Au moment où Miyu rentre chez elle, je ne peux m'empêcher de lui poser tout un tas de questions : qu'avaient-ils fait ce jour-là ? Est-ce officiel entre elle et Onew ?

Cependant, je ne veux pas lui avouer qu'en réalité, Onew fait partie des White Black. Je ne voudrais pas qu'elle s'inquiète davantage qu'elle ne le fait déjà pour moi. Sachant qu'elle ne sait toujours pas que Eden fait lui-même partie de cette organisation.

De plus, il faut d'abord que Onew ne manifeste aucun signe de danger pour Miyu. Il faut que j'en sois certaine avant toute chose.

Et s'il avait approché Miyu pour une raison cachée ?

Il faut toujours que je m'attende au pire avec une telle organisation.

Je m'éloigne de mon petit moment de réflexion lorsque Miyu me donne une tape sur l'épaule, présentant son embarras.

— Ce n'est pas ce que tu crois, vraiment !

Grâce à ma capacité en tant que trompeuse désormais, je dissimule mon inquiétude sans aucune difficulté aux yeux de ma meilleure amie.

— Attends… comment as-tu su que j'étais avec Onew ? demande Miyu, perplexe.

— Eden m'a dit que vous vous êtes retrouvés ensemble aujourd'hui. Et tu ne me l'as pas dit ? Je suis outrée, dis-je d'un ton enjoué.

J'exprime une moue boudeuse et Miyu se met à ricaner.

— Ce n'est pas ce que tu crois Maria ! On est juste allé étudier à la bibliothèque ensemble, se justifie-t-elle, le rouge aux joues.

Constatant l'air incrédule que j'affiche, elle ne fait que ricaner de plus belle.

— Mais je te dis la vérité ! Vraiment, il ne s'est rien passé d'autre à part le fait qu'on a étudié ensemble, finit-elle par répondre entre deux rires.

— "Ensemble"..., répétais-je en mimant délibérément les guillemets à l'aide de mon index et de mon majeur.

Dans un sens, cela me rassure. Cela veut dire que Onew n'avait rien tenté à l'encontre de Miyu aujourd'hui.

***

Après maintes réflexions, je décide de me rendre au poste de police pour donner ma réponse à l'inspecteur Park. Cela fait déjà quelques jours depuis la dernière fois que je l'avais vu.

Lorsque j'arrive devant sa porte, je toque.

— Entrez.

J'ouvre la porte d'un pas hésitant. Faisais-je le bon choix ? Je ne peux plus retourner en arrière désormais. Ma décision est belle et bien prise.

— Bonjour inspecteur.

Il est en train de pianoter sur son ordinateur portable mais il relève le visage lorsque j'entre dans la pièce. Il me semble très occupé.

— Bonjour, assieds-toi je t'en prie, dit-il.

Je m'exécute et je vais à l'essentiel.

— Je suis venue donner ma réponse à votre proposition.

À mes paroles, il arrête tout ce qu'il était en train de faire jusqu'à présent et me fixe droit dans les yeux. Ses yeux d'un bleu si profond me mettent plus mal à l'aise qu'autre chose. Son regard reflète l'espoir que j'accepte sa proposition.

À cet instant, les mêmes frissons semblables aux fois où je le retrouvais se mettent à parcourir mon corps tout entier.

— J'accepte votre proposition. Je veux bien m'allier à vous, déclarais-je.

L'inspecteur Park soupire et esquisse un sourire, montrant ainsi sa parfaite dentition.

— Tu as fait le bon choix, merci d'avoir accepté. À un moment, je t'avoue avoir cru que tu étais sur le point de refuser. 

Il marque un temps de silence et replonge son regard sur son ordinateur.

— Cela ne te dérange pas qu'on se retrouve à un autre moment pour parler de tout ça ? Enfin, dans des conditions plus sérieuses que celle-ci. Je suis pas mal occupé en ce moment, j'en suis navré. Dis-moi quand tu seras disponible.

Il gribouille quelque chose sur un morceau de papier et le tend dans ma direction. C'est son numéro de téléphone.

Je prends ce morceau de papier et le mets délicatement dans ma poche de pantalon.

— Merci. Je vous enverrai un message pour confirmer un jour, au revoir.

Je me lève et quitte le poste de police, soulagée qu'un poids se dégage dans ma poitrine.

***

— Eh, c'est pas avec ça que tu vas me faire mal ! s'exclame Eden.

— Je ne suis pas comme toi ! dis-je à bout de souffle. Ce n'est que maintenant que je me bats pour la première fois.

A la base des White Black, Ed m'apprend le combat corps à corps et je peux vous garantir que ce n'est pas une partie de plaisir pour quelqu'un qui ne s'est jamais battu de sa vie (et qui ne pratique pas d'activité sportive de la même façon).

En combat corps-à-corps, il m'avait bien expliqué que le combattant cherche systématiquement à prendre l'initiative de l'assaut, puis à écraser l'ennemi sans concession. Sauf qu'avec ma force de mouche que je possède face à Ed, ce n'est clairement pas facile.

C'est ainsi que je tombe à la renverse après que Ed m'afflige un balayage.

— En position ! crie Ed.

Je me lève, je me mets en garde et je fonce vers Eden le plus rapidement possible. J'essaye tant bien que mal à tirer son bras pour le faire perdre l'équilibre et de lui faire un croche-patte pour qu'il tombe à son tour.

Malheureusement, beaucoup plus rapide et prévoyant que moi, il s'écarte soudainement lorsque j'allais m'emparer de son bras et m'abat au sol d'un seul coup. Combien de fois ai-je embrassé le sol depuis le début de l'entraînement ? Probablement une vingtaine de fois.

— Trop lente, se moque-t-il.

Je fronce les sourcils, agacée par le fait qu'il n'y ait pas eu une nette amélioration depuis le début de l'entraînement. Je ne fais que rencontrer le par terre, ce qui me contraire plus qu'autre chose.

— Je suis décidément trop nulle, finis-je par râler.

Il me propose son aide en tendant sa main dans ma direction et que j'accepte volontiers.

— Ça ne fait même pas deux heures depuis le début de l'entraînement, plaisante-il. Mais je confirme que pour un premier entraînement, le lendemain tu seras surprise par le nombre d'ecchymoses que tu auras.

— J'ai déjà pas mal de bleus en ce moment même, alors demain… je n'imagine pas, soupirais-je.

Puis, nous reprenons l'entraînement jusqu'à ce que je peine à respirer et à pouvoir bouger mes membres, anéantie par cet entraînement monstrueux. Tandis que Ed se porte à merveille à côté de moi et ne se fatigue même pas à cacher ses rires à chaque fois que je m'écroule au sol. Mais pour se rattraper un minimum, il m'encourage par la suite à continuer et déclare que mes efforts payeront un jour.