Chapitre 19
Eden me tend une feuille dans laquelle figure les informations que je devrais obliger Gérard à annoncer :
"- Gérard a une dette envers Mason Bringston. Il ne l'a jamais remboursé.
- C'est en réalité un pervers qui adore coucher avec des jeunes filles. Il a utilisé l'argent emprunté pour assouvir ce genre de désir."
Mes yeux s'agrandissent subitement et je lance un regard désapprobateur vers Eden. Comment voulez-vous que je m'y prenne pour qu'il me révèle cela ?
Remarquant mon coup d'oeil mauvais, Eden finit par hausser les épaules en levant les yeux au ciel, montrant au passage qu'il n'en a rien à faire de ma détresse. Je serre les dents suite à sa réaction et crache un inutile dans un murmure.
***
Le jour fatidique est arrivé. Je n'avais jamais cru qu'un jour, je porterais de tels vêtements. Je suis littéralement stupéfaite de découvrir mon reflet à travers un miroir placé dans la chambre de Eden. En effet, je suis affublée d'une robe noire en cuir moulante, épousant parfaitement les courbes de mon corps et mettant en valeur ma poitrine. Cet accoutrement a parfaitement réussi à me faire virer au rouge et à me forcer à recouvrir ma poitrine de mes mains, gênée.
Je porte également une paire d'escarpins de la même couleur.
Je ne me suis jamais baladée avec ce genre de chaussures. Toutefois, je suis assez reconnaissante envers Eden de m'avoir fourni cette paire d'escarpins en avance afin que je m'entraîne un minimum hier.
Je ne suis absolument pas à l'aise dans cet accoutrement de prostituée. C'est comme si je ne portais rien dans un sens. Je suis beaucoup trop dénudée. Mais c'est ma mission, je n'ai pas le droit à l'erreur. Sinon, c'est la mort que je trouverais en premier. Je frissonne rien qu'à cette pensée.
Il est vingt-trois heures du soir et Eden m'attend dans le parking du QG des White Black.
Il avait déclaré la veille qu'il ne voulait absolument pas que je me ballade, dehors, vêtue de cette façon.
— Je t'accompagne en voiture là-bas. Tu ne vas pas marcher dans la rue, tard le soir, avec cet accoutrement tout de même. Et s'il t'arrivait quelque chose ? s'inquiéta-t-il.
J'éclatai d'un rire sans joie à sa question aussi stupide soit-elle et je lui lançai un regard noir.
— Alors, je pense que tu as oublié ce que je devrai faire demain, quand je serai avec Gérard. De plus, je n'ai pas passé mes journées à m'entraîner comme une folle pour que je ne sache même pas neutraliser un voyou ?
Eden lève les yeux au ciel en signe d'exaspération.
— Oui, enfin. Ça t'évitera aussi de marcher, soupira-t-il. Bref, je t'accompagnerai demain.
Il ne m'avait pas laissé le temps de rétorquer quelque chose qu'il s'est déjà retourné et s'est volatilisé au fin fond du couloir.
Je sors de ma rêverie lorsque mon téléphone vibre soudainement. C'est Eden qui m'appelle.
— Oui ?
— Maria ! On va être en retard si tu ne descends pas maintenant ! Il faut que t'arrives avant que Gérard n'arrive lui-même à ce bar, s'exclame-t-il.
— J'arrive tout de suite.
Et je raccroche. Je respire un bon coup avant de rejoindre Eden.
Tu peux le faire. Crois en tes capacités.
Avant de descendre, je m'empare d'une couverture et d'un pistolet que je place minutieusement entre mes jambes au cas où je devrais abattre Gérard mais également un dictaphone que je positionne en dessous de ma hanche droite.
Tout au long du trajet, Eden me rappelle encore une fois les détails de cette mission et comment je vais devoir procéder sur place.
Il décide de me poser au coin de la rue. Il y a déjà un monde fou en dehors du bar.
Lorsque j'ouvre la portière de la voiture, Eden s'empare soudainement de mon poignet. Je me tourne vers lui et fronce les sourcils.
— Tout va bien se passer. Tu t'es entraînée d'arrache-pied depuis quelques semaines, alors ne t'en fais pas trop.
Si, justement, tu ne comprends pas. Je m'inquiète tellement que mon cœur ne peut plus le supporter. Je suis terrifiée.
Je retire délicatement mon poignet de son étreinte. En aucun cas je souhaite lui montrer ma peur.
Je dois être forte, me répètais-je.
Même s'il est vrai que je me suis entraînée durement, je n'excelle encore en rien.
— Fais attention à toi, finit-il par déclarer.
À ces mots, je me contente d'esquisser un faible sourire, même si au plus profond de moi, j'éprouvais de la terreur depuis le jour où Mason m'avait confié la mission.
***
Cela fait déjà une bonne vingtaine de minutes que je suis dans ce bar. À mon entrée, personne n'a demandé mon âge. Avec cet accoutrement, je passe presque inaperçue dans cet endroit. Même si, en toute logique, ils auraient dû le faire. Je peux d'ores et déjà présager quel genre de lieu c'est.
Tout au long de la soirée, je restais en retrait, loin de la piste de danse et de ces gens bourrés. L'odeur de la cigarette m'a envahi dès que j'ai posé les pieds ici et cela m'écoeure particulièrement.
Puis, je sens la main d'un homme se faufiler au creux de mes hanches. Je serre les dents et avale ma salive de travers.
Il fallait bien que quelqu'un vienne un jour ou l'autre.
— Jeune demoiselle, veux-tu boire un verre avec moi ?
J'oriente mon visage pour lui faire face et je ne peux qu'être surprise de voir un garçon qui doit certainement avoir aux environs de mon âge. Quelques boucles noires tombent sur son front brillant et sa chemise est déboutonnée. Soit il fait particulièrement jeune et c'est en réalité un vingtenaire, soit c'est véritablement un jeune lycéen qui s'est faufilé dans le Moonlight illégalement. J'opterais davantage pour la seconde option.
Il s'est sans doute amusé sur la piste de danse avant de venir me voir. Son torse et son front brillent de sueur.
Beurk.
Cependant, il empeste fortement l'alcool et doit être complètement saoule.
Je décide de retirer délicatement sa main de mes hanches.
Ne le frappe pas. Ne lui flanque pas un coup dans la gueule. Sois aimable.
— Non merci, j'attends déjà quelqu'un, sourié-je faussement.
Mais il ne lâche pas l'affaire. Il décide cette fois-ci d'enrouler son bras autour de mes épaules.
Je serre les poings à ce contact et commence à frissonner de mal-être. Cela me répugne.
— Oh, ça va. En plus, j'ai de la chance de tomber sur une jeune demoiselle avec un aussi beau corps. -Il me reluque de la gente aux pieds, ce qui a le don de me faire virer au rouge et à me mettre encore plus mal à l'aise- Ta peau est si blanche et tu sens incroyablement bon… Crois-moi, je vais te payer bien plus, et je suis assez bon au lit, me susurre-t-il à l'oreille.
Ce garçon me répugne. Comment a-t-il pu tourner de la sorte ?
N'en fais pas tout une scène. Ne le frappe pas. Contrôle toi, Maria. Sois forte, ne laisse pas la peur t'envahir.
Je le repousse brusquement et je prends mon courage à deux mains pour lui dire :
— Non. Tu ne m'intéresses pas, dis-je sèchement avant de partir.
Je jette un coup d'œil une dernière fois à ce jeune homme et remarque qu'il est abasourdi. Suis-je la première femme à avoir refuser ses avances ? Il semblerait bien que oui.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top