Chapitre 21

Pendant le trajet, Gérard est celui qui mène la conversation. Il me pose tout un tas de questions : allant de où j'habite à combien d'hommes j'ai côtoyé dans ma vie en tant que putain. Tout cela sans pour autant me toucher, ce qui me rassure quelque peu. Il n'a pas non plus semblé m'avoir percé à jour à travers mes mensonges, ce qui est déjà un très bon point de départ.

Quelques dizaines de minutes passent, et nous apercevons sa demeure au loin. Elle est incroyablement immense et est entourée d'un jardin et d'une piscine tout aussi fastueux que la grande maison.

Arrivé chez lui, des domestiques le saluent et lui retirent son manteau. Il s'affaisse par la suite sur un grand et luxueux canapé qui se trouve, à mon avis, au salon - une vaste télévision se trouve en face -.
J'en profite pour examiner les lieux. En effet, Gérard possède une énorme villa : dotée de grandes baies vitrées lumineuses, elle est vraiment splendide de l'extérieur. Sans surprise, l'intérieur est également tout aussi beau : le salon est spacieux et également lumineux à aire ouverte.

Je sors de mes observations lorsque Gérard tapote près de lui, sur le canapé, m'invitant ainsi à m'asseoir près de lui.
Je serre les dents.

À toi de jouer, pensé-je.

Tout en me positionnant, j'appuie sur le bouton du dictaphone, placé minutieusement sous ma hanche droite.

Situés ainsi, Gérard n'attend pas et enroule ses bras autour de mes épaules tout comme la fois précédente au Moonlight. Avant qu'il ne dise ou fasse quoique ce soit, je prends les devants :

— Dites, puis-je vous poser une question ? commencé-je ingénument.

Il semble surpris que je m'adresse à lui pour la première fois depuis le trajet et les deux bouts de ses lèvres montent, m'offrant ainsi un sourire radieux. Ses dents sont toujours aussi blanches.

Horrible.

— Je t'en prie ma jolie. Qu'as-tu à me demander, chère Laura ?

Laura. Laura. Ah oui, je suis devenue Laura en quittant ce bar. Je ne suis plus Maria.
Ce prénom que j'ai énoncé sur un coup de tête.

— Comment êtes-vous devenu aussi riche ? Enfin, je veux dire que j'ai côtoyé pas mal d'hommes, mais je n'ai jamais vu quelqu'un aussi fortuné que vous, je marque un moment de silence et balaie la pièce du regard. À voir votre demeure, continué-je.

À ma question, il pouffe de rire puis caresse mon épaule du bout de ses doigts. Je tressaille à ce contact. 

— T'es vraiment innocente et adorable comme putain, alors je vais te le dire pour que tu sois plus à l'aise en ma présence.

Il reste silencieux et me dévisage.

— Je vois que tu es très tendue (il tapote mon épaule). Peut-être car tu n'as pas côtoyé d'hommes aussi âgés que moi ? se demande-t-il à lui-même en souriant. Après tout, c'est vrai que tu m'as tout révélé mais moi, je ne t'ai presque rien dit.

Il se racle la gorge et reprend :

— Et si je te disais qu'avant, ma situation financière était vachement terrible ?

— Non, ce n'est pas possible ! m'exclamé-je instinctivement.

Il tire soudainement sur mon bras et me positionne à califourchon sur ses jambes. Ce qui me dégoûte encore plus, c'est qu'il glisse désormais lentement ses mains sur mes hanches. Tout compte fait, ses mains baladeuses restent assez en hauteur pour ne pas frôler le dictaphone, ni le pistolet qui se situent un peu plus bas. J'essaye tant bien que mal de ne pas sortir mon pistolet et de lui crever les mains.

— Et si je te dis que je suis un homme malhonnête qui a une dette envers une fichue organisation mais qui ne l'a toujours pas payé et s'est enfui comme un traître ?

C'est bien. Continue de tout révéler qu'on en finisse au plus vite.

— Vraiment ? m'exclamé-je, plaçant les deux mains devant ma bouche, stupéfaite. Mais pourquoi avez-vous fait ça ? Je...

Puis, il ne me laisse pas le temps de finir qu'il serre mes joues violemment à l'aide de ses mains et approche dangereusement mon visage près du sien.

— La ferme. Tu en sais déjà assez comme ça. T'es pas venue ici pour papoter à ce que je sache.

Mon cœur bat à tout rompre. J'ai peur.

J'oriente mon visage à quatre-vingt dix degrés de justesse, échappant ainsi à son baiser.

Lorsque je croise de nouveau son regard, je remarque qu'il fronce les sourcils et est hors de lui.

— De quel droit tu me résistes de la sorte ? Tu oublies le fait que je t'héberge ce soir. Tu vivras dans le luxe aujourd'hui. Et c'est comme ça que tu me remercies ? vocifère-t-il.

Cet homme est tellement malade que j'en ai la chair de poule. Une pourriture de bas étage.

— Je suis désolée, dis-je doucement en frissonnant.

Je me surprends moi-même avec mes talents d'actrice. C'est incroyable. Je tremble tellement que si Gérard me touche encore une fois, je pourrai me briser en mille morceaux.

L'homme d'âge mûr le sent et crache un juron.

— J'aurais pas dû les laisser choisir ma cible, ce soir. Dire qu'il y avait bien d'autres filles plus obéissantes que toi, fronce-t-il les sourcils. T'es complètement inexpérimentée comparé à l'ancienne prostituée qui est venue ici.

Il lance un autre juron.
Bien, il a révélé tout ce que je voulais entendre. J'espère que Onew et Eden ont bien fait le travail de leur côté.

— Pour me prouver que ta valeur vaut aussi bien que celle des autres jeunes filles qui sont venues ici, embrasse-moi.

Il sourit et mon cœur bat à cent à l'heure. Je continue de frissonner. Ce qui me dégoûte encore plus, c'est que je suis toujours placée sur ses genoux.

Mais il est hors de question que je me laisse faire. Je ne suis plus Laura mais bien Maria. Mon rôle est terminé.
Je ricane à mon tour et plante mon regard droit dans ses yeux.

— Non, dis-je sèchement.

— Quoi ? s'exclame Gérard instinctivement, surpris.

Je me lève de ses cuisses, le laissant planté là, médusé, et retourne vers la porte d'entrée.

— Vous êtes vraiment un homme horrible et exécrable. Un jour, vous allez payer pour vos crimes.

Derrière moi, je l'entends hurler de colère et de courir vers moi de ses pas grossiers.

— Sale petite garce ! Je vais te buter ! hurle-t-il.

Lorsque je me tourne et que mes yeux se posent sur Gérard, il court à toute allure dans ma direction, un vase en verre à la main. Quand il arrive à ma hauteur, il tente de l'écraser violemment sur ma tête.
Grâce aux entraînements infernaux d'Eden, je l'évite le plus vite possible de justesse, avant que le vase ne se brise en mille morceaux sur le sol.

Mon regard passe du vase cassé à Gérard, rouge de colère, à plusieurs reprises.

Mes yeux s'agrandissent. Non, je n'ai pas rêvé.

Gérard a essayé de me tuer.

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