Chapitre 18
De retour chez Miyu, on arrive finalement à sortir un repas digne de ce nom après une trentaine de minutes de travail acharné.
— Bordel Maria, tu me sauves vraiment la vie ! Quant au gâteau… Eh bien, on verra bien ! Mais je me vois mal le jeter… j'imagine qu'on devra le manger en cachette ce soir.
***
À table, monsieur et madame Asô s'adressent à moi comme si je fais d'ores et déjà partie de leur famille.
— Si tu rencontres un quelconque souci, dis-le nous. Nous t'aiderons sans aucun problème, déclare tout d'abord madame Asô.
— Exactement, n'hésite surtout pas, poursuit monsieur Asô. Tu peux compter sur nous.
Suite à leurs paroles, je souris.
Les parents de Miyu sont vraiment adorables. Ils sont très aimables et à l'écoute.
Mais je ne peux pas me permettre d'abuser de leur gentillesse davantage. Je ne peux pas vivre éternellement ici.
— Je vous remercie infiniment de m'avoir accueilli ici et de vous être occupés de moi pendant des semaines. Mais, je n'ai pas envie de profiter de votre amabilité plus longtemps, souriais-je.
Miyu se lève brusquement, faisant au passage, renverser son assiette.
— Maria, non ! Tu ne peux pa-
— D'accord, coupe Monsieur Asô. C'est à toi d'en décider. Nous ne pouvons pas aller contre ta volonté. Cependant, reste ici le temps qu'il te faudra avant le déménagement, dit-il avec une pointe de tristesse. Sache que je te considère comme ma fille. Le jour où tu décideras de partir, reviens quand tu le souhaites. Tu seras toujours accueillie à bras ouverts, sois en sûre.
J'esquisse un sourire triste et le remercie. En plus d'être adorables, ils sont compréhensifs.
Puis, tout au long du repas, on change constamment de sujet : passant du lycée au porc laqué aux riz. (C'est bien évidemment notre repas de ce soir).
À la fin du dîner, Miyu m'entraîne à toute hâte dans sa chambre et prend un air extrêmement sérieux.
— Tu rigoles j'espère ? T'as même pas d'argent pour loger dehors ! Reste ici, tu ne déranges absolument personne !
— Je sais, mais je ne peux pas rester ici éternellement et tu le sais bien ! répondis-je. En plus, lorsque j'ai accepté de rejoindre les White Black, conscient dans quelle situation je devrais faire face, un des membres m'a dit qu'il existe un dortoir pour les mem-
Miyu me jette un coussin à la figure, me coupant ainsi la parole.
— Je m'en fiche, tu n'habites pas là-bas. C'est beaucoup trop dangereux ! Tu m'avais promis que tu ne ferais rien qui te coûterait la vie ! Alors vivre là-bas ? Ta vie serait constamment menacée.
Je ne rétorque rien, cachant au passage mon visage au creux du coussin.
Si tu savais Miyu…
Si seulement tu savais que je suis déjà surveillée en permanence et que j'ai déjà commis l'irréparable en te révélant une partie de mon histoire.
Si elle savait que je partirais très prochainement en mission et que je devrais potentiellement tuer quelqu'un, elle me criera sans doute au nez :
"C'est beaucoup trop dangereux ! N'y va pas ! Ne pense même pas à tuer quelqu'un. La vie est quelque chose de précieux. Tu n'as pas intérêt à le faire." et m'obligera à rester à la maison jusqu'à ce que je décide de lui promettre que je n'irai nulle part. Ou pire encore, elle ne m'adressera plus jamais la parole, ne voulant en aucun cas être en contact avec une meurtrière telle que moi.
Et le moment le plus horrible que je redoute le plus sera le jour où elle apprendra, qu'en réalité, Onew et Eden font aussi partie des White Black… je n'ose pas imaginer ce qu'il se produira.
— D'accord, j'ai compris.
— Tu capitules bien vite aujourd'hui. C'est étrange. Mais bon.
Soudain, je sens qu'elle tire violemment sur le coussin que je tenais fermement, me l'arrachant des mains, et me cogne avec.
— Et c'est parti pour une bataille de polochons ! hurle Miyu.
Je saisis un autre coussin posé sur le lit et le lance en direction de Miyu.
— Tu l'auras voulu ! m'exclamais-je à mon tour.
***
Les jours passent et je suis maintenant capable de combattre en corps à corps et d'utiliser partiellement une arme à feu. Malgré le fait que les premiers jours étaient un véritable enfer avec toutes les ecchymoses que je possédais, désormais, mon corps s'est familiarisé avec les entraînements monstrueux de Eden.
Je me trouve actuellement au QG des White Black, aux côtés de Ed mais aussi de ceux de Onew pour la toute première fois, afin de discuter une dernière fois de notre mission avant son exécution.
Toutes les autres fois où Ed m'avait confié quelques détails de plus pour la mission, Onew n'était jamais présent.
Je ne peux m'empêcher de lancer des regards mauvais à Onew lorsque je m'assois en face de lui.
Il semble comprendre que je lui lance de tels coups d'œil qu'il en vient à me dévisager.
— Oui ? commence-t-il, innocemment.
Alors là, c'est la meilleure. Il se fait passer pour un enfant innocent en employant un pareil ton.
— Toi, si tu oses faire quelque chose à Miyu, je ne te le pardonnerai jamais, crachais-je.
J'aperçois Ed qui me gratifie d'un regard interrogatif, ne sachant pas pourquoi j'évoque soudainement le nom de Miyu alors qu'il est en train de récapituler notre mission de demain.
C'est alors que Onew lâche un rictus.
— Je pense que tu es très mal placée pour me faire une telle remarque.
— Quoi ?
Onew prend subitement un air très sérieux et fronce les sourcils.
— On fait partie de la même organisation. Et, à ce que je sache, je me lie d'amitié avec qui je veux, déclare-t-il.
Je n'ai presque jamais discuté avec Onew et quelle fut ma surprise de le découvrir si odieux. Qu'est-ce que Miyu peut bien lui trouver ?
Je dois l'avouer. À part sa silhouette, il n'a aucun point positif.
— Je confirme. Néanmoins, Miyu est une personne très importante pour moi. Je ne l'accepterai pas si tu lui fais du mal. Si tu comptes la tuer ou autre…
Une pensée me vient tout à coup à l'esprit : et si Mason avait eu vent de ce que j'avais raconté à Miyu et avait demandé à Onew de la surveiller afin de me supprimer plus tard et de l'exterminer par la suite ? Je mords ma lèvre inférieure et serre les poings, frustrée.
Non, ce n'est pas possible. Si Mason était au courant, je ne serais déjà plus de ce monde. Je balaye cette idée de ma tête aussi vite que possible.
D'ailleurs, j'ai failli me faire prendre par l'inspecteur Park à cause de cet élément que j'ai négligé. Il m'a avoué que cette organisation ne passe pas par quatre chemins pour obtenir ce qu'elle souhaite. Logiquement, je serais véritablement morte à l'heure qu'il est.
Je pousse un court soupir de soulagement.
— En fait, je reprends, tu t'es rapproché de Miyu pour pouvoir me surveiller n'est-ce pas ? Sous l'ordre de Mason j'imagine. Si je savais garder le silence avec ma meilleure copine.
Onew affiche une expression neutre sans pour autant me regarder.
— Qui sait ? finit-il par répondre.
À ces mots, je me lève et frappe mon point sur la table.
— Espèce d'assassin ! Ne joue pas avec Miyu. Laisse-la en dehors de tout ça ! vociférais-je. Si tu veux faire du mal à quelqu'un, ne te gêne pas avec moi. Mais ne fais rien Miyu.
Ed tape soudainement des mains, mettant fin à notre altercation.
— Bon, on ne s'est pas réunis aujourd'hui pour que vous vous chamaillez. On parle de notre mission et plus précisément de notre plan d'action. Ce n'est absolument pas le moment, déclare-t-il d'un ton sec. Vous réglerez vos comptes plus tard.
Je me replace convenablement sur la chaise et soupire. Quant à Onew, il n'avait pas bougé d'un poil.
— Donc je disais, reprend Ed. Maria, tu devras venir au bar en question, le Moonlight. Ne t'en fais pas, Gérard te choisira permis toutes les autres filles. On se charge de ce côté-là.
Je me pétrifie à la suite de ses paroles. Même si je me suis préparée physiquement à cette mission, je ne suis absolument pas sereine. Je devrais laisser cet homme me toucher et je vais devoir potentiellement le tuer.
Jamais je ne pourrais faire ça. Jamais je ne pourrais commettre un crime.
— Ensuite, pendant que tu seras chez lui, Onew et moi prendrons l'argent volé : c'est-à-dire la carte bancaire d'une valeur de cinq millions d'euros, continue-t-il.
J'aperçois Onew hocher la tête en face.
— Et enfin, pendant le trajet jusqu'à chez lui et même après, Maria, tu auras la mission de soutirer certaines informations le concernant tout en enregistrant votre conversation avec un dictaphone caché.
Puis, Ed me tend une feuille. C'est ainsi que je découvre avec stupéfaction ce que je devrais obliger Gérard à me révéler.
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