours la bienvenue. Et je… je sais que tu vis une période très difficile et que tu me dissimules encore des choses... Te connaissant, tu agis de la sorte pour me protéger, soupire-t-elle faiblement. Promets-moi encore une fois que si la situation dégénère, appelle-moi et je t'aiderai.

Je souris sincèrement et lui fais signe de la main, symbole d'un au-revoir.

— Je ne pourrai pas saluer tes parents. Remercie tes parents de ma part !

Miyu se contente de m'envoyer un pouce en l'air.

Me voici désormais en direction de la base des White Black.

***

Eden me conduit jusqu'à ma chambre à mon retour au QG. Elle se trouve juste à côté de la sienne.

La pièce ressemble particulièrement à celle d'Eden : un lit double, des étagères, un bureau et un ordinateur. Une autre porte se trouve en face du lit : il s'agit de la salle de bain, m'a expliqué Eden.

Le blond au teint hâlé m'explique que lorsque nous avons besoin de quelque chose en particulier - vêtements, nourriture, fournitures et bien plus encore -, il suffit d'envoyer un message à un numéro exceptionnel des White Black, le 0701. Nous récupérons ensuite notre demande dans une salle qu'il appelle "Dépôt", au rez-de-chaussée. Il s'agit d'une pièce où est remise la commande de tous ceux qui vivent ici. Nous possédons, chacun, un numéro de chambre différent.

En effet, dans cette salle, nous avons tous un casier avec le numéro de notre chambre inscrit dessus, où est déposé ce que nous avons demandé. La seule possibilité de déverrouiller un casier est d'utiliser la clé de chambre qui nous a été fournie.

Pour éviter les vols et pour garder une certaine privacité, m'a dit Eden.

Mais avant tout, quelle privacité avons-nous ici ?

Lorsque je lui ai demandé qui déposait nos fournitures, il m'a seulement répondu : "tu le sauras au moment venu."
Très utile comme réponse !

Il déclare également que nous pouvons manger quand nous le voulons. Nous avons aussi le choix entre déguster dans notre chambre ou de descendre à la cafétéria avec les autres membres. De plus, il existe une cuisine à libre service au sein du QG, mais personne ne l'utilise - tout le monde est occupé entre les études et les missions à accomplir. Ici, chaque membre commande à manger ou déjeune au restaurant par fainéantise, m'a confié Eden. Après tout, comme l'a dit Mason, chacun est autonome. Chacun est donc libre de faire ce qu'il souhaite.

Quand Eden finit de m'expliquer les fameux "détails" comme l'a déclaré Mason, il se retire instantanément de ma chambre, à croire qu'il avait d'autres chats à fouetter.
Je bondis alors sur le grand lit - mon lit désormais -, épuisée. Les draps sont si doux comme du coton et les coussins sont si moelleux qu'ils m'offrent la même sensation dès l'instant où un délicieux moelleux au chocolat parfaitement cuit rencontre mes papilles gustatives.

Je décide de m'accorder un court temps de répit pour déballer quelques affaires que j'ai apporté par la suite, mais je finis par tomber immédiatement dans les bras de Morphée.

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