Jour 23 - Touche pas à mon laboratoire
Jour 23 : Touche pas à mon laboratoire
— Je vous jure que je vais le faire ! Déconnez pas !
Les policiers lancèrent un regard sceptique à la petite fiole que tenait le scientifique devant leur nez. C'était un drame ordinaire comme il y en avait des centaines d'autres : une faillite, suivie d'une expulsion, et des employés qui avaient décidé de résister malgré tout et occuper les locaux comme d'habitude. Si l'ambiance était morose, certains ne s'étaient pas encore fait à l'idée de se retrouver bientôt au chômage.
C'était le cas de Jonathan. Scientifique par passion, il avait passé l'intégralité de sa carrière dans ce petit laboratoire à étudier les virus et maladies les plus mortelles pour l'homme. Lorsque les policiers en avaient fini avec le bureau de Stéphanie et qu'il avait compris qu'ils venaient pour lui, il avait décidé de faire quelque chose de stupide.
Il avait pris les fioles les plus mortelles : peste bubonique, méningite, hépatite A, COVID, grippe aviaire, toutes regroupées dans un seul et même flacon. Il suffisait qu'il ouvre le bouchon, et personne ne savait ce qui pourrait se passer. Lorsque les policiers étaient entrés, il avait levé et menacé d'exploser ce cocktail au sol. La ventilation fonctionnait à plein régime, ça entrerait dans l'air avant même que quelqu'un ne puisse bouger le petit doigt.
— Allons, tenta de raisonner un des officiers, vous n'aurez pas de mal à retrouver du travail. Ce n'est pas la peine de se mettre dans des états pareils. Posez le flacon, et on va en discuter dehors, d'accord ?
L'homme fit un pas vers lui. Jonathan recula. Son coude claqua contre le réfrigérateur encore ouvert. Plusieurs bouteilles tanguèrent sur les étagères, et, par réflexe, il se retourna pour les attraper. La fiole lui glissa des doigts. Jonathan lâcha le réfrigérateur dans une vaine tentative de l'arrêter, faisant basculer vers l'avant toutes les fioles derrière lui qui tombèrent de la porte ouverte.
La fiole explosa au sol, suivies de dizaines d'autres.
Il y eut un grand silence, chacun prenant conscience de ce qui venait de se produire. Dans un réflexe aussi humain que stupide, Jonathan colla sa manche contre son nez et sa bouche pour éviter d'ingérer la fumée étrange qui se dégageait du sol, résultat d'associations chimiques qui n'auraient jamais dû voir le jour.
Un des policiers s'effondra en quelques secondes, atteint de convulsions, le corps se couvrant progressivement de cloques rouges. Les autres fuirent sans demander leur reste, l'abandonnant à son sort. Jonathan eut le temps d'activer l'alarme de confinement, mais pas assez pour empêcher les deux policiers de quitter l'établissement. Non pas que cela le concernait. Comme le policier, il ne tarda pas à s'effondrer. Dans ses dernières secondes de conscience, il sut que même la plus grande culpabilité ne pourrait réparer ce qu'il venait de faire. Déjà la fumée toxique s'échappait dans la ventilation, et ne tarderait pas à atteindre l'extérieur.
Les deux policiers contaminés, qui commencèrent eux aussi à convulser, n'eurent pas le réflexe de repousser les gens qui couraient à leur secours. Sauveurs qui, à leur tour, furent touchés par un étrange malaise quelques secondes plus tard.
Les hommes l'ignoraient encore, mais ce qui ne devait être qu'un drame de la vie quotidienne venait de changer la face du monde à tout jamais.
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