CHAPITRE 27
CHAPITRE 27
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Le trajet jusque le poste de police s’est fait sous un silence de plomb. Carter évite complètement mon regard et s’évertue à ignorer ma présence.
Même Bill, qui nous conduit dans la limousine, semble avoir capté que nous étions tendus. Il ne cesse de nous jeter des coups d’œil à travers son rétroviseur.
Putain ! Pourquoi j’ai couché avec Carter ! J’ai vraiment fait la plus grosse connerie de ma vie. Maintenant, il m’en veux et je viens de perdre le seul allier que j’avais dans cette bataille contre Secret Girl. Et je ne veux pas perdre mon ami. Il est beaucoup trop précieux à mes yeux.
Je pose ma main sur celle de Carter, histoire d’apaiser la tension qui règne entre nous.
- Carter, je...
- Lâches moi
Il retire sa main de sous la mienne et me fusille du regard.
- Carter, tu ne peux pas m’ignorer comme ça, c’est ridicule et…
- Bill, me coupe Carter.
- Oui, Monsieur ?
- J’aurais besoin de votre avis. Qu’en pensez vous si une fille couche avec un garçon et le rejette aussitôt après ?
- Fais pas ça, Carter, je souffle discrètement.
- Je pense que c’est quelque chose qui ne peut pas vous arriver, Monsieur Wittmore.
Carter sourit à Bill, puis tourne son visage vers moi.
- Et si je vous dis que cette fille refuse de recommencer uniquement car elle parle d'un soit disant lien fraternel ?
- Je pense que le mieux est que je ne vous donne pas mon avis… répond Bill.
- Si, si… Allez y. N’ayez pas peur. Vous faites parti de la famille depuis tout ce temps et je suis curieux de connaitre votre avis.
Mon regard croise celui de Bill dans le rétroviseur. J’ai envie de tuer Carter. J’ai envie de l’étranger.
- Je pense que si ce garçon serait vous, Monsieur Wittmore, cette jeune fille perdrait beaucoup.
Carter se tourne vers moi et me sourit, satisfait.
- Je vais te tuer, Carter. Lentement et sournoisement. Je te couperai tes précieux bijoux de famille et les tremperais dans de l’acide avant de…
Il rit devant ma réplique avant de se tourner une dernière fois vers le chauffeur.
- Et si je vous disais que ces deux personnes sont Emma et moi ?
- Je pense que j’avais compris, Monsieur et je pense que deux jeunes gens aussi adorables que vous sont amenés à vivre de grandes choses. Que ce soit ensembles ou pas.
- Vous ne seriez pas choqué alors ?
- Non, pas du tout Monsieur Wittmore.
Carter se tourne encore vers moi et me sourit.
-Tu vois. Bill fait parti de la famille et il n’est pas choqué.
- Il a dit ça juste pour être poli, je craches.
- Non, Mademoiselle Emma. J’ai arrêté d’être poli avec Monsieur Carter depuis le jour où il a commencé à prendre l’arrière de la limousine comme une garçonnière. Ah, nous sommes arrivés !
Bill arrête la voiture le long du trottoir et fais déjà le tour pour nous ouvrir la porte.
Je fusille du regard Carter avant d’en descendre et je traverse déjà la petite cour pavée avant de monter les quelques marches du perron du commissariat. Carter me somme de l’attendre mais je m’engouffre dans la bâtiment en l’ignorant.
A l’intérieur, je me dirige aussitôt vers l’accueil ou un flic bedonnant est affalé derrière le comptoir.
- Bonjour. Je suis Emma Von Der Roth. Je viens pour donner ma déposition sur l’accident de Lana Johnson.
- Très bien. Et vous, vous êtes ?
- Carter Wittmore. Juste son frère la journée et plus si affinités la nuit, dit il en étendant son bras sur mes épaules.
Il a osé !? Je lui assène un coup de coude dans les cotes.
- Très bien. John, hurle t il. Y a les gamins de l’accident !
- J’arrive, j’entends d’un bureau à l’arrière.
Le gros flic se lève, sans oublier de fourrer un donut’s bien gras dans sa bouche. Quel cliché! Je me tourne alors vers mon crétin de frère
- Tu arrêtes tout de suite, Carter. On en reparlera au manoir mais je ne veux plus jamais entendre ce genre de chose débile. Tu as compris ?
- Relax Emma, je…
Je l’attrape par les bijoux de famille et les serre.
- Rappelles toi tout ce que j ai promis de faire à tes partis si tu n’arrêtais pas tes petits sous entendus incestueux. Tu as compris ?
Il hoche la tête, pris au piège par mes menaces. Je le relâche alors qu’un officier arrive derrière le comptoir.
- Putain ! Tu as réussi à me filer une trique même en m’écrasant les…
- Mademoiselle Von Der Roth, Monsieur Wittmore. Je suis l’officier Garcia. Je suis en charge de prendre votre témoignage. Vous me suivez ?
Je m’exécute, suivi de Carter qui me colle un tantinet trop. Un autre officier prend en charge Carter et même si je n’avais qu’une envie, qu’il s’éloigne de moi, le voir partir avec un autre officier de me réjouis pas.
L’officier me fait m’asseoir devant un petit bureau jonché de dossier en tout genre et d’une bonne dizaine de tasse de café dont certaines ne sont qu’a moitié pleine.
Sérieusement, il devrait se décider a ranger ce tas de merde. Je ne comprends même pas comment on peut l’autoriser à travailler dans ce foutoir.
L’officier s’assoit face a moi et moi propose une tasse de café.
- Euh… non merci, je réponds plus écœurée que polie.
- Très bien. Je vais vous demander de me remettre votre pièce d’identité.
Je sors mon passeport de mon sac à main et le flic me le prend puis relève son visage vers moi.
- Très bien. Alors… votre nom ? S’adresse t il a moi.
Je suis surprise par sa démarche. Il me demande ma pièce d’identité qu’il ne regarde même pas et me demande mon noms alors qu’il aurait juste a se pencher et a lire. Ce flic est un crétin ou quoi ?
- Von Der Roth Emma Isobel Margareth.
- Très bien. Votre date de naissance ?
Et en plus, il tape à la lenteur d’un flic. Bon, c’est un flic après tout.
- Le 10 novembre 1998 a Mill Valley, Californie
- Très bien. L’identité de votre père ?
Ah ! Voila une question pertinente. Je suis bien tenté de lui demander lequel mais je sais qu’il parle de mon géniteur.
- Von Der Roth William James, né le 1er décembre 1962 a Mill Valley, Californie, je dis, anticipant sa prochaine question.
- Votre mère ?
- Bon, ca va durer encore longtemps ? Je crache, impatiente.
Il relève la tête de son clavier et me regarde, ahuri.
- C’est la procédure Mademoiselle.
- Très bien.
- Rodgers Isobel, née le 12 avril 1971 à iDallas Texas. Marié à Budd Harrison, William Von Der Roth, Abraham Rosenberg et Richard Grants et - prochainement mariée à..
- Richard Grants ? Le responsable de l’accident ?
- Oui. C est mon beau père, quoi, mon ex beau père.
- Intéressant. Vous pouvez me dire ce que vous faisiez au Old Mill Park à minuit ?
- Je… Nous nous sommes donnés rendez vous la bas avec mes amis ? Je mens
Je jette un coup d’œil a Carter qui, au loin, parait aussi tendu que moi. Il répond a un autre officier et perd patience également.
- Et pourquoi ?
- Pour savoir ce que trois ados faisaient dehors a cette heure ci.
Dois je lui parler de Secret Girl ? Nous aurions du nous mettre d’accord avec Carter.
- Je… J’étais avec mon frère et nous avons rencontré Lana par hasard.
- Et que faisait-elle dans le parc ?
- Je n’en sais rien. Demandez lui.
Ok, pas très intelligent mais je ne peux désespérément pas dire que j’avais un rendez vous nocturne avec Secret Girl.
- Nous le ferons. Et ensuite ?
- Ensuite nous sommes partis tous les trois et la voiture de Monsieur Grants est arrivé. C’était un accident. Richard n’aurait pas pu éviter Lana.
- Pensez vous que Monsieur Grants aurait quelque chose contre Mademoiselle Johnson ?
Je fronce le front. La raison de son divorce ? Apres tout, elle a tendu ce piège a Richard tout autant que moi mais ce qui ne serait pas logique, c’est qu’il essaie de se venger, un an plus tard, alors que lui-même n’a pas été inculpé pour pédophilie. Non, richard ne l’a pas fait exprès. Il était là au mauvais moment. Ou alors, si il l’aurait fait, il se saurait tirer une balle dans le pied. Quel homme, sans aucune accusation sur le dos s’amuserait à écraser une jeune fille par vengeance ?
C’est vrai que pendant le divorce, Richard a perdu beaucoup mais de la à se venger pour des parts de sociétés, quelques bibelots et tableaux et un chauffeur personnel ne serait vraiment pas judicieux.
- Non, je ne pense pas, je mens.
- Très bien. Vous serez surement amenée à témoigner lors du procès, si les Johnson décide de déposer plainte. En attendant, faites attention à vous, Mademoiselle Von Der Roth. Vous avez eu de la chance cette nuit, ça aurait pu être vous.
- J’en ai conscience. Merci officier Garcia.
Le flic me fait signer ma déposition qu’il imprime aussitôt puis m’en remet un double.
A l’entrée, Carter m’attend patiemment, les yeux rives sur son écran de téléphone. Il relève la tête quand je m’approche de lui et bous sortons du poste de police.
- Regardes ! Secret Girl a encore frappé !
Il tend son téléphone vers moi et j’observe la photo de Lana, gisant sur le sol, moi penchée au dessus d’elle.
[ De : Secret Girl
Dire que j’aurais pu me débarrasser de cette petite garce ! Tant pis, ce sera pour une prochaine fois ! ]
***
J’ouvre les yeux quand j’entends des pas s’approcher de moi. Allongée sur un des bains de soleil autour de la terrasse, je n’avais pas cœur à aller en cours cet après midi. A quoi ca aurait servi d’ailleurs ? On est vendredi et c’est le jour des options. Le journal peut bien se passer de moi pour une fois.
Face à moi, Carter, vêtu d’un short de bain noir, dépose un verre de thé glacé près de moi en souriant.
- Je me suis dis que tu aurais soif, dit il
J’abaisse mes lunettes de soleil et le fixe du regard. Bon, il a été sympa. A moi d’en faire autant.
-"Merci Carter.
Il s’assoit près de moi et je me tends aussitôt. Je vois a son regard qu’il fait tout pour me séduire. Mais je ne dois pas craquer. Même si après la nuit que j’ai passé avec lui, mon corps ne semble pas être d’accord avec ma raison.
Il lève sa main et la balade du revers sur mon corps brulant. Je déglutis aussitôt.
Non, je ne dois pas céder ! Carter est mon frère.
- Arrêtes Carter
- Mais quoi ?
- Arrêtes je te dis. Je n’ai pas envie.
- Menteuse.
Je le toise du regard et il saisit alors ma main qu’il colle sur son entrejambe. Son membre est dur.
- Regardes ce que tu me fais ? dit il.
- Je ne te fais rien, Carter. Arrêtes ce petit jeu là !
- Je t’ai dis que je ne jouais pas !
- Ouais, bah vas jouer avec quelqu’un d’autre ou avec ta main. Toi et moi, ça ne se reproduira plus.
- Tu a l’air si convaincue par ton mensonge…
Il se penche sur moi et approche ses lèvres des miennes mais s’interrompt quand la voix de ma mère résonne dans le manoir. Il se recule alors aussitôt se redresse quand les talons de ma mère claque sur les dalles de la terrasse.
- Ah ! Vous êtes là, tous les deux ! Vous m’expliquez pourquoi le lycée m’a appelé pour me dire que vous n’êtes pas en cours. C’est la deuxième fois cette semaine Emma et…
- Le lycée ne te l’a pas dit ? Je la coupe
- Dis quoi ?
Elle pose ses deux mains sur chacune de ses hanches.
- Lana Johnson a eu un accident hier soir et nous avons été convoqué au poste ce matin.
- Oh ! Mon Dieu ! Elle n’a rien de grave, fait elle en posant ses deux mains dur sa bouche.
Elle se laisse tomber sur le transat d’a côté.
- Non, juste une jambe cassée, la rassure Carter.
Elle porte sa main sur son cœur et souffle de soulagement avant de froncer le nez.
- Mais pourquoi vous avez été au poste ? Vous étiez avec elle ?
- Oui et non. Lana s’est fait renversé par un chauffard.
- Oh ! Mon Dieu ! Il a été rattrapé, j’espère ?
- Oui, Isobel, lâche Carter. Et au passage, c’est Richard, ton ex mari.
Sa mine se renfrogne aussitôt. Elle marmonne des paroles inaudibles et incompréhensibles puis se relève.
- Bon ! Vous êtes excusés pour cette fois ci, mais j’apprécierais que vous ne séchiez plus les cours. Nous ne vous payons pas une école à douze mille dollars le semestre pour que vous vous permettiez de faire l’école buissonnière.
Elle nous sourit puis repart vers le manoir. Carter se tourne alors vers moi.
- Bon, on en était où ?
- Nulle part Carter !
Je me lève de mon transat. Ce mec commence à me rendre vraiment dingue
- Je vais aller voir Lana.
***
Quand j’arrive à l’hôpital, un pot de glace Ben & Jerry’s à la main, j’hésite un instant à frapper. Et si Lana m’en voulait ?
Je prends mon courage à deux mains et tape contre le bois de la porte.
Quand je pousse la porte, Lana parait surprise. Elle éteint le poste de télévision et m’offre un large sourire.
- Je t’ai ramené de quoi te remonter le moral, je dis en agitant le pot de glace de devant elle.
- Oh ! T’es la meilleure ! La bouffe est tellement dégueu ici.
Je pouffe de rire. Je m’installe près d’elle, après avoir choper une cuillère sur son plateau repas.
- Tu sors quand ? Je lui demande en lui tendant la cuillère.
- Demain matin.
- C’est cool.
Elle ouvre le pot et plonge sa cuillère dedans avant de la porter a la bouche.
- Merci d’être venue me voir
- C’est normal.
- Tu as changée Em. Vraiment. Je te préfère ainsi.
Je souris. Elle n’a pas idée du compliment qu’elle vient de m’offrir.
- C’est vrai que ma mère t’a giflée ?
J’hausse les épaules.
- J’ai entendu mes parents en parler. Mon père a peur que tu portes plainte contre ma mère.
- Il n’a pas de soucis à se faire. Je n’en veux pas a ta mère. Elle est inquiète pour sa fille, c’est tout. C’est déjà oublié.
- Merci Em. C’est cool. Tu as vraiment changée.
Je lui souris et lui pique la cuillère des mains.
- Je devrais en faire autant. Je ne suis pas une bonne personne. Tout ce que tu as écris dans ton article est vrai. Nous ne sommes que des petits bourgeois qui ne prenons pas conscience de ce que nous avons.
- Et d’où te viens ce brusque changement ? Je ris.
Elle me pique la cuillère à même la bouche.
- Tu sais, quand les gens disent qu’ils voient leur vie défiler avant de mourir, ils ont tort.
Je tourne mon visage vers elle et la fixe.
- Tu sais ce que j’ai vu, moi ? Amiyah Torres. Je l’ai vu. Pas le jour de l’accident, non, ça je le vois dans chacun de mes cauchemars. Je l’ai vu dans son centre pour jeune handicapée. J’ai foutu sa vie en l’air, Em. J’en ai conscience maintenant. Et je compte aller voir la police pour tout leur dire.
- Ne fais pas ça, Lana. Ça va bousiller ta vie et…
- Non, au contraire. Ça va me libérer mais ne t'inquiètes pas, je ne dirais pas que tu étais avec moi. Après tout, toi, tu n’as rien fais.
- Je ne te laisserai pas faire ça, Lana. On peut surmonter ça toutes les deux mais tu ne peux pas me couvrir. Je suis autant impliquée que toi et…
Je m'interromps quand elle tapote ma main.
- Merci pour la glace. Je ne suis pas sûre que j’y aurais droit en prison. Tu crois que j’y resterais longtemps ?
- Lana, tu..
La porte de sa chambre s’ouvre alors et ses parents pénètrent dans la chambre. Sa mère se fige quand elle me voit et parait soudainement mal à l’aise. Je me relève du lit, embrasse Lana sur la tempe.
- Excusez moi, Madame Johnson, je voulais juste m’assurer que Lana ne manquait pas de glace. Je vous promets que c’est la dernière fois qu’elle me verra.
- Oh Emma, je suis si désolée. J’ai réagis excessivement hier et je n’aurais pas dû te gifler et..
- Non, Madame Johnson. Ne vous excusez pas d'être une mère qui s’inquiète pour son enfant. J’aurais aimé que ma mère soit à votre niveau. Bon, je vous laisse. Bonne journée.
Je quitte la chambre de Lana, la gorge nouée et la larme prêt à tomber.
◼⬜◼
[ De : Secret Girl
Umh… Caliente… Je me doutais que Carter était un pro.
Et je dois avouer qu’il a su faire tomber Emma dans ses filets à la perfection. Elle n’a pas résister bien longtemps. Et maintenant, elle se retrouve dans une situation bien compliquée.
Un petit ménage à quatre, Em ? Ou tu comptes en laisser un peu aux copines…
Quand au petit revirement de conscience de Lana, il ne m’arrange pas du tout. Il va falloir que je trouve une parade pour la garder au lycée, celle là parce que je ne suis pas prête à perdre l’une de mes reines. Pas encore. ]
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