Chapitre 2

Arrivée au poste de police, un policier m'entraîne dans une salle et m'emmène près d'une table m'obligeant à m'asseoir sur une chaise posée juste à côté. Face à moi se tient un homme. Il est sans doute un inspecteur ou un avocat. Cet homme me paraît avoir dans la vingtaine. Il était vêtu d'un costard cravate et d'un long manteau d'hiver de couleur brun. Ses cheveux courts de jais contrastent parfaitement avec son teint pâle.

Lorsque nos regards se rencontrent, ce que je remarque en premier sont ses yeux bleuâtres. Ils sont incroyablement profonds et beaux. Il est très intimidant d'une part ses yeux bleuâtres en plus de sa mâchoire saillante. Assis, il me paraît grand et mature mais jeune. Lorsque mes yeux rencontrent de nouveau les siens, je ressens tout un tas de frissons rien qu'en croisant son regard. C'est la première fois que cela m'arrive. 

Il est le premier à briser le silence.

_ Bonsoir. Je me nomme Noah Park et je suis l'inspecteur chargé de cette affaire.

Je ne dis rien. Puis, il poursuit.

_ Je sais que cela a été très difficile pour toi d'assister à une telle scène mais je vais devoir te poser quelques questions, ajoute-t-il.

J'acquiesce. Il est normal qu'un inspecteur me pose des questions. Néanmoins, en évoquant cette "scène", je repense à cette femme sans vie. Rien que de repenser à cette image me donne envie de vomir mes tripes. 

Il demande mon nom, mon âge et ce que je faisais lorsque le coup de feu a retenti. Je décide de lui répondre le plus bref possible.

_ Je m'appelle Maria Rivers. J'ai dix-sept ans. Bientôt dix-huit. 

Puis, je lui explique toute la situation auquelle j'ai fait face auparavant. 

L'inspecteur Park écoute attentivement tous les mots que je prononçais tout en tapant de nombreuses choses sur son ordinateur. Quand il pose une nouvelle fois son regard intimidant sur moi, je ressens de nouveau ces frissons. 

_ Merci. Ce sera tout pour aujourd'hui. Je te recontacterai très prochainement pour vérifier certaines choses encore. Et également si tu as des craintes concernant cette affaire, fais moi en part. Je t'aiderai. 

J'acquiesce, ne trouvant rien d'autre à ajouter.

_ Nous avons déjà contacté ta mère. Elle viendra te chercher.

Je me lève puis le salue poliment. Quittant cette salle, je constate qu'il m'a davantage considérée comme témoin que suspect. 

En toute honnêteté, je n'étais pas du tout sereine et j'avais peur. Je pense à Maman. Qu'allait-elle penser de tout ça ? Elle est certainement morte d'inquiétude. Et qu'adviendra-t-il de la situation ? 

***


_ Mademoiselle ? Votre mère est arrivée.

J'ouvre difficilement les yeux et remarque une jeune policière s'adresser à moi. Je baillais. Voyant mon incompréhension, elle m'explique que je m'étais endormie sur une chaise dans la salle d'attente. 

_ Oh, merci de m'avoir réveillée. Au revoir. 

Au loin, j'apercevais ma mère discuter avec l'inspecteur de tout à l'heure, Noah Park. Lorsque ma mère m'aperçut, elle salua l'inspecteur Park et avança vers moi. 

Je m'attendais à ce qu'elle explose de colère en sortant toute sorte d'injures mais me dira qu'au final qu'elle était morte d'inquiétude pour moi. Mais elle ne fit rien. Elle fut silencieuse tout au long du chemin du retour. Je ne voulais pas briser ce silence. Peut-être que maman était encore sous le choc, tout comme moi, mais pourquoi ne disait-elle rien ?

Plus je repense à cette affaire, plus je ressens cette frayeur qui habite en moi grandir. Cette frayeur qui me pousse à croire que finalement, ce n'était peut-être pas un suicide. Mais un... Meurtre ? Non impossible. Il n'y avait personne à cet endroit lorsque je suis arrivée et j'avais débarqué à peine une minute après que le coup de feu ait retenti. Je balaye rapidement cette idée de ma tête. 

Nous voici désormais devant le palier de ma maison. Nous entrons dans le plus grand des calmes. Subitement, je sursaute lorsque mon regard suit ma mère qui se précipite jusqu'à ma chambre.

_ Maman ? Dis-je en la suivant. Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Lorsque j'arrive à sa hauteur, elle se retourne et m'offre une gifle. Suivie d'une deuxième.

Je n'arrive pas bien à réfléchir. Je n'arrive pas à y voir clair. Je m'attendais à tout, sauf à cela.

 Après quelques secondes de silence, qui m'a semblé une éternité, je décide de rompre le silence la première.

_ Maman... Pourquoi ? Réussis-je finalement à prononcer. 

_ Maria ! Comment oses-tu salir le nom de notre famille de la sorte ? Tu veux me tuer aussi ? Ce n'est pas comme ça que je t'ai éduquée. La mort de ton père ne t'a pas suffi ? 

Quoi ? Pourquoi évoque-t-elle Papa à un tel moment ? Bon sang ! Qu'est-ce qu'il se passe ?

_ Va-t-en ! Je ne veux plus jamais te revoir ici. Et vite.

Ma mère vocifère. Il m'était rare de voir ma mère se mettre en colère de cette façon. Néanmoins, je ne comprends absolument rien à ce qu'elle raconte. Moi, faire passer notre famille pour des assassins ?

_ Maman, ce n'est pas ce que tu crois, je- 

Ma mère me coupe la parole.

_ Va-t-en et ne dis pas un mot de plus. 

_ S'il te plaît maman ! Écoute moi. 

J'implore ma mère. Elle ne veut rien entendre et j'ignore pourquoi. Les larmes commencent à monter et ma gorge se serre. 

Elle se mit à ramasser quelques affaires qu'elle trouve par-ci par-là dans ma chambre dans un sac et me le lance dans ma direction. Lorsque j'ouvre le sac afin de découvrir ce qu'il se cache à l'intérieur, les larmes ruissellent encore une fois le long de mes joues. Le sac est gorgé de toutes sortes de choses m'appartenant, que ce soit des vêtements ou des chaussures.
J'ai alors su que ma mère ne plaisantait pas. Elle désire réellement que je m'en aille. Bien-sûr, sans vouloir entendre ce que j'ai à dire. Elle ne me laisse même pas l'occasion de m'expliquer. 

Fatiguée de cette situation, je décide de prendre ce sac à contrecoeur puis de partir en faisant attention à bien claquer la porte le plus fort possible afin de montrer mon mécontentement.

Parvenue dehors, je ne me retiens plus. J'éclate en sanglots. Je me répétais sans cesse qu'il s'agissait peut-être d'une mauvaise plaisanterie, qu'elle n'était pas sérieuse. Mais non, la réalité me frappa de plein fouet. Désormais, je ne sais plus où aller. J'ai été virée de chez moi. Seulement, il ne me reste encore qu'un endroit. Chez Miyu.

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