Jour 2 - Un cadavre dans votre maison
Jour 2 : Un cadavre dans votre maison
Marcel serra sa jeune épouse contre lui, peu rassuré. Il fallait dire que la bâtisse ne ressemblait en rien à la petite annonce qu'il avait lu dans le journal. « Charmant cottage recherche nouveaux propriétaire. Prix cassé. ». Il comprenait tout de suite mieux pourquoi. L'habitation semblait tout droit tirée d'un film d'horreur : murs noirs, volets qui claquaient sous la brise matinale, et il jura avoir vu une chauve-souris suspendue au toit pendant un instant.
Prenant son courage à deux mains, le jeune homme leva le heurtoir et le laissa retomber d'un coup sec et, il l'espérait, assez fort pour alerter la personne censée les faire visiter. Ils n'avaient vu aucune autre voiture, mais il y avait de la lumière derrière les fenêtres du rez-de-chaussée.
La porte s'ouvrit dans un grincement sinistre. Personne. Marcel déglutit. Sûrement, quelqu'un avait dû leur ouvrir, n'est-ce pas ? Il avait téléphoné avant de venir, et on lui avait répondu que quelqu'un serait là.
— Bonjour ! se força à crier le jeune homme, faussement enthousiaste. Il y a quelqu'un ?
— Oui.
Le couple sursauta. Courbée depuis le premier étage, un visage les observait en haut des escaliers, face à la porte. C'était un vieillard bossu et chauve, au sourire dérangeant et au nez proéminent, vêtu de noir.
— Venez, venez !
Il disparut à l'étage. La porte d'entrée claqua brusquement derrière eux. La jeune femme frémit contre son mari. Marcel prit sur lui pour ne pas se laisser intimider. Peut-être le propriétaire le testait, pour voir s'il était digne de devenir l'acquéreur d'une maison qui avait du vécu ! Il en serait digne. Il le prouverait !
Gonflé d'orgueil, Marcel gravit les escaliers, main dans la main avec sa femme, qui traînait un peu à l'arrière. Arrivé en haut, ils ne purent que constater l'absence de leur guide. Marcel commença à s'agacer. Jouer à cache-cache à son âge, tout de même !
— Ici.
Son épouse poussa un cri, alors que Marcel se retournait. L'homme se trouvait derrière eux. Comment ? Il préféra ne pas le questionner.
— Allons-y, s'il vous plaît, nous n'avons pas toute la journée !
— Oui, mon seigneur, oui, rit l'inconnu, amusé par sa saute d'humeur.
Cahin caha, l'homme progressa dans le long couloir qui s'offrait à eux. Tapis long pourpre, murs à rayures... Photos de famille qui les suivaient du regard...
— Ici, salle de bain, salle de bain, dit l'homme. Petite douche, mais parfaite pour enfermer quelqu'un et l'empêchait de s'asseoir jusqu'à ce qu'il meurt d'épuisement.
— Je vous demande pardon ?
— Je rigole, HA HA HA HA HA.
Marcel sursauta, très mal à l'aise. Sa femme se cacha derrière lui, effrayée. Le jeune homme sursauta. Visiblement, ce n'était leur future maison. Pourquoi s'attarder ? Leur hôte, lui, ne sembla pas le remarquer.
— Ici cocon familial. Joli petit lit, joli petit placard. Insonorisé, pour ne pas entendre crier. Beaucoup d'enfant ici avant, oui, avant. Beaucoup de caprices. Les menottes les font réfléchir, rit-il en agitant, effectivement, une paire de menottes attachée au bord du lit. Ou femme ! HA HA HA HA.
— Monsieur, je ne vous permets pas de...
— Là, deuxième chambre. Plus petite. Vide, jamais utilisée.
La pièce ne contenait rien, si ce n'était un tableau représentant une petite fille, qui tomba au sol dès que Marcel entra dans la pièce. Quelque chose se répandit sous la peinture. Une flaque d'un rouge sombre. Son épouse étouffa un cri d'horreur, les deux mains sur sa bouche.
Marcel ferma les yeux.
— Bien, monsieur, je suis désolé, mais la maison ne nous convient pas.
— Venez, venez ! D'autres pièces à visiter ! Salon, cuisine, la cave sombre, ...
— Non, vraiment, ça ne nous correspond pas.
— Comme vous voulez, mon seigneur. Comme vous voulez.
Toutes les portes du couloir claquèrent à l'unisson. Marcel blanchit. Il y avait quelque chose de maléfique dans cette maison. Il refusait d'y rester plus longtemps.
Il se retourna pour emprunter les escaliers. Il descendit à peine la première marche qu'un corps tomba du plafond, retenu par une corde autour de son cou. C'était leur guide, les yeux vitreux.
— Mais qu'est-ce que...
— HA HA HA HA HA HA HA ! cria le cadavre, hystérique. HA HA HA HA HA HA !
Cette fois, c'en fut trop. Marcel dévala les marches, sa femme à sa suite et courut à la porte, de nouveau ouverte. Ils atteignirent à peine les escaliers que la porte claqua derrière eux. Sans se retourner, les amoureux fuirent à toute jambes vers leur voiture neuve et démarrèrent en trombes.
Après un dernier regard dans le rétroviseur, Marcel ne put constater qu'une chose. La maison s'était volatilisée.
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