CHAPITRE 12

◻⬛◻

La sonnerie de mon téléphone commence à vraiment me taper sur le système. Je ne sais pas qui s’acharne comme ça mais je pries en silence pour qu’il arrête.

La sonnerie s’arrête et je prends mon oreiller que je bloque sur ma tête pour me couvrir mes oreilles, dans l’éventualité qu'il se remette à sonner.

Bingo ! Il recommence. Je grogne et je sens Robin bouger près de moi. Je chope mon téléphone et vérifie la maudite personne qui ose m’appeler à 10h, un dimanche.

Merde ! Ma mère ! Je me redresse aussitôt et décroche le téléphone.

- Maman ?

Je chuchote pour ne pas réveiller Robin.

- Emma ? Ou es tu ?
- Euh…
- Tu as oublié le brunch
- Oui… euh non
- Emma ! Me réprime t elle. Où est tu ? 
- Chez un ami
- Un ami ou tu es chez ton ami ?

Je ne réponds rien. J’ai bien vu, hier, que ma mère a du mal avec Robin.

- Rentres vite à la maison. Et sois prête. Les invités arrivent à 11h30
- Je ne sais pas si je serais à l’heure.
- Mais tu es ou bon sang ?
- Chez… Robin.
- Oui, bah il habite pas à l’autre bout de la planète non plus. Alors lèves et toi et viens…
- Oui… Je…
- Et dis à Robin te porter une cravate…

Elle raccroche sans que j’aille le temps de répondre. Je soupire. Ma mère est si agaçante et si cool en même temps. Elle accepte sans problème tous mes amis et ne pose jamais de questions sur l’endroit où j’ai découché mais quand elle donne un ordre, on a plutôt intérêt à exécuter. Je verrouille mon téléphone et tourne la tête vers Robin. Il paraît encore bien fatigué mais me sourit tout de même.

- Tu as faim ? Je demande

Il hoche la tête en baillant. Il est trop mignon.

- Ça tombe bien ? Tu es invité au brunch chez ma mère…

Il écarquille les yeux et parait hésiter à accepter l’invitation.

- Allez, on se bouge. On doit y être dans une heure, je lance.

***

Quand nous arrivons au manoir, après presque vingt minutes de retard, j’attrape la main de Robin et l’attire vers l’arrière du manoir. Il ne pipe pas un mot et je sais qu’il est impressionné d’assister à une nouvelle « soirée mondaine ». Celle d’hier ne s’est pas vraiment bien passée.

- Ça va ? Je demande alors que je pénètre par la porte donnant sur la cuisine.
- Ta « maison » est encore plus impressionnante de jour.

Je pouffe de rire et entre dans la cuisine. Robin écarquille les yeux lorsqu’il aperçoit la présence des employés de maison, s’affairant devant les fourneaux. Je salue les employés avec un sourire et Carmen me tombe aussitôt dessus.

- Vous voilà enfin Mademoiselle. Madame est furieuse et ne cesse d’hurler à travers la maison.
- Je m’en doutes. Dites lui que je suis rentrée depuis un moment.

J’attire Robin vers les escaliers de service menant au premier étage. Il paraît encore plus impressionné et tourne la tête dans tous les sens.

Nous arrivons enfin dans ma chambre et je lui propose de s’asseoir, le temps que je me change. Dans mon dressing, je décide de m’habiller d’une robe baby-doll blanche, que j’accessoirise avec des ballerines toute aussi blanche. Je sors de mon dressing. Robin est assis sur mon lit, regardant le livre de la promotion de mon lycée d’il y a deux ans.

- Je suis presque prête. Juste le temps d’aller dans la salle de bain. Viens si tu veux 

Il referme le livre et le dépose sur mon lit avant de me rejoindre. Je détache mes cheveux et les brosse tandis qu’il s’assoit sur le rebord de la baignoire. Je me tresse les cheveux rapidement et les lie avec un élastique.

- Quoi ?
- Tu es sûr que je ne déranges pas que je sois là…
- Pour la centième fois, non. C’est ma mère qui me l’a proposé et Harry est sympa…
- Je parlais de Carter.

Je n’avais pas pensé à lui. Merde. Je m’accroupis face à lui et le regarde droit dans les yeux.

- Ne t’inquiètes pas pour ça. Et ne te laisses pas faire par Wittmore, c’est un con. Tu l’as dit toi-même.

Il me sourit puis pose ses lèvres sur les miennes. J’aime quand il fait ça.

- Emma ?
- Oui
- Pour hier soir…
- On en parlera plus tard. Bon, je suis prête, on y va ?

Il hoche la tête et se relève. Nous quittons ma chambre puis empruntons l’escalier principal. Quand ma mère m’aperçoit, elle vérifie sa montre et me toise du regard.

- Tu as vraiment de la chance d’être pile à l’heure
- Je suis désolée Maman.
- Bon, ce n’est pas grave. Bonjour Robin. Comment allez vous ?

Elle lui tend sa main et Robin la sert aussitôt.

- Merci Madame de m’avoir invité.
- Mais c’est un plaisir et tous les amis de mes filles sont les bienvenus à la maison 

Robin sourit à ma mère et parait soudainement plus détendu.

- Vous avez oublié votre cravate, Robin.
- Oh ! Je n’en ai pas. A part celle de mon uniforme. Mais je suis déjà obligé de la supporter toutes la semaines alors…
- Je vois, répond t elle en plissant les yeux.

A ce moment là, Carter descend des escaliers en compagnie de Spencer. C’est deux la font la paire et ils commencent sérieusement à m’agacer.

Carter affiche un sourire supérieur quand il aperçoit Robin alors que Spencer écarquille les yeux si gros qu’il me fait penser à une chouette. Ma mère pose sa main sur le bras de Carter.

- Carter, mon chéri. Pourrais tu aller chercher une cravate pour l’ami d’Emma s’il te plait. Prends la bleue, celle que tu aimes tant, elle fera ressortir ses beaux yeux.

Carter ne peut refuser et fusille du regard Robin avant de remonter à l’étage. Si je pourrais sauter de joie, je le ferais. Je sais que cette cravate est la préférée de Carter. J’aime ma mère quand elle a ce genre d’idée sans savoir les conséquences que ça pourrait entraîner.

Ma mère le remercie puis tourne les talons vers Hailey. La sœur est en compagnie de ses deux amies, Cassie Thompson et Amanda Miller. Hailey me fait un signe de la main et sourit quand elle voit Robin. Elle ne le connaît pas, je ne pense pas du moins. Je n’ai même pas eu l’occasion de lui en parler étant donné que je ne l’ai quasiment pas croisé de la semaine. Carter redescend les marches et balance sa cravate à Robin qui la rattrape facilement.

- Ça, tu me le payera, Turner.
- Oh ! Mais pas de soucis, Wittmore.

Robin la passe déjà autour de son cou et je l’aide à la nouer tandis que Carter et Spencer partent en direction du jardin.

- C’est la préférée de Carter
- Alors raison de plus pour que je lui rendes dans les meilleures conditions, rit il

Je pouffe de rire. Ce mec pense la même chose que moi. J’hésite à lui proposer de la laisser baigner dans une sauce ou de la faire brûler sur le barbecue. Carter sera tellement heureux de la récupérer en si bonne état.

Je l’attire vers le jardin et aperçoit déjà les convives déambulés sur la pelouse parfaitement taillée du manoir. Je salue quelques invités et prend même le temps de présenter Robin aux différents actionnaires de la société. Il paraît à l’aise mais je sais que ce n’est qu’une façade. Il n’aime pas ce genre de manières mais il reste tout de même poli et souriant.

Nous arrivons près du buffet et je tends une assiette à Robin. Je me sers modérément. Je n’ai jamais aimé manger et pour moi, c’est une perte de temps. Je mange par obligation, uniquement pour combler les besoins nutritionnels que mon corps réclame.

Robin me demande plusieurs fois ce qu’il y a dans les plats et une fois servis, nous allons rejoindre Hailey et ses deux amies à leur table. Des qu’elles nous aperçoivent, elles pouffent de rire comme des adolescentes, ce qu’elles sont d’ailleurs. Moi aussi, à quatorze ans j’aurais pouffé face à un beau spécimen comme Robin.

Il est beau. Très beau. Sexy même. De sa peau mate à ses grands yeux bleus qui contrastent parfaitement avec le teint de peau. Et ne parlons pas de son sourire charmeur ou de son corps musclé. Je me félicite moi-même d’avoir eu la chance d’y toucher.

- Salut les filles ! Je vous présente Robin. Robin, voici Cassie Thompson, Amanda Miller et là, ma sœur adorée, Hailey.
- Salut les filles, fait Robin.

Les amies de ma sœur pouffent une nouvelle fois de rire comme des gamines tandis qu’Hailey paraît juger du regard Robin, le sourire en coin. Nous nous asseyons près d’elle, Robin à côté de ma sœur.

- Alors ? Quoi de neuf ? On ne s’est pas beaucoup vu cette semaine, je dis 
- Ouais. Je suis exténuée. Je n’aurais jamais pensé qu’organiser un spectacle était si dur. Et prenant, répond ma sœur 
- C’est pour le lycée ? intervient Robin
- Oui. Tu es aussi au lycée international ?
- Oui. En 12th grade, avec Emma.

Ma sœur lui sourit puis son regard se porte derrière nous. Son sourire s’efface aussitôt.

- Alors les filles ! Vous parliez de quoi ? fait Carter.

Je roule des yeux aussitôt tandis que Robin se raidit.

- Oh ! Rien d’intéressant ! On parlait de toi Wittmore ? Je lâche

Le sourire de Carter s’élargit aussitôt tandis que Spencer paraît figé.

- Ouais, je sais que c’est plaisant de parler de moi mais ne soyez pas pressées les filles. Vous goûterez toutes à mon corps d’Apollon.

Les amies de ma sœur paraissent gênées et Carter se tourne vers moi et me fait un clin d’œil. Je ne peux retenir mon rire. Il est toujours aussi couillu.

- Non, Wittmore. On disait juste que tu étais un gros con supérieur, je lâche 

Il hausse les épaules et se laisse tomber sur une chaise. Spencer s’assoit à côté de moi et je me raidis à mon tour. Vu la dernière conversation qu’on a eu tous les deux, je ne suis clairement pas à l’aise.

- C’est mieux que rien. Et puis, mieux vaut que vous parlez de moi plutôt que d’autres connards !

Son regard fixe Robin qui le fusille à son tour. Je sens que ça va dégénérer. Ces deux là ne s’aiment vraiment pas.

- Mais dis moi, Turner. Tu ne devrais pas être en cuisine à aider le petit peuple à emmener les plats…
- Arrêtes Carter, je souffle.
- Tu en as des bonnes idées, Wittmore. Je devrais peut être y aller, histoire de cracher dans ton assiette.

Carter ne sourit plus et le silence règne tout à coup à table. La tension est plus que palpable. Ca va dégénérer si je ne calmes pas la situation. Je reste un instant à trouver les mots qui pourraient apaiser l’ambiance mais c’est Hailey qui rompt le silence.

- On pourrait manger tranquillement, comme des adultes. Je ne penses pas que Maman serait contente si il y a un scandale à notre table !

Décidément, ma sœur reste la plus mâture de nous tous. Surtout de Carter en vrai. Carter tourne son regard vers ma sœur et lui sourit faussement.

- La petite sainte nitouche à raison. Isobel risque de nous arracher la tête.

Je ne sais pas si je suis choquée par sa maturité soudaine ou par les mots qu’il vient d’utiliser. Ma sœur n’est pas une petite sainte nitouche. Du moins, j’espère que si. Je veux tellement la préserver de ce monde de dingue ou règne machination et domination.

Hailey reprend sa fourchette et la plante dans un morceau d’omelette. Le silence règne toujours autant et ça en devient plus que gênant.

- Tu me parlais de l’organisation du spectacle, Hailey… Je reprends.
- Oui. Je te disais qu’il y avait tant de choses à faire. Avoir le rôle principal et être organisatrice n’est pas de tout repos. J’aurais bien besoin d’aide. Peut être que tu pourrais…
- Oh non merci. Je passe mon tour. J’en ai fini avec tous ça !
- Tu danses ? intervient Robin.

Je le regard puis sourit. J’ose un coup d’œil vers les personnes autour de ma table. Carter et Spencer n’en perdes pas une miette.

- Oui, elle danse, fait alors Spencer qu’on n’avait pas entendu depuis le début du repas. Et sacrément bien. C’était la meilleure.

Robin paraît surpris que Spencer n’est pas lâché un pique en sa direction mais lui sourit tout de même.

- Pourquoi as-tu arrêté alors ?
- Parce que…
- Parce qu’elle s’est barré à l’autre bout du pays, crache Carter.

Mais quel con ! Il ne peut pas fermer sa gueule pour une fois. Je me tourne vers lui et lui offre mon sourire le plus hypocrite possible.

- Enfin Carter. Paris n’est pas à l’autre bout du pays. C’est de l’autre côté de la planète. Ne te fais pas plus bête que tu ne l’es déjà.

Carter secoue la tête en me toisant. Celle là, il ne l’a pas voler. Il ne me contredit pas pour autant. Ma sœur se lève alors de la table, agacé par la conversation. Elle tourne les talons et ses deux amies la suivent sans poser de questions. Elles me lâchent. Je râle intérieurement.

- J’ai arrêté car non seulement, c’était trop prenant et en plus, je voulais voir d’autres choses…
- Oui. Et surtout car je lui prenais tout son temps, si tu vois ce que je veux dire, Turner.

J’hoquète de surprise sous les mots de Spencer. Avant, il n’aurait jamais osé lancer ce genre d’insinuation. Son amitié avec mon cher frère le change et je n’aime pas ça. Spencer à toujours été un garçon gentil et prévoyant, s’occupant du bien être des autres avant le sien.

Robin le regarde, puis lâche un petit rire en secouant la tête.

- Je sais que vous avez un passé avec Emma, dit il.
- Un passé pas si vieux que ça. 
- Je le sais aussi, Evans. Mais contrairement à toi, elle accepte son passé et vas de l’avant. Tu devrais en faire autant.

Le poing de Spencer se serre sur la table. Robin rit en voyant son visage furieux. Je ne sais pas lequel des trois est le plus provocateur. Carter, Spencer ou Robin. Je toise du regard Spencer qui ne paraît pas en découdre tandis que Carter jubile de la situation. Bien sûr ! Pourquoi n y ai-je pas pensé plus tôt ? Tout ça est un nouveau jeu de Carter. Je sens une main se posé sur ma cuisse gauche et remonté légèrement jusque mon entrejambe. Je tourne aussitôt la tête vers Spencer qui affiche un petit sourire sournois. Je la retire aussitôt, discrètement pour ne pas attiser la curiosité de Carter, ni le regard de Robin.

- Et qu’es ce qui te fait penser qu’elle veut passer à autre chose ? fait Spencer en reposant sa main sur ma cuisse.

Je me lève aussitôt, sous le regard surpris de Robin et Carter. Je laisse tomber ma serviette sur la table et tourne ma tête rapidement vers Spencer 

- Je vais aller me chercher à boire. Spencer, tu m’accompagnes ?

Il esquisse un sourire victorieux puis s’excuse en se levant. Ça m’embête de laisser Carter et Robin ensemble mais je dois aller remettre les points sur les i à Spencer. Nous nous éloignons de la table et entrons dans le manoir. Spencer me suit jusque le petit salon et je ferme ma porte derrière lui. Il me regarde un instant, l’air innocent.

- A quoi tu joues Spence ?
- Je ne joues pas.
- Ne te fous pas de moi. Tu arrêtes avec tes mains baladeuses, ok ?

Il lève ses mains en l’air, comme pour se rendre, puis me sourit.

- Et arrêtes de me sourire comme ça ? Tu commences à me saouler. Je ne sais pas ce que tu essaies de prouver mais …
- Je sais que tu m’as menti l’autre soir, me coupe t il.
- Bah bravo ! Il t’a fallu une semaine pour t’en rendre compte ? Tu veux une médaille ?
- Non, je te veux toi.

Je me fige aussitôt. Il me veut moi ? Il se fout de moi ou quoi ?

- Tu crois que je n’ai pas compris à quoi tu joues avec ton œuvre de charité ? Tu aurais pu choisir quelqu’un d'autre que Turner par contre.
- Mon œuvre de charité ? Mais tu…
- Arrêtes Emma. Toi comme moi, on sait que tu essaies de me rendre jaloux.
- Mais n’importe quoi ! Tu divagues…
- C’est toi qui divagues. Tu veux qu’on retente quelque chose, pas de soucis. Tu as juste à me le dire…

Je croise les bras sur ma poitrine et le fixe d’un air nonchalant. Il s’approche alors de moi et je me recule aussitôt.

- T’es devenu aussi con que Carter ! je crache.

Il sourit d’un air victorieux puis s’avance une nouvelle fois vers moi.

- Je sais que tu aimes jouer, Emma. Pas de soucis. Je jouerais aussi.

Il s’avance encore et je me recule aussitôt.

- Je ne veux pas jouer Spencer. Je veux que tu arrêtes.
- Je sais que tu ne veux pas que j’arrête.

Je secoue la tête. Il ne veut rien comprendre. J’ouvre la porte et le fusille du regard.

- Tu arrêtes, Spencer…

Je sors du petit salon et retourne au jardin, carrément énervé par cette conversation. Spencer est un con ! Il m’en aura fallu du temps pour comprendre.

Je retourne à la table ou Robin et Carter paraissent avoir une conversation silencieuse. Ils se fusille tous les deux du regard et je regrette d’avoir eu à discuter avec Spencer et de les laisser tous les deux.

Robin est tendu et lorsque je lui souris en m’asseyant près de lui, son visage reste fermé. Qu’es ce que Carter à bien du lui dire pour que Robin paraisse si énervé ?

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[ De : Secret Girl

Oh ! Spencer ! Tu es définitivement mon chouchou ! Tu sembles prêt à te battre pour ta belle. Je trouve ça si mignon !

Quand à toi, Carter, plus le temps passe, et plus je me dis que tu aurais été un coéquipier de choc. Il est encore temps de te rallier à moi, si tu le désires…

Et toi, Robin. Je t’adore ! Sincèrement, mais il faut que tu te battes pour Emma. Sors les crocs, bordel ! Tu la largueras quand elle sera bien accro à toi, histoire de l’achever sentimentalement parlant.

Sérieusement, je vais finir par croire que je dois tout faire moi-même ici ! ]