Jour 20 - Les Zombies à Paris-Plage
Jour 20 : Les zombies à Paris-Plage
Les pompiers lancèrent un regard consterné sur la plage artificielle de Paris, couverte de corps, en proie au feu et aux hurlements des rares survivants de l'attaque. Ils ne savaient même par où commencer. D'un même mouvement, tous tournèrent la tête vers l'homme qui les avaient appelés. Un octogénaire, aux bras couverts de morsures profondes.
— Comment est-ce que c'est arrivé ? demanda le capitaine. On n'a mis pas plus de quelques secondes à arriver.
L'homme se laissa tomber sur un muret de pierres, désabusé. Il observa un moment ses mains, couvertes de sang, puis entama son récit.
— Tout a commencé par une petite fille. Un accident ou un meurtre, pas sûr. Elle est tombée du pont là-bas, au-dessus de la Seine. Un sacré plat. Tout le monde a hurlé.
— Je vois. Elle va bien ?
— Oh oui, un mec s'est jeté à l'eau pour aller la sauver. C'est là que les zombies sont arrivés.
— Les zombies ?
L'homme regarda le capitaine comme s'il était un demeuré.
— Bah oui, on est samedi. Le samedi, il y a la Zombie Walk. Quand les gens se sont mis à crier, les organisateurs ont pensé qu'on faisait partie de l'événement et qu'on jouait avec eux. Alors ils nous ont attaqués. Tous d'un coup. Six mille personnes qui se jettent sur les familles, les enfants. Il y avait de la marmaille qui hurlait partout. Mais jusque-là, c'était bon enfant. Après il y a eu le problème des parents qui ont pas compris que c'était un jeu. Il y a une dame, elle a mordu tellement fort dans le bras d'un gars qu'elle lui a arraché un morceau de chair. Après ça, des zombies ont pensé que c'était prévu, et ont commencé à mordre d'autres personnes pour de vrai.
Le pompier pointa les corps sur le sable, encore gémissants.
— Je vois. Mais pourquoi ils ont des bleus au visage ?
— Ah, ça c'est parce que après ça, il y a eu les CRS qui sont arrivés. Ils pensaient que c'était une manifestation. Un zombie a mordu un CRS, pensant qu'ils étaient eux aussi dans le jeu. Ça a mal tourné quand le mec s'est retourné et a frappé la gamine qui sortait de l'eau avec son sauveur au visage. Après ça, la cité d'où elle vient est venue, et a commencé à frapper les CRS.
— C'est tout ?
L'homme lui lança un regard désolé.
— Pas vraiment. Parce qu'après ça, il y a eu ce gars du parti d'extrême droite qui est venu, et qui a crié que tous les mecs de la cité étaient des sauvages et des dangers pour la France. Alors les gars de la cité les ont tapé, rapidement suivis par une partie des zombies pour les soutenir. Et après ça, il y a la Marche des fiertés qui est arrivée de l'autre côté. C'était prévu, ça aussi.
— Et ils se sont jetés dans la mêlée ?
— Bah oui ! Les CRS leur ont dit de reculer, et il y en a qui se sont emballés quand ils les ont vu taper sur une petite fille, qui était la nièce d'une des organisatrices, alors d'un coup ils se sont tous jeter dans la mêlée. Là, les zombies ont commencé à se dire que ça ne faisait pas parti du jeu de rôle, mais s'ils renonçaient maintenant, ils risquaient de se faire embarquer parce qu'ils avaient mordus plusieurs CRS, donc ils ont continué à faire comme si c'était toujours le jeu. Ensuite, il y a le gars de l'extrême droite qui a insulté les militants LGBT, et là ça a tourné au lynchage public. Le gars a filmé et posté sur Twitter, et tous ses partisans se sont ramenés. Mais la gauche aussi. Et après ils ont commencé à se taper dessus et à s'insulter.
Le pompier prit une inspiration, presque suppliant.
— C'est tout ?
— Ouais, après ça, il y a eu les gaz lacrymos et les gens se sont plus ou moins dispersés. Ceux qui sont couchés là sont ceux qui peuvent pas se lever. Après, je vous ai appelé.
Le pompier soupira et d'un geste lent, appela des renforts. Ils allaient en avoir pour la journée, et peut-être même plus.
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