Jour 6 - On a échangé nos tombes

Jour 6 : On a échangé nos tombes

— C'est hors-de-question ! hurla Josiane. J'ai passé soixante ans avec ce... ce bélître ! Je refuse de passer mon éternité avec lui !

Le conseiller poussa un soupir et enfonça son visage dans ses mains, désespéré. Deux heures. Cela faisait deux heures de son précieux temps qu'il essayait de convaincre Josiane Lavallée, récemment décédée, du fait qu'elle ne pouvait pas changer de tombe.

— Je comprends bien votre colère, madame, mais ce n'est pas moi qui décide, s'impatienta le conseiller. Si votre famille a décidé de vous enterrer dans le caveau de votre défunt mari, monsieur Jean-Albert ici présent, je ne peux aller contre leur volonté. Tout comme vous, je ne suis pas corporel !

Jean-Albert, peu concerné par toutes cette affaire, poussa un soupir ennuyé. Vingt ans qu'il avait la paix et voilà la vieille bique de retour. Il aurait aimé plus de temps. Plus de calme. Maintenant, son âme était de nouveau liée à elle, et il ne pouvait rien y faire. Tous les deux étaient condamnés à passer l'éternité ensemble. Quelle romantique attention de la part de leurs enfants !

— Appelez-moi votre manager ! rugit Josiane, en tapant des deux mains sur le bureau. Vous êtes clairement un incompétent, je veux parler à quelqu'un d'autre !

— Madame, je suis le manager ! Vous avez déjà traumatisé trois de mes employés, je vous prie de vous calmer à présent !

— Alors faites votre travail et enterrez-moi ailleurs !

Le conseiller resta silencieux, un sourire crispé plaqué sur le visage.

— Je vais appeler quelqu'un, je reviens.

Il se leva et quitta le bureau pour aller toquer à la porte d'en face. Un grand gaillard à la tête surmonté de deux cornes rouge sang lui adressa un regard inquisiteur.

— Quoi ? grogna-t-il.

— J'ai une demande d'échange de tombes, et je vous jure que si elle n'est pas assouvie, cette dame va mettre en arrêt maladie l'ensemble des équipes des Enfers. C'est votre job de régler les conflits d'intérêt.

Le démon soupira, et regarda son calepin d'un oeil ennuyé.

— Là. J'ai un corps sur le point d'être incinéré dans deux minutes, je peux échanger leurs âmes.

— Faites donc.

Le démon claqua des doigts. Immédiatement, les cris dans le bureau derrière lui cessèrent brutalement. L'homme tapota gentiment le torse du démon et regagna son bureau... Seulement pour être de nouveau dérangé par un tambourinement sur la porte.

— Comment osez-vous ! hurla Josiane, de retour. Me faire incinérer, moi !

Le conseiller serra les dents, et sortit une grande faux.

— Veuillez adresser votre demande au purgatoire.

— Mais, c'est inadmissible, vous ne pouvez pas...

La faux s'abattit, téléportant la vieille bique au niveau inférieur. Le conseiller soupira de soulagement. Il avait besoin d'un café. 

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