CHAPITRE 05

◻⬛◻

C’est avec un large sourire que j’arrive au lycée ce matin. Hors de question que quelqu’un entache ma journée.

Je suis arrivé un peu plus tôt que d’habitude aujourd’hui. Je dois aller parler à Spencer et je suis déterminée à avoir ma petite vengeance envers Brooke.

Le séduire ne sera pas compliqué. Je le connais tellement bien que je sais à quoi il ne peut résister. Je passe devant la cour de Lana, surprise qu’elle ne soit pas encore arrivée et m’arrête devant Amélia et Olivia White, les jumelles diaboliques de la cour de Lana.

- Lana n’est pas encore arrivée ?
- Qu’est ce que tu lui veux ? me crache Olivia, à moins que ce soit Amélia.
- Oh ! Je voulais juste lui parler. En toute amitié bien sûr. Quand vous la verrez, dites lui que je la cherche.

L’une de jumelles hoche la tête d’un air dédaigneux. Tandis que l’autre paraît bien surprise. Je tourne les talons en leur souriant puis entre dans le bâtiment.

Je le traverse rapidement et prend la direction du complexe sportif. Je sais que Spencer, en bon footballeur, est à l’entraînement. J’accélère mes pas quand j’entends mon nom. Je me retourne et vois une camarade, sûrement de 11th grade me faire de grands signes.

- Emma ! Emma !

Je soupire et arrête ma course. Je ne sais pas ce qu’elle me veut et je ne sais même pas qui elle est. À côté d’elle, un jeune garçon, lui chuchote quelque chose mais la jeune fille le sermonne et l’attire vers moi. Je les regarde de la tête aux pieds. Non, je ne vois vraiment pas qui ils sont.

- Emma, désolée de te déranger. Ça va ? me fait la jeune fille.
- Ouais ça va merci.

Le garçon paraît gêné et n’ose pas me regarder dans les yeux. Je tends ma main vers lui en premier, histoire de les déstabiliser encore plus.

- Emma Von Der Roth, je me présente.

Le garçon bafouille quelque chose et je souris devant sa timidité. C’est son amie qui décide de faire les présentations.

- C’est Thomas Smith. Le photographe du lycée.
- Smith ? Ça me dit quelque chose. Ton père ne serait pas avocat ?
- Si. Mon père est l’avocat de ta mère.

Donc, c'est grâce à ma mère que le père de ce garçon est devenu riche. Ma mère est la reine du divorce.

- Oh ! Je vois. Et toi, tu es…

Je pointe mon doigt vers la jeune fille.

- Heather Ackard. Je fais également partie du journal du lycée. Je suis la rédactrice en chef.
- Euh ok… et…
- On se demandait si tu accepterais qu'on fasse un article sur toi.
- Sur moi ? je dis, faussement modeste.
- Oui. Le journal pense que ce serait intéressant de t’interviewer sur ton séjour linguistique en France. Le lycée aimerait pousser les élèves à parfaire les langues étrangères à travers des séjours à l’étranger et…

Je la coupe aussitôt. Hors de questions que je fasse une interview sur le soit disant séjour que j’aurais fait à l’étranger.

- Désolée Holly
- Heather, me reprend t-elle.
- Oui, pardon Heather. Je ne pense pas que mon expérience inciterait nos camarades à aller à l’étranger.
- Oh ! Pourtant, c’est une merveilleuse opportunité et certains pourraient prendre exemple sur toi pour se lancer à le faire.
- Non, je suis désolée. Et je ne penses pas qu’on devrait me voir comme un exemple. Je dois vous laisser.
- Très bien, me dit-elle en souriant.

Je lui souris à mon tour et tourne les talons.

- Tu vois ? Je t’avais dit qu’elle serait sympa, fait la jeune fille à son ami.

J’ignore leur remarque et presse le pas jusqu’au gymnase en vérifiant ma montre. Les cours commencent dans vingt minutes. Ces deux là m’ont fait perdre mon temps. J’espère que l’équipe n’a pas terminé son entraînement pour aller se doucher.

Au loin, j’aperçois l’entraîneur souffler dans son sifflet et je presse encore plus le pas. Les joueurs se dirigent déjà vers les vestiaires et beaucoup y sont déjà entrés quand j’arrive enfin au bâtiment.

Carter passe devant moi et me sourit avant de me montrer du regard Spencer, en pleine conversation avec son ami d’enfance, Nathan. Les deux garçons passent devant moi sans vraiment faire attention à moi et je suis obligée d’interpeller Spencer.

- Spence…

Ses yeux se posent sur moi et il me sourit timidement. Il dit quelque chose à Nathan, qui me toise un instant avant de rejoindre les vestiaires.

- Salut Emma.
- Salut. Je suis désolée de t’embêter. J’aurais voulu te parler d'un truc important.
- Euh, ouais, je t'écoute.
- Ça peut prendre un moment. On pourrait se retrouver pour déjeuner.
- Je ne peux pas, je déjeune avec Brooke.
- Oh ! Ok. Ce n'est pas grave. Plus tard alors ?
- Je prends ma douche vite fait et j’arrive. Tu m'attends ?

J’hoche la tête et il me sourit avant de rejoindre la porte des vestiaires en trottinant.

***

La porte s’ouvre une énième fois et cette fois ci, Spencer en sort. Il me sourit en rajustant la bretelle de son sac sur son épaule.

- J’espère que je ne t’ai pas trop fait attendre. Je sais que tu n’aimes pas ça.
- Non, il n’y a pas de soucis 

En réalité, j’ai failli mourir à l’attendre.

- Je pense savoir de quoi tu voulais me parler.
- Ah bon ?
- Ouais. Ta petite infidélité.

Oh ! Il est courant. Ce n’est pas bon pour ma petite affaire.

- Brooke te la dit ?

Nous marchons jusque le lycée, l’un à côté de l’autre.

- Tu te doutes bien qu’elle n’aurait pas pu garder ça pour elle.
- Oui. C’est vrai. Tu m’en veux ?
- Non, plus maintenant. Mais je te cache pas que j’aurais aimé avoir ta version de l’histoire. Chose que je n’ai pas eu étant donné que tu t’es sauvée sans même dire au revoir.

Ce mec est trop mignon. Il ne m’en veux pas alors que plus d'un mec refuserai de m’adresser la parole.

- Oui, je sais. J’ai été conne.

Il laisse échapper un rire.

- Écoute Emma, je sais que tu ne me dois rien mais…
- Si. Je te dois une explication. Et je te la donnerai. Je… J’ai beaucoup pensé à toi quand j’étais à New-York.

Il me sourit puis fronce le front.

- À New York ? Je pensais que tu étais parti à Paris et..
- Oui, je le coupe. C’est une longue histoire. Je te raconterai tout en détail. J’aimerais t’inviter à déjeuner mais tu es avec Brooke donc… Tu es libre ce soir ?

Il me sourit une nouvelle fois.

- Passes chez moi après le dîner.

Il me sourit encore puis s’éloigne de moi alors que la sonnerie retentit. Spencer me salue et file dans le bâtiment. J’entends alors une deuxième sonnerie mais cette fois ci, c’est celle de mon téléphone.

[ De : Inconnu
Tu n’en as pas marre de jongler entre deux garçons ? Attention Mademoiselle Parfaite, il est possible que tu finisses seule… ]

***

La pause déjeuner se termine enfin et je reprends mes affaires pour aller en cours de biologie. J’aime la biologie autant que les maths et ç’est en traînant des pieds que je me dirige vers la salle de classe. J’y entre en saluant le prof et m’assois derrière une paillasse. Je sors mes affaires et quelqu’un de mes camarades entrent dans la classe.

Ils s’installent tous sur les différentes tables. Je sais qu’en biologie, on travaille souvent en binôme. Et je me demande quel partenaire je vais avoir.

Les paillasses se remplissent au fur et à mesure et je me rends compte que je n’ai personne à mes côtes quand la deuxième sonnerie retentit. Super. Moi qui comptait sur mon partenaire de biologie pour avoir de bonnes notes. Le professeur se lève pour refermer la porte quand un garçon entre dans la classe de justesse. Il sourit pour s’excuser puis s’approche de ma paillasse.

En même temps, c’est la seule place de libre. Il s’assoit près de moi et sors ses affaires en me souriant. Je connais tous les 12th grade et celui là, je ne l’ai jamais vu. Il me sourit une nouvelle fois et je dois avouer que son sourire est charmeur. Le prof nous demande d’ouvrir nos manuels. Et la classe s’exécute en silence.

***

L’heure de biologie passe tellement vite que je suis surprise quand la sonnerie retentit. Mon voisin de paillasse se lève et sort de la salle aussi vite qu’il y est entré. Je réunis mes affaires et sort à mon tour et aperçoit Lana et sa cour m’attendre dans le couloir.

C’est le moment de présenter mes excuses. Lana fonce sur moi aussitôt qu’elle m aperçoit 

- Il paraît que tu voulais me parler, en tout amitié, dit-elle 
- C’est vrai. On pourrait parler en tête à tête ?

Lana tourne la tête de chaque côté pour faire comprendre aux jumelles de nous laisser. J’inspire profondément tandis qu’Olivia et Amélia s’éloignent de nous. Lana me regarde puis croise ses bras sur sa poitrine.

- Je sais que ça n’a jamais été tout rose entre nous, je commence.
- On peut dire ça.
- Mais je crois qu’on devrait enterrer la hache de guerre.
- Et pourquoi je le ferais ? dit elle, l’air supérieur. Tu ne crois pas que je vois où tu veux en venir ? Tu veux faire amie-amie avec moi pour récupérer ton trône.
- Non Lana. Tu te trompes. Je me fiche de récupérer le trône comme tu dis. J’en ai juste marre de toute cette petite guerre. Et je te dois des excuses…
- Des excuses ?
- Oui. Je pensais que c’était toi qui avait été voir ma mère avec les photos.
- Oh ! Je pensais que tu venais me voir pour t’excuser de m’avoir piqué  Spencer.
- Lana… Avec Spencer, ce n’était pas prémédité. C’est arrivé comme ça, je mens.

Elle me fixe un instant. Elle paraît me croire mais avec Lana, on ne sait jamais ce à quoi elle pense vraiment.

- De toutes façons, je suis avec Adam maintenant.

Je lui souris.

- Bon alors, on se voit plus tard, je lui dis

Elle hoche de la tête et je tourne aussitôt les talons. Je sens leur médisance dans mon dos mais au moins, on ne pourra pas me reprocher de ne pas avoir fait un pas vers elle.

***

Je reprends des livres dans mon casier quand j’entends que mon nom est crié dans le couloir. Je tourne la tête et aperçoit ma sœur, courant jusque moi.

Elle agite une feuille comme une demeurée et elle manque de s’étaler en arrivant près de moi. Elle a toujours été maladroite. Et malchanceuse. Si il y a une seule plaque d’égout ouverte dans la rue, c’est pour elle. Je me demande parfois comment elle fait en danse, pour ne pas s’étaler comme une grosse dinde. Je rattrape ma sœur de justesse et elle me sourit pour me remercier.

- J’ai une grande nouvelle à t’annoncer ? me dit-elle, surexcitée.
- Je t’écoute, je réponds, me demandant ce qui peut être si fabuleux pour qu’elle soit à la limite de sautiller sur place comme une gamine.
- Le lycée va faire une interprétation du Lac des Cygnes 
- C’est génial !
- Et devines qui a le rôle principal ?
- Euh… Je sais pas, je dis en posant mon index sur ma joue. Toi ?
- Oui ! crie t-elle d’une voix si aiguë que j’ai l’impression qu’elle m’a explosé un tympan. Comment tu le sais ?

Quelle grosse dinde !

- Sûrement parce que tu es aussi excitée que le matin de Noël. Non, plus sérieusement. Je suis contente pour toi. Tu es douée et tu mérites le rôle.

Elle me sourit timidement. Ça aurait été moi, j’aurais fais ma fausse modeste.

- Oh ! Merci. Dis moi, tu m’aideras à m’entraîner.
- Euh… Oui si tu veux.
- Super, crie t-elle. Je vais appeler Maman pour lui annoncer la grande nouvelle. Non, je vais attendre ce soir pour l’annoncer au repas.

Merde ! C’est vrai que ma mère rentre ce soir. Fais chier ! Je lui souris pour seule réponse. Que faire d’autre ?

Ma sœur se met sur la pointe des pieds et embrasse ma joue puis repart en sautillant.

- Vous êtes vraiment tous des tarés dans votre famille, j’entends 

Je me retourne et aperçois Brooke, ses fidèles toutous à ses pieds. Elle secoue la tête, comme si j’étais irrécupérable.

- Oh ! Tu veux peut être qu’on parle de ta famille ? Comment vas ta mère ? Toujours en cure de désintoxication ? Il faudrait qu’elle fasse une demande de carte de fidélité au Réhab Centre ou qu'elle pense à defaire ses valises definitivement, ce serait plus simple.

Le visage de Brooke se tort de colère. Ouais, j’y suis allée un peu fort. Je sais que c’est un point sensible. Et je m’en veux car j’adore Esther, la mère de Brooke, mais elle m’a trop énervée.

Brooke ouvre la bouche, prête à me cracher une réplique sanglante mais la referme aussitôt. Non, elle ne sait pas quoi me dire. Alors tais toi, garce !

Je lui offre mon sourire le plus provocateur et tourne les talons après avoir claqué la porte de mon casier.

***

On toque à la porte de ma chambre et je referme mon cahier de maths. C’est ça le problème quand on a plus de vie sociale. C’est que pour s’occuper, on fait ses devoirs. Pathétique ! Je n’ai jamais eu à les faire et je ne savais pas ô combien c’était chiant. Avant, c’est les membres de ma cour qui les faisait pour moi, en échange d’un petit cadeau, ou tout simplement car ils avaient trop peur de moi pour refuser.

Carter ouvre ma porte puis se dirige vers le lit et s’allonge près de moi.

- Tu veux quoi Wittmore ? Tu n’as pas une petite pétasse à sauter ?
- Même pas ! Il faudrait peut être que je remédies à ça. T’es partante ?
- Même pas en rêves !

Il rit devant ma remarque.

- Dommage ! Tu ne risques pas de récupérer ton string alors…

Oh ! Je l’avais presque oublié celui là !

- Gardes le ! Je n’imagines même pas dans quel état je le retrouverai.

Il rit une nouvelle fois. Ce mec est vraiment tordu. Mais je dois avouer qu’il a du répondant.

- Je sais à quoi tu penses ? dit-il.

J’arque un sourcil. Il se met en mode télépathe, genre ?!

- Tu te dis que ta petite dentelle noire te manque et tu hésites à me donner ce que je veux pour le récupérer.

Il balade le dos de sa main tout le long de mon dos. Je frémis légèrement. Je reprends vite mes esprits. Il veut jouer, je vais jouer. J’ai toujours aimé ça et si je peux en plus avoir la satisfaction de lui refermer son claquet. Je pivote mon corps vers lui et j’aperçois une lueur de désir dans ses yeux. Je lui souris.

- Et qu’est ce que tu veux, toi ? Je demande. 

Il sourit à me remarque puis se penche vers moi. Il commence par me caresser la joue du revers de sa main puis approche son visage de mon cou qu’il embrasse tendrement. Ce mec est doué. Mais aussi très stupide. Il passe sa main dans mon dos puis me rapproche de lui. Il enchaîne ses baisers et les descend jusque mes clavicules en repoussant le col de ma chemise d’uniforme.

- Tu ne m’as toujours pas dit ce que tu désirais, je répète

Entre deux baisers, il souffle.

- Toi…

Je me mets à rire et il interrompt sa démarche quand je le repousse.

- Je croyais que c’était Brooke que tu désirais…

Je me relève rapidement et je me retiens d’exploser de rire quand je vois la mine déconfite de Carter.

- T’es une petite allumeuse ! rit-il.
- Et oui, mon cher ! Ne fais pas comme si tu étais étonné. Tu aurais dû t’en douter pourtant…

Je ris avant d’ouvrir la porte de ma chambre pour l’inviter à sortir. Il se lève, sourit en secouant la tête puis me dit avant de sortir de ma chambre.

- Si tu veux jouer, saches que je n’hésiterai pas user des pires coups pour gagner…

J'explose de rire. Je ne peux pas faire autrement. Il est tellement marrant à ce convaincre qu’il peut gagner.

- Tu es trop mignon. Tu penses que tu peux gagner face à moi…

Il sourit une nouvelle fois, amusé de la situation puis tourne les talons.

***

Bill me dépose devant l’immense portail de la villa des Evans. Je l’informe que je me débrouillerai pour rentrer et après avoir insisté plusieurs fois, il finit par céder et partir. Je remonte l’allée densément peuplé d’arbustes, arbres et fleurs en toujours genre. J’ai toujours aimé le jardin de Evans. Il est tellement beau et une odeur agréable de mélange de fleurs y plane tout le long de l’année. Il faut dire qu’Eleanor, la mère de Spencer, est passionnée d’horticulture et aime passer du temps en plein air. Elle chouchoute chacune de ses plantes et aimait me faire rencontrer ses dernières trouvailles.

Je me dirige vers l’arrière de la maison. Spencer à une dépendance rien qu'à lui et je ne compte plus le nombre de fois que je l’ai retrouvé au beau milieu de la nuit, passant par la porte vitrée que Spencer laissait toujours ouverte dans l’éventualité que je le rejoigne en pleine nuit. Je passe devant la longue piscine éclairée et file vers les appartements de Spencer.

- Emma ? j’entends.

Je me retourne et vois Eleanor, adossée contre le mur de la villa, une cigarette à la main. Je souris. Elle se cache toujours de son mari et de ses enfants pour fumer. Elle écrase son mégot dans un des cendriers qu’elle planque derrière un énorme olivier en pot puis se dirige vers moi en souriant.

- Spencer ne m’a pas dit que tu étais de retour. Comment vas-tu ma belle ?
- Ça va merci.
- Heureuse que tu sois de retour 
- Merci.
- Tu es venue voir Spencer ?

J’hoche la tête et elle me sourit.

- Ne le fais pas attendre alors. Je suis sûre qu’il est pressé de te voir. Tu lui a beaucoup manqué tu sais.

Elle embrasse mes deux joues chaleureusement puis me sourit à nouveau avant de rejoindre sa villa. La chaleur d’Eleanor m’avait manquée je dois le reconnaître, maintenant que j’ai parlé avec elle. Je presse le pas vers la dépendance et pose ma main sur la poignée de la porte vitrée. J’hésite un instant. Dois je toquer ? Ou faire comme avant et entrer dans la chambre de Spencer comme si de rien n’était ?

Je souris puis entre. Je l’ai fais tellement de fois que Spencer ne sera pas vexé par mon intrusion. Chez lui, c’est un peu ma deuxième maison. Mon refuge en réalité.

Spencer est allongé sur son lit, les yeux clos et des écouteurs aux oreilles. On pourrait presque croire qu’il dort mais il agite ses pieds au rythme de la musique. Je m’approche délicatement puis me pose près de lui. Il ouvre alors les yeux et retire ses écouteurs.

- Tu es là ? Ça va ?

Il dépose un baiser sur ma joue.

- Ouais. Tu faisais quoi ?
- Rien. J’écoutais juste de la musique.
- Ah ouais ? Tu écoutais quoi ?
- La playlist que tu m’avais fait avec toutes tes chansons préférées.

Il pose ses grands yeux sur moi et je culpabilise aussitôt. Pour mon « infidélité », pour mon départ de Mill Valley sans lui avoir dit "Au revoir", pour ce petit jeu tordu auquel je joue avec Carter. Spencer appuie sur son IPod Touch et enroule ses écouteurs autour.

- Je suis content que tu sois là. Tu veux faire quelque chose ?

Il me sourit.

- Tu ne crois pas qu’il serait mieux qu’on parle…
- Euh, ouais, dit il en passant sa main sur sa nuque, embarrassé. Tu…
- Spencer, je ne t’ai pas trompé, je dis rapidement en le coupant.

Il paraît surpris un instant puis sourit.

- Je vais tout t’expliquer, ok ?
- OK
- Peu importe ce que tu as entendu sur la raison de mon départ, tout était faux. Comme je te l’ai dit, j’étais à New-York chez mon père car ma mère m’y a envoyé.
- Ah ouais ? Pour que ta mère fasse ça, tu as du bien l’énerver.
- Ouais. Je la comprends d’ailleurs. Mais je vais commencer par le début, sinon, tu risques de me perdre, je ris.

Il se redresse légèrement puis me fixe, invitation à commencer à m’expliquer.

- Tu te rappelles de Richard, l’ex mari de ma mère ?
- Ouais. C’était un con. Je ne l’ai jamais aimé. Je n’aimais pas la façon dont il te regardait

Justement !

FLASH-BACK –  11 DECEMBRE 2015

Je fixe la grande baie vitrée. Dehors, on ne voit que les lumières de la ville. Je sais que Lana est là, un reflex dans ses mains, en pleine shooting photo compromettante. Je suis sur le pas de la porte du bureau de Richard. Il est en pleine conversation téléphonique avec un investisseur japonais et je ne comprends un traître mot de leur conversation. Quand Richard m’aperçois enfin et me fit signe d’entrer.

Je m’exécute aussitôt, entrant d’un pas décidé et provocant, après avoir pris une grande inspiration. Richard raccroche le combiné de son téléphone puis s’assoit sur son immense fauteuil en cuir.

- Tu as un soucis ? me demande t-il
- Oui, j’aurais besoin d’un petit coup de main. Tu peux m’aider à fermer ma robe ?

Les lèvres de Richard s’étirent d’un sourire pervers. Je n’ai jamais aimé comment il me regarde. Richard a toujours été un coureur de jupons. À quarante ans, il n’a jamais été marié et n’a pas eu d'enfants. Il enchaînait les conquêtes d’un soir sans jamais se poser réellement jusqu’à ce qu’il rencontre ma mère, deux ans plus tôt. Je m’approche de Richard, relève mes cheveux et me tourne dos à lui.

- C’est pour Spencer que tu te fais si belle ?
- Oui, je soupire

Il ferme la fermeture éclair de ma robe puis je me tourne vers lui, le regard triste.

- Quelque chose ne va pas ?
- Oh ! Ce n’est rien ! je lâche d’un ton encore plus triste.
- Tu veux en parler ?
- C’est Spencer. Il est si puéril.
- Il est jeune.
- Oui, sûrement. Mais j’aimerais tellement qu’il soit plus mâture, plus homme. Comme toi par exemple.

Le regard de Richard change aussitôt et je vois qu’il est flatté de ma remarque. Très bien. Mon piège se referme.

- Et bien, il faudra juste que tu sois patiente et…
- Embrasse moi Richard, je souffle 

Sur le coup, il paraît choqué mais son sourire en dit long. Il a toujours aimé collectionner les femmes. Il me fixe un moment mais ne fait rien. Putain, je vais devoir tout faire ou quoi ?

Je pose ma main sur ses épaules puis descend ma main sur sa cravate que j’accroche fermement. Je l’attire alors vers moi et pose mes lèvres sur les siennes. J’ai envie de vomir. Mon geste le fait réagir aussitôt et je sens ses mains se porter sur le bas de mon dos. Je prends sur moi et nous échangeons un baiser pendant quelques minutes. Je prends sur moi. Pas question de faire demi tour. Je sais que c’est la seule solution pour qu’il lâche ma sœur.

- Fais moi l’amour, je souffle

Il n’attendait que ça ! Je sens qu’il est plus entreprenant. Ses mains se posent sur le bas de mes fesses et il me porte jusque son bureau. Je parfais mon rôle et simule un gémissement. Une fois mes fesses au contact de son immense bureau en chêne, je dénoue sa cravate et retire ses boutons tandis qu’il descend la fermeture éclair de ma robe.

Il dévoile mes épaules de ma robe et la descend jusque ma taille. Il s’interrompt puis me sourit. Il regarde mon corps à demi nue et parait satisfait.

- Tu ne peux pas savoir depuis combien de temps je rêve de toi…

Je lui souris mais ma conscience lâche un immense beurk. Richard est un homme séduisant mais je ne l’ai jamais réellement apprécié. Je préférais limite plus Abraham, l’ex mari de ma mère, malgré que j’ai dû le voir trois ou quatre fois en un an.

Ses lèvres entrent en contact de ma peau et je sens son entrejambe contre la mienne durcir encore plus. Faites que Lana arrive au plus vite, je n’en peux plus de supporter tout ça. Mais je le fais pour Hailey. Pour la protéger des griffes de ce dangereux pédophile.

Il continue à me parsemer de ses baisers pervers quand la porte de la baie vitrée du bureau s’ouvre. Enfin ! Richard s’interrompt aussitôt, les yeux horrifiés. Il voit Lana, son appareil photo à la main et ses yeux sont près à tomber de ses orifices. Je jubile intérieurement.

- Mais… dit-il en se reculant du bureau.

J’en profite pour descendre et je remets aussitôt ma petite robe. Les yeux de Richard ne cessent d’aller et venir entre Lana et moi. Je me tourne alors vers mon amie.

- C’est bon Lana, je n’aurais plus besoin de toi.

Elle hoche la tête puis repart aussi vite qu’elle est apparue. C’était notre plan. Je séduis Richard, elle prend les photos et part tandis que je lui expose la situation.

- Tu ? Tu étais au courant ?
- Oh ! Ne me dis pas que tu es étonné. En parfait homme d’affaires que tu es, tu devrais savoir que ce monde est rempli de requins.
- Tu m’as tendu un piège ?
- Bien sûr

Il hésite un instant.

- Combien tu veux ?

Je souris. Je serais bien tenté de lui dire une nouvelle voiture mais ce n’est pas ma motivation première.

- La question n’est pas combien je veux mais plutôt qu’est ce que je veux ?
- Très bien. Qu’est ce que tu veux, alors ?

Je longe le bureau lentement. Je vais jusque son bar et me sers un verre de Scotch de vingt ans d’âge. C’est ma mère qui lui a offert, de notre part à Hailey et moi pour la fête des pères. Cadeau que nous ne voulions pas lui faire, étant donné qu’il n’est pas notre père. Je porte mes lèvres au verre. Je n’ai jamais aimé le whisky mais là, la situation me fait l’apprécier.

- La certitude. Et ta parole.

Je prends une nouvelle gorgée d’alcool.

- Je ne veux plus que tu touches à Hailey. Je vous est surpris la semaine dernière. Sinon, je montrerai mon petit album photo à ma mère.

Le visage de Richard se détend aussitôt et il se met à rire d'une voix grave et cruelle.

- Ça te fait rire ? je lâche encore plus furieuse

J’ai perdu mon calme. Ce mec se fout de ma gueule.

- Tu crois vraiment que ta mère te croira ?
- Bien sûr. Avec photo à l’appui. Et si en plus, je vais au poste de police dés ce soir, je pense même qu’elle m'appuiera. Je pourrais peut être convaincre Hailey d’y aller avec moi.

Son sourire s’efface aussitôt. J’avais donc raison. Même si ma sœur ne me l’a pas confirmé, il a abusé d’elle.

- Tu pourrais prendre combien pour viol sur mineur, ajouté à inceste ? Il me semble que les détenus n’aiment pas les pédophiles en prison.
- Je te jure que tu vas me le…
- Tss tss tss ! Pas de menaces ! C’est moi qui en fait ce soir.
- Emma, ce n’est pas ce que tu crois.
- Fermes ta gueule Richard ! j’hurle, perdant de plus en plus patience. Si tu retouches à ma sœur, je n’hésiterai pas à balancer mes photos à ma mère, aux flics, et au Mill Valley Reporter. Ta carrière sera detruite et je suis sérieuse, je n'hésiterai pas une seconde.
- Je vois ça. Très bien. Tu as ma parole.
- Je préfère ça. Bon, Spencer m’attend. Tu m’aides à fermer ma robe ?
- Vas te faire foutre petite pute.
- Oh ! J’en ai bien l’intention. Je t’ai dis que Spencer m’attendait. Ciao Papa.

Je quitte le bureau d’une démarche aussi provocatrice que garce et ferme la porte du bureau, satisfaite qu’il soit tombé aussi facilement dans mon piège.

Spencer passe son bras le long de mon dos, comme pour me réconforter. Je comprends enfin pourquoi lorsqu’une larme tombe sur le dos de ma main. Je l’essuie rapidement, souffle un bon coup et continue.

- Il était prévu qu’on se serve des photos uniquement pour faire pression à Richard. Je l’ai menacé de tout balancer aux flics si il posait une fois de plus sa main sur ma sœur. Il s’est tenu à carreaux quelques jours et un soir, en rentrant du lycée, mes valises étaient prêtes. Ma mère était dingue ce jour là. Elle m’a hurler dessus. Elle était hystérique. J’ai essayé de lui dire la vérité mais c’était sans appel. Le soir même, j’étais à New-York.
- Je comprends mieux pourquoi tu es partie comme une voleuse…
- Je n'ai pas eu le choix, Spence…

Il me frotte le haut de mes bras, signe de sa compassion.

- Comment ta mère l’a su ?
- Elle m’a balancé les photos, qu’elle avait reçu anonymement. Je pensais que c’était Lana. Tu sais comment on a toujours aimé se chamailler toutes les deux…

Il roule des yeux, n’étant sûrement pas d'accord avec le terme que je viens d’employer.

- Mais ce n’était pas elle… je souffle 

Je ne sais pas pourquoi je lui dis ça. Je n’aurais pas dû. J’ai l’impression que je ne serais pas correcte avec lui si je lui annonce que c’est sa nouvelle petite amie qui m’a balancé.

Oui, je veux que Brooke paie. Mais pas au dépend de Spencer. Je sais que si j’entre dans le jeu de Carter, Brooke souffrira. Mais Spencer aussi. Et ça, je m’y refuses. Je serais vraiment une garce de briser un couple pour une vengeance. Je ne sais pas vraiment dans quel type de relation ils sont tous les deux mais si ils s’aiment, si il l’aime, je ne veux pas que Spencer en paie les frais.

- C’était qui ? demande t-il.

Je secoue la tête.

- Ça n’a plus d'importance maintenant, je lance.
- Si ça en a. À cause de cette personne, tu as dû quitter Mill Valley. Tu as dû me quitter…

Je tourne mon visage vers lui. Spencer a toujours des sentiments pour moi alors que moi… Je ne dis pas que je ne l’aime plus. Il a été mon premier vrai amour et je sais qu’une part en moi l’aimera toujours.

Depuis notre « rupture forcée », j’ai eu d’autres copains. Bon, j’avoues, plus des mecs d’un soir et ça m’a aidé à me détacher de Spencer au fil des mois.

- Non. Mieux vaut pas que tu saches.

Il n’insiste pas. Il me prend alors dans ses bras et je me blottis aussitôt contre son torse, comme aimantée à son corps. Il caresse un instant mes cheveux en silence. J’aime l’odeur de son parfum. Il m’a tellement manqué. Il s’interrompt un instant puis me redresse.

- Brooke était au courant ?

Je n’ai pas cœur à lui mentir.

- Je ne pensais pas.

Son visage se crispe alors.

- C’est elle ? C’est Brooke qui a envoyé les photos à ta mère ?

Je détourne le regard.

- Tu es sérieuse ?
- Ecoutes Spencer. Ce n’est pas grave. Ça n’a plus d’importance maintenant. C’est de l’histoire ancienne…
- Non, just…
- Arrêtes Spencer. Ne sois pas énervé contre elle. Je ne suis pas là pour briser votre couple…

Je ne suis PLUS la pour le briser du moins…

- Quoi ? Mais ? Qu’est ce que tu racontes ? Avec Brooke, on a eu une brève histoire mais on est plus ensemble depuis un moment.

Je me redresse aussitôt.

- Quoi ? Mais elle m’a dit que je ne devais pas t’approcher car vous filiez le parfait amour. C’est limite si elle ne m’aurait pas foutu une bague de fiançailles sous les yeux…
- Quoi ? Mais elle est folle. Ça fait des mois qu’on est plus ensemble. Elle me lâche pas, c’est clair mais je lui ai fais comprendre qu’il ne se passera plus rien entre nous…

Je ne peux m'empêcher d’exploser de rire. Spencer me regarde, comme si j’étais devenue folle.

- Mais quelle garce ! je laisse échapper.

Spencer rit à son tour. Nous nous regardons un instant puis rions une nouvelle fois.

- Pourquoi elle a fait ça, en faites ? reprend t-il. Vous étiez amies pourtant.
- Je crois que c’était pour toi. En faites, je sais pas grand-chose. Quand j’ai compris que c’était elle, j’ai failli avoir une crise cardiaque.

Nous rions une nouvelle fois ensemble. Que c’est bon d’avoir retrouvé Spencer…

◼⬜◼

[ De: Inconnu

Hello mes poussins🐤🐤🐤

J'espère que tout le monde va bien et que vous vous plaisez à découvrir tous les petits secrets de cette sale garce...

Qu'avez vous pensez du petit chantage d'Emma envers Richard? C'est pas joli-joli ce qu'elle a fait... Certains penseront qu'elle ne voulait que préserver sa petite soeur mais moi, je reste convaincu(e) qu'elle n'y voyait que son propre intérêt. Car oui, la "grande et si magnifique" Emma Von Der Roth n'est qu'une petite égoïste beaucoup trop gatée par la vie. Et il est temps qu'elle redescende au seul endroit fait pour elle : l'enfer!

J'aimerais avoir votre avis et dites moi, pour l'instant, quel est votre personnage préféré (j'espère sincèrement que vous direz que c'est moi, ça me ferait tellement plaisir et ma vengeance en sera encore plus grande... )

Pour vos votes, c'est ici ⬇et les commentaires, c'est par là ➡

😘😙 Kiss les poussins, je dois continuer ma petite vengeance... ]