Chapitre 22

Je n'ai pas rêvé : Gérard a bien tenté de me tuer.

À la destruction du vase, deux domestiques se précipitent vers le salon - là où nous nous trouvons, Gérard et moi - afin de découvrir ce qu'il s'est passé. Il s'agit de deux jeunes femmes, sans doute âgées d'environ vingt ans. Mais aucune d'entre elles ne semblent surprises de la scène qui se présente sous leurs yeux, à croire qu'elles sont témoins de ce genre d'événement assez régulièrement. Leur visage n'exprime aucune émotion particulière si ce n'est de fixer intensément le vase cassé. Je mettrai ma main à couper qu'elles se préoccupent davantage du vase brisé que le fait que Gérard ait voulu ôter ma vie il y a quelques instants de cela.

Cependant, je n'ai le temps ni d'épier ni d'interpréter ce que leur expression démontre. Je reporte instantanément mon attention vers Gérard, rouge de colère, qui est l'élément le plus dangereux de cette villa. 

— Passez-moi un couteau, vite ! crie Gérard en direction des deux domestiques.

L'une des femmes de ménage panique au son de la voix fébrile de l'homme d'âge mûr et lance à toute vitesse un couteau en direction de Gérard, sorti tout droit de sa robe de domestique.

Bon sang, depuis quand a-t-elle un couteau sur elle et d'où le sort-elle comme ça ?

Je souhaite courir à toute vitesse afin de m'enfuir d'ici le plus vite possible depuis que j'ai accompli ma mission, mais je n'y arrive pas. Je ne bouge pas d'un millimètre.

— Toi, je vais te tuer et tu rejoindras tes confrères, morts de la même façon que toi, en me désobéissant ! vocifère-t-il en se dirigeant à grands pas dans ma direction, le couteau en l'air, pointé vers moi.

Je tremble et, je dois l'avouer : j'ai peur. Un sentiment d'angoisse se déverse dans mon être entier.
Ce type est complètement malade.
Mes jambes refusent de m'obéir depuis un bon bout de temps déjà et pour cela, je les maudis de tout mon cœur. À cause d'elles, j'allais peut-être perdre la vie en vain. Je ne parviens à faire aucun pas. Je reste là, figée.

Mais mes sens se réveillent brusquement lorsque Gérard tente de me poignarder : je l'évite de justesse mais sans difficulté. Il est particulièrement plus lent qu'Eden. À ce moment-là, je remercie Eden de tout mon être pour m'avoir fait subir ses entraînements monstrueux. Décidant enfin de se soumettre à ma volonté, mes jambes foncent à une vitesse fulgurante vers la porte d'entrée.

Je décide de m'enfuir, mais qu'elle est mon désespoir de voir qu'une des deux domestiques se tient devant la porte - elle m'attendait sans doute pour bloquer la sortie - et vient, à son tour, m'abattre avec un couteau tranchant.

Elle est complètement folle, ma parole ! Toutes les personnes de cette villa sont complètement malades !

Et puis, où est passée la deuxième ? Elle peut très bien sortir à tout moment de sa cachette pour venir m'exterminer en douce.

Je suis prise au piège.

— C'est fini pour toi, petite garce ! hurle Gérard. Toi, achève-la, tout de suite ! hurle-t-il à l'attention de la domestique.

Elle hoche la tête et vient m'attaquer d'un coup de couteau.

Mais plus rapide qu'elle, j'esquive son coup de couteau maladroit, la faisant ainsi perdre l'équilibre, et sors mon pistolet qui était minutieusement placé entre mes jambes et presse la détente sans plus tarder en sa direction.

Du sang gicle de sa plaie et elle tombe à la renverse. Je reste là, figée une nouvelle fois. L'odeur du sang vient instinctivement caresser mes narines.

Je tremble, je transpire et je respire difficilement. Ma gorge se noue. Mes yeux se posent lentement sur son corps inerte au sol.

Qu'est-ce que j'ai fait ?

Je m'écroule à genoux et couvre ma bouche de mes mains, horrifiée.

J'ai tué quelqu'un.

Même si cela a été de la légitime défense, j'avais ôté la vie de quelqu'un. Cette personne avait sans doute une famille voire des amis... et je l'ai détruite.

Puis, j'entends Gérard rugir et lancer toutes sortes d'injures que je ne parviens pas à distinguer, encore abasourdie par ce que je viens de commettre.

Soudain, lorsque je lève les yeux vers Gérard, deux hommes habillés en noir et blanc de la tête aux pieds apparaissent devant moi. L'un bloque Gérard de tout mouvement tandis que l'autre positionne son arme à feu en direction de Gérard.

— Non, pitié…, supplie l'homme âgé. Je n'ai rien fait...

— Adieu, Gérard Byrn.

"BANG !"

Gérard s'écrase sur le sol et du sang se déverse abondamment. Ébranlée par ce qui vient de se passer, je ne bouge pas. Sans que je ne m'en rende compte, des larmes glissent le long de mes joues. Pourtant, je ne suis pas triste, mais bouleversée par la tournure des évènements. Nous n'étions pas dans l'obligation de les achever, mais nous l'avons fait.

Je pouvais reconnaître entre mille celui qui a pressé la queue de détente à l'instant.

Il retire son chapeau pendant un court instant et je découvre, sans surprise, un grand blond aux yeux vairons.

Eden.

— Bon boulot, il faut qu'on déguerpit d'ici au plus vite, dit-il en plaçant de nouveau son chapeau sur sa tête afin de dissimuler son visage.

Eden vient à ma rencontre et m'aide à me relever.

— Il faut qu'on achève celle-là aussi, déclare Onew en fixant la domestique que j'ai tué tout à l'heure. Maria n'a pas visé le cœur. Elle est gravement blessée, mais pourra sans remettre.

— Je te laisse t'en charger.

Un autre coup de feu retentit et nous filons. Tout en courant à grande vitesse, mes jambes vacillent et je perds soudainement l'équilibre, tombant ainsi à la renverse. Mon visage rencontre aussitôt le sol violemment.
Et puis, je ne vois plus rien et m'abandonne à l'obscurité.

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